Article # 99 – Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté, Michel Lacroix, Éditions Robert Laffont, 2013

Article # 99

J’AI LU POUR VOUS

Philosophie de la réalisation personnelle

Se construire dans la liberté

Michel Lacroix

Éditions Robert Laffont, 2013

En couverture : Route principale et routes latérales, peinture de Paul Klee, 1929, Wallraf-Richartz Museum, Cologne © Luisa Ricciarini / Leemage
En couverture : Route principale et routes latérales, peinture de Paul Klee, 1929, Wallraf-Richartz Museum, Cologne © Luisa Ricciarini / Leemage

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Philosophie de la réalisation personnelle

Se construire dans la liberté

Michel Lacroix

Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2013

Collection « RÉPONSES » créée par Joëlle de Gravelaine, dirigée par Nathalie Le Breton

Date de parution : 13 juin 2013

Langue  : ‎Français

108 pages

ISBN-13 ‏ : ‎978-2-221-13413-9


Présentation sur le site web Robert Laffont Québec

Philosophie de la réalisation personnelle

Michel Lacroix

Dans Se réaliser, Michel Lacroix avait utilisé les richesses de la philosophie et de la littérature occidentales pour définir le concept de réalisation de soi et trouver les moyens de s’épanouir. Avec ce nouvel ouvrage, il prolonge et élargit sa réflexion, et partage ses convictions intimes sur cette question fondamentale…

Pour le philosophe, l’un des premiers à s’être intéressés au phénomène du développement personnel venu des États-Unis dans les années 1960, l’individu se réalise en avançant sur le chemin de la vie. Ce chemin n’est pas unique, il n’y a pas une seule voie dans la réalisation de soi, mais une pluralité de voies. L’homme libre, tout au long de sa vie, devra choisir la sienne : il sera tout d’abord confronté à l’alternative entre contemplation et action ; puis entre autoréalisation et épanouissement. Ces choix faits, il lui faudra se confronter à autrui – car il est impossible de s’épanouir sans l’estime de ses semblables, leur compréhension et leurs encouragements –, puis à la communauté. Loin d’être une affaire strictement personnelle, le projet de réalisation de soi recèle donc une dimension sociopolitique. Ou comment transformer les communautés d’appartenance en communautés de choix.

Par son approche originale et personnelle, Michel Lacroix nous montre comment une philosophie de la réalisation de soi n’a de sens que si elle est une émancipation pour l’individu.

AUTEUR

Michel Lacroix

Normalien, agrégé de philosophie, Michel Lacroix est maître de conférences à l’université de Cergy-Pontoise. Il est notamment l’auteur de Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ? (Flammarion, 2007), Se réaliser (Robert Laffont, 2009 ; prix Psychologies-Fnac), Paroles toxiques, paroles bienfaisantes (Robert Laffont, 2010) et Éloge du patriotisme (Robert Laffont, 2011).

Source : Robert Laffont Québec.


Texte de la quatrième de couverture

C’est au XVIIIe siècle qu’est né le projet de la réalisation de soi, dont le mouvement du développement personnel est aujourd’hui l’héritier. Ce projet était novateur car il reposait sur l’idée de liberté. On ne se construit, en effet, que dans la liberté. Ce n’est pas à la société et encore moins à des communautés ethno-culturelles de nous dire en quoi consiste la « vie bonne ».

Chacun de nous est appelé à fixer en toute indépendance la part qu’il donne à sa vie professionnelle et à sa vie privée, à l’action et à la contemplation, à l’avoir et à l’être, à la religion et aux réalités profanes. Et, quoiqu’en disent certains, il est moins important d’adopter les croyances et les traditions de son « groupe d’appartenance » que de pouvoir exercer, en toutes circonstances, son droit au libre examen.

Michel Lacroix nous propose de revenir à la source : la réalisation de soi n’a de sens que si elle est une émancipation.. Un livre personnel et engagé qui rend à la philosophie son rôle le plus essentiel : nous aider à vivre mieux..


Table des matières

Couverture

Collection

Du même auteur

Titre

Copyright

Dédicace

Prologue

Première leçon – Les vertus de l’action

  • Le règne de la vita contemplativa
  • La vie sous tension
  • Le principe d’action
  • Les dérives de l’action
  • Le fantasme de la grandeur
  • La pluralité des styles d’existence
  • L’action modeste
  • Le souci de soi et le souci écologique

Deuxième leçon – Libérer son potentiel

  • Sous le signe de la transcendance
  • L’idéal d’autoréalisation
  • Défendre la liberté de conscience
  • Un autre regard sur autrui
  • Les deux moteurs de la réalisation personnelle
  • La force du désir
  • Adler contre Freud
  • Le temps de l’introspection
  • Briser nos chaînes intérieures
  • Notre « niveau d’aspiration »
  • La tyrannie de l’excellence
  • Le Surmoi et l’Idéal du Moi
  • Le danger de la dispersion
  • Le baptême du choix

Troisième leçon – La place d’autrui

  • Se réaliser aux dépens d’autrui ?
  • Le splendide isolement
  • Les nutriments psychologiques
  • La leçon de Victor Hugo
  • La réalisation de soi, outil de transformation sociale

Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté

  • Du traditionalisme au multicommunautarisme
  • La communautarisation du moi
  • L’anthropologie universaliste
  • Manifeste pour la liberté

Épilogue – Une idée du bonheur


EXTRAIT

Prologue

Une image vient spontanément à l’esprit lorsqu’on évoque la réalisation de soi ou, si l’on préfère, le « développement personnel ». Cette image est fréquemment utilisée par les psychologues, coachs, formateurs, thérapeutes qui s’intéressent à ce sujet. Elle est empruntée au domaine de la vie organique, et plus spécialement de la vie végétale. C’est l’image de la plante, de la fleur, de l’arbre. Se réaliser, nous expliquent les spécialistes du développement personnel, ce serait croître, grandir, s’épanouir à la manière d’un organisme végétal.

Au premier regard, cette image est séduisante ; elle paraît aller de soi. Et, pourtant, je la crois profondément trompeuse. Elle ne peut que nous induire en erreur sur le sens véritable de la réalisation de soi. Car dans l’idée de développement organique, il y a toujours, qu’on le veuille ou non, une notion de préprogrammation. Un organisme, qu’il soit animal ou végétal, se développe selon un schéma préétabli. On sait d’avance comment seront la plante, la fleur, l’arbre une fois qu’ils seront parvenus à maturité.

Or le propre de l’existence humaine est de dépendre de la liberté. L’être humain possède une faculté qui le distingue de tous les autres êtres vivants : le libre arbitre. Et qui dit « liberté » dit forcément « incertitude », « imprévisibilité ». Nul ne peut savoir à l’avance ce que deviendra un être humain. Nul ne peut prédire comment il conduira son existence. C’est pourquoi, aux métaphores végétales qu’affectionnent les psychologues du développement personnel, je préfère la métaphore du chemin. Je me représente la personne qui se réalise comme « s’avançant sur le chemin de la vie ». Cette métaphore est juste, éclairante, satisfaisante, mais à condition d’ajouter immédiatement la précision suivante : le chemin dont il s’agit n’est évidemment pas unique. Il n’y a pas une voie, et une seule, pour la réalisation de soi. Il y a une pluralité de voies. Il y a une multiplicité de styles d’existence. Telle est l’idée centrale du livre que le lecteur a dans les mains. Je m’intéresserai dans cet ouvrage à la diversité des styles d’existence, et je défendrai le droit pour chaque personne de choisir, en toute liberté, son propre style.

La multiplicité des styles d’existence résulte du fait que, sur le chemin de nos vies, des bifurcations se présentent sans cesse à nous. Des choix existentiels nous sont offerts. Et notre réalisation personnelle, c’est-à-dire la manière dont nous allons construire notre vie, dépendra des décisions que nous prendrons à chacun de ces moments cruciaux.

Quelles sont ces bifurcations ? Quelles sont ces alternatives ?

Source : Extrait en ligne sur le site web « Hall du livre ».


AU SUJET DE L’AUTEUR

Michel Lacroix

(1946 –      )

Arnaud de Saint Simon et Michel Lacroix à l'Université de la Terre, Paris, 2 avril 2011. Photographie par Jérôme Choain - https://www.flickr.com/photos/21717345@N03/5584626434 - Canonical URL https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/
Michel Lacroix à l’Université de la Terre, Paris, 2 avril 2011. Photographie par Jérôme Choain – https://www.flickr.com/photos/21717345@N03/5584626434 – Canonical URL https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/

wikipedia-1pceMichel Lacroix est un philosophe et écrivain français né le .

Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, il est agrégé de philosophie, docteur d’État et maître de conférences émérite à l’Université de Cergy-Pontoise.

Il est l’auteur d’une thèse d’État sur « L’idée de politesse dans les manuels de bienséance (XIXe et XXe siècles) » dont le président du jury était Jean Guitton.

Il a reçu le Grand prix de philosophie de l’Académie française et le Prix Psychologies-Fnac 2009 de l’essai pour mieux vivre.

Fils du médecin colonel Roger Lacroix (AOF-AEF-Indochine), il est aussi le neveu de Michel Bernstein, un des responsables du mouvement de Résistance Défense de la France, chargé des faux papiers. Il est marié à Sophie Ader, philosophe. Ils ont trois enfants.

Notices d’autorité :

Source : Michel Lacroix, Wikipédia


DU MÊME AUTEUR

De la Politesse. Essai sur la littérature du savoir-vivre, Julliard, 1990 – Grand prix de philosophie de l’Académie française

L’Humanicide. Pour une morale planétaire, Plon, 1994

La Spiritualité totalitaire. Le New Age et les sectes, Plon, 1995

L’Idéologie du New Age, Flammarion, coll. « Dominos », 1996

Le Principe de Noé ou l’Éthique de la sauvegarde, Flammarion, 1997

Le Mal, Flammarion, coll. « Dominos », 1998

Le Développement personnel, Flammarion, coll. « Dominos », 2000

Le Culte de l’émotion, Flammarion, 2001, rééd. Marabout, 2012

Le Courage réinventé, Flammarion, 2003, rééd. Marabout, 2011

Le Développement personnel. Du potentiel humain à la pensée positive, Flammarion, 2004, rééd. Marabout, 2009

Le Fabuleux destin des baby-boomers, Éditions de l’Atelier, 2005

Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ?, Flammarion, 2007, rééd. Marabout, 2014

Se réaliser. Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Robert Laffont, 2009, rééd. Marabout, 2013 – Prix Psychologies 20091

Paroles toxiques, paroles bienfaisantes. Pour une éthique du langage, Robert Laffont, 2010, rééd. Le Livre de Poche, 2012

Éloge du patriotisme. Petite philosophie du sentiment national, Robert Laffont, 2011

Philosophie de la réalisation personnelle. Se construire dans la liberté, Robert Laffont, 2013

Ma philosophie de l’homme, Robert Laffont, 2015


Revue de presse

Michel Lacroix sur Radio France

Michel Lacroix – Se réaliser avec le philosophe avec le philosophe Michel Lacroix, Lundi 2 décembre 2013, France Inter.

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Michel Lacroix sur Cairn.info

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Entretien avec le philosophe Michel Lacroix – Le retour du courage, le meilleur et le pire, Antoine Robitaille, Le Devoir, 26 avril 2003

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Michel Lacroix : « Réalisation de soi et style d’existence » ou comment renouveler la sagesse au XXI e siècle, Canal Académies, 25 mars 2012


Revue de presse

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Se réaliser avec le philosophe Michel Lacroix, Lundi 2 décembre 2013, France Inter.

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Résumé du livre par Eva LOMBA-LE BIHAN

Logo_du_site_Canal_Académies

Michel Lacroix : « Réalisation de soi et style d’existence » ou comment renouveler la sagesse au XXI e siècle

Le philosophe intervenait au colloque « Quelle sagesse pour notre temps ? » de la Fondation Ostad Elahi Ethique et Solidarité humaine

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Comment devenir soi ? Michel Lacroix, philosophe : Les modèles du moi

Radio_France_logo

Michel Lacroix sur Radio France

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Rencontre avec Michel Lacroix sur Monde des Grandes Écoles et Universités

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Quelle philosophie humaniste pour le temps présent ? sur Radio France International (RFI)


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Mon rapport de lecture

MICHEL LACROIX

Philosophie de la réalisation personnelle

Se construire dans la liberté


Le livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », paru en 2013 sous la plume du philosophe français Michel Lacroix, est une réécriture enrichie de son précédent livre « Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel » paru en 2009 (voir mon rapport de lecture de ce dernier).


Dans son livre « Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté », le philosophe Michel Lacroix s’engage clairement en faveur du développement personnel. Il le présente comme l’héritier des efforts déployés par la philosophie dans le domaine de la réalisation de soi au cours siècles passés. À mon avis et si c’est effectivement le cas, le mouvement du développement personnel a vite fait de dilapider cet héritage de la philosophie en le déchiquetant en petits slogans vide de sens.

L’approche psychologique de la réalisation de soi adoptée par le philosophe Michel Lacroix, dans son deux livres, me déplaît passablement. Il en fait presque l’apologie. Lorsqu’on me présente une « philosophie de la réalisation personnelle » ou une « petite philosophie de l’épanouissement personnel », je m’attends à une véritable « philosophie », et non pas à un ramassis de bribes de psychologie de comptoir. Michel Lacroix tombe dans la  psychologisation de la philosophie contre laquelle je vous ai déjà mis en garde (voir : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie). Je ne suis pas content.

La récupération partiale et plus que maladroite de la philosophie par le développement personnel consiste à tirer de la philosophie un soupçon de plus de crédibilité.

Ainsi, Michel Lacroix, le philosophe, peut aisément se réfèrer à la philosophie au fil des siècles passés, mais cela ne fait pas de son œuvre une « philosophie » de la réalisation personnelle pour autant.

Michel Lacroix aborde les mêmes sujets que dans son livre précédent mais, cette fois, il nous donne des leçons, à la manière des coachs en développement personnel.

  • Première leçon – Les vertus de l’action
  • Deuxième leçon – Libérer son potentiel
  • Troisième leçon – La place d’autrui
  • Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté
  • Épilogue – Une idée du bonheur

Bref, « Philosophie de la réalisation personnelle » est un livre de développement personnel, non pas de philosophie.

Le philosophe Michel Lacroix revient dans ce livre sur la vie contemplative et la vie active, cette dernière ayant supplanté la première au XIXe siècle alors qu’elle avait cours depuis l’Antiquité. « Il y aurait beaucoup à dire sur la fascination que l’action exerce sur les philosophes depuis deux siècles (Les vertus de l’action, p. 22) » souligne monsieur Lacroix.

Cette promotion de l’action est même un des signes distinctifs de ce qu’il est convenu d’appeler la « modernité ». Et puisque ce livre a pour but d’exposer ma philosophie de la réalisation, le lecteur ne trouver pas déplacé que j’exprime ici mon point de vue. Je considère que cette primauté de l’action est justifiée. Le pense comme Malraux que « nous sommes la somme de nos actes ». Ma conviction est que l’action constitue une condition sine qua non du développement personnel. Si nous voulons nous réaliser, il faut que nous réalisions quelque chose. (…) J’inscris donc le principe d’action par les fondamentaux du développement personnel.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p.23.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.

De l’époque moderne à notre époque (l’époque contemporaine) on ne peut certainement pas nier que ça bouge beaucoup, et même beaucoup trop, du moins, pour ceux et celles qui se voient bousculés par une vie devenue exagérément rapide et agitée. Ça bouge de partout en tout temps. Le monde se presse dans la vie active la tête baissée ou sans plus de temps pour réfléchir, réfléchir avant d’agir. Trépidante, frénétique, la vie avale le temps plus rapidement qu’il ne passe réellement.


la-civilisation-inconsciente-john-ralston-saul« Le temps, notre grand ennemi, nous vaincra si nous hésitons un instant pour réfléchir ou douter. Dans notre panique, nous nous précipitions vers la certitude ».

Saul, John Ralston, La civilisation inconsciente, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997, p. 175.

Pourtant, « les gens n’ont jamais eu autant de temps ».

Saul, John Ralston, La civilisation inconsciente, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997, p. 175-176.

« Rien que depuis le début du siècle (XXè), l’espérance de vie des Occidentaux a augmenté de vingt-cinq ans. Nous disposons à présent de 50 % de temps de plus pour faire ce dont nous avons envie. Compte tenu de notre niveau de vie général et de notre éducation, nous pourrions utiliser au moins un peu de ce temps pour réfléchir davantage et remplacer la course à la certitude par une promenade vers le doute.

Pourtant, il semble qu’avoir 50 % de temps en plus ait produit l’effet contraire. Nous nous sommes retranchés dans ces peurs inconscientes qui nous rendent sensibles à la menace du temps. Ces dernières années, les menaces de la nécessité, du « maintenant ou jamais », ont influencé avec une remarquable facilité et à maintes reprises des publics très complexes. »

Saul, John Ralston, La civilisation inconsciente, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997, p. 175-176.


Si le philosophe Michel Lacroix met en garde ses lecteurs contre les dérives de l’action en pointant d’abord du doigt l’hyperactivité :

D’abord, l’hyperactivité. Mon action peut se transformer en une obsession. Elle peut dégénérer en névrose. Je peux devenir “accro” à l’action. Je peux la consommer comme une drogue. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p.24.

N’est-ce pas plutôt un signe des temps ? N’est-ce pas la société d’aujourd’hui qui conditionne les hommes et les femmes à l’hyperactivité ? N’est-ce pas là une faute de la courte vue des philosophes de la réalisation de soi depuis deux siècles ? Cette perte de contrôle des vertus de l’action au sein de la société atteint maintenant nos enfants. On parle maintenant du « syndrome » de l’hyperactivité, d’une « maladie » « jusqu’à 70% génétique ». Le passage révolutionnaire de la vie contemplative à la vie active a-t-il engendrer au fil des deux derniers siècles un défaut génétique et neurologique, tel que le porposent certaines recherches scientifiques ?


Les origines génétiques du syndrome d’hyperactivité

C’est a priori une avancée importante dans la compréhension du syndrome d’hyperactivité que viennent de publier, sur le site du Lancet,[1] un groupe de chercheurs britanniques. Ils assurent avoir pu, pour la première fois, identifier les bases génétiques de ce syndrome qui associe des troubles de l’attention et de la concentration à un comportement hyperactif. On parle ici dans un relatif désordre de syndrome hyperkinétique, de dysfonction cérébrale minime ou encore, plus fréquemment de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Ces résultats ne manqueront pas de relancer la controverse récurrente quant à l’origine exacte de cette pathologie hautement handicapante. Pour les auteurs de ce travail, les choses sont claires : ce syndrome a une origine génétique expliquant des anomalies du développement cérébral ; et il ne doit en aucun cas être compris comme la résultante d’une «pure construction sociale». Ce travail a été coordonné et dirigé par le Dr Nigel M. Williams et le Pr Anita Thapar (Centre de neuropsychiatrie génétique et génomique, Université médicale de Cardiff).

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[1] Rare chromosomal deletions and duplications in attention-deficit hyperactivity disorder : a genome-wide analysis. http://www.thelancet.com. Published Online September 30, 2010. DOI:10.1016/S0140-6736(10)61109-9. Online/Comment : DOI:10.1016/S0140-6736(10)61192-0

NAU, Jean-Yves Les origines génétiques du syndrome d’hyperactivité, Revue médicale suisse, 13 octobre 2010. DOI: 10.53738/REVMED.2010.6.266.1932


Et que dire du stress, du mauvais stress, celui qui rend malade.


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Le stress lié au travail est le plus souvent causé par une lourde charge de travail et la conciliation travail-vie personnelle

Plusieurs raisons peuvent expliquer le stress lié au travail; par exemple, lorsque l’on doit composer avec une lourde charge de travail ou concilier le travail et la vie personnelle. Des niveaux élevés de stress lié au travail peuvent entraîner des répercussions négatives sur la santé et des pertes d’heures et de revenus. Ces aspects sont liés au bien-être des personnes qui occupent un emploi et peuvent être mesurés à l’aide du Cadre statistique pour la mesure de la qualité de l’emploi. En avril 2023, des renseignements sur la santé mentale et le stress lié au travail ont été recueillis auprès de travailleurs de 15 à 69 ans, dans le cadre d’une série de suppléments à l’Enquête sur la population active.

Un peu plus de 4,1 millions de personnes ont déclaré éprouver des niveaux de stress lié au travail élevés ou très élevés, ce qui représente 21,2 % de l’ensemble des personnes en emploi. Les causes les plus courantes de stress lié au travail étaient une lourde charge de travail, qui touchait 23,7 % des personnes en emploi, ainsi que la conciliation du travail et de la vie personnelle (15,7 % des personnes en emploi). Les femmes (22,7 %) étaient plus susceptibles que les hommes (19,7 %) d’éprouver des niveaux de stress lié au travail élevés ou très élevés.

Source : Statistiques Canada, 19 juin 2023.


C’est bien beau la vie active mais les revers sont nombreux et affectent un part importante de la population.

Le philosophe Michel Lacroix écrit :

Un deuxième danger nous guette : le goût de la confrontation, la fascination pour le combat. car l’exaltation de l’action débouche sur une pure et simple apologie de la lutte. Elle se traduit alors par une célébration des valeurs de rivalité, des valeurs compétitives, agonistiques, concurrentielles, valeurs supposées être les seules capables de nous faire mûrir… Comme si la vérité de l’existence résidait dans la lutte de tous contre tous ! Comme si on ne pouvait se réaliser qu’en livrant on ne sait quel combat de la vie ! « Tout bonheur est dans la lutte », aimait à répéter Nietzsche. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 24-25.

Il y a effectivement des hommes et des femmes en compétition permanente, conditionnés par le modèle de société dans lequel nous vivons, ce que je ne supporte pas. Et que dire aussi des dépendants au succès matérialiste, tout aussi conditionné.

Il y a un autre piège dans lequel on risque de tomber. On peut entrer dans une logique du succès, en adoptant la maxime suivante : “ L’action que j’entreprends permettra mon développement personnel à la condition d’être couronnée de succès.. Elle sera favorable à mon épanouissement si et seulement si elle réussit… ” Et cette réussite, je vais être tenté, bien souvent, de la mesurer d’après des critères extérieurs, matériels, sociaux. Je l’évaluerai à l’aune du pouvoir que j’ai conquis, de l’argent que j’ai gagné, de la notoriété que j’ai acquise, de la popularité dont je jouis. Par là même, ma réalisation personnelle basculera dans le matérialisme ou bien elle se laissera ligoter par le regard des autres, ce qui la conduira à la vanité, à la superficialité. La logique du succès à tout prix est donc pernicieuse. Elle transforme insidieusement la réalisation de soi en aliénation de soi.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 25-26.

Le philosophe ajoute à sa liste des dérives de l’action « l’obsession de la grandeur et de la supériorité ».

Ces observations sont justes et pertinentes. Elles appuient le premier conseil qu’il donne, à savoir « de ne pas donner prise à l’aristocratisme et à l’élitisme ».

(…) Plutôt que de parler en termes de hiérarchie, je préférerais qu’on s’exprime en termes de « diversité des styles d’existence ». Cette notion de diversité est, conjointement avec l’idée de liberté. le fil rouge de ce livre. Il n’y a pas un seul modèle de « vie bonne ». Il n’y a pas une manière et une seule manière de s’épanouir. Il n’y a pas une voie unique. Il y a une pluralité des styles d’existence. Les formes de la réalisation personnelle sont multiples. Et rien n’autorise à affirmer que certaines seraient plus nobles, plus élevées, plus admirables, plus respectables que les autres. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 26-27.

Mais encore faut-il que la personne prenne d’abord conscience que son style d’existence n’est pas le seul disponible. Certes, nous voyons des gens agir différemment de nous mais en tirons-nous la conclusion qu’il y a plusieurs styles d’existence, tout occupés que nous sommes par notre propre style. Nous sommes davantage portés à juger les comportements différents du nôtre, ce que déconseille le philosophe Michel Lacroix, sans nous poser la question à savoir s’il s’agit en fait d’un autre style d’existence.

Un jour, alors dans la trentaine, j’ai sollicité et obtenu le poste de premier directeur général d’une toute nouvelle fondation dans le milieu de la santé. Mon objectif de compagne de financement s’élevait à un million de dollars. J’ai alors procédé comme je l’avais fait dans le passé, fort de mes succès. Mais à mi-chemin tout a bloqué au conseil d’administration de la fondation. Pour débloquer la situation, qui impliquait le président, j’ai sollicité les autres membres du C.A. Il va sans dire que le président fulminait et mon poste fut mis en jeu. Le président me convoqua à une rencontre privée, entre lui et moi, pour me dire que si j’atteignais toujours mes objectifs, il n’en doutait pas, après mon passage, il fallait construire un cimetière tellement je bousculais les gens sur mon chemin. C’est là que j’ai compris qu’il n’y avait pas un seul style d’existence, le mien. Il y en avait d’autre tel que celui du président et des autres membres du cas. Ce fut une prise de conscience douloureuse ; mon estime de soi venait de tomber à genoux et c’est peu dire.

J’ai quitté mon poste après l’atteinte de mon objectif de campagne. Je répondais à une autre demande en même temps en travaillant comme conseiller en marketing et en publicité pour une entreprise privée dans le domaine agroalimentaire. Ma conclusion : retenir les services à temps plein d’un consultant en marketing. J’ai offert mes services mais j’ai perdu le contrat aux mains d’une firme plus organisée et plus rusée que moi en tant que travailleur indépendant (autonome). C’était la première fois de ma vie professionnelle que je perdais un contrat.

J’ai vite décidé de créer une entreprise pour lutter à armes égales avec un véritable statut d’entrepreneur. Je me suis inscrit à cours entrepreneuriat. Le premier cours s’intitulait « Connaissance de soi » et je me demandais bien pourquoi. La réponse : il y a plusieurs types d’entrepreneur. Il me fallait déterminer de quel type j’étais entre fonceur, analytique, aimable et expressif. Mais je ne parvenais pas à me situer. J’avais l’impression qu’un train venait de me passer sur le corps (perte de mon premier contrat) et que je ne savais plus où j’en étais vraiment. J’ai donc demander à l’enseignante, psychologue de profession, s’il était possible qu’un changement de style s’était opéré en moi. Réponse : oui, à la suite d’une révélation ou d’un traumatisme. Finalement, grâce à un exercice avec mes collègues de classe, j’ai compris que je venais de passer passé du style fonceur (après qui on doit ériger un cimetière) à celui d’analytique. Je n’avais plus réponse à tout sur-le-champ. Désormais, je réfléchissais ; la réponse ne venait plus instantanément.

Alors, je ne peux qu’être en parfait accord avec l’idée qu’il y a plusieurs styles d’existence tel que mise de l’avant par le philosophe Michel Lacroix. Mais, il y a toujours un « mais », la prise de conscience de son style d’existence exige une prise de recul — une prise de conscience — pour enclencher le processus, ce qui vient selon l’enseignante psychologue et plusieurs autres sources, à la suite d’un traumatisme ou d’une révélation. Il ne s’agit donc pas de soutenir qu’il y a plusieurs styles d’existence et que nous sommes libres de choisir celui qui nous convient pour en révéler l’évidence à la conscience.

Notre style d’existence est acquis inconsciemment au fil de notre vie auprès de notre famille, nos ami(e)s, nos enseignants, etc. Au départ, nous nous sentons libres dans notre style d’existence même si, en réalité, nous y comme confiné. Il n’est pas aisé de prendre conscience du conditionnement de notre style d’existence et de s’en libérer. Notre style d’existence a des racines beaucoup plus profondes que la psychologie. Il émerge de notre philosophie, de nos valeurs et de nos convictions ancrées au plus profond de soi. Par conséquent, une approche psychologique peut voiler la seule et unique approche utile, l’approche philosophique.

Enfin, il est temps de revenir à la bifurcation entre la vita activa et la vita contemplativa qui s’est ouverte sur le chemin des hommes au début de XIXe siècle, et que nous avons évoquée plus haut. Placés devant les deux branches de cette alternative, nos ancêtres se sont engagés dans la voie de la vita activa. Ainsi, un déséquilibre s’est créé entre les deux polarité de l’existence, et si tant de gens souffrent aujourd’hui, si nous sommes nombreux à éprouver un sentiment d’aliénation, c’est en partie parce que, depuis cette époque, le ressort de l’action a été constamment surtendu. Il faut rétablir un juste milieu entre la vie active et la vie contemplative, ce juste milieu qui, en définitive, est la meilleure définition de la sagesse. Comment y parvenir ? En réinjectant dans nos existences les valeurs, trop souvent oubliées, de lenteur et de tranquillité. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Première leçon – Les vertus de l’action, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 33.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.


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DOSSIER : « RATIONALITÉ PRATIQUE ET MOTIVATION MORALE »

Vertu éthique et rationalité pratique chez Aristote.

Note sur la notion d’hexis proairetikê

Pierre-Marie MOREL

« La vertu est donc une inclination à décider, située dans un juste milieu relatif à nous fixé par la raison et comme le fixerait le prudent. C’est en outre un juste milieu entre deux vices, l’un par excès et l’autre par défaut, et cela parce que les uns sont en défaut et les autres en excès par rapport à ce qui doit être, dans le domaine des affections et dans celui des actions, alors que la vertu trouve et choisit le milieu. C’est pourquoi, selon la substance, c’est-à-dire selon l’énonciation de ce qui fait son essence même, la vertu est un juste milieu, bien que selon le meilleur et le convenable, ce soit un sommet. »

__________

EN, II, 6, 1106b36-1107a8. Ἔστιν ἄρα ἡ ἀρετὴ ἕξις προαιρετική, ἐν μεσότητι οὖσα τῇ πρὸς ἡμᾶς, ὡρισμένῃ λόγῳ καὶ ὡς ἂν ὁ φρόνιμος ὁρίσειεν. μεσότης δὲ δύο κακιῶν, τῆς μὲν καθ’ ὑπερβολὴν τῆς δὲ κατ’ ἔλλειψιν· καὶ ἔτι τῷ τὰς μὲν ἐλλείπειν τὰς δ’ ὑπερβάλλειν τοῦ δέοντος ἔν τε τοῖς πάθεσι καὶ ἐν ταῖς πράξεσι, τὴν δ’ ἀρετὴν τὸ μέσον καὶ εὑρίσκειν καὶ αἱρεῖσθαι. διὸ κατὰ μὲν τὴν οὐσίαν καὶ τὸν λόγον τὸν τὸ τί ἦν εἶναι λέγοντα μεσότης ἐστὶν ἡ ἀρετή, κατὰ δὲ τὸ ἄριστον καὶ τὸ εὖ ἀκρότης. L’expression ἕξις προαιρετική apparaît également en EN, VI, 2, 1139a22‑23 ; EE, II, 10, 1227b5‑11.

Source : Pierre-Marie MOREL, “Vertu éthique et rationalité pratique chez Aristote. Note sur la notion d’hexis proairetikê”, Philonsorbonne [Online], 11 | 2017, Online since 06 January 2017, connection on 24 September 2024. URL: http://journals.openedition.org/philonsorbonne/892 ; DOI: https://doi.org/10.4000/philonsorbonne.892.


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Éviter les extrêmes avec Aristote

Raphaël Fiévez, travailleur social et détenteur d’un certificat en philosophie.

Il habite à Montréal.

Publié le 14 nov. 2023 Libre opinion

Le juste milieu comme manière d’être et d’agir

Aristote, un philosophe de la Grèce antique, a développé une idée maîtresse de la philosophie morale. Ce concept est la médiété, ou le juste milieu. En bref, il est question de rechercher la voie et l’action dans un juste milieu entre deux excès. (…)

Lire l’article


Voir aussi : Juste milieu, Wikipédia.


Un juste milieu dans la réalisation de soi entre la vie contemplative et la vie active rime souvent aujourd’hui en un juste milieu entre la vie professionnelle et la vie familiale. On parle souvent de la réconciliation Travail/Famille, le temps et la charge de travail empiétant sur le temps disponible et en reste pour la vie familiale (ou la vie personnelle). Tout est ici une question de déséquilibre dans le partage du temps disponible dans une journée, une semaine, un mois, une année. Mais le temps lui-même n’est pas en cause car personne ne peut ajouter du temps à une journée, lui attribuer, par exemple, deux heures de plus. La cause réside dans la philosophie de vie en tension avec les impératifs de la vie active associée, notamment, à la société de consommation ou, si vous préférez, au matérialisme. La psychologie de l’individu est prise en otage et seule la philosophie peut la libérer. Le juste milieu est un concept attrayant mais l’adopter dans son style d’existence implique souvent un cassure révolutionnaire qui demande beaucoup de courage et de nouvelles valeurs.



La Grande Démission

En ondes et sur le web – Documentaire de 60 minutes.

Isabelle Maréchal rencontre des travailleurs de la classe moyenne qui ont démissionné afin de donner un plus grand sens à leur travail.

Dans la foulée de son documentaire choc, Les moyens de la classe moyenne, Isabelle Maréchal reprend la route à la rencontre de travailleurs épuisés, stressés et démotivés qui ont choisi de quitter leur emploi. Ces démissionnaires ont pris leur courage à deux mains et claqué la porte de la « chop en quête d’un nouveau sens à leur vie.

Visionner l’intégral du documentaire sur :   Télé-Québec  ou   savoir.média

Source : IPROD Média.


États-Unis : les dessous de la « Grande démission » • FRANCE 24

Les économistes l’appellent « la Grande démission » (« Great Resignation ») : une vague sans précédent de travailleurs ayant quitté leur emploi aux États-Unis depuis le début de la pandémie de Covid-19. Soit 4,5 millions de personnes en novembre 2021, un nombre jamais enregistré par le ministère du Travail en 20 ans. Le secteur le plus touché est celui de l’hôtellerie et de la restauration, suivi par ceux des loisirs, de la vente au détail et de la santé. Par ailleurs, de vastes mouvements de grève ont eu lieu dans plusieurs grandes entreprises américaines pour réclamer plus d’avantages sociaux. Le rapport de force entre patrons et employés semble s’inverser. Que se passe-t-il au pays du capitalisme ? Un reportage de Fanny Allard.


« Grande démission » : perdre sa vie à la gagner ? • FRANCE 24

Depuis le printemps 2021, les statisticiens observent un phénomène sans précédent aux États-Unis. En un an, des millions de personnes – 1 salarié sur 3 – ont quitté volontairement leur emploi. Ce « virus », baptisé la « Grande démission, a démarré dans la foulée de la pandémie de Covid-19. Il gagne peu à peu le reste du monde : en France, 1 salarié sur 6 a quitté son poste pendant la même période. Sans compter les jeunes diplômés d’écoles prestigieuses comme Agro Paris Tech qui décident de « bifurquer ». Quelle mouche les pique ? Est-ce un grand coup de flemme ou s’agit-il d’autre chose ?


Bref, la révolution du rapport au travail et au style d’existence est déjà en marche suite au traumatisme de la pandémie mondiale du Covid 19.

Dans la deuxième leçon, Libérer son potentiel, le philosophe Michel Lacroix propose deux avenues : 1. Sous le signe de la transcendance —  « être plus humain, ou se réaliser, consiste à modeler sa vie conformément à un modèle transcendant ». ; 2. L’idéal d’autoréalisation — « Me réaliser, énonce-t-elle (la deuxième option), consiste à développer quelque chose qui se trouve en moi et qui attend d’être cultivé ».

Je soulève un problème avec la première option. Aujourd’hui, les risques sont grands si on modèle sa vie à un modèle transcendant ( « Qui suppose un ordre de réalités supérieur, un principe extérieur et supérieur (opposé à immanent) » Dictionnaire Le Robert ). On ne sait jamais si le modèle ne va pas sombrer dans la déchéance, ou être déchu et ainsi nous trahir. Je préfère donc et de loin, la seconde option.

(…) Nous avons l’immense chance de vivre dans une civilisation où nous jouissons du droit de nous épanouir comme nous l’entendons. Nous pouvons choisir librement notre voie. Aucune autorité ne nous prescrit un modèle de « vie bonne ». Aucune autorité ne nous oblige à suivre la voie religieuse, et encore moins, d’une religion particulière, Aucune autorité ne peut, inversement, nous interdire (comme jadis en URSS) de suivre, si nous le désirons, la voie religieuse. Puisse à l’avenir notre société démocratique préserver cette liberté de conscience, sans laquelle la réalisation de soi deviendrait un mot vide de sens.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Deuxième leçon – Libérer son potentiel, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 43.

P.S. Le mot souligné remplace le mot en italique dans le texte original du livre.

Tout cela s’inscrit dans un idéal car, dans la réalité, nous sommes constamment sous influence et conditionnés, consciemment et inconsciemment, par notre civilisation, même dite démocratique. Tout d’abord, si aucune autorité nous dicte un modèle de « vie bonne », elle nous impose tout de même des limites dans les lois en vigueur. Notre liberté est encadrée par les lois. Ensuite, si nous jouissons effectivement de la liberté de conscience, cette dernière subit un conditionnement culturel, social, économique, etc. Évidemment, si nous comparons notre liberté de conscience avec celle offerte par les régimes politiques et/ou religieux totalitaires, notre liberté nous apparaît comme une « chance », la chance d’être né dans un régime démocratique libre. Notre lieu de naissance nous favorise ou défavorise, selon le régime en place. Mais, peu importe le régime en place, ce dernier nous conditionne. Pour vivre libre, il faut souvent accepter de vivre en marge, c’est-à-dire en se soustrayant à certains conditionnements et en s’accordant certains privilèges et avantages que ne peut se permettre la majorité des individus.

Au sous-titre, Les deux moteurs de la réalisation personnelle (chapt. Libérer son potentiel), le philosophe Michel Lacroix nous dit :

(…) L’être humain se définit d’une part parce que qu’il est capable de faire, et d’autre part par ce qu’il a envie de faire ». Il y a des aptitude et des motivations. Les aptitudes et les motivations : tels sont les deux moteurs de la réalisation personnelle.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Deuxième leçon – Libérer son potentiel, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 45.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.

Personnellement, je ne me suis pas casser la tête et j’ai découvert ce que j’étais capable de faire (dans la vie), dès ma quatrième année d’étude secondaire, vers l’âge de 14 ou 15 ans, en choisissant entre deux ressources : les nombres ou les lettres de l’alphabet. J’ai choisi ces dernières. J’allais gagner ma vie et me réaliser en écrivant puisque je ne comprenais rien aux mathématiques, surtout lorsque j’ai constaté que l’algèbre utilisait des lettres de l’alphabet qui, dans ma compréhension, étaient réservées en exclusivité à l’écriture. Quant à mes motivations, si je me réfère aux nombreux projets scolaires et individuels que j’ai réalisés au cours de mon adolescence, je voulais contribuer à la résolution de problèmes que rencontrait le monde dans lequel j’évoluais, notamment ceux engendrés par un défaut de formulation et de communication. À cet époque, tout problème en était un de communication. Avant même d’être un homme, j’avais une vision du monde qui me semblait peu commune, en partie contestataire, que je me devais de reconnaître comme un potentiel à explorer. Notez que je ne dis pas : « à exploiter ».

Au cours de mes lectures, j’annote ici et là le mot « NON » en lettres majuscules ou un « ? » point d’interrogation pour me rappeler des passages avec lesquels je ne suis pas d’accord ou qui me questionne. Dans le chapitre « Deuxième leçon – Libérer son potentiel », j’ai plusieurs « NON » et « ? ». Le philosophe Michel Lacroix me semble un peu trop psychologisant, pour un philosophe. Les références à la psychologie finissent toujours par me tomber sur les nerfs parce qu’elles demeurent, faute de moyens de cette science humaine, trop interprétatives et trop subjectives, ce qui la contraint à la surface du sujet plutôt qu’à sa profondeur.

Par exemple, le philosophe Michel Lacroix donne voie au psychanalyste Alfred Adler.

(…) Nous sommes tous, expliquait Adler, habités par un complexe d’infériorité, à commencer par celui que, enfants, nous ressentions de simple fait que nous vivions auprès d’adultes qui nous semblaient plus grands, plus intelligents, plus savants, plus adroits, plus courageux, plus sages, plus forts que nous. Auprès de ces grandes personnes, nous nous sentions petits, faibles, ignorants, limités, incapables. (…)

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Deuxième leçon – Libérer son potentiel, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, p. 52.

Je n’ai jamais ressenti une telle infériorité au cours de mon enfance, pas plus que durant mon adolescence. Les allégations d’Alfred Adler mettant tous les hommes, y compris tous les enfants, dans le même panier fournissent la preuve de ce pourquoi on dit de la psychanalyse qu’elle est une « fausse science ». Et, sous la plume du philosophe Michel Lacroix, Alfred Adler a soutenu que « La conscience douloureuse de notre infériorité nous a incité à nous élever au même niveau que ceux qui, déjà installés dans l’âge adulte, nous regardaient avec condescendance ». Je ne me suis jamais senti regardé avec condescendance au cours de mon enfance et de mon adolescence. Et je ne me sentais pas inférieur mais différent. Mon entrée dans l’âge adulte n’a pas reposé sur le désir de m’élever au même niveau de les adultes. J’allais être un adulte par la force de l’âge, de l’expérience et de l’éducation. Et je ne suis pas né sur une autre planète. Quand la philosophie s’attarde à la psychologie, elle perd sa crédibilité.

Le philosophe Michel Lacroix écrit « Aussi, sans hésiter, je range la pensée positive parmi les fondamentaux de ma philosophie » il me dit fonder sa philosophie sur la psychologie. La pensée positive en lutte contre la pensée négative, quelle histoire de fou ! « Pensées limitantes », « déprogrammation », « reprogrammation », c’est le développement personnel dans toutes ses limites de la compréhension de l’Être humain. C’est le développement personnel qui est dans la Caverne de Platon.

Passons par-dessus la troisième leçon, La place d’autrui (dans la réalisation de soi), pour atteindre la quatrième et dernière leçon, L’enracinement et la liberté. Le philosophe Michel Lacroix nous parle de « La communautarisation du moi » :

Ainsi conçue, la réalisation de soi ne saurait prétendre être une « invention de soi », « une création de soi ». Elle s’écarte de l’idéal que nous avons dessiné dans ce livre, celui de l’autoréalisation. Elle tend à être un simple marquage identitaire. Elle se réduit à une communautarisation de soi. C’est contre cette communautarisation de soi que je m’élève. Je la considère comme une régression, car elle ne tien pas compte des deux choses essentielles : la liberté de l’homme et sa raison.

(…) Les individus sont épinglés à leurs particularismes ethniques, linguistiques, religieux. Ils héritent de leur appartenance ; ils ne la choisissent pas. Ils sont membres de leur communauté en vertu d’un déterminisme qui pèse sur eux. À aucun moment ils sont appelés à donner leur consentement. Leurs appartenance relève du subi et non du volontaire. Il se voient donc privé, de facto, d’un droit qui, à mes yeux, est une condition sine qua non de l’accomplissement personnel : le droit à la rupture, le droit à la désaffiliation.

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 86-87.

À celui ou celle qui vit sous la loi pesante, parfois, aliénante, d’une tradition communautaire, j’adresse donc le message suivant : « Ton identité profonde ne réside pas dans ton appartenance communautaire. Elle réside dans ta faculté de consentir, dans ton pouvoir de décider, dans ta capacité d’adhérer. N’accepte pas que ton existence soit préemptée par un modèle de vie bonne. C’est à toi et à toi seul qu’il appartient de choisir ton style d’existence. L’identité que tu t’inventeras vaudra toujours mieux que celle que tu te contenteras de revendiquer. Et souviens-toi que le bien le plus précieux de l’homme est la liberté de l’esprit. »

LACROIX, Michel, Philosophie de la réalisation personnelle, Quatrième leçon – L’enracinement et la liberté, coll. Réponses, Éditions Robert Laffont, Paris, 2013, pp. 94-95.

P.S. Les mots soulignés remplacent les mots en italique dans le texte original du livre.

Que dire de plus sinon que d’applaudir à cette mise en garde essentielle pour vivre une réalisation de soi en toute liberté d’esprit.


J’accorde quatre étoiles sur cinq

au livre PHILOSOPHIE DE LA RÉALISATION DE SOI —SE CONSTRUIRE DANS LA LIBERTÉ du philosophe MICHEL LACROIX paru aux ÉDITIONS ROBERT LAFFONT en 2013 .

4-etoiles

Je vous en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

Article # 95 – Qu’est-ce que la Deep Philosophy ? – Philosopher depuis notre profondeur intérieure, Ran Lahav, Loyev Books, 2023

Mon intérêt pour ce livre s’est dégradé au fil de ma lecture en raison de sa faible qualité littéraire, des nombreuses répétitions et de l’aveu de l’auteur à rendre compte de son sujet, la Deep Philosophy. / Dans le texte d’introduction de la PARTIE A – Première rencontre avec la Deep Philosophy, l’auteur Ran Lahav amorce son texte avec ce constat : « Il n’est pas facile de donner un compte rendu systématique de la Deep Philosophy ». Dans le paragraphe suivant, il écrit : « Néanmoins, un tel exposé, même s’il est quelque peu forcé, pourrait contribuer à éclairer la nature de la Deep Philosophy, pour autant qu’il soit compris comme une esquisse approximative ». Je suis à la première page du livre et j’apprends que l’auteur m’offre un exposé quelque peu forcé et que je dois considérer son œuvre comme une esquisse approximative. Ces précisions ont réduit passablement mon enthousiasme. À partir de là, ma lecture fut un devoir, une obligation, avec le minimum de motivation.

Article # 96 – Se réaliser – Petite philosophie de l’épanouissement personnel, Michel Lacroix, (Marabout), Éditions Robert Laffont, 2009

J’ai beaucoup aimé ce livre de Michel Lacroix, Se réaliser — Petite philosophie de l’épanouissement personnel. Il m’importe de vous préciser que j’ai lu l’édition originale de 2009 aux Éditions Robert Laffont car d’autres éditions sont parues, du moins si je me rapporte aux différentes premières et quatrièmes de couverture affichées sur le web. Ce livre ne doit pas être confondu avec un ouvrage plus récent de Michel Lacroix : Philosophie de la réalisation personnelle – Se construire dans la liberté parue en 2013 et qui sera l’objet d’une rapport de lecture dans ce dossier.

Article # 97 – Une histoire de la raison par François Châtelet – Entretiens avec Émile Noël, Édition du Seuil, 1992

Personnellement, je me suis limité à lecture du livre car je préfère et de loin l’écrit à l’audio. J’aime le titre donné à ce livre, « Une histoire de la raison », plutôt que « L’histoire de la raison », parce qu’il laisse transparaître une certaine humilité dans l’interprétation.

Article # 98 – La raison, Bertrand Saint-Sernin, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, Paris, 2003

Les ouvrages de la collection Que sais-je ? des PUF (Presses universitaires de France) permettent aux lecteurs de s’aventurer dans les moult détails d’un sujet, ce qui rend difficile d’en faire un rapport de lecture, à moins de se limiter à ceux qui attirent et retient davantage notre attention, souvent en raison de leur formulation. Et c’est d’entrée de jeu le cas dans le tout premier paragraphe de l’Introduction. L’auteur écrit, parlant de la raison (le soulignement est de moi) : « (…) elle est une instance intérieure à l’être humain, dont il n’est pas assuré qu’elle puisse bien fonctionner en situation de risque ou dans un état trouble ».


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Article # 94 – L’étonnement philosophique – Une histoire de la philosophie, Jeanne Hersch, Gallimard, coll. Folio Essai, 1993

Article # 94

J’AI LU POUR VOUS

L’étonnement philosophique

Une histoire de la philosophie

Jeanne Hersch

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L’étonnement philosophique

Une histoire de la philosophie

Jeanne Hersch

Gallimard, Collection Folio Essais (n° 216)

Première édition française

Date de parution : 25 juin 1993

Réimpression : juin 2023

Langue  : ‎Français

Poche ‏ :‎ 464 pages

ISBN-10 ‏ : ‎2070327841

ISBN-13 ‏ : ‎978-2-07-032784-3

Poids de l’article ‏ : ‎242 g

Dimensions ‏ : ‎11 x 1.9 x 18 cm


Publié pour la première fois en 1981 :

(Das philosophische Staunen (l’Etonnement philosophique), Zürich, Benziger; Munich, Piper, 1981, 354 p.)


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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre L’étonnement philosophique :
Une histoire de la philosophie de Jeanne Hersch paru chez Gallimard, Collection Folio Essais (n° 216) en 1993.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

L’originalité de cet ouvrage, très vite devenu une référence, est de réorganiser le développement de la philosophie en Occident à partir, non plus de ses principales thèses, mais de sa nature même, de son objet premier : l’étonnement.

L’étonnement est cette capacité qu’il y a à s’interroger sur une évidence aveuglante. La première des évidences est qu’il y a de l’être, qu’il existe matière et monde. De cette question apparemment toute simple est née voilà des siècles en Grèce un type de réflexion qui depuis lors n’a cessé de relancer la pensée : la philosophie.

L’histoire de cet étonnement, toujours repris, sans cesse à vif, continûment reformulé, Jeanne Hersch nous la raconte à partir de quelques philosophes occidentaux : les présocratiques, Socrate, Platon, Aristote, les épicuriens, les stoïciens, saint Augustin, Thomas d’Aquin, Descartes, Spinoza, Leibniz, Locke, Kant, Hegel, Comte, Marx, Freud, Bergson, Kierkegaard, Nietzsche, Husserl, Heidegger, Jaspers. Aussi cette histoire de la philosophie nous dit-elle, en réalité, comment la philosophie fut en tout temps, actuelle.


Jeanne Hersch (juillet 1910 – juin 2000 à Genève) fut pendant vingt ans professeur de philosophie à l’université de Genève. Elle dirigea la division de philosophie à l’Unesco et publia, entres autres ouvrages, L’illusion philosophique, L’être et la forme, Idéologie et réalité, Le droit d’être un homme, Éclairer l’obscur. Elle a traduit Philosophie de Karl Jaspers.


TABLE DES MATIÈRES

Avertissement

L’École de Milet : Thalès (environ 600 av. J.-C.)

Ecole ionienne et Ecole éléate : Héraclite (env. – 550-480 av. J.-C.) et Parménide (env. 500 av. J.-C.)

Zénon (env. 490 – 430 av. J.-C.)

Socrate (470-430 av. J.-C.)

Platon (427-347 av. J.-C.)

Aristote (384 -322 av. J.-C.)

Les Épicuriens (IVème et IIIème siècles av. J.-C.)

Les Stoïciens (IIIème siècle av. J.-C.)

Saint Augustin (354 – 430 ap. J.-C.)

La philosophie médiévale

Thomas d’Aquin (1225 – 1274)

La Renaissance (XVème et XVIème siècles)

René Descartes (1576-1650)

Spinoza (1632-1650)

Leibniz (1646-1716)

L’empirisme anglais

John Locke (1632-1704)

George Berkeley (1685-1753)

David Hume (1711-1776)

Emmanuel Kant (1724-1804)

De Kant à l’idéalisme allemand

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)

Auguste Comte (1789-1857)

Karl Marx (1818-1883)

Sigmund Freud (1873-1939)

Henri Bergson (1859-1941)

Sören Kierkegaard (1813-1900)

Friedrich Nietzsche

Après Kierkegaard et Nietzsche

Edmund Husserl (1859-1938)

Martin Heidegger (1889-1976)

Karl Jaspers (1883-1969)

La philosophie aujourd’hui


EXTRAIT

AVERTISSEMENT

Le présent ouvrage n’est pas une histoire traditionnelle de la philosophie. Je vais seulement tenter de montrer, à propos de quelques exemples choisis dans plus de deux mille ans de pensée occidentale, comment et à propos de quoi certains hommes ont été saisis d’étonnement, de cet étonnement dont la philosophie est née.

Quelle a été la nature, quelle a été l’occasion de cet étonnement ? Comment s’est-il exprimé ?

Il ne m’est pas possible ici de le suivre à la trace de façon continue, d’établir un exposé relativement complet. Je ferai délibérément un choix pour m’attacher à quelques points de repère, quelques tournants de la pensée, quelques moments privilégiés où un regard plus neuf ou plus naïf a fait surgir les quelques questions essentielles qui, désormais, ne cessent de se poser pour peu qu’on renonce à les dissimuler par le bavardage ou la banalité.

Savoir s’étonner, c’est le propre de l’homme. Il s’agit ici de susciter à nouveau cet étonnement. Le lecteur, je l’espère, retrouvera sa capacité d’étonnement dans l’étonnement d’autrui. Il saura le reconnaître. Il dira : « Oui, c’est bien ça. Comment se fait-il que je ne me sois pas encore étonné à ce sujet ? »

Tel est chez l’homme le processus créateur, capable d’amener le lecteur à philosopher lui-même.

J’espère aussi, chemin faisant, lui transmettre un minimum de moyens qui lui permettront d’exprimer son étonnement, ou du moins de lire les textes de ceux qui se sont « étonnés » avant lui.

Mais l’homme du XXe siècle peut-il encore « s’étonner » ou même s’émerveiller ? Nous vivons à l’âge de la science. Nous croyons presque tout savoir, ou du moins pouvoir tout savoir. Et pourtant, il y a toujours et il y aura toujours des êtres humains pour s’étonner. L’étonnement est essentiel à la condition d’homme. Il ne suffit pas d’être le contemporain de grands hommes de science pour échapper déjà à l’ignorance. Et parmi les physiciens eux-mêmes, il y en a qui continuent à s’étonner — non les « demis » ou les « quarts » de

physiciens, mais les plus grands. Leurs œuvres sont pleines d’un étonnement métaphysique et philosophique, semblable à celui des enfants. «… Comme des enfants…», dit la Bible, c’est ce que nous devons devenir pour comprendre de quoi il s’agit. Il nous faut dépouiller l’arrogance adulte, qui considère tout le passé avec condescendance, du haut de la magnificence de la science moderne.

Nous traiterons d’abord de l’étonnement des hommes qui vécurent au début de la période antique grecque, et qui « s’étonnèrent » autour du VIe siècle avant J.-C., en Grande-Grèce, en Asie Mineure, en Sicile. Nous ne nous hâterons pas de juger : « Quelles sottes questions ils ont posées, et quelles sottes réponses ils ont trouvées ! Tout cela n’a plus aucun intérêt pour nous aujourd’hui. »

Nous ne parlerons pas de la philosophie en général, mais nous nous attacherons à tel ou tel philosophe pour apprendre à connaître sa manière de s’étonner et surmonter ainsi l’étrangeté supposée de la philosophie. Chacun d’entre nous possède en vérité une certaine expérience philosophique qui lui est propre : chaque fois que nous nous trouvons devant une véritable décision à prendre, nous nous interrogeons nous-mêmes, sans le savoir, philosophiquement. Les enfants, autour de leur cinquième année, posent des questions philosophiques ; les jeunes de quinze ou seize ans aussi.

Nous nous garderons donc de toute condescendance face aux penseurs du passé, fût-ce les plus anciens. En vérité leur étonnement philosophique radical, qui en leur temps était tout neuf, témoigne de la force créatrice et de la capacité d’invention de l’homme. C’est ce qui leur a permis de poser leurs étranges questions. Ils étaient de très grands esprits. Ne l’oublions pas. Dès le début, nous avons affaire à des philosophes capables d’étonnement, capables de dépasser ce qui, dans la vie quotidienne, va sans dire pour poser des questions fondamentales.


REVUE DE PRESSE

Jeanne Hersch, L’étonnement philosophique par Robin Guilloux, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, Graduate Student, professeur de Lettres et de Philosophie à la retraite de l’Education nationale.


AU SUJET DE L’AUTEUR

Jeanne Hersch

(1910-2000)
"Licence: CC BY-SA 4.0. You must give appropriate credit (Library Am Guisanplatz, Collection Rutishauser), provide a link to the license, and indicate if changes were made." Quote from [2]
« Licence: CC BY-SA 4.0. You must give appropriate credit (Library Am Guisanplatz, Collection Rutishauser), provide a link to the license, and indicate if changes were made. » Quote from [2]

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Jeanne Hersch (née le 13 juillet 1910 à Genève et morte le 5 juin 2000 dans la même ville) est une philosophe suisse, reconnue internationalement, dont l’œuvre a pour centre la notion de liberté et les concepts qui s’y rattachent. Elle a été professeure de philosophie à l’université de Genève, directrice de la division philosophique de l’UNESCO, et représentante de la Suisse au conseil exécutif de cette même organisation. Wikipédia

Œuvres

Jeanne Hersch est l’autrice d’une quinzaine d’ouvrages. Malgré sa retraite en 1977, elle a continué à écrire ; c’est même de cette période que datent certains de ces ouvrages les plus importants, notamment Éclairer l’Obscur. Ce titre résume sa démarche telle qu’elle l’a expliquée à la fin du long entretien accordé à la Télévision romande en 1972 : la clarté de la parole est le meilleur moyen de révéler la profondeur et la complexité d’un concept, comme une torche qui éclaire le fond d’un puits, dit-elle (En Direct avec, 21 février 1972, entretien avec Gaston Nicole et Roland Bahy, archives RTS). En 1993 paraît L’Étonnement philosophique, dans lequel elle refait l’histoire de la philosophie à partir de l’étonnement, compris comme capacité fondamentale d’interroger et de mettre en doute les évidences.

1936 : L’Illusion philosophique, Plon, 1964 [1936].
1940 : Temps alternés, Metropolis, 1990, (ISBN 2-88340-009-1).
1946 : L’être et la forme, La Baconnière, 1946.
1956 : Idéologies et réalité. Essai d’orientation politique, Plon, 1956
1956 : Traduction du polonais en français de Sur les bords de l’Issa, de Czesław Miłosz
1968 : Le droit d’être un homme, UNESCO, Payot, 1956.
1978 : Karl Jaspers, Éd. L’Âge d’Homme, poche, 2007 [1978], (ISBN 2-8251-1727-7)
1981 : L’étonnement philosophique (De l’école Milet à Karl Jaspers, Poche, Gallimard, 1999 [1981], (ISBN 2-07-032784-1))
1981 : L’ennemi c’est le nihilisme, Genève, Georg, 1981.
1985 : Textes, Fribourg, Le feu de nuict (sic), 1985
1986 : Éclairer l’obscur, Lausanne, l’Âge d’Homme, 1986
1986 : Traduction en français de Philosophie, de Karl Jaspers
1986 : Temps et musique, Fribourg, Le feu de nuict ( [sic]), 1986
1991 : La Suisse, État de droit : le retrait d’Elisabeth Kopp, (J. Hersch, Dir.) Lausanne, L’Âge d’Homme, 1991 (ISBN 2-8251-0186-9).
2008 : L’exigence absolue de la liberté : textes sur les droits humains (1973-1995), MētisPresses, coll. « Voltiges », 2008 (ISBN 2-940406-06-5).

Wikipédia


Site web de la Société Jeanne Hersch

CapturePage

Site web de la Société Jeanne Hersch


Ressources relatives à la recherche :

Cairn

Isidore

Persée

Scopus


Ressource relative à la vie publique

 Documents diplomatiques suisses 1848-1975


Jeanne Hersch, l’exigence de la liberté

TOLERANCE ENTRE LIBERTE ET VERITE – Jeanne Hersch, Philosophica 65 (2000, 1) pp. 71-78 (PDF)

Le point de vue philosophique de Jeanne Hersch sur les droits de l’homme par Giacomoa Costa (PDF)

Hommage à Jeanne Hersch par François-Xavier PUTALLAZ*, Sion (PDF)

Le droit d’être un homme – Recueil de textes – Préparé par Jeanne Hersch (PDF)

LE POIDS DU POUVOIR ET LA LIBERTE par Jeanne Hersch – Philosophica 52 (1993, 2) pp. 45-48 (PDF)




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Mon rapport de lecture

L’étonnement philosophique

Une histoire de la philosophie

Jeanne Hersch

Gallimard, Collection Folio Essai, 1993

J’aime beaucoup ce livre. Les nombreuses mises en contexte historique en lien avec celui dans lequel nous sommes aujourd’hui permettent de mieux comprendre cette histoire de la philosophie et d’éviter les mésinterprétations. L’auteure Jeanne Hersch nous fait découvrir les différentes étonnements philosophiques de plusieurs grands philosophes à l’origine de leurs quêtes d’une meilleure compréhension de l’Être et du monde.

À la lecture de ce livre, j’ai situe beaucoup mieux la philosophie dans le monde des idées, des idées qui innovent, des idées qui se complètent, des idées qui se contredisent, des idées qui questionnent, des idées qui critiquent d’autres idées… Dans ce contexte, les hypothèses développées par les philosophes au cours des siècles demeurent subjectives, sous l’influence de la subjectivité des philosophes. Par conséquent, chacun de nous peut exercer sa liberté d’adhésion aux différentes hypothèses. Je comprends mieux le profit de notre liberté dans ma propre compréhension des différentes philosophies, des différents mouvements philosophiques, et de ma propre subjectivité. Ce qui retient mon attention me livre de sérieux indices sur ma subjectivité.

Cette liberté fut mon étonnement philosophique au cours de cette lecture. Je n’ai plus à m’imposer une adhésion obligatoire parce que je comprends l’objectivité de l’hypothèse avancée par l’un et l’autre des philosophes. Je m’illusionnais. Jeanne Hersch m’a libéré et je suis désormais fort aise de comprendre ou non la logique de chaque philosophe pour m’attarder librement aux idées suggérées par les philosophes.

C’est sans doute le recul exercé par Jeanne Hersch qui me donne cette nouvelle liberté. Elle ne propose pas l’histoire de la philosophie mais bel et bien «Une histoire de la philosophie». On relève dans ce sous titre de son ouvrage une certaine distance face à sa propre compréhension de l’histoire de philosophie. D’ailleurs, Jeanne Hersch ne se gêne pas pour commenter personnellement ici et là certaines idées historiques de la philosophie.


L’École de Milet : Thalès (environ 600 av. J.-C.)

Dans ces temps anciens, la profession de « philosophe » n’existait pas. Les philosophes étaient en même temps des savants, des mathématicien, des géomètres, des astronomes. Ils s’intéressaient aux éclipses du soleil et de la lune, aux nombres et aux calculs, aux figures de la géométrie et à leurs propriétés. Ainsi l’école philosophique la plus ancienne, la célèbre École de Milet, en Asie Mineure, a été fondée par Thalès, l’inventeur du théorème faisant du cercle le lieu géométrique des angles droits construits sur un segment de droite.

Il s’agit donc de puissants esprits, qui étaient, par rapport au savoir de leur temps, des esprits universels. Ce qui suscita avant tout leur étonnement, ce fut le changement. Nous visons dans un monde où tout ne cesse de changer. (…)

La première question se pose à peu près ainsi : « Qu’y a-t-il donc qui persiste à travers tout le changement ? » La première réponse philosophique donnée à cette question fut la suivante : c’est la substance qui persiste dans tout ce qui change et ne cesse de passer. Il doit bien y avoir quelque chose qui se maintient dans l’être ; sinon, il n’y aurait depuis longtemps plus rien.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, l’École de Milet, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 11-12.

Ecole ionienne et Ecole éléate : Héraclite (env. – 550-480 av. J.-C.) et Parménide (env. 500 av. J.-C.)

En ces temps anciens, on s’est encore posé d’autres problèmes, par exemple celui du temps qui passe. On ne le pose pas encore directement, mais en liaisons avec les cycles de l’univers — une idée d’origine orientale, que d’anciens philosophes lièrent à celle de l’éternel retour. Ils supposèrent un vaste cycle universel, englobant la totalité des changements, et comme ils admettaient rien ne se perd, ils admirent un perpétuel recommencement, un « éternel retour ».

Nous allons maintenant considérer deux écoles, contemporaines et contrastées, l’École ionienne, dont le grand philosophe fut Héraclite, et l’École éléate, dont le grand philosophe fut Parménide.

(…)

Héraclite reprend la question posée à Milet : Qu’est-ce qui persiste à travers le changement ? Sa réponse : le changement lui-même.

Le changement, c’est l’être des choses. (…)

(…)

Retenons donc ceci : Héraclite met l’accent sur le multiple, sur les contraires, sur le changement, sur le combat, sur l’écoulement. La seule substance, c’est pour lui le changement lui-même. Mais il y a un principe régulateur, le logos.

Parménide était contemporain  d’Héraclite et son grand adversaire. Il fonda l’École éléate.

La pensée d’Héraclite se développe à partir du monde qu’il a sous les yeux, du changement, des données sensibles, de l’univers naturel. La pensée de Parménide se fonde sur les exigences de la logique. Il affirme avec une puissance exceptionnelle les principe d’identité et il l’installe dans l’être même. Ainsi les impossibilités logiques so9nt du même coup des impossibilité ontologiques (au niveau de l’être). Il dit : Je peux dire « L’être est », mais je ne peux pas dire « les non-être est ». Pourquoi ? Parce que ce serait une contradiction, ce serait me contredire.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Héraclite et Parménide, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 14-18.

Zénon (env. 490 – 430 av. J.-C.)

Zénon d’Élée fut un disciple de Parménide. Il inventa des sophismes et des paradoxes. En grec, sophos signifie « sage » ; les sophismes sont des raisonnements qui ont l’air vrais et qui sont pourtant manifestement faux. Il y a eu recours pour venir en aide à son maître.

Quand Parménide disait : seul l’être existe, il n’y a pas de non-être, le devenir et l’éphémère n’appartiennent qu’au domaine de l’opinion, non de la vérité. ses paroles heurtaient par trop l’expérience quotidienne des hommes. Zénon, pour combattre cette évidence empirique trop puissante, entreprend de montrer que si le mouvement et le changement règnent en effet sur notre expérience de la réalité, nous sommes pourtant incapables de les penser.. Toute une série de sophisme lui serviront à la prouver. En voir un exemple, particulièrement simple et beau : un archer tend son arc et fait partir une flèche. Cette flèche trace une trajectoire dans l’espace. Zénon, fait observer ceci : vous voyez cette flèche. À un certain instant, elle se trouve en un lieu A de sa trajectoire. Un peu plus tard, elle occupe le lieu B. Entre les deux, elle a occupé un lieu A, et entre le lieu A et le lieu A, elle a occupé un lieu A ». A tout instant, la flèche a occupé un lieu déterminé.

(…)

Zénon touche ainsi, avec une simplicité qui émerveille, la problématique du mouvement en son centre.

(…)

Zénon d’Élée nous montre que, tout bien considéré. nous ne pensons pas le mouvement. Certes, nous voyons voler la flèche, mais nous ne pouvons pas penser son mouvement parce que notre esprit est fait pour l’immuable, l’identique, l’éternel. Et pourtant, nous voici vivant et peinant dans ce monde où tout est éphémère et changeant.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Zénon, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 23-24.

Socrate (470-430 av. J.-C.)

Socrate était d’origine modeste. On a souvent fait de lui un portrait contrasté avec celui de son disciple, Platon. Platon, aristocrate, beau comme un dieu, Socrate, lourd et laid. Il n’était pas un grand orateur, selon le goût antique. Seul de toute la tradition philosophique européenne, il n’a pas écrit une ligne. Et pourtant, c’est ce philosophe qui a exercé la plus forte influence au cours des siècles.

Pourquoi n’a-t-il rien écrit ? On peut supposer que ce fut parce qu’il ne croyait pas à une vérité séparable de celui qui l’énonce et de l’instant où elle est énoncée.

Pour lui, les « vérité » ne sont pas comme des choses, elles sont philosophiques. Qu’est-ce donc un vérité philosophique ?

Une vérité philosophique n’est pas simplement un énoncé se rapportant de façon adéquate à un état de fait objectif, indépendamment de celui qui parle ou qui écrit. C’est un énoncé par lequel un être humain responsable, libre, assume une vérité, la fait sienne, la fait « vérité » par la manière dont il s’engage envers elle. C’est dire que pour Socrate, une vérité dite théorique est toujours en même temps une vérité pratique, qui dépend de celui qui la saisit — de l’action qu’elle exerce sur lui, de ce qu’elle fait de lui. On l’appellerait aujourd’hui vérité existentielle.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Socrate, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 27.


La question principale posée par Socrate fut : comment faut-il vivre pour vivre selon le bien ? Nous le voyons : sa préoccupation centrale est bien différente de celle des penseurs précédents. Il est le premier à s’être étonné de cette obligation qu’a l’être humain de diriger sa vie, d’orienter ses actes vers le bien, selon des voies qu’il lui faut trouver lui-même.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Socrate, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 29.


Selon Socrate, donc, nous ne faisons le mal que par ignorance. Par conséquent, si nous voulons connaître le vrai et développer en nous notre exigence du vrai, il nous faut co9mmencer par travailler sur nous-mêmes. D’où la célèbre maxime de Socrate : « Connais-toi toi-même ». Connais-toi toi-même, la formule n’a rien à voir avec des interprétations psychanalytiques, avec l’introspection, avec la contemplation intérieure.

Nous connaître nous-même, cela signifie : découvrir en nous la racine la plus profonde de notre sens pour le vrai, mais aussi les faiblesses et les manques de cette racine ; découvrir également notre non-savoir ; nos tendances à l’illusion ; notre penchant à nous tromper nous-mêmes. Tout cela est contenu dans le « Connais-toi toi-même ».

Il ne s’agit pas d’un simple regard dans le miroir de la réflexion, d’une façon de se voir et de se décrire. Il s’agit d’une action. Ici encore, au cœur de l’influence socratique s’unissent théorie et pratique.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Socrate, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 31-32.

Platon (427-347 av. J.-C.)

Les Idées

Toute prétention à une connaissance, toute possession d’un savoir doit être en quelque sorte traversée et dépassée afin que soit aiguisé par là le sens que nous avons du vrai, du bien. Telle est l’intention centrale de la pensée platonicienne. Au coeur de cet enseignement, nous trouvons la théorie des idées. Platon est le philosophe des Idées.

On peut dire que Platon a repris l’ancien problème posé par l’école de Milet : qu’est-ce qui persiste à travers le devenir éphémère ? Tout passe, tout ce que nous percevons à travers nos sens finit par dépérir et disparaître. Qu’y a-t-il donc de permanent ? Réponse de Platon : ce sont les Idées. Que sont-elles, ces Idées ? Elles sont la vraie vérité, celle dont dérive l’être des choses dans le monde.

Les Idées ne sont pas « réelles » dans le même sens que les choses. Elles sont, en un, être et valeur. Elles sont source de l’être des choses, et, en même temps, source du bien. L’être est en même temps valeur. L’être est valeur. Être, c’est valoir.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Platon, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 37-38.


Au niveau des choses sensibles, nous ne pouvons, selon Platon, avoir que des opinions, plus ou moins probables, puisque le réalité empirique elle-même appartient au domaine de l’approximation. La connaissance vraie n’existe qu’au niveau des Idées. L’homme se tient dans l’entre-deux, entre le monde sensible et les Idées. Il ne peut pas renoncer aux idées car – qu’il veuille ou non – elles lui sont essentielles; il ne peut pas davantage négliger les choses sensibles car – qu’il le veuille ou non – c’est à travers elles qu’il doit cherche à se ressouvenir.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Platon, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 41.

Aristote (384 -322 av. J.-C.)

Le système d’Aristote représente un sommet, mais un sommet d’une sorte différente de l’œuvre de Platon. Celle-ci domine la pensée philosophique par son intensité et sa profondeur. La réflexion qu’elle exige fait mûrir l’esprit dans toutes les directions.

Chez Aristote, nous trouvons l’une des trois grandes synthèses réalisées par la pensée philosophique au cours de son histoire. Dans l’Antiquité, au Moyen-Âge, à l’époque moderne, il y eut chaque fois un philosophe pour tenter d’unifier en un système tout le savoir de son temps : Aristote, Thomas d’Aquin, Hegel. Leurs œuvres constituent les trois plus grands système de la pensée européenne.

Systèmes

Il ne faudrait pas s’y tromper : aucun des ces synthèses ne représente un simple somme de savoir, ni même une simple mise en ordre du savoir à l’intérieur du système, qui serait comme une armoire bien rangée. Un système, c’est autre chose, c’est un concept, en philosophie, assez difficile à cerner.

Certains philosophes ont horreur de tout système, nécessairement mensonger par nature à leur yeux : l’image qu’ils donnent d’un savoir unitaire se refermant sur lui-même est contraire dans son essence à une pensée vraiment philosophique. (…)

D’autres penseurs, à l’inverse, comme par exemple Aristote, refusent, au nom de l’exigence philosophique elle-même, de s’en tenir à des problèmes partiels ou ponctuels, et leur réflexion a besoin de s’achever dans un tout. Ils considèrent que toute démarche philosophique a pour tâche de donner forme à une totalité.

Aujourd’hui, on abuse souvent du concept de totalité, mais bien employé il remplit en philosophie une fonction légitime et nécessaire. L’esprit philosophique naît de l’unité d’une personne. Il témoigne de l’unité d’un processus de pensée. La signe extérieur de l’unité d’un sujet spirituel, c’est justement la forme unitaire qu’il donne à ce que sa pensée produit. Cette unité qu’il nous présente, c’est justement son système. Un système, c’est l’invention, la création d’une forme. Pour un penseur systématique, tout le savoir de son temps, qu’il organise en un système, est comme le matériau dont se sert un artiste. Il donne forme par le système, qui est du même coup son interprétation du matériau. Mais il y a plus : la forme systématique imprègne de son sens, en profondeur, toute la matière qu’elle contient.

Rien de plus révélateur que d’approfondir la nature de l’élément systématique des grandes œuvres qui constituent des systèmes. C’est là qu’on peut découvrir, plus encore que dans les énoncés particuliers, la figure essentielle, le « geste » fondamental qui, du point de vue philosophique, caractérise chacune d’elles.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Aristote, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 51-53.


La philosophie, exige Aristote, doit s’interroger sur l’être en tant qu’être.

Nous saisissons ici l’extrême tension de cette pensée entre son intérêt passionné pour réalités concrètes singulières et son exigence philosophique : il faut connaître la cause première, l’être en tant qu’être.

L’être en tant qu’être, nous nous sommes déjà interrogés à son sujet, et au sujet de son rapport avec les réalités éphémères du monde sensible : c’était chez Parménide. La doctrine de l’être, c’est l’ontologie. Poser la question « qu’est-ce que l’être ? », c’est poser une question ontologique.

Aristote appelle l’être en soi, ou l’être en tant qu’être, substance. L’École de Milet se servait de cette notion, Parménide également. Mais Aristote pose la question avec une netteté nouvelle. La substance, l’être en tant qu’être, qui fait que quelque chose est, sera considérée en elle-même. La philosophie devient tentative de connaissance de la substance, donc essentiellement ontologie.

La science a pour objet d’étude ce qui est en mouvement, ce qui passe, ce qui est perceptible par les sens. La philosophie en revanche, en tant qu’ontologie, en tant que métaphysique – ici on peut à peu près employer ces deux mots l’un pour l’autre – vise l’être, qui est immuable. Non pas immuable au sens où il exclurait tout devenir et tout dépérissement, mais au sens où il reste l’être à travers tous les changements. Ceux-ci n’atteignent pas l’être. L’être « porte » les changements, il fait que les choses qui changent sont, mais il est lui-même immuable en tant qu’il est l’être, et rien d’autre.

Il me faut prévenir un malentendu possible. La cause première dans parle Aristote ne doit pas être comprise comme « commencement » du monde. Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de la cause première fondamentale, qui porte dans l’être tout le reste.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Aristote, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 56-57.


Revenons au concept de cause, si central dans la pensée d’Aristote. Au sens moderne, le terme « cause » s’applique dans une série cohérente dont chaque terme est un effet du terme précédent et cause du terme suivant. Chez Aristote, le sens du mot est différent. Ce qu’il appelle cause de quelque chose, c’est en somme une des conditions de réalité de cette chose. Toutes les conditions de la réalité d’une chose s’appellent des causes.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Aristote, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 59.

Les Épicuriens (IVème et IIIème siècles av. J.-C.)

Épicure vécut à la fin du IVème et IIIème siècle. Le poète Lucrèce, qui vécut à Rome au 1er siècle avant J.-C., a développé dans doctrine dans un long et célèbre poème intitulé De rerum natura (De la nature).

La doctrine épicurienne se divise en trois parties.

La première, c’est la canonique ou logique, qui contient l’ensemble des normes et des règles nécessaires à la recherche de la vérité. La seconde, c’est la physique, c’est-à-dire la théorie de la nature, où les normes et les règles de la première partie sont mises en œuvre. La troisième, la plus importante et la raison d’être des deux autres, c’est la morale, qui détermine les buts à poursuivre dans la vie et qui nous donne les moyens de les atteindre.

Selon les épicuriens, le but de la philosophie – de la morale éclairée par la canonique et la physique -, c’est d’aider les hommes à trouver le bonheur. Mais ce qu’ils appelait bonheur, c’était avant tout la sérénité de l’âme. Il s’agit de réaliser un état intérieur de paix, de calme, que les épicuriens appelaient ataraxie. Cette ataraxie, c’était le contraire d’une indifférence, ou d’un laisser-aller. Elle avait pour fondement une radicale indépendance intérieure à l’égard de toute menace qui pourrait survenir, comme aussi à l’égard de toutes les sources de plaisir. Le point central, c’est le refus de s’asservir à quelque chose que ce soit. Devenir dépendant à l’égard d’un plaisir – pas seulement d’une drogue -, c’est devenir vulnérable au-dehors, c’est exposer sa paix intérieure, et donc son bonheur à une menace de privation ; car tout ce qui est extérieur, et à quoi nous sommes tentés de nous soumettre, peut nous être pris.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les épicuriens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 73-74.


Le sage est heureux et sûr de son bonheur, car il ne craint aucune perte. Il ne redoute ni la fin du monde, ni la mort, ni les dieux.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les épicuriens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 79.

Les Stoïciens (IIIème siècle av. J.-C.)

La structure de la doctrine stoïcienne est semblable à celle de la doctrine épicurienne. Elle aussi comporte trois parties, dont la troisième est la plus importante. Elle a le même but : enseigner comment il convient de vivre. Tout ce qui, en elle, n’est pas d’ordre moral sert en vérité à préparer la morale, C’est la morale (l’éthique) qui est ici l’essentiel, Ici encore on trouve une logique (ou théorie de la connaissance), un physique (ou théorie de la nature), dont on finit par tirer des conclusions quant à un juste comportement des hommes.

La logique stoïcienne est complexe. Nous n’en retiendrons ici qu’un seul élément : ce qu’elle appela l’aperception compréhensive. Ce terme désigne une impression claire, évidente, produite dans l’âme par les choses. Par sa clarté, cette impression emporte le consentement de l’âme, ce qui fonde la savoir et la science. On peut dire que l’aperception compréhensive est une forme particulière de l’«expérience de l’évidence» dont nous sommes capables. Faire l’expérience de l’évidence, c’est saisir par la pensée une représentation synthétique dont les éléments constitutifs imposent la cohérence au point qu’ils forment un tout. Quand nous disons : je saisis, je comprends,, nous déclarons qu’une évidence s’est imposé à notre esprit. Nous avons « vu » une certaines évidence briller entre les éléments divers, avec un éclat qui exclut toute espèce de doute. L’aperception compréhensive, par la clarté avec la quelle son unité synthétique est perçue, s’impose ainsi à l’esprit avec la force de l’évidence.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les stoïciens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 80-81.


Il n’y a plus guère aujourd’hui, autour de nous, d’épicuriens ou de stoïciens. Et pourtant il se pourrait que chacun d’entre nous ait encore en lui quelque chose de l’un et de l’autre.

Nous ne pouvons plus être des épicuriens : notre civilisation est trop active, son tissu trop serré, comportant pour chacun trop de chances et de menaces, pour que nous nous contentions de gérer notre compte personnel de plaisir et de douleur. D’autre part, des siècles d’histoire cruelle et douloureux approfondissements nous ont rendus trop vulnérables – et aussi trop conscient de notre vulnérabilité – pour que l’héroïsme impassible des stoïciens nous soit encore accessible.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Les stoïciens, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 86.

Saint Augustin (354 – 430 ap. J.-C.)

(…) Augustin trouve la célèbre formule : credo, ut intelligam. Non pas : je crois, bien que je comprenne, ou bien : je crois mais je veux comprendre, mais à l«,inverse : je crois pour comprendre. Nous saisissons ici ce qui caractérise essentiellement l’attitude du croyant à l’égard de la raison.

Il nous faut aller à la racine. Quiconque se contente de rejeter une telle manière de penser en tant que « dépassée » ou en tant que « démarche philosophique impure » s’interdit toute possibilité de véritable compréhension philosophique. Cette manière de penser ne livre son sens qu’à celui qui consent à la reproduire existentiellement. Au fond, elle n’a de sens que pour le croyant. Le non-croyant qui désire malgré tout saisir ce sens doit par conséquent, dans toute la mesure du possible, imiter intérieurement l’attitude du croyant, faute de quoi il ne lui reste qu’à la mettre de côté – ce qui n’est pas, à vrai dire, une solution philosophique.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Saint Augustin, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 92.


Une courte parenthèse : la remarque que nous venons de faire ne concerne pas le seul problème du temps, elle met en lumière, par cet exemple, un trait essentiel de la pensée philosophique en général. La pensée philosophique ne peut se déployer que lorsque celui qui pense use de sa liberté. Penser philosophiquement, c’est penser avec sa liberté. La liberté n’est pas seulement un « organe » de décision, elle est aussi un « organe » de la pensée. En philosophie, elle fait partie de notre « appareil » de connaissance et de compréhension. C’est pourquoi, quand nous posons un problème philosophique, nous ne pouvons pas en isoler et en objectiver les termes et faire abstraction de nous-mêmes.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Saint Augustin, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 99-100.

La philosophie médiévale – Thomas d’Aquin (1225 – 1274)

Nous reprenons, plus de six cents ans après Augustin, aux environs de 1100, la philosophie médiévale.

Pourquoi la philosophie médiévale porte-t-elle le nom de scolastique ? Ce mot vient du latin schola, qui veut dire « école ». Il s’agit donc d’une philosophie d’école. La pensée scolastique se développe dans le cadre de l’église chrétienne. Elle obéit au principe que nous avons déjà mentionné : Fides quaerens intellectum, « La foi à la recherche de la compréhension ».

Nous verrons que quelques exemples de cette recherche – ce qui ne signifie nullement qu’il s’agisse d’une période où la pensée fut primitive ou maladroite. En fait, les scolastiques, en discutant sur les rapports de la foi et de l’entendement, ont élaboré un langage philosophique dont les concepts sont remarquablement précis et profonds. En comparaison, les moyens d’expression de maints philosophes modernes apparaissent grossiers et simplistes. Il est vrai que les subtiles distinctions des scolastiques ont parfois conduit à une virtuosité artificielle et purement verbale : mais beaucoup de termes qu’ils ont créés pourraient encore donner plus de clarté et de concision au style philosophique contemporain.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La philosophie médiévale, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 107.

Thomas d’Aquin (1225 – 1274)

Il y a donc pour le théologien quelque chose de donné au départ, et un verrou qui arrête l’interrogation. Dans la philosophie proprement dite, en revanche, qui n’est pas imprégnée de théologie, ni subordonnée à elle, l’interrogation est radicale. Cela signifie que nous pouvons continuer à poser toutes les questions qui se présentent aussi longtemps qu’il s’en présente ; rie nous nous arrêtera ; et nous pouvons poser nos questions avec une énergie telle que nous n’aurons d’égard pour rien d’autre que pour l’exigence de notre quête ; de telle sorte que les résultats de notre réflexion pourront finalement se tourner contre l’autorité, contre ses interprétations, contre le Livre*.

Le chemin de la philosophie n’a probablement pas de fin. Certains philosophes ont tellement écrit que leurs œuvres remplissent à elles seules une bibliothèque – pensons par exemple à Hegel. Peut-être ont-ils tant écrit justement parce que ce qu’ils voulaient vraiment écrire, ils n’ont jamais pu l’exprimer. Au cœur d’un système comme celui de Hegel, une question reste béante. Certains penseurs repoussent les problèmes non résolus vers l’extérieur du système, Chez d’autres, ces problèmes rentent au centre et les répandent de là dans l’œuvre entière. Mais un édifice achevé, statique, qui couronnerait une recherche philosophique, cela n’existe pas.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Thomas d’Aquin, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 124-125.

 * Le « livre » : « (…) la pensée théologique possède au départ un savoir préalable – du moins dans la tradition européenne. Au départ, il y a déjà un Texte sacré, un Livre, une Révélation, une Institution, une Église, donc : des autorités ou une autorité. »

La Renaissance (XVème et XVIème siècles)

On ne peut pas délimiter clairement cette période, pendant laquelle se prépare l’époque moderne.

Elle bouillonne d’idée nouvelles. Institutions, croyances, systèmes de pensée sont contestés ou profondément transformée. Le bouleversement des idées, leur diversité, les attitudes nouvelles, la mise en question des valeurs et de leur hiérarchie, les facteurs de dissolution et de recréation font penser à notre temps. Toutes les interprétations deviennent possibles, même les plus diverses, les plus contradictoires. Des tendances opposées s’affirment simultanément.

Ainsi, l’époque est marquée par une volonté de retour à l’expérience. Alors que la scolastique s’attachait avant tout aux textes (que dit Aristote ? que dit l’écriture ? que dit l’Encyclique ?), des méthodes empiriques s’élaborent, permettant d’interroger directement la nature.

D’autre part, la raison jusqu’alors limitée dans ses démarches par son accord nécessaire avec les dogmes et l’Écriture, se libère totalement et conquiert le droit d’imaginer. (On se plant souvent aujourd’hui de ce que l’intelligence des enfants soit développé au dépend de leur imagination. Mais c’est méconnaître une vérité fondamentale : l’intelligence elle-même doit être imaginative, sinon elle n’est pas intelligence.)

La raison libérée lors de la Renaissance, imagine donc : de nouveaux schèmes de pensée, de nouvelles questions, de nouvelles méthodes. Elle envisage des hypothèses inédites et élabore des modèles neufs.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La Renaissance, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 126-127.


(…) La Renaissance agite les esprits d’aujourd’hui, avec raison : nous cherchons à travers elle à comprendre où nous allons.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La Renaissance, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 133.


Nicolas de Cuse (1401-1464)

Il est philosophe que l’on peut considérer comme étant la charnière entre le Moyen Âge et la Renaissance : c’est Nicolas de Cuse, Il a été le dernier grand penseur médiéval. Et pourtant il a été considéré par Bruno, par Kepler, et même plus tard par Descartes, comme celui à qui revient le mérite ou la faute – selon le jugement que l’on porte à ce sujet – d’avoir affirmé que l’univers était infini.

Comment a-t-il acquis cette conviction ? Dès le XIIIè siècle on avait, recourant à une métaphore, décrit Dieu comme étant un sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Cette définition reconnaît à Dieu l’ubiquité et le dépouille de toute spatialité.

Nicolas de Cuse transposa cette description de Dieu pour l’appliquer à l’univers. D’après lui, l’univers a son centre partout et sa circonférence nulle part, puisque c’est Dieu qui est son centre et sa périphérie, et que Dieu est partout et nulle part. Cette formulation remarquable montre que la représentation rationnelle de l’univers infini n’a pas été d’abord une découverte de la science, mais qu’elle provient d’une impulsion religieuse : elle est né de l’idée de Dieu, ou plutôt de l’échec de toute idée de Dieu, projeté ensuite sur l’univers. Cela se passait au début de la Renaissance.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La Renaissance, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 133.

René Descartes (1576-1650)

Pour Descartes, le modèle idéal que la pensée doit tenter de rejoindre, c’est le modèle mathématique.

Cette admiration pour la pensée mathématique, nous la retrouvons constamment chez les philosophes depuis Pythagore. Ce qui provoquait leur admiration, souvent mêlée d’envie, c’était la clarté, la transparence parfaite du raisonnement et l’évidence contraignante, l’apodicticité, qui en résultait.

À notre époque, en revanche, nombreux sont les penseurs qui considèrent avec une certaine condescendance le rationalisme d’un Descartes. Fiers de notre savoir psychologique, de notre psychanalyse, de la conscience que nous avons prise de l’ambiguïté, de la complexité, de l’interpénétration de l’esprit et du corps, de l’individuel et du social, du naturel et de l’historique, etc., nous sommes facilement tentés de juger simpliste la claire pensée classique du XVIIe siècle.

Je voudrais ici au contraire reconnaître que nous ne sommes plus guère capables aujourd’hui de revivre en profondeur l’expérience intellectuelle que l’évidence mathématique représentait pour les penseurs de ce temps. Ils admiraient les mathématiques justement parce qu’elle leur procuraient l’expérience de l’évidence, et que leur sens pour l’évidence était vif, alors qu’en nous il s’est émoussé. Nous apprenons à l’école à démontrer que les trois angles d’un triangle valent deux droits. Une fois la preuve acquise, elle reste inerte dans le cahier ou le livre. Nous n’en vivons pas l’évidence, ou à peine. Nous ne l’intégrons pas dans notre expérience.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, René Descartes, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 136-136.


Pour rester sur le terrain de la certitude, il lui fallait élaborer des concepts et des raisonnements ne permettant aucune erreur. Il pose donc l’exigence des concepts clairs et distincts. Je voudrais insister sur ce point car nous vivons en un temps où beaucoup se servent avec prédilection de concepts confus, gonflée ou ambigus. Un concept est clair lorsqu’il est parfaitement défini, c’est-à-dire nettement délimité par rapport à d’autres concepts. Et un concept est distinct lorsque sa compréhension apparaît à l’esprit avec une parfaite transparence. La clarté préserve pour ainsi dire le pourtour du concepts ; la distinction, ce qui est à l’intérieur de ce pourtour. Il nous faut des concepts clairs et distincts afin que nous puissions penser selon la vérité.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, René Descartes, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 141.

Spinoza (1632-1650)

Baruch de Spinoza naquit à Amsterdam, dans une famille de Juifs portugais, et il passa toute sa vie en Hollande. Pour lui, rien au monde n’avait autant d’importance que l’indépendance de sa pensée et son indépendance d’être humain. Il gagna sa vie en polissant des verres de lunettes. Toute sa vie, il vécut dans une relative pauvreté, et lorsqu’il mourut il fallut que Leibniz et quelques autres amis assument les frais de ses funérailles et s’occupent de ses manuscrits.

Il n’avait, de son vivant, publié que deux œuvres : les Principes de la philosophie cartésienne, et le Traité théologico-politique. Et comme ses œuvres, la seconde surtout, déclenchèrent un vaste scandale, Spinoza résolut de ne plus rien publier. C’est ainsi que la plupart de ses ouvrages ne parurent qu’après sa mort – entre autres son œuvre principale, l’Éthique, l’un des grands chef-d’œuvre de la philosophie occidentale.

Spinoza n,avait que quarante-cinq ans lorsqu’il mourut. Il aurait pu avoir une vie bien différente : on lui avait offert une chaire à l’Université de Heildelberg, l’une des plus fameuse de ce temps. Il refusa, pensant qu’il y perdrait son indépendance, qu’on ne le laisserait pas penser et enseigner ce qu’il croyait.

Indépendance à tout prix, tel est le trait caractéristique de sa vie et de sa pensée. ce trait nous paraît d’autant plus impressionnant que nous considérons la notion dont il a fait le centre de sa philosophie. Cette notion, c’est celle de la nécessité. Indépendance-nécessité, avec un trait d’union, c’est Spinoza.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Spinoza, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 149-150.


(…) Nous nous trouvons dès lors au cœur de la pensée de Spinoza : liberté et nécessité ne font qu’un. Finalement, la liberté est nécessaire, la nécessité est liberté. Mais il nous faut suivre le chemin qui conduit à un tel résultat et qui lui donne son sens.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Spinoza, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 151.


Revenons encore une fois au rapport liberté-nécessité chez Spinoza, pour essayer maintenant de le saisir plus concrètement, grâce à une expérience personnelle.

Chacun d’entre nous, lorsqu’on l’interroge, s’efforce de justifier une décision qu’il a prise en en donnant la ou les raisons. Il arrive cependant que cette décision se soit imposée même sans les raisons qu’il évoque, parce qu’elle s’enracine au plus profond de son être. Lorsqu’il en est saisi, il sent bien que les raisons alléguées, dans être fausses, restent insuffisantes et n’atteignent pas le fond. Il a pris cette décision parce que, étant celui qu’il est, il ne pouvait pas agit autrement.

C’est de cela qu’il s’agit : être libre à un tel point qu’on ne peut agir autrement, c’est vivre la coïncidence de la liberté et de la nécessité. Une telle expérience, qu’il nous arrive de faire dans notre vie personnelle, où nous éprouvons que nous n’aurions pas pu agit autrement, est comme le signe d’une décision jaillie de l’absolu de notre liberté.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Spinoza, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 160-161.

Leibniz (1646-1716)

(…) Aucune science de son temps ne lui resta étrangère. En mathématique notoamment, il a inventé le calcul différentiel. (…)

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Leibniz, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 165.


Chez Descartes , on s’en souvient, la substance de la « chose étendue » (res extensa), c’était l’étendue elle-même des corps, à la différence de l’espace vide, abstrait, de la géométrie, qui n’est qu’un espace conçu. L’étendu, et non l’espace, constituait à ses yeux la véritable essence des corps.

Leibniz s’interroge aussi sur la substance – c’est une que question que nous connaissons depuis l’école de Milet. Mais pour lui, l’étendue ne saurait être la substance des choses. La substance des choses, c’est l’énergie. Il conçoit l’énergie comme le principe de l’activité, un principe qui est constamment en action si on ne l’entrave pas. Leibniz ne part donc pas d’une réalité inerte, pour se demander ensuite comment le mouvement peut intervenir. Au contraire : il part d’un principe d’activité, et il s’agit ensuite de comprendre ce qui peut empêcher d’agir. Ce sont les obstacles qui entravent l’activité qu’il s’agit d’expliquer. Le point de départ, c’est donc une énergie originelle, qui dans son état présent contient en elle le passé tout entier, comme aussi, dans un certain sens, l’avenir. Elle est grosse de tout le possible futur. Pour exprimer cela, Leibniz utilise un concept auquel il donne la plus grande importance : celui de puissance. (On se souvient de l’ «être en puissance » chez Aristote.) L’énergie est l’activité qui contient en elle l’avenir, pour autant que rien ne vienne l’empêcher d’advenir.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Leibniz, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 166-167.

L’empirisme anglais

John Locke (1632-1704)

En abordant la philosophie anglaise, nous changeons de climat.

Deux traits caractérisent ces penseurs : 1) au niveau du savoir, c’est expérience sensible qui est pour eux fondamentale et 2) au niveau de l’éthique, ils s’attachent avant tout à la manière dont les hommes organisent leur vie commune dans la société et l’État.

Ainsi, l’empirisme des Anglais et leur sens civique sont étroitement liés. La plupart des penseurs continentaux se sont intéressés à la fois à la connaissance de l’absolu et à l’action. S’ils croient avoir atteint une certaine connaissance de l’absolu, ils s’efforcent d’en tirer une éthique sociale. Les Anglais, en revanche, développent leurs vertus civiques tout en évitant, dans la mesure du possible, de se référer à un absolu.

Il y a dans l’absolu, à leurs yeux, quelque chose d’exclusif qui s’oppose à l’adaptation, alors que la vie normale dans un État implique que l’on consente à s’adapter. Ils ont donc tendance à faciliter les compromis nécessaires à la vie civile en laissant l’absolu hors du jeu. Ils se fondent sur des constatations et des expérience, ou alors sur des accords ou des traités, qui n’ont rien d’absolu, qui ne prétendent à aucune validité éternelle, et auxquels on peut jusqu’à un certain point s’adapter. On perçoit chez eux une préférence pour ce qui est relatif – qui correspond peut-être, étrangement, à un sens profond qu’implique historiquement concret et d’unique tout acte de libre décision.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – John Locke, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 184-185.


Bien que Locke ait vécu dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, il s’apparente par bien des traits aux penseurs du XVIIIe siècle. Il a fait des étude de médecine.

Comme d’autres penseurs anglais, il combat la théorie platonicienne des idées innées. Il n’y croit pas. Descartes l’avait acceptée, Leibniz à sa manière aussi. Locke argumente ainsi : il ne peut rien y avoir dans l’esprit sans que l’esprit en ait conscience. On le voit, Locke rejette radicalement « les petites perceptions » qui, sans devenir claires dans la conscience, assurait chez Leibniz la continuité et d’identité de la nomade. Locke ne reconnaît donc que la conscience claire, et ce trait aussi est caractéristique. Pour lui, il y a contradiction à dire que quelque chose est dans la conscience sans être conscient. Il rejette tout recours à la réminiscence, à la virtualité, etc. Il rejette donc l’idée d’une connaissance originelle absolue, que nous aurions eue dans une vie antérieure à l’existence terrestre.

L’âme commence donc par être une tabula rasa. Locke veut inciter les philosophes à tenir les yeux ouverts face au monde réel, c’est-à-dire celui de l’expérience. Toutes nos idées sont des idées acquises, et non innées ; et elles ont été acquises grâce aux sensations.

Les idées n’ont qu’une source : l’expérience. Il y a deux sortes d’expérience : l’expérience extérieure, qui provient des sensations, et l’expérience intérieur. Sans les sensations, l’esprit ne peut rien faire – quand il en est privé il tourne à vide ; car l’âme, d’abord, n’est rien. Selon Locke, nous ne pensons jamais avant d’avoir des sensations. D’abord sentir, après penser. Locke appelle nos sensations des idées simples, idée  signifiant ici représentation, matière première de la connaissance. L’esprit, par son travail, en fait des idées composées en comparant les idées entre elles, en dégageant des abstractions, tec.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 185-186.

George Berkeley (1685-1753)

(…) Nous prenons pour des choses sensibles des idées. Tout ce qui existe n’existe qu’en tant que perçu par un sujet percevant.

Berkeley aboutit ainsi à la célèbre formule double : esse est percipe (être, c’est être perçu) ou : esse est pefcipere (être, c’est percevoir). L’être n’existe pas en soi, mais seulement en tant qu’il est perçu. Or, pour qu’il soit perçu, il faut qu’il y ait quelqu’un qui perçoive. D’où la seconde formule : être, c’est percevoir. Les deux seules formes d’existences qui nous soient accessibles sont celle de percevoir et celle d’être perçu. Si nous tentons de nous représenter une réalité qui ne soit ni l’un ni l’autre, nous n’obtenons qu’un être illusoire, une non-chose. Les idées (perceptions) ne peuvent en aucune façon être causes d’autre chose puisqu’elles sont, par rapport à nos sens, d’une totale passivité. La cause des idées, ce ne sont pas les choses, c’est l’esprit qui perçoit. L’esprit est un être simple, indivisible, actif, qui produit la perception en percevant. Mais il ne faudrait pas cherche une quelconque « idée de l’esprit » car cela serait contradictoire : idée signifie passivité, esprit signifie activité.

Berkeley énonce la formule : les idées sont les choses mêmes. Aujourd’hui nous dirions : les représentations des choses sont les choses (mêmes). Ou, autrement dit : les choses ne sont rien d’autre que les représentations que nous en avons. Cette conception porte le nom d’idéalisme absolu.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – George Berkeley, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 191-192.

David Hume (1711-1776)

Hume est un penseur écossais du XVIIIe siècle. Il pose la même question que les autres empiriste : comment la connaissance est-elle possible ? Que connaît-on quand on connaît ? Où sont les limites de la connaissance ? Selon les empiristes, l’unique source de la connaissance est la perception sensible, donc l’expérience, la rencontre avec le donne. (Mais pour Berkeley déjà il n’y avait aucun donné hormis les perceptions et l’esprit qui perçoit.) Hume demande si l’homme est capable de résoudre le problème de l’être : « Qu’est-ce que l’être ? » Il répond ainsi : pour aborder cette question, il faut adopter une attitude critique.

Nous verrons bientôt que ce terme, « critique », va jouer un rôle essentiel pour Kant, qui le fera figurer dans les titres de ses trois principaux ouvrages. Par la suite, la mode s’en est mêlée et le mot a perdu la précision de son sens.

Philosophiquement, le terme « critique » a un sens très précis, qui provient de cette époque. Une attitude critique consiste en ceci : l’esprit s’examine lui-même, observe ses opérations et ses méthodes, afin de décrire clairement son propre appareil à connaître, d’en saisir le nature et d’en apprécier la portée et la validité – au lieu de se tourner vers les objets qui l’entourent. Il s’agit de se connaître soi-même, mais non pas tant comme sujet moral ou existentiel (Socrate), que comme sujet connaissant. Que fait l’esprit qui cherche à connaître ? Quelle est l’essence de ce qu’on appelle « comprendre » ? Quelles sont les opérations fondamentales assurant la connaissance ?

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – David Hume, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 195-196.


La question la plus importe posée par Hume concerne la causalité : qu’est-ce que la causalité ? Provient-elle de notre esprit ? Faut-il admettre que notre esprit, dès qu’il entre en action, implique déjà la finalité ? Ou la causalité est-elle au contraire dérivée de nos perceptions sensibles ?

(…)

La causalité, selon Hume, dérive donc simplement de l’expérience des successions constantes. Nous constatons que deux phénomènes se produisent toujours l’un après l’autre et nous disons que le premier est cause du second. Ainsi donc l’idée de causalité, avec l’élément des nécessité qu’elle implique, résulte tout simplement de l’habitude empirique de successions qu’on voit se produire constamment, sans qu’il y ait eu d’exception.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, L’empirisme anglais – David Hume, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 196-197.

Emmanuel Kant (1724-1804)

Kant va nous occuper plus longtemps que les autres philosophes. Il a en effet transformé radicalement, en profondeur, les perspectives et les concepts de la pensée philosophique. Si nous négligions Kant, nous ne comprendrions pas grand-chose à tout le développement philosophique ultérieur, y compris aux nombreux penseurs qui ne se sont vraiment mis à philosopher pour le combattre. C’est chez lui qu’ils ont trouvé les moyens d’expression nécessaires à leur attaque.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Emmanuel Kant, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 201.


Kant a dit de Hume qu’il l’avait tiré de son sommeil dogmatique. Qu’était-ce donc que ce « sommeil dogmatique » ? Kant était comme emprisonné dans le vaste système, cohérent, assuré, construit par Leibniz – dans une philosophie embrassant un savoir si riche et si rigoureusement organisé qu’il est possible de s’y tenir et d’y vivre. Le « sommeil dogmatique », c’est le contraire de l’attitude critique. Kant vivait, content, exempt de doute critique, à l’intérieur d’un doctrine solide.

Hume, en revanche, en mettant en question la connaissance elle-même, en s’interrogeant sur le concept de causalité, à tiré Kant de son sommeil dogmatique. Et si Kant s’est éveillé, ce n’est pas que la pensée du Hume lui donnait satisfaction ; au contraire : c’est qu’elle ne le satisfaisait aucunement. Hume a posé le problème de la causalité, et il l’a résolu d’une manière inacceptable pour Kant. C’est ce qui l’éveilla – par un processus bien caractéristique pour la philosophie.

Kant s’étonne. Il s’étonne, fait au fait que la science, en général, puisse exister ; qu’il y ait un savoir nécessaire et universel.

Il avait pour Hume la plus grande admiration. Or Hume affirme que la causalité ne repose que sur l’habitude. Kant, épris de la certitude et de l’évidence des mathématiques, où tout doute est exclu, ne peut se satisfaire d’une telle explication : l’habitude est incapable de fonder aucune sorte de certitude. Hume a eu le grand mérite de poser le problème du fondement de la causalité, en un temps où la physique se fondait sur le déterminisme. Aujourd’hui, la causalité a perdu quelque chose de l’importance exclusive qu’elle avait pour la physique au XVIIIe siècle, pour laquelle elle était une exigence absolue et décisive.

Ainsi donc, Kant se dit qu’il est impossible de fonder une science qui se veut certaine sur quelque chose d’aussi incertain que l’habitude.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Emmanuel Kant, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 202-203.


(…) Cela veut dire : croire n’est pas en contradiction avec la raison. Cela ne signifie pas qu’il y ait un domaine où la raison a des droits, et un autre où elle n’en a pas. Mais comme notre nous révèle elle-même ses limites, il est raisonnable de les reconnaître. Là où, dès lors, on ne peut ni démontrer ni réfuter, il est permis de croire – et on croit, ou bien on ne croit pas. Citons encore la célèbre phrase de Kant : « Il me fallait limiter le savoir pour faire place à la croyance. »

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Emmanuel Kant, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 226.

De Kant à l’idéalisme allemand

On dit souvent de Kant qu’il représente le sommet des Lumières. Et l’on désigne par les Lumières la foi optimiste et exclusive que son époque mettait dans la raison humaine, en tant qu’instrument adéquat pour la connaissance du monde, sans aucun compromis avec une aide quelconque d’origine surnaturelle ou irrationnelle. La raison serait autosuffisante pour la morale, l’État, la religion ; elle suffirait à garantir – pour peu qu’on s’en serve correctement – le progrès de l’humanité. L’homme, dès lors, se tenait pour indépendant, l’humanité n’avait pas d’autre fin qu’elle même, que son propre épanouissement.

Il faut comprendre que, dans ce sens, Kant n’est nullement le sommet des Lumières ; il en est le dépassement.

Il engage l’homme dans un processus sans fin, dans un combat qui n’aura pas de terme, non pas vers l’extérieur, mais vers l’intérieur, un combat contre sa propre finitude et sa propre relativité, qu’il lui faut pourtant découvrir et reconnaître. Ainsi, lorsque Kant parle des chemins qui s’ouvrent à l’homme, il introduit aussitôt des facteurs de limitation, de rupture, de discontinuité, de non-totalité. Et lorsqu’il justifie cet effort à accomplir sans fin comme étant nécessaire à cause précisément des indépassables limites et des irrémédiables ruptures, il s’affirme comme un penseur anti-démiurgique, au sens le plus profond. Il n’est pas permis à l’homme de se prendre pour le double du Créateur. Il n’engendre rien dans l’être en soi, il ne lui ajoute rien ; au sens ontologique il n’a rien d’un créateur.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, De Kant à l’idéalisme allemand, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 255-256.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)

Il nous faut maintenant comprendre pourquoi les deux premiers concepts, l’être et le non-être, sont dits par Hegel « abstrait », alors que le devenir, cette première synthèse, est un concept concret.

Il emploie ces mots de façon très particulière. Si l’être et le non-être sont des concepts abstrait, c’est au sens étymologique de ce terme « abs-trait », qui signifie : tiré hors de…, séparé de… Pour Hegel, l’être est un concept abstrait parce qu’il est unilatéral, exclusif. Il ne se prête à aucune combinaison avec autre chose. La négation n’y a pas encore pénétré. Son antithèse, le non-être, est un concept abstrait, lui aussi, parce qu’il exclut de soi l’être, il se maintient dans son stérile isolement. En revanche, le devenir est le premier concept dans lequel être et non-être se fondent pour engendre quelque chose de nouveau. « Concret » vient de concrescere, concretum, croître ensemble, se lier dans une croissance commune. Ce sens de de « concret » et d’« abstrait » est très important pour qui veut comprendre la pensée de Hegel.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Friedrich Hegel, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 264.


Hegel a dit : « Le soleil et la lune ont moins d’influence sur nous que les forces morales et sociales. » Nous sommes loin désormais de la grande tradition classique, selon laquelle une grande personnalité impose son exemple en toute indépendance du lieu, du temps et de l’histoire où elle se situe. Selon Hegel, mous sommes immergés dans l’histoire et la société. Et désormais, après Hegel, c’est ainsi que l’homme moderne continuera à se concevoir lui-même.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Friedrich Hegel, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 274.

Auguste Comte (1789-1857)

Nous allons nous occuper de penseurs beaucoup moins considérables, mais qui essayé, chacun à leur manière, à l’époque de la science et en étant eux-même fascinés par la connaissance scientifique, de poursuivre et de renouveler l’effort de la révolution philosophique.

Voyons d’abord un penseur français, ne l’année de la Révolution française, qui vécut pendant la première moitié du XIXe siècle : Auguste Comte. Il a été le fondateur de ce qu»’»on a appelé l’École positiviste. Aujourd’hui, ce terme de « positiviste » a pris souvent une nuance péjorative : quand ont traite quelqu’un de « pur positiviste », on veut dire qu’il ne s’est pas encore libéré d’une foi excessive, naïve, dans le pouvoir de la science et qu’il en est resté dépendant comme on l’était au XIXe siècle.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Auguste Comte, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 280-181.


(…) L’ouvrage le plus célèbre d’Auguste Comte, le Cours de philosophie positive, a été publié entre 1830 et 1842. « Positif » n’a donc nullement chez lui le sens d’un contraire de « négatif », mais bien du contraire de « spéculatif » : une théorie est « positive » lorsqu’elle est scientifiquement fondée sur des faits. Une « philosophie positive » ne doit présenter aucune trace de métaphysique et ne s’occuper que d’un classement des faits et des lois. Ainsi, Cours de philosophie positive développe une philosophie que ne repose que sur des faits et des lois, qui ne s’intéresse à rien d’autre et qui n’admet rien d’autre.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Auguste Comte, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 282-183.

Karl Marx (1818-1883)

Sigmund Freud (1873-1939)

Je voudrai ici faire un rappel : on s’en souvient, au Ve siècle avant J,-C. le principe fondamental de Socrate était : « Connais-toi toi-même. » Serait-il possible de faire un rapprochement entre la célèbre maïeutique de Socrate et la méthode psychanalytique de Freud ? Ne pourrait-on pas mettre en exergue de l’œuvre de Freud la devise socratique elle-même : « Connais-toi toi-même » ?

Tous deux s’attachent à l’idée authentiquement philosophique selon laquelle l’homme a pour tâche de se connaître « lui-même ». Que signifie « toi-même » ou « moi-même » ? Pour Socrate, le « moi-même », c’est le libre sujet moral qui cherche le bien, et pour qui le bien est toujours au-delà de ce qu’il a déjà atteint. Cela signifie que chez Socrate, il y a dans le « Connais-toi toi-même » quelque chose que nous, en langage moderne, appellerions « existentiel » : le sujet s’appréhende dans sa liberté essentielle en voyant devant lui un bien qui ne pourra jamais lui appartenir. La connaissance de soi qui est ici visée est une connaissance visant la liberté, ou une connaissance à travers la liberté. Pour Socrate, z se connaître soi-même », c’est se demander quel est le bien, quelle est la justice, quel est le bonheur – autant de concepts qui n’ont un sens que pour la liberté, mais qui n’ont aucun sens objectif au sens des choses qui sont tout juste ce qu’elles sont.

Freud, en revanche, inspiré par l’esprit scientifique de son temps, en énonçant l’exigence « Connais-toi toi-même », demande à l’homme de découvrir son inconscient, qui est en quelque sorte en lui une donnée empirique, mais refoulée. L’inconscient est à la fois donné et dissimulé. Nous pourrions aussi avoir recours à Kant : la chose en soi, la liberté en tant que chose en soi – quelque chose de tout autre que chez Freud. Kant se tient aux côtés de Socrate, mais non pas Freud.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Sigmund Freud, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 316-317.

Henri Bergson (1859-1941)

Changement de direction : nous allons considérer maintenant des penseurs qui ont fortement réagi contre les tendances du monde contemporain aux diverses superstitions scientistes. Ils se sont efforcés de reconquérir justement ce qui, étant essentiel et d’un grand poids, ne se laisse maîtriser par la science. Il s’agira, d’une part, d,Henri Bergson, en France, et d’autre part, de Nietzsche en Allemagne, et de Kierkegaard, au Danemark.

La philosophie d’Henri Bergson constitue une réaction spécifique à tout le courant de pensée qui comptait avant tout sur la science pour expliquer l’essence de l’homme et de la société, et permettre ainsi de résoudre les problèmes posés par la condition humaine. Sa réflexion se développa à contre-courant, contre une Sorbonne et un environnement culturel largement dominés par le positivisme et la crédulité scientiste d’Auguste Comte. Aujourd’hui, nous vivons dans une monde tout différent. Nous pourrions dire, dans un certain sens, que le succès de Bergson en son temps a réduit l’influence sur la postérité. Il a consacré toutes ses forces à enfoncer des portes qui aujourd’hui nous paraissent ouvertes, mais qui étaient à son époque solidement closes. (…)

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Henri Bergson, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 328.


Bergson souligne combien il est difficile à l’homme de se libérer de ses besoins et de ses intérêts pratiques, par lesquels il se trouve asservi à la fois à son intelligence mécaniste et à son aveugle instinct, afin de parvenir à la connaissance du vivant que seule permet cette sympathie désintéressée qu’il appelle « intuition ». Pour réussir il lui faut pour ainsi dire s’opposer à lui-même jusqu’à ce qu’il s’ouvre à une autre réalité et à une connaissance d’un autre ordre.

Cela ne nous rappelle-t-il pas l’histoire du captif dans la caverne de Platon ? Il a fallu que ce captif se détourne du monde des ombres, des prévisions compétentes concernant leur succession, à propos desquels ses compagnons faisaient preuve de tant d’habileté. il a fallu qu.il s’arrache à la sécurité des ses habitudes quotidiennes, pour se mettre à grimper vers la sortie de la caverne. Là, devant le monde des Idées, il fut saisi d’un éblouissement, et il dut s’exercer à regarder leurs ombres et leurs reflets dans l’eau avant de devenir capable de supporter la vue su souverain bien lui-même. Mais il est finalement retourné dans la caverne, où tous alors se moquèrent de son incompétence et de sa maladresse. Tel pourrait bien être le sort de celui qui aurait conquis, à grand effort, la capacité de l’intuition. Par la sympathie celle-ci est capable de fondre en elle l’immédiateté de l’instinct avec la capacité de connaître de l’intelligence, ce qui permet à la conscience de s’ouvrir à la profondeur de la vie.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Henri Bergson, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 350.

Sören Kierkegaard (1813-1900)

Nous commençons par Kierkegaard. Pour lui, comme pour Nietzsche, il est important, plus que pour des penseurs anciens, de savoir ce que fut sa vie. C’est là encore un trait de la modernité : la réflexion philosophique ne peut plus être séparée de la biographie. Nietzsche et Kierkegaard ont vécu leur philosophie, et leur philosophie est issue de leur vie. Mais non pas dans un sens naturaliste, comme si nous pouvions dériver leur pensée des données sociales, politiques, familiales de leur existence. Tous deux tenaient passionnément à authenticité et à la crédibilité de ce qu’ils exprimaient. Tous deux avaient la rhétorique en horreur lorsqu’elle se prend elle-même pour fin. Lorsque leur ton devient pathétique, c’est le plus souvent malgré eux. Ils ont souvent tourné leur ironie contre eux-mêmes, tenant leurs réflexions à distance de leur vie vécue, comme si celle-ci risquaient d’être compromises par les insuffisances de leur existence propre. Il faut donc avoir une certaine connaissance de leur vie pour pouvoir les comprendre.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Sören Kierkegaard, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 353-354.


 Qu’est-ce que l’existence ? Pour Kierkegaard, il s’agit du surgissement de la liberté responsable d’un sujet. Un exemple pour illustrer ce concept : on peut, considérant les choses de l’extérieur, voir de l’eau couler, des branches tomber, une personne accomplir un acte – et tout cela se passe dans le même temps, qu’il s’agisse de l’eau qui coule, des branches qui tombent, de l’homme qui accomplit un acte. Mais l’acte librement accompli de l’homme ne peut pas être dérivé de ce qui s’est passé avant dans ce temps qui est commun à la nature et à l’homme qui agit. L’acte de l’homme provient de ce qui s’est passé au cœur de sa subjectivité et c’est pourquoi il en assume lui-même la responsabilité. En agissant, il ne se laisse pas simplement insérer dans la série des causes et des effets, il n’est pas simplement lui-même un effet d’autre chose, mais il devient une sorte d’absolu commencement. Il insère, dans la texture des causes et des effets, son acte libre venu d’une origine différente, il accompli un rupture, que l’existentialisme, ou philosophie de l’existence, appelle rupture existentielle.

Le terme « existence », avec cette signification, vient de Kierkegaard. C’est lui qui lui a donné ce sens. Dès lors, le verbe « exister » a pris en philosophie une nouvelle signification. Il ne signifie plus seulement : la présence de quelque chose dans le réel. Il faut revenir à son étymologie, comme l’a fait Heidegger : ek-sistere signifie : émerger hors du magma des choses, provoquer une rupture, n’est pas le dérivé d’une continuité homogène.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Sören Kierkegaard, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 362-363.

Friedrich Nietzsche

La séduction poétique que Nietzsche n’hésite pas à mettre en œuvre ne change rien au fait que sa volonté de vérité était une passion dévorante. Mais pour lui, comme pour Kierkegaard, la vérité qu’il s’agit de sauver et de réhabiliter se situe au-delà du concept de vérité objective que connaît la recherche scientifique. Ce n’est pas qu’il veuille dénigrer ou dévaluer la vérité objective ou rationnelle des sciences. Mais celle-ci, selon Nietzsche, dépend de ses prémisses et n’est pas toute la vérité. La vérité philosophique vise quelque chose qui est au-delà de cette simple vérité de surface. Nietzsche a mis l’accent sur l’interprétation, et c’est une raison de plus qui explique l’influence qu’il exerce aujourd’hui. On a été, de nos jours, jusqu’à dire qu’il n’existe en général aucune vérité, qu’il n’y a que des interprétations, et des interprétations d’interprétations, à perte de vue. Ainsi, on entend dire qu’il y a de la naïveté, lorsqu’on explique un texte, à vouloir atteindre ce que l’auteur a vraiment voulu dire. Car il n’existe en réalité aucun texte originel, à proprement parler, et encore moins un sens originel. Nietzsche ne pensait pas ainsi, mais il est certainement l’un des auteurs qui ont le plus contribué au développement de cette tendance. Selon lui, tout savoir est interprétation de l’être par un sujet vivant qui cherche à connaître. La vérité ne peut donc pas se maintenir comme étant quelque chose de solide et d’indépendant du sujet. Elle est toujours déjà interprétation. Dans sa théorie interprétative de la vérité, Nietzsche a exprimé ce doute profond, resté fiché comme un aiguillon au centre de la raison qui cherche la vérité. Il se heurta ainsi à une imite indépassable pour la conscience, et il vécut du même coup l’exigence existentielle d’aller au-delà.

Nous n’avons jamais la vérité clairement en face de nous, nous nous efforçons de la saisir telle qu’elle est, donc indépendamment de nous. Mais malgré tout, une relation essentielle persiste entre la vérité à connaître e celui qui la connaît. La qualité de ce rapport entre un sujet et la réalité qui lui est donnée est elle-même un élément constitutif de la vérité qu’il cherche. Par conséquent, toute interprétation se trouve être à la fois objective et subjective; il n’existe pas d’objectivité pure, que l’on trouverait en dehors du sujet et qui serait totalement indépendante de lui. Il ne peut s’agir que d’une objectivité médiatisée, imprégnée par la vie de celui qui l’énonce, et liée à sa subjectivité. Nous rencontrons ici à nouveau la subjectivité dont nous avons vu la signification qu’elle prenait chez Kierkegaard pour l’expérience religieuse. Mais ici, chez Nietzsche, il s’agit de la vérité philosophique elle-même, telle qu’il est possible de l’atteindre indépendamment de toute foi — ou plutôt : telle qu’il est à jamais impossible de l’atteindre.

Il ne faudrait pourtant pas croire que Nietzsche invoque la subjectivité pour être moins exigeant envers la vérité. Beaucoup de nos contemporains, trop paresseux ou trop engagés pour chercher vraiment la vérité objective, se réfèrent à Nietzsche pour avancer l’argument que l’accord du sujet suffit à constituer la vérité. Non. Si Nietzsche a développé cette théorie, c’est au contraire parce qu’il se faisait une idée bien plus exigeante et bien plus profonde de la vérité que ceux qui se contentent du donné objectif.

C’est donc par passion de la vérité que Nietzsche doit s’interroger: comment la vérité se constitue-t-elle? Comment pouvons-nous l’atteindre? Lorsqu’on s’engage sur ce chemin, on découvre qu’il est impossible d’en prendre tout à fait possession. Et nous retrouvons ainsi le thème du dépassement. La quête de la vérité est une tâche sans fin, elle exige une faim de vérité illimitée et insatiable, et la vérité elle-même vit dans l’acte de dépasser toute prétendue vérité.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Friedrich Nietzsche, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 377-379.

Après Kierkegaard et Nietzsche

Dans un langage plus explicite, cela signifie : il n’est pas de pensée moderne qui puisse se dispenser de passer par le nihilisme ou par l’impossible philosophique. Impossible de s’installer à mi-chemin. Ces penseurs ne sont donc pas des modèles à suivre, mais des appels qu’il faut percevoir, ou plutôt, des exigences auxquelles il faut répondre. Et c’est pourquoi, après Kierkegaard, après Nietzsche, une certaine liberté — qui n’est pas seulement la faculté de prendre une décision, mais celle de connaître et de transcender — est absolument indispensable à la réflexion philosophique. On se rend, je crois, la tâche trop facile lorsqu’on consent, avec une certaine complaisance ou du moins une dose de paresse, à s’installer dans un pessimisme irrémédiable au sujet de notre monde occidental, déclaré vide de sens et de valeur. Ce qui permet d’y trouver une bonne place en se sentant supérieur à tout. Personne n’a réfléchi à cette situation avec plus de passion et de radicalité que Nietzsche et Kierkegaard, chacun à sa manière, et leur condamnation semble sans appel. Mais il est vain de la répéter. Ce qui est nécessaire, c’est de la comprendre, de la prendre au sérieux et d’aller au-delà ; de voir s’il est possible d’aller au-delà. Pour ancrer la liberté de l’homme par-delà les dénonciations, les mises à nu, de Kierkegaard et de Nietzsche, il faut pénétrer dans le nihilisme, le traverser et le dépasser.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Après Kierkegaard et Nietzsche, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 390-391.

Edmund Husserl (1859-1938)

Après Nietzsche et Kierkegaard, la pensée philosophique se développe selon trois directions principales. L’une de ces directions est la phénoménologie, dont l’initiateur a été le philosophe allemand Edmund Husserl. La seconde est la philosophie de l’existence ou existentialisme. Quant à la troisième, dont nous ne ferons qu’indiquer le début, elle n’est pas une philosophie à proprement parler, elle se divise et se subdivise, pour ainsi dire, selon les diverses sciences sociales et humaines.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 392.


D’abord il se bat contre la psychologie et l’introspection. Il ne veut en aucun cas et d’aucune manière être confondu avec ceux qui prétendent trouver le fondement de la certitude dans la description d’états de conscience intérieurs. Il souligne avec insistance — et selon nous, à juste titre — que les états psychiques que nous pouvons observer, par exemple à l’aide de l’introspection, sont des objets pour nous, tout autant que les objets du monde extérieur; ce sont, certes, des objets psychiques, mais néanmoins des objets. En cela il est encore fidèle à Kant, car pour Kant aussi, tout ce que nous pouvons décrire de notre conscience est déjà de la conscience objectivée. En tout cas, ce n’est pas a priori. Husserl ne veut pas être de ceux qui se contentent de descriptions introspectives du psychisme, et qui en viennent ainsi à se perdre dans le subjectivisme, c’est-à-dire dans une sorte d’empirisme. Et l’on en arrive bientôt, comme les empiristes anglais, à l’idéalisme. Pensons à Berkeley. Husserl ne veut rien avoir à faire avec une objectivation de la conscience, et d’une façon générale avec la psychologie. Ce qu’il cherche doit être immédiat et originel.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 395-396.


Sa devise bien connue « Allons aux choses mêmes ! » n’appelle nullement à un réalisme naïf. Elle signifie qu’il est indispensable de saisir l’essence de la conscience si l’on veut comprendre comment un « étant quel qu’il soit devient accessible à la conscience intentionnelle ».

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 398.


Ce qui subsiste alors sans être touché par la réduction phénoménologique, c’est la conscience, qui constitue en principe une région de l’être particulière, et qui peut devenir le domaine d’une science nouvelle — de la phénoménologie. Cette région de l’être, nous pouvons peut-être l’illustrer par une image. Prenons une feuille de papier. Sur l’une de ses faces se trouvent les phénomènes de l’expérience, sur l’autre face, ce qui se produit dans la conscience. Nous sommes enclins à prendre en considération l’une ou l’autre face du papier. Mais dans la méthode phénoménologique de Husserl, ce dont il s’agit c’est en quelque sorte ce qui se passe à l’intérieur de la feuille de papier, c’est-à-dire le donné même des phénomènes, l’activité de la conscience, grâce à laquelle ce donné est rendu possible.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Edmund Husserl, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 401.

Martin Heidegger (1889-1976)

Le rapport de Heidegger au langage est si particulier que ses « pensées fondamentales » ou sa « doctrine de base » ne peuvent être fidèlement reproduites que dans ses propres termes. Il a forgé tant de mots nouveaux, ou employé tant de mots anciens autrement que selon l’usage courant ou la tradition, qu’il est impossible de les faire comprendre brièvement. Les termes dont il se sert ne sont pas traduisibles par d’autres, ils ne se laissent en aucune façon séparer du mouvement philosophique qui s’accomplit à travers eux et en eux. Cette impossibilité me prouve à nouveau combien Heidegger était sur la défensive : ses pensées refusent de se laisser toucher sans leur cuirasse verbale. Au fond, ce n ‘est pas là une défensive philosophique (car un philosophe s’efforce toujours de dire encore une fois autrement ce qu’il a pensé), c’est une défensive poétique : c’est en effet une qualité fondamentale de toute poésie que d’être comme elle est et de ne pas pouvoir être autrement — elle ne se laisse ni traduire ni expliquer.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Martin Heidegger, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 410-411.


Heidegger fait donc une distinction entre « étant » et « être ». L’étant doit son être à l’être, et l’être n’est qu’en tant qu’étant. Et pourtant — c’est décisif — l’étant « dissimule » l’être. Prenons un exemple : voici un crayon sur la table ; il est en bois, il est jaune, avec une pointe dorée, et il écrit noir. Ce crayon est un étant, mais son être n’est pas en bois, il n’est ni jaune ni doré, et l’on ne peut pas se servir de son être pour écrire. D’autre part, son être n’est pas non plus quelque chose qui subsisterait si l’on retranchait le bois, la couleur jaune, la pointe dorée, l’écriture noire. L’être n’est pas « ce qui reste ». Il disparaîtrait lui-même avec toutes les qualités sensibles et avec l’utilité du crayon, et pourtant il est « quelque chose d’autre » que ces qualités et cette utilité. Dans ce sens, on peut dire que les qualités et l’utilité de l’étant dissimulent son être.

Il y a encore autre chose, selon Heidegger, qui contribue à dissimuler l’être de l’étant ou à l’obscurcir — en même temps que le sens de la question posée à son sujet —, c’est l’habitude, et surtout l’habitude « qui va sans dire », qui ne soulève aucun problème, qui consiste à se servir de l’étant conformément à son utilité — donc : le fonde de la technique tout entier, comme aussi celui des sciences exactes. Lorsqu’il s’adonne à de telles activités, ! sujet se perd dans l’anonymat du « on » impersonnel et devient incapable de poser authentiquement la question e l’être de l’étant.

Or, c’est seulement par la découverte du vrai sens de cette question primordiale qu’une quête de la vérité devient possible.

Pour expliquer le sens de la vérité, Heidegger a recours au mot grec aletheia : « ce qui n’est plus caché ». Il le traduit, entre autres, par le mot Entschleierung (« dévoilement ») et il entend par là le dévoilement de l’être. Pour lui, la vérité ne réside jamais dans une cohérence rationnelle, mais dans une « vision » de l’être qui, d’abord « dissimulé par les outils disponibles », se dévoile dans la question primordiale (Urfrage).

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Martin Heidegger, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 413.

Karl Jaspers (1883-1969)

Pendant les années les plus amères qu’il eut à vivre en Allemagne sous le national-socialisme, il trouva en lui- même — comme il le dit — assez de paix pour se plonger dans l’étude du problème en apparence le plus abstrait du monde : il essaya d’élucider le problème de la vérité et développa une Logique philosophique. Il examina les prémisses des méthodes générales de pensée, en se plaçant au point de vue et dans la perspective de la philosophie. Il s’agissait pour lui de comprendre, de manière à la fois plus claire et plus critique, ce qu’était la rationalité des sciences de la nature et, grâce à cette élucidation préalable, d’éclairer le rapport de cette rationalité avec la réflexion et la foi philosophiques. C’est ainsi qu’il mit en lumière ce qui constitue le paradoxe fondamental de la philosophie : dans la science, on a toujours un objet de recherche, mais en philosophie on n’en a pas. Pourquoi pas ? Ce que la philosophie cherche, au fond, c’est l’être même. Nous touchons ici à la racine kantienne de la pensée de Jaspers — et kantienne, elle l’est profondément. Pensons à la Subjekt-Objekt-Spaltung, à la scission sujet-objet. En science, cette scission règne partout, elle est claire : le chercheur étudie une réalité qui se trouve en face de lui, qui est pour lui objective. Mais la philosophie demande : qu’est-ce que l’être ? L’être n’est ni subjectif ni objectif, ou bien il est l’un et l’autre. Si j’essaie de penser une synthèse de sujet et d’objet —, je n’y arrive pas : le sujet est toujours ce que je suis et qui pense un objet, quel qu’il soit, et fut-il quelque chose dans ma propre conscience. La philosophie n’a pas d’objet ; elle est ce « penser » particulier, qui n’a pas d’objet. Son être « englobe » (umgreift) le sujet et l’objet ; il est, comme dit Jaspers, « un englobant » (ein Umgreifendes).

Mais quelle peut bien être la justification d’un « penser » qui n’a pas d’objet ? En science, on procède à la vérification des hypothèses; en logique, on examine la cohérence de la conduite de la preuve. Mais que peut-on faire en philosophie ?

Loin de nier le caractère précaire de la réflexion philosophique, Jaspers l’a mis fortement en lumière. Il le reconnaît : elle n’est, en effet, ni « contraignante » ni « généralement valable ». Elle est autre chose, et donc quelque chose de précaire. On peut toujours la « réfuter » parce qu’elle n’est pas « vraiment scientifique », parce que le philosophe ne peut jamais définitivement « prouver » ce qu’il affirme.

Mais alors, comment la philosophie a-t-elle pu se maintenir en vie au cours des millénaires ? Pour continuer à vivre, elle a besoin du consentement de l’élève. Cela n’implique nullement que l’élève doive penser la même chose que le maître ; mais il faut qu’il commence par consentir au mode de penser du maître, qui est un mode de penser philosophique. Ensuite il trouvera lui- même, par la pratique même de la philosophie, la justification existentielle de sa propre pensée.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Karl Jaspers, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 429-430.


Nous touchons ici à un caractère essentiel de la philosophie, et qui explique pourquoi certains philosophes ne comprennent rien à certains autres. Dans la mesure où la philosophie s’adresse à l’existence possible, c’est-à-dire à la liberté, il lui faut user d’un langage indirect, qu’un autre penseur comprend ou ne comprend pas. Ce sont des langages qu’on ne peut pas rendre objectivement homogènes ou comparer entre eux. Aux yeux de certains philosophes, c’est là une manière de se dérober à tout critère et de se réfugier dans un subjectivisme pur. Mais, à mon avis, c’est qu’ils se refusent simplement à voir la condition humaine telle qu’elle est, et non pas telle que Jaspers, ou la philosophie, l’aurait inventée. Lorsque l’être humain, en tant que possible liberté, cherche à éclairer l’existence, il ne dispose évidemment pas d’un langage direct, universellement valable, qui ne pourrait être qu’objectif. Aussi recourt-il à un langage indirect, dont la portée se mesure à son efficacité ; ce langage ne peut être ni technique ni objectif; il éveille la liberté en se faisant comprendre d’elle.

Le langage scientifique n’est universellement contraignant que lié à un point de vue, à une méthode, à un stade de la connaissance atteint au moment où il est utilisé. Ce qu’il énonce est donc contraignant pour tout esprit normal, mais de manière relative, alors que le langage qui éclaire l’existence n’est jamais universellement valable et contraignant, puisqu’il s’adresse à la liberté d’autrui — mais il se réfère à l’absolu.

Si donc on veut comprendre un certain philosophe, il est absurde de commencer par le refuser. Pour le comprendre, il faut d’abord consentir à penser avec lui, en lui < prêtant » sa propre liberté. Si cette liberté s’y refuse, on ne le comprendra jamais. Nous trouvons ainsi chez Jaspers deux pôles opposés, celui de la validité contraignante, mais relative, et l’autre, où s’éclaire l’absolu. La relativité se trouve du côté de la validité universelle, l’absolu du côté de l’éclairement, qui ne contraint jamais personne.

Tels sont les deux pôles de cette philosophie. Mais alors une question se pose : pourquoi constatons-nous que, tout au long de l’histoire de la philosophie, les philosophes n’ont cessé d’argumenter et d’enchaîner les déductions logiques ? Ils se sont toujours efforcés d’éviter les contradictions, d’avancer des démonstrations cohérentes et bien liées — et Kant plus que quiconque. Mais si l’on examine ces raisonnements de plus près, on découvre que, par-delà leur validité contraignante, ils possèdent une efficacité différente, par laquelle ils modifient l’esprit de celui qui les lit. Souvenons-nous : nous avons vu, à propos de Platon, que lorsque nous lisons un de ses dialogues, nous ne sommes plus les mêmes, à la fin de notre lecture, que ceux que nous étions au commencement.

La philosophie est un domaine étrange. Elle argumente en cherchant des points d’appui dans l’objectivité et la rationalité, et pourtant elle s’attend à être comprise, justement à travers cette argumentation, par une possible liberté, par une existence qui « mime » sa démarche afin de saisir en elle-même ou de devenir quelque chose de plus essentiel que cette démarche même.

Je suis convaincu qu’elle ne peut pas renoncer à ce double aspect, justement parce qu’il correspond à la situation qui est celle de l’homme. Quand l’homme cherche le vrai, c’est le vrai absolu qu’il cherche ; mais chercher le vrai absolu implique, pour l’homme, prendre appui sur l’objectivité et la rationalité — et reconnaître en même temps que les conditions en sont prisonnières de la scission sujet-objet, ce qui signifie que l’être ne saurait se laisser réduire à une connaissance de cette sorte.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, Karl Jaspers, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, pp. 439-441.

La philosophie aujourd’hui

En même temps, des théories se répandent, selon lesquelles les problèmes fondamentaux de la philosophia perennis ne sont pas du tout de véritables problèmes : ils ne se posent qu’à cause du langage, par suite de formulations diverses, et il suffirait de les énoncer autrement pour les voir s’évanouir.

Cette évolution ne concerne pas seulement les problèmes de la philosophie. Ce que les hommes tenaient jusqu’ici pour le monde qui leur était « donné » a perdu sa réalité. Il n’y a plus que des interprétations ou des conventions concernant cet univers, qui découlent de langues naturelles diverses, ou alors des langues artificielles créées par les sciences. Par-delà l’expression verbale il n’y a pas de réalité, et par conséquent les « problèmes » ont cessé de se poser.

Ces sciences humaines et sociales procèdent comme les termites dans le bois : elles vident la philosophie par l’intérieur et réduisent en poudre ses mises en question et ses recherches du sens. Elles ne proposent pas de solutions à ses problèmes, elles les dissolvent, en dissolvant la réalité, l’être même. La possibilité de poser la question disparaît, avec le sens pour la vérité.

Les causes en sont aussi nombreuses que diverses. L’une d’entre elles me paraît évidente : plus une civilisation est évoluée, plus la langue et les langages spécialisés y prennent de l’importance. Dans notre société occidentale, l’« homme cultivé » vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même.

HERSCH, Jeanne, L’étonnement philosophique, La philosophie aujourd’hui, Gallimard, Collection Folio essais (n° 216), Paris, 1993, p. 457.


Wow ! Quel bouquin ! Je distingue nettement mieux LA philosophie DES philosophies à la suite de ma lecture de L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch. Je demeure avant tout un adepte de LA philosophie comme mode de pensée, premier pas pour un mode de vie. Je m’attarde plus spécifiquement à la philosophie de la connaissance, aux « Comment nous pensons ? », « Comment nous prenons conscience ? », « Comment nous visons la connaissance ? », etc.

J’aime plus particulièrement l’épistémologie lorsqu’elle se demande « Qu’est-ce que la connaissance et le connu ? » ou simplement « Qu’est-ce que la connaissance ? » À lecture de L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch, je constate que ces questions et bien d’autres sur la connaissance et son acquisition par l’homme a passionné et passionnent encore presque tous les philosophes, chacun ayant sa propre idée sur les réponses à apporter.


ÉPISTÉMOLOGIE

  1. Étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée (théorie de la connaissance).
  2. Théorie de la connaissance ; « étude de la constitution des connaissances valables » (Piaget). Épistémologie génétique.

Le Robert – Dico en ligne


C’est quoi une étude épistémologique ?

Partie de la philosophie qui a pour objet l’étude critique des postulats, conclusions et méthodes d’une science particulière, considérée du point de vue de son évolution, afin d’en déterminer l’origine logique, la valeur et la portée scientifique et philosophique (cf. philosophie* des sciences, empirisme* logique).

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales


Bref, je me questionne sur la pensée philosophique elle-même. Dans le livre L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch, je trouve de nombreuses pistes de réflexion sur la pensée philosophique, qu’il soit question d’esthétique, d’éthique, de logique, de métaphysique, de morale, d’ontologie,de théologie, etc.

À mon humble avis, la connaissance de la connaissance en notre conscience avec la prise de recul nécessaire s’impose comme le premier pas du philosophe. Comment JE connais ?


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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre L’étonnement philosophique :
Une histoire de la philosophie de Jeanne Hersch paru chez Gallimard, Collection Folio Essais (n° 216) en 1993.

J’en recommande fortement la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41) – la démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines. – Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Viva La Vida, un projet de série télé de fiction traitant de philosophie et mettant en scène des collégiens

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VIVA LA VIDA

Projet de série télévisée en 10 épisodes sur le thème de la philosophie mettant en vedette un jeune professeur de philosophie et cinq étudiants de sa classe dans un collège québécois responsables du projet de Café philosophique.

Par Serge-André Guay

27 mars 2024

Fondation littéraire Fleur de Lys et Observatoire francophone de la philothérapie

Cliquez ici pour télécharger le scénario complet (PDF)

Introduction générale

Ce document propose un projet de série de télévision mettant en scène les étudiants et le professeur d’un cours de philosophie obligatoire dans un Collège d’enseignement général et professionnel (Cégep).

Ce cours s’inscrit dans la quatrième et dernière session des étudiants en formation générale et sa réussite est obligatoire pour l’obtention du diplôme donnant accès à l’université. Loin d’être le cours préféré des étudiants au collégial, le professeur de philosophie tente d’alléger son cours en proposant à ses étudiants, en place et lieu d’un cours magistral, d’organiser et d’animer un café philosophique en ville.

Le jeune professeur de philosophie tout juste diplômé universitaire en philosophie et originaire d’Espagne vient d’accepter un poste dans un Cégep au Québec. Il découvre la culture d’ici avec étonnement.

La série met aussi en vedette cinq étudiants de la classe prêts à s’impliquer dans le projet de café philosophique proposé par leur professeur.

NOTE : Certains dialogues de ce scénario peuvent paraître trop littéraires et, selon le souhait du réalisateur, ils seront réécrits.

Contribution de la musique

Cette série accorde une grande importance à la musique.

Thème musical d’introduction

Le thème musical proposé pour l’introduction de chaque épisode de la série :

« Viva la vida » interprétée par le violoniste David Garrett

(Music video by David Garrett performing Viva La Vida. (C) 2012 Decca, a division of Universal Music Operations Limited) : https://www.youtube.com/watch?v=bZ_BoOlAXyk

Musiques de la dernière scène de chaque épisode

Il est proposé que la dernière scène de chaque épisode mette en vedette un étudiant (ou une étudiante) solitaire de la classe. Il choisit et écoute une musique (une chanson) différente à chaque épisode.

Cet étudiant est dit solitaire parce qu’il se place toujours dans le même pupitre à la dernière rangée de la classe et qu’on ne le voit jamais en compagnie d’autres élèves.

Vedette de la dernière scène de chaque épisode, il est toujours le dernier à quitter la classe à la fin du cours. Il se lève, choisit une pièce musicale ou une chanson sur son téléphone cellulaire, met ses écouteurs et quitte.

Puisque certains épisodes ne se terminent pas toujours en classe, la dernière scène avec cet étudiant est adaptée à la situation (Épisodes 3, 4 et 5).

Chanson en vedette dans l’épisode # 10

L’étudiant Thomas s’accompagne à la guitare et chante « Le voyage » de Raoul Duguay dans le cadre du dernier café philosophique.

Propositions par l’auteur de la série, Serge-André Guay

Le professeur de philosophie

J’exprime le vœux que le professeur de philosophie soit l’acteur espagnol Carlos Cuevas que l’on peut voir dans le rôle de POL RUBIO, un étudiant qui obtiendra son diplôme universitaire en philosophie et demeure à la recherche d’un emploi dans la série MERLI- SAPERE AUDE. Je souhaite, si cet acteur accepte, que le producteur et/ou détenteur des droits de la série MERLI- SAPERE AUDE permette la reprise du personnage de POL RUBIO dans la présente série. Autrement, je propose que le professeur de philosophie soit un acteur étranger.

Les cinq étudiants en vedette

J’exprime également le vœux que les acteurs jouant le rôle des étudiants soient inconnus du grand public ou en début de carrière.

Langue

Enfin, je propose également que cette série soit tournée en langue française internationale.

Synopsis

Un professeur de philosophie au collégial propose aux étudiants de sa classe de troquer son cours magistral par l’organisation d’un café philosophique. Cinq étudiants se portent volontaires. Ils espèrent ainsi rendre ce cours de philosophie obligatoire moins ennuyant.

Le café philosophique doit se tenir dans un centre communautaire et accueillir une quinzaine de participants issus de la population locale (ne fréquentant pas le collège).

Le professeur initiera son groupe d’étudiants au dialogue et au questionnement philosophique.

L’action se déroule au collège en classe et dans l’espace libre réservé aux étudiants, dans le café du centre communautaire, dans les parcs de la ville et dans les lieux de résidence des étudiants.

Les étudiants se confrontent avec leur professeur, entre eux et avec les participants au café philosophique en raison de leur idéologie, leur statut social et de leurs émotions.

Les étudiants constatent à la fin du troisième café philosophique que la majorité des participants sont ni plus ni moins que prisonniers de leurs opinions et de leurs croyances, ce qui les empêche de tenir un questionnement et un dialogue philosophique. Le projet est déjà un échec et ce dernier questionne personnellement les étudiants. Ils se remettent en question.

Les étudiants demandent l’aide de leur professeur pour surmonter les difficultés qu’ils rencontrent avec les participants au café philosophique. Le professeur prend en main l’animation du café philosophique et relance le projet et laisse la place à ses étudiants.

L’un des participants meurt et sa mort pousse au centre des échanges le sens de la vie.

Le dernier café philosophique sera l’occasion d’une fête pour tous les étudiants de la classe, les participants et leurs proches. Une surprise attend le professeur : il découvre que le café philosophique était un coup monté orchestré par les cinq étudiants volontaires, leurs amis(es) et leurs proches pour s’assurer une meilleure note. Le professeur est stupéfait d’apprendre que les participants ont été choisis parmi les proches des étudiants et se sont coordonnés pour…

Les personnages

Le professeur (1)

Le professeur : Diplômé universitaire en philosophie en Espagne et à la recherche d’un emploi (les études en philosophie ne mènent à rien), l’homme de 33 ans accepte un contrat d’enseignement de deux ans au Canada dans un Collège d’enseignement général et professionnel (Cégep) au Québec où les cours de philosophie sont obligatoires. Sa culture espagnole sera confrontée à la culture québécoise sur plusieurs points impliquant l’approche des étudiants québécois et ses collègues du département de philosophie au collège. Célibataire, l’homme veut profiter de son passage au Québec pour oublier son ex-copain et cherche une nouvelle âme sœur en fréquentant un gym et les bars.

Les étudiants (5)

  1. Premier rôle : Pierre, âgé de 20 ans, issu d’une famille modeste, étudiant à temps plein au Cégep en Sciences humaines, plus particulièrement doué en philosophie, se destine à des études universitaires en philosophie, le seul et unique étudiant de sa classe avec un tel choix de carrière. Leader naturel, mais complexé par ses origines modestes, il dénonce le capitalisme dont sa famille et lui-même n’arrivent pas à profiter. Pierre travaille à temps partiel pour payer ses études et son appartement en colocation avec un collègue de classe.
  2. Premier rôle de soutien : Anne, âgée de 19 ans, issue d’une famille riche de la classe moyenne élevée, étudiante à temps plein au Cégep en Arts visuels, est exaspérée par les cours de philosophie obligatoires, en est à son deuxième essai pour obtenir la note de passage, obtenir son diplôme d’études collégiales et entrer à l’université. Le cours de philosophie est le seul cours à son programme d’étude pour cette session, qu’elle souhaite être la toute dernière. Elle se lie d’amitié avec Pierre, mais sa frivolité exaspère ce dernier. Elle cache à tous une profonde dépression articulée par un conflit avec ses parents, tous deux médecins, et s’acharnant à dénoncer sa frivolité et à remettre en cause son choix d’études en Arts visuels. Sa confiance en elle est réduite à sa plus simple expression, elle se suicidera en laissant une lettre où elle affirme que sa vie n’a pas de sens. Fille unique, Anne vit chez ses parents dans un luxe apparent et une grande solitude.
  3. Thomas, âgé de 19 ans, orphelin, vit dans un appartement supervisé par la Direction de la protection de la Jeunesse (DPJ) et deviendra autonome du système social dès ses 18 ans, à mi-chemin de sa dernière session au Cégep. Thomas a perdu ses parents dans un accident de la route et personne au sein de la famille de son père et celle de sa mère n’a voulu le prendre en charge. Il suit son cours de philo avec une certaine curiosité en quête d’un sens à vie. Il se questionne et questionne beaucoup son professeur de philosophie auquel il se confie au cours de consultations philosophiques privées. Il considère son professeur de philosophie comme son grand frère. Thomas cache son homosexualité à tous à l’exception de son professeur de philosophie. Thomas est un aimable, il s’entend avec tout le monde, mais un «oui» ou «non» de sa part ne peut être qu’une technique pour éviter tout conflit et faire bonne figure. Thomas a un talent naturel en rhétorique; il peut persuader et émouvoir aisément son auditoire.
  4. Charlotte, âgée de 19 ans, issue d’une famille de la classe moyenne sans histoire et vivant dans l’harmonie, Togolaise d’origine, immigrée au Québec avec sa famille alors qu’elle n’avait que 12 ans et aujourd’hui bien intégrée à la culture québécoise. Elle poursuit des études collégiales à temps plein dans la technique en travail social. Elle est la seule de sa classe de philosophie à être dans une formation technique de trois ans; ses collègues sont tous dans une formation préuniversitaire. Elle sera dévalorisée par ses collègues de classe en raison de son choix pour une technique. Elle a une très grande écoute et elle deviendra tout de même la confidente de ses collègues de classe. Victime d’écoanxiété, elle apprendra à ne pas porter le monde sur ses épaules dans le cadre de son cours en philosophie. Elle se rapproche de Thomas et en tombe amoureuse.
  5. Nathan, Inuit, âgé de 19 ans, issu d’une famille monoparentale comptant quatre frères et sœurs. Sa mère est veuve à la suite de la mort subite de son mari. Heureusement, le père a légué à la mère de ses enfants tout ce dont elle a besoin pour vivre aisément, sans aucun souci financier. Après des études secondaires dans sa région d’adoption, il est inscrit au Cégep en Histoire et civilisation. Il prévoit s’inscrire à l’université en Histoire pour devenir enseignant. Nathan est un bon étudiant et il a de très bonnes notes en philosophie. Il n’a qu’une seule mauvaise habitude : il fume de la marijuana lorsqu’il cherche à prendre du recul sur lui-même. Il se présente parfois à son cours de philosophie sous l’effet de sa consommation de marijuana et soutiendra que cela l’aide à soutenir sa pensée critique et à prendre ainsi du recul plus aisément. Sous l’effet de la marijuana, Nathan peut être très drôle et faire rire ses camarades en classe. Un jour, sa mauvaise habitude sera dévoilée à sa famille à la suite d’une hospitalisation d’urgence causée par l’effet de produits chimiques ajoutés à son insu à sa marijuana. Il se réfère souvent à la culture et les croyances de son peuple.

Les participants(es) au Café philosophique (12)

  1. Un parent au foyer diplômé universitaire en philosophie adepte de Platon.
  2. Un mécanicien complotiste prisonnier de ses croyances.
  3. Un restaurateur complotiste prisonnier du web.
  4. Un jeune journaliste croyant que le monde a commencé à sa naissance.
  5. Un futur politicien prisonnier de son idéologie.
  6. Un professeur de l’élémentaire déprimé par le comportement de ses élèves.
  7. Un amateur de la philosophie et grand lecteur d’œuvres philosophiques.
  8. Un jeune malade du cancer et en colère contre tous.
  9. Deux couples de personnes âgées à la retraite prisonniers de leurs opinions.
  10. Deux couples de personnes âgées à la retraite prisonniers de leurs opinions.
  11. Deux couples de personnes âgées à la retraite prisonniers de leurs opinions.
  12. Deux couples de personnes âgées à la retraite prisonniers de leurs opinions.
  13. Un prêtre.

P.S. :   Cette liste privilégie le masculin.

            La répartition des rôles entre femmes et hommes demeure à déterminer.

(Le professeur / Personnage de Pol Rubio dans Merli Sapere Aude). Les droits appartiennent à Mediawan Rights, une société française. Je ne les connais pas personnellement. https://rights.mediawan.com/francophone-catalogue/team


Cliquez ici pour télécharger le scénario complet (PDF)

Article # 93 – Le rôle social des idées – Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine, Max Lamberty, Éditions de la Cité Chrétienne, 1936

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J’ai lu pour vous

Le rôle social des idées

Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine

Max Lamberty (1893 – 1975)

Les Éditions de la Cité Chrétienne, Bruxelles, 1936

P. Lethielleux Éditeur, Paris, 1936

« La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41)

La démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines.

Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?


PRÉSENTATION DU LIVRE ET DE L’AUTEUR

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

  • Origine et plan de l’ouvrage
  • Les idées
  • Les hiérarchie des idées
  • La valeur variable des idées
  • Idées « raisonnables » et idées « absurdes »
  • Le critère
  • Pourquoi la valeur sociale des idées est-elle relative?
  • Pourquoi recherchons-nous le vrai
  • Thèses
  • Conclusion pratique

CHAPITRE PREMIER

LA SOUVERAINETÉ DES IDÉES ou la généalogie de notre temps

  • Retour au XVe siècle
  • Force expansive des méditations philosophiques
  • Le découronnement de l’esprit
  • L’apologie de la nature
  • L’individu sans raison
  • L’unité dans la variété
  • L’individualisme
  • Le nationalisme
  • Le naturalisme
  • Le matérialisme et l’utilitarisme

CHAPITRE II

LE POUVOIR DE GROUPEMENT DES IDÉES ou l’histoire d’une guerre

  • Le « concert européen »
  • De l’attentat de Sérajevo à la guerre européenne
  • Intelligence et instinct
  • Les idées et l’évolution matérielle
  • La puissance de l’Entente : le nombre
  • La puissance de l’Entente : les idées
  • La puissance de l’Entente : le matériel
  • « Intelligence avec l’ennemi»

CHAPITRE III

  • LA RELATIVITÉ DES IDÉES ou l’histoire d’une défaite et d’un traité de paix
  • Le « coup de poignard dans le dos »
  • Le « jour de deuil de l’armée allemande »
  • Les pertes
  • La France merveilleuse
  • L’effondrement de la volonté de lutte des Allemands
  • La propagande de l’Entente
  • Wilson
  • Lénine
  • Pourquoi les Allemands ne répondent-ils pas ?
  • Ce que les Allemands auraient pu faire
  • Ce que les Allemands n’ont pas fait
  • Ce que les Allemands ont fait
  • Où se cachent les amis de l’empire ?
  • Versailles
  • La guerre manifestation de la pensée

CHAPITRE IV

LA MÉTAMORPHOSE DES IDÉES ou de Rousseau et Marx à Mussolini et Hitler

  • Questions
  • L’explication par le christianisme et par l’industrie moderne
  • L’explication par l’Antiquité
  • L’explication par la psychologie et la morale
  • Objections
  • La source des idées socialistes
  • Les idées et l’apparition tardive du socialisme
  • Les idées et les faits dans le socialisme
  • Le libéralisme dans le socialisme
  • Une première métamorphose : le libéralisme se fait antilibéral
  • La deuxième métamorphose : le marxisme
  • Dramatis personae
  • Marx et la guerre mondial
  • La troisième métamorphose : le communisme bolcheviste
  • La quatrième métamorphose : le socialisme opportuniste
  • La  réaction antisocialiste
  • La bourgeoisie révolutionnaire et le marxisme passif
  • Les classes moyennes déchues
  • La cinquième et la sixième métamorphose : le fascisme italien et le national-socialisme allemand
  • La septième métamorphose : le « planisme » socialiste
  • Le raisonnement continu

CHAPITRE V

  • LA FORGE RÉVOLUTIONNAIRE DES IDÉES ou la «technique du coup d’État»
  • Qu’est-ce qu’une révolution ?
  • La révolution française
  • La révolution par un seul homme
  • Lénine et Trotzky
  • Mussolini
  • La chute d’un dictateur
  • Hitler
  • Le Chef, la masse et les idées
  • La force suggestive des faits et la psychologie des foules

CHAPITRE VI

LA DÉTRESSE DES IDÉES ou la philosophie d’une crise économique.

  • L’idée et l’intérêt matériel
  • La crise économique
  • L’idée et l’ordre économique
  • Le recours à la force
  • Le recours à la raison

CHAPITRE VII

LE SALUT PAR LES IDEES OU la philosophie comme thérapeutique sociale.

  • Le sens de l’histoire
  • L’idée et l’esprit
  • L’idée et le « fait »
  • Le cœur et le cerveau
  • Vérité et moralité
  • L’idée, la joie et la douleur
  • A pathologie intellectuelle, thérapeutique intellectuelle
  • La révolution philosophique nécessaire

EXTRAIT

INTRODUCTION [1]


[1] Le présent livre est la version française du volume édité en langue flamande à Bruges (Belgique), aux Éditions Cultura, en mai 1935, sous le titre « Heerschappij en Nood der Ideeên of twintig jaar Europeesche Geschiedenis », c’est-à-dire : Domination et détresse des idées, ou vingt années d’histoire européenne. / La version française s’écarte en beaucoup d’endroits de la version flamande. Certains passages ont été précisés et complétés, d’autres ont été abrégés. Enfin, en divers chapitres, la disposition des matières et la succession des paragraphes a été remaniées. / Les modifications apportées à la version primitive ont eu pour but de mieux dégager les éléments essentiels de l’argumentation.


Origine et plan de l’ouvrage.

Les conclusions auxquelles aboutissent les pages qui vont suivre, sont le résultat d’une confrontation de faits de l’histoire contemporaine avec certaines conceptions théoriques.

Les données concernant les faits, je les ai puisées dans l’examen d’un certain nombre de témoignages écrits, ainsi que dans les souvenirs que le contact immédiat avec les événements eux-mêmes m’a laissés.

Quant aux conceptions théoriques qui ont orienté mes efforts, ce sont celles qui, repoussant l’interprétation matérialiste de l’histoire, attribuent à l’esprit et à ses idées un rôle prépondérant dans la conduite des affaires humaines et visent à établir sur des bases solides une conception spiritualiste de la philosophie de l’histoire et de la sociologie.

Suivant cet ordre de recherches, je me suis appliqué à marquer le rôle de l’esprit et de ses idées dans le développement des faits.

Je me suis cependant efforcé bien davantage à étudier l’instabilité et la variabilité de la force de rayonnement et du pouvoir de groupement des idées.

Il me parut, en effet :

Que s’il est possible d’aller fort loin dans l’explication de l’évolution des sociétés par les idées, même dans les domaines où semblent prévaloir les besoins matériels, il faut néanmoins tenir compte du fait patent que les idées n’exercent pas toujours leur action dès qu’elles existent et parce qu’elles existent ;

Que, en d’autres termes, la valeur sociale des idées est variable, instable, relative ;

Que, si l’on veut faire un pas de plus dans l’explication de l’évolution sociale par les idées et éviter les écueils auxquels se heurtent généralement ceux qui entendent recourir à la raison pour comprendre l’histoire, il faut renoncer à prendre comme point de départ « l’idée » sans plus, conçue selon Platon, comme une essence indépendante de la réalité concrète, toujours identique à elle-même et conservant toujours la même valeur absolue ;

Qu’il faut, au contraire, en se plaçant à un point de vue analogue à celui des « nominalistes » du Moyen âge, considérer les idées comme existant non pas ante, rem, mais in re et post rem, c’est-à-dire comme le résultat d’une activité librement déployée par l’esprit au sein de la réalité et à propos de la réalité, ou encore, comme une construction de l’esprit aussi instable et mouvante que la réalité à laquelle elle reste intimement liée ;

Que toute tentative pour expliquer, en tout ou en partie, l’évolution des sociétés par les idées, doit avoir pour point de départ : la valeur sociale relative des idées.

L’étude de la valeur sociale relative des idées, je l’ai poursuivie dans le cadre des trois questions suivantes :

1) Le sort des peuples européens a-t-il été déterminé par des facteurs d’ordre matériel, par des instincts aveugles ou par des idées ?

2) Quelles sont les idées qui ont dominé l’histoire contemporaine de l’Europe ?

3) Pourquoi et comment certaines idées ont-elles acquis une force d’attraction qu’elles ont perdue ensuite ?

Pour étudier de plus près la relativité des idées sur le plan social, il m’eût été difficile de trouver un meilleur terrain d’expériences que l’histoire européenne depuis 1914. La guerre mondiale, les années de paix, la crise économique et sociale actuelle, ont ruiné, à un rythme précipité, à peu près autant d’idées qu’elles en virent naître, c’est-à-dire beaucoup. Je n’avais que l’embarras du choix. L’étude de la naissance, de la vie, de l’action et de la décadence des idées, ne me donnait pas seulement la possibilité de chercher une solution à des problèmes qui me préoccupaient depuis longtemps. Elle allait aussi me permettre de renforcer l’argumentation que, dans un livre antérieur, j’avais opposée à l’interprétation matérialiste de l’histoire. Enfin, elle me fournissait l’occasion de tenter un effort pour situer l’idée non seulement à l’égard de la matière, mais aussi à l’égard de l’instinct.

Les idées.

Dans le flux et le reflux infinis de l’histoire humaine, il est un facteur plus important que les autres. C’est par lui que l’histoire des hommes se distingue de celle de la nature. Ce facteur, c’est l’esprit humain, avec sa conscience, avec sa faculté de discerner, de comparer, de raisonner, de juger, de penser, avec ses idées.

Par idées, nous entendrons ici :

tantôt les représentations, images psychiques des formes particulières et concrètes de la réalité ;

tantôt les concepts, représentations des attributs essentiels fie la réalité, obtenues par généralisation et abstraction ;

tantôt les jugements qui, en unissant ou en séparant les représentations et les concepts, cherchent à saisir à formuler ce qui est, le réel ;

tantôt les systèmes qui groupent les représentations, les concepts et les jugements en un ensemble coordonné, en partant de jugements qui leur servent de base, les principes ;

soit, d’une manière générale, l’ensemble des notions que l’esprit recueille et coordonne au cours de son exploration du réel et qui relèvent du domaine propre de l’intellect.

La hiérarchie des idées.

Nos idées concernent tantôt le Vrai, tantôt le Bien — qui comprend l’Utile —, tantôt le Beau.

Le Vrai, le Bien et le Beau ont une valeur inégale à l’égard de la société organisée.

La société n’est pas gouvernée au nom de la Beauté. Elle est gouvernée au nom du Bien et plus particulièrement de l’Utile.

Mais le contenu du Bien — et par conséquent de l’Utile — n’est-il pas largement déterminé par les idées sur le Vrai ? Le Vrai n’implique-t-il pas le Bien comme les prémisses d’un syllogisme impliquent sa conclusion ? Ens, verum et bonum convertuntur. Ce principe essentiel de la scolastique est profondément et éternellement exact.

Pour comprendre que, dans une même société, l’un s’efforce de réaliser la perfection morale, tandis que l’autre ne s’intéresse qu’à la perfection physique, il faut interroger les idées que l’un et l’autre ont sur le Vrai.

Un jugement de vérité qui affirme ou nie l’immortalité de l’âme, implique nécessairement, dans l’un et l’autre cas, une série de jugements de valeur : ils portent sur l’ensemble des éléments qui composent et notre vie psychique et notre vie physique ; ils fixent des degrés dans 1 appréciation des divers déments ; ils établissent entre ceux-ci une hiérarchie qui sera totalement différente selon que le jugement sur le vrai aura abouti à une affirmation ou à une négation.

L’action des jugements de vérité s’étend jusqu’au domaine des satisfactions et des souffrances purement matérielles: nous cédons plus ou moins facilement, tant aux unes qu’aux autres, selon que les jugements de vérité et les jugements de valeur que ces derniers impliquent, nous le conseillent ou nous le déconseillent.

Le Vrai est le juge des valeurs, tant matérielles que spirituelles.

Il commande aussi la volonté, l’effort, voire la violence. En effet : lorsqu’il reconnaît et recommande une valeur spirituelle ou matérielle, il entend la défendre et la faire respecter. Si cette valeur est menacée, l’action se substitue à la contemplation et l’idée- lumière devient idée-force, rendant possible non seulement la volonté et l’effort de transformation mais aussi la violence.

Étant le juge et le protecteur des valeurs spirituelles et matérielles, la Vrai joue un rôle non seulement primordial mais décisif dans la conduite de la cité.

La valeur variable des idées.

Le problème du vrai a toujours été au centre des préoccupations des philosophes. Ils se sont efforcés d’établir les signes auxquels on peut reconnaître le vrai et le faux. Ils ont tenté de déterminer les méthodes permettant d’arriver à la connaissance du vrai. Ils ont consacré à cette étude une branche distincte de la philosophie : la logique.

Dès le premier contact avec la société politique, il semble que celle-ci soit à peu près l’antithèse des enseignements de la logique. Tout ce que les philosophes ont cru établir, pour tous les esprits et pour tous les temps, y paraît d’emblée incertain et instable. Même la terminologie de la logique ne trouve guère d’emploi et le vrai y reçoit d’autres appellations. La valeur et l’attrait des idées y sont exposés à autant de fluctuations que les valeurs boursières en temps de crise.

Nous connaissons tous des idées qui, qualifiées « raisonnables », au début, furent considérées ensuite comme « absurdes » ; d’autres qui, proclamées d’abord « absurdes », furent plus tard déclarées « raisonnables »; d’autres encore qui sont « absurdes » en deçà et « raisonnables » au-delà.

L’histoire contemporaine surtout nous a donné des exemples frappants de la valeur relative des idées dans le domaine de la politique. En quatre-vingts ans la France a remplacé deux fois une république par un empire, une fois un empire par un royaume, une fois un empire par une république. En quinze ans l’Allemagne a remplacé un empire autocratique par une république démocratique et la république démocratique par le régime autoritaire du national-socialisme.

Idées « raisonnables » et idées « absurdes ».

Sont-ce des caprices qui poussent notre esprit à que certaines idées sont raisonnables et dignes de confiance, d’autres insensées et dangereuses ? Sont-ce ces caprices qui nous poussent à considérer comme nécessaire ce qui naguère avait été jugé inopportun, à condamner comme erroné et absurde ce qui naguère avait été déclaré parfait ?

Non pas. L’examen des faits auquel nous voulons livrer plus loin peut révéler en quoi consiste la différence qui sépare l’idée jugée raisonnable de l’idée jugée absurde. Il peut mettre en lumière qu’en distinguant le raisonnable de l’absurde, l’esprit de l’homo politicus suit non pas un caprice, mais des règles aussi peu nombreuses que fixes.

Qu’est-ce que l’idée jugée raisonnable ? C’est l’idée à laquelle on croit pouvoir se fier, qui est digne de confiance, qui n’oublie rien de tout ce dont elle prétend tenir compte, qui prévoit toutes ses conséquences et n’en omet aucune ; c’est l’idée que l’on ne peut accuser de dire que la réalité est blanche alors que celle-ci est noire ; c’est l’idée qui n’aboutit pas à la défaite alors qu’elle a annoncé la victoire ; c’est l’idée que l’on affirme utilisable, saine, intelligente, logique, et qui s’accompagne du sentiment de la certitude.

Qu’est-ce que l’idée jugée absurde ? Exactement le contraire de tout ce qui précède. C’est l’idée qui se présente comme l’image fidèle de la réalité, alors qu’elle est, en tout ou en partie, basée sur une fiction ; c’est l’idée qui est imparfaitement et inexactement renseignée, qui proclame ce qui n’est pas et promet ce qu’elle ne tient pas ; c’est l’idée à laquelle on applique une série de qualifications qui vont de l’erreur au mensonge et à la duperie, en passant par le mécompte et l’illusion.

Le critère.

En examinant de plus près on peut constater que la différence entre le raisonnable et l’absurde est identique à celle qui existe entre le vrai et le faux, à tel point que l’idée jugée raisonnable et l’idée jugée absurde peuvent tout aussi bien être appelées l’idée jugée vraie et l’idée jugée fausse.

Ce qui nous permet de distinguer l’affirmation vraie de l’affirmation fausse, c’est la concordance, c’est-à- dire l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité. [2]

C’est également par la concordance, c’est-à-dire par l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité, que l’on distingue l’affirmation raisonnable de l’affirmation absurde.

L’assimilation de l’affirmation raisonnable à l’affirmation vraie ne se commande pas seulement en raison de l’identité du critère, mais encore et surtout en raison de son contenu : dans l’une comme dans l’autre affirmation, ce contenu concerne le vrais.

En effet :

Lorsqu’une idée politique entre dans la conscience individuelle ou collective, elle y rencontre d’autres idées. Elle y rencontre notamment des idées sur le vrai, base de toutes les autres idées. Elle y rencontre aussi un table des valeurs que les idées sur le vrai impliquent. Enfin, elle y rencontre les données que l’esprit a recueillies sur le monde extérieur – les « faits » – et qui sont généralement incorporées dans ses idées sur le vrai.

L’idée que l’on juge raisonnable c’est celle qui, en parvenant à la conscience, s’accorde manifestement :

avec des idées considérées préalablement comme vraies;

avec les valeur que celles-ci impliquent;

avec les faits;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relève du domaine du vrai.

L’idée jugée absurde est, au contraire, celle qui, en parvenant à la conscience, est manifestement en contradiction :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits ;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du domaine du vrai.

Nous voilà revenus à la logique que nous croyions abandonner en entrant dans le domaine de la vie politique et sociale : le « raisonnable » et l’« absurde » sont respectivement des formes du vrai et du faux. L’un et l’autre se rapportent au vrai par leur contenu. Et ce sont les vieux critères du vrai, l’évidence et la contradiction, qui permettent de les départager.

Pourquoi la valeur sociale des idées est-elle relative ?

Si l’on admet ce qui précède on peut faire un pas de plus et trouver, dans le cadre de ces principes, une explication à la relativité de la valeur des idées sur le plan social :

Si l’idée que l’on a proclamée raisonnable, perd cette qualité, à certain moment, c’est qu’elle est manifestement en contradiction :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits.

Quant à l’idée que l’on a déclarée absurde, si elle échappe, à certain moment, au verdict qui la condamne, c’est qu’elle s’accorde manifestement :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits.

Si le raisonnable peut devenir absurde, et si l’absurde peut devenir raisonnable, ils le doivent à la confrontation d’un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du domaine du vrai.

Le vrai est le pivot de la valeur sociale des idées et de leur relativité, comme il est celui de la distinction entre le raisonnable et l’absurde.

L’attitude des sociétés à l’égard des idées politiques et sociales n’est qu’un cas particulier de l’attitude éternelle de l’esprit humain à l’égard des idées fondamentales concernant le vrai et le faux.

Si la forme et le contenu du vrai restaient toujours identiques, les idées politiques et sociales ne se modifieraient guère. L’évolution des uns entraîne l’évolution des autres. Les idées politiques et sociales se transforment dès que les idées sur le vrai évoluent :

la démocratie parlementaire ne put se substituer à la monarchie absolue qu’au moment où les conceptions sur le rôle et la signification de l’individu dans l’État s’étaient transformées sous l’influence des idées jugées vraies par la Réforme et la philosophie moderne;

le socialisme n’aurait pu se développer si Rousseau et Marx n’avaient établi, le premier en ce qui concerne les droits de l’individu, le second en ce qui concerne l’évolution économique, des idées que des milliers d’esprits purent juger vraies ;

la démocratie n’aurait pu être vaincue dans un grand nombre de pays, si, à certain moment, dans sa réalisation intégrale, elle n’avait paru être en contradiction avec des idées préalablement jugées vraies, avec les valeurs que ces idées impliquent, ainsi qu’avec les faits, c’est-à-dire avec les éléments auxquels nous avons fait allusion plus haut et qui relèvent du vrai.

Pourquoi recherchons-nous le vrai ?

Il faut aller plus loin et poser cette question : Pourquoi recherchons-nous le vrai ? Pourquoi fuyons-nous la contradiction, marque distinctive du faux ?

La question s’impose. N’arrive-t-il pas que le vrai se trouve — tout au moins en apparence — renié au nom « d’intérêts » ou d’une « nécessité » quelconque? N’arrive-t-il pas aussi et plus souvent encore, que des groupes importants de la collectivité restent attachés à certaines idées malgré les évidentes contradictions qu’elles révèlent et que leurs défenseurs semblent s’obstiner à ne pas voir ?

Pour trouver une explication satisfaisante à notre attitude à l’égard du vrai et de la contradiction, il nous faut descendre au tréfonds de notre vie psychique, là où vivent et agissent les tendances élémentaires de l’être psychique, tellement élémentaires et fondamentales qu’elles se confondent avec lui. Nous y trouvons notamment celle qui semble résumer toutes les autres : la volonté d’être et ses formes les plus courantes, le « désir de durer » ou de se conserver et le « désir de s’affirmer » ou d’agir.

La volonté d’être implique des besoins qui sont le corollaire nécessaire de son existence. Elle naît et se développe en effet dans un monde mouvant, où les hivers succèdent aux étés, où l’ombre de la nuit succède à la lumière du jour, où la maladie succède à la santé, la faiblesse à la force, la mort à la vie. Dans ce perpétuel devenir qui apparaît souvent comme la négation de la volonté d’être, l’esprit cherche ce qui demeure, ce qui est, au-delà du devenir fuyant et incertain. L’être a besoin de l’être. Il le cherche en lui. Il le cherche autour de lui. Et cette recherche se manifeste dans le besoin d’un appui, forme élémentaire du besoin d’ordre.

La possession d’un appui écarte l’image du vide, du néant, du non-être. Elle fournit la clef de voûte d’un ordre, lequel est indispensable à la durée, à l’affirmation et à la réalisation de l’être, en nous et autour de nous.

C’est l’effort vers la possession d’un appui qui explique notre attitude à l’égard du vrai.

Le besoin d’un appui nous fait tendre vers la lumière dans la nuit ; il nous fait désirer des limites à l’infinité du ciel, il nous pousse à déterminer le repère qui nous permettra de nous orienter ; il nous fait rechercher l’axe autour duquel nous pourrons grouper toutes les données recueillies par nos sens au sujet de la réalité ; il nous incite enfin à découvrir l’immuable à travers la variété infinie et éternellement mouvante des phénomènes.

Un appui, un axe, un repère, la réalité immuable, c’est ce qui nous permet de situer les êtres et les choses dans l’univers ; c’est la commune mesure qui nous donne le moyen de comparer, d’évaluer, de juger tout ce qui nous entoure, tout ce que nous pensons, tout ce que nous faisons ; c’est la base d’un ordre qui assure la plénitude de l’être et éloigne le néant.

Le besoin d’un appui s’exprime chez l’enfant qui tend ses bras vers ses parents ; chez le philosophe qui cherche à saisir la loi des phénomènes ; dans la prière du croyant.

Le besoin d’un appui explique la recherche d’une vérité et d’une certitude. Il explique aussi l’aversion à l’égard de la contradiction et du doute.

Pourquoi recherchons-nous le vrai ? Parce que le vrai nous assure l’indispensable appui. Pourquoi fuyons-nous la contradiction, caractéristique du faux ? Précisément parce qu’elle laisse planer un doute sur la réalité de l’appui. Parce qu’elle présente un masque incertain ou trompeur, là où nous espérions trouver un sol ferme et stable. Lorsque l’on entend formuler à la fois les deux jugements contradictoires : « A est B » et « A n’est pas B », on voit disparaître la certitude sur ce qui est, et, en même temps, l’appui indispensable.

Pourquoi les partisans de systèmes philosophiques ou politiques manifestent-ils si souvent une méfiance ou une hostilité inflexibles à l’égard de «l’esprit critique» ? Parce que celui-ci menace toujours d’ébranler le système dans lequel les adhérents ont trouvé leur appui.

Là aussi où l’on voit défendre des idées qui méconnaissent la vérité commune et révèlent de flagrantes contradictions, on se trouve en présence d’une manifestation du même besoin fondamental. Il arrive notamment que des partis politiques ou des gouvernements proclament « raisonnables » ou « nécessaires », des idées qui violent plus ou moins ouvertement la vérité commune et fourmillent de contradictions. Entendent-ils alors préférer le faux et rejeter le vrai, rechercher le doute et repousser la certitude ? Non pas. Ils croient découvrir dans leur vérité particulière une réalité plus profonde que celle de la vérité commune. Le besoin d’un appui qui semble les inciter à méconnaître le vrai universel, les pousse simplement à servir la vérité qui leur paraît la plus sûre, c’est- à-dire à se tourner vers l’appui apparemment le plus réel.

Les hommes sont toujours les serviteurs d’une vérité, sinon de la vérité. Même lorsqu’ils apparaissent comme des renégats de la vérité. Même lorsqu’ils lui préfèrent l’ « utile ». Même lorsqu’ils lui substituent des « intérêts », ou la « nécessité qui ne connaît pas de lois », ou le « primum vivere », ou la « Raison d’État ». Ainsi le veulent les tendances et les besoins fondamentaux de notre être psychique.

Thèses.

Nous aboutissons finalement aux thèses suivantes que nous avons tenté d’illustrer plus loin, à la lumière des principaux faits de l’histoire contemporaine :

I. L’élément caractéristique, distinguant l’histoire des hommes de celle de la nature qui les entoure, est l’esprit humain, doué d’intelligence, connaissant des idées ; l’étude des sociétés doit avoir pour point de départ, non pas la vie matérielle, ou animale, que mène l’homme au sein de la nature, mais l’esprit humain, doué d’intelligence et connaissant des idées, c’est-à-dire l’intellect.

II. Parmi les idées que connaît l’esprit humain, il en est qui servent de base à toutes les autres et, dès lors, dépassent toutes les autres en importance : ce sont les idées dans et par lesquelles l’esprit cherche à saisir le réel, c’est-à-dire ce qui est, ou encore le vrai ;

l’attrait qu’exerce le vrai, comme l’aversion qu’inspire la contradiction, marque distinctive du faux, sont la conséquence de tendances et de besoins fondamentaux de notre vie psychique : la volonté d’être et le besoin corrélatif d’un appui, forme élémentaire du besoin d’ordre, l’ordre étant indispensable à la durée, à l’affirmation et à la réalisation de l’être ;

le vrai implique un ensemble de valeurs spirituelles ou matérielles, qui partagent son autorité et le suivent dans sa décadence comme dans son rayonnement.

III. L’effort pour la possession des moyens matériels d’existence est la manifestation, sur le plan matériel, de la volonté d’être, tendance fondamentale de notre vie psychique ;

dans chaque phase de son développement, cet effort subit directement le contrôle et l’action de l’intellect et notamment de l’ensemble des idées jugées vraies et des valeurs qu’elles impliquent ; c’est l’intellect qui en détermine les modalités les plus importantes pour la société, modalités qui vont du « renoncement » au « désir de sécurité », du « désir de briller » et de la «soif des richesses » à la « volonté de puissance» ;

le contrôle et l’action de l’intellect s’étend jusqu’au domaine des satisfactions et des souffrances purement physiques, auxquelles nous cédons, avec plus ou moins de facilité, dans la mesure où elles sont reconnues et admises par les idées sur le vrai et les valeurs que celles-ci impliquent.

IV. La force de rayonnement et la valeur des idées politiques et sociales ne sont pas absolues, mais relatives : elles sont conditionnées à la fois par l’effort de l’esprit pour saisir le vrai et réaliser les valeurs que celui-ci implique, ainsi que par les vicissitudes de cet effort et de ses résultats ;

une idée conserve son attrait et son autorité aussi longtemps qu’elle s’accorde manifestement avec d’autres idées, préalablement jugées vraies, avec les valeurs que celles-ci impliquent, ou avec les faits ;

elle perd son attrait et son autorité dès qu’elle est manifestement en contradiction avec d’autres idées, préalablement jugées vraies, avec les valeurs que celles-ci impliquent, ou avec les faits ;

les idées jugées vraies, les valeurs qu’elles impliquent et les faits étant des éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du vrai, celui-ci est le pivot de la valeur sociale des idées et de leur relativité ;

en adoptant comme « raisonnables » ou en condamnant comme « absurdes » des idées ou des régimes politiques, la société prononce, en réalité, un jugement de vérité : le « raisonnable » est une forme du V vrai, comme l’« absurde » est une forme du faux.

V. L’idéal politique ou social est la représentation d’une perfection future, consistant dans la possession de l’idée Vraie et la réalisation complète de toutes les valeurs qu’elle implique ;

réaliser un progrès intellectuel et moral, c’est mieux saisir l’idée vraie et mieux posséder les valeurs que celle-ci implique ; réaliser un progrès matériel, c’est, en substituant un mécanisme jugé supérieur à un mécanisme jugé inférieur, adopter les organes qui répondent le mieux aux valeurs reconnues par l’idée vraie.

VI. L’histoire consciente des sociétés politiquement organisées se compose dès lors essentiellement :

d’une part, d’un effort permanent pour saisir l’idée vraie et réaliser dans la vie collective les valeurs spirituelles et matérielles que cette idée implique, reconnaît et recommande ;

d’autre part, d’un effort simultané en vue d’échapper à l’idée fausse et d’écarter les dangers qu’elle représente pour les valeurs reconnues en vertu de l’idée vraie ;

le double effort est conduit par les groupes les plus conscients de la collectivité, c’est-à-dire par ceux qui discernent ou croient discerner le plus nettement l’idée vraie et les valeurs qu’elle implique ;

la volonté, l’énergie, la passion, le nombre des éléments composant ces groupes, sont la conséquence de leurs idées : c’est par et pour leurs idées qu’ils prendront, à l’égard des circonstances ou à l’égard des défenseurs d’autres idées, soit l’attitude de l’ami, soit celle de l’adversaire, soit celle de l’indifférent.

VII. Le « fait » — par lequel il faut entendre l’ensemble des « facteurs d’ordre matériel » en nous et hors de nous, le « concours des circonstances » heureux ou malheureux qui assiste ou contrarie notre effort, la violence, l’accident, le hasard — n’a pas de signification absolue à l’égard de l’esprit ; celui-ci reste, en effet, toujours vis-à-vis du fait, à la fois un juge et un organisateur ;

l’effort pour atteindre le Vrai ainsi que le Bien qu’il implique, se poursuit indifféremment tantôt à l’occasion du fait tantôt en accord avec le fait, tantôt malgré et contre le fait ;

le rôle que le fait joue à l’égard de la pensée, apparaît principalement lorsque, avec l’autorisation de l’esprit, il contribue à la formation des idées :

le fait peut suggérer, compléter, confirmer ou infirmer des idées ;

il peut arriver que l’esprit ne se borne pas à incorporer le fait dans ses idées sur le vrai, mais l’adopte comme critère unique de la vérité.

VIII. Les phénomènes pathologiques qui peuvent se manifester dans la société, les malaises, les crises, les désordres, ressortissent à l’intellect, comme tous les autres aspects de la vie sociale ;

d’une part, l’intellect peut être lui-même la cause immédiate du désordre, lorsqu’il admet comme vraies, à certain moment, des idées qui sont fausses ;

d’autre part, étant juge et organisateur de la réalité, son intervention en vue du rétablissement de l’ordre, tant économique que politique, peut être décisive ;

en conséquence, la thérapeutique sociale, à opposer à la pathologie sociale, trouve un élément essentiel dans les idées jugées vraies et les valeurs que celles-ci impliquent ; elle est, au premier chef, affaire de l’intellect, et, dans une large mesure, une thérapeutique intellectuelle.

Conclusion pratique.

Je ne me suis pas borné à étudier la vie sociale des idées, à souligner leur rôle dans l’histoire, ainsi qu’à rechercher les raisons de leurs succès ou de leurs échecs.

En appliquant les thèses formulées plus haut à l’histoire contemporaine, en les basant sur le double témoignage de la grandeur et de la détresse de notre époque, j’ai été amené à définir les idées qui ont gouverné et gouvernent encore les peuples et à mentionner certaines de leurs conséquences pour l’histoire européenne.

Du diagnostic à l’indication du remède il n’y avait qu’un pas. Je n’ai pas hésité à le franchir, considérant que l’exploration du passé n’est jamais plus féconde que lorsqu’elle sert à mettre en lumière les besoins du présent et les tâches de l’avenir.

Aux conclusions d’ordre théorique, rejetant d’une part l’interprétation

matérialiste de l’histoire, admettant, d’autre part, le rôle essentiel de l’esprit et plus spécialement de l’intellect dans l’évolution des sociétés, une autre conclusion, d’ordre pratique, vint s’ajouter : le nécessité du retour des peuples à une conception religieuse de l’univers.

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[1] Le présent livre est la version française du volume édité en langue flamande à Bruges (Belgique), aux Éditions Cultura, en mai 1935, sous le titre « Heevschappii en Nood dev Tdeeën, of twintig jaar Euvopeesche geschiedenis », c’est-à-dire : Domination et détresse des idées, ou vingt années d’histoire européenne.

La version française s’écarte en beaucoup d’endroits de la version flamande. Certains passages ont été précisés et complétés, d’autres ont été abrégés. Enfin, en divers chapitres, la disposition des matières et la succession des paragraphes ont été remaniées.

Les modifications apportées à la version primitive ont eu pour but de mieux dégager les éléments essentiels de l’argumentation.

[2] La réalité étant ici, au sens philosophique : les réel, ce qui est, ou encore le vrai, l’être et le vrai se confondant.


Réponse de l’auteur à la critique de son livre

Domination et détresse des idées

(Heerschappij en Nood der Ideeën)

Publié par Cultura, Vlamingstraat, Bruges, 1935.

Après huit mois passés à voir paraître des critiques sur mon livre « ‘Heerschappij en Nood der Ideeën’  » (Domination et détresse des idées – Voir note de bas de page (1), je suis obligé de reconnaître que ceux qui ont écrit sur mon travail n’ont pas toujours bien saisi les intentions de l’auteur.

  • Certains n’ont vu que la conclusion pratique de mon ouvrage : à savoir la nécessité du retour des peuples à une conception religieuse-universaliste de la vie ;
  • d’autres ne se sont attardés que sur l’argument de la suprématie de l’esprit ;
  • peu ont découvert l’essentiel de l’ouvrage, à savoir : un argument contre le matérialisme historique et sociologique, avec une argumentation renouvelée.

C’est donc avec plaisir que je saisis l’occasion qui m’est offerte par la rédaction de « De Vlaamsche Gids » de résumer pour ses lecteurs les points de vue que j’ai tenté d’exprimer plus concrètement dans l’ouvrage susmentionné.

Le point de départ.

Celui qui refuse de voir dans le développement historique et social des peuples un processus qui trouve sa base dans la matière ; celui qui refuse de voir dans l’esprit un produit accidentel et en tout cas subordonné de ce développement historique et social, doit nécessairement se tourner vers les idées, vers les images qui habitent notre esprit conscient.

C’est avec ce schéma de pensée, le schéma de pensée classique de tout anti-matérialiste dans le domaine historique et sociologique, que je me suis appliqué, tant dans mon premier livre, ‘Philosophie der Vlaamsche Beweging’ (Philosophie du mouvement flamand), que dans le second, Heerschappij en Nood der Ideeën (Domination et détresse des idées), soulignant le rôle de l’esprit et de ses idées.

Dans le deuxième livre, cependant, je me suis consacré, dans une mesure encore plus grande, à l’étude de l’instabilité et de la mutabilité du pouvoir d’attraction et de recrutement des idées. Je me suis abstenu de prendre comme point de départ l' »Idée » sans plus, conçue selon Platon, comme une substance qui se tient de façon plus ou moins autonome par rapport à la réalité concrète, reste toujours elle-même égale et conserve toujours la même valeur absolue. J’ai, au contraire, conçu l’idée comme une construction évolutive de l’esprit, comme le résultat d’une activité jamais stagnante, au milieu de la réalité concrète, infiniment diverse et éternellement changeante, à laquelle les idées restent inséparablement liées. J’ai pris comme point de départ de mon travail la relativité de la valeur sociale des idées. Au lieu de placer l’idée comme une reine dominatrice et impérieuse sur un trône en dehors et au-dessus de la réalité, je l’ai abaissée ; au lieu de lui attribuer des attributs éternels et immuables, je lui ai dénié toute valeur durable ; au lieu de la considérer comme une réalité absolue, j’ai vu en elle une construction toujours incertaine, instable et relative de notre esprit.

Cette conception de l’idée m’a permis d’éviter une objection sérieuse, que l’on oppose habituellement avec succès à toute tentative de voir dans l’esprit et ses idées la cause principale du développement historique et qui repose sur le fait indéniable que les idées n’exercent pas leur influence d’elles-mêmes dès qu’elles existent et seulement parce qu’elles existent. Elle m’a immédiatement permis de tenter de mieux étayer la conception non matérialiste de l’histoire et, par conséquent, d’élargir considérablement le rôle de l’esprit et de ses idées dans le développement historique et social des peuples.

Les idées.

J’ai donné au terme idée le sens le plus général. J’ai considéré qu’il s’agissait d’abord des représentations, des images psychiques des formes de la réalité concrète ;

  • Les concepts, les généralisations, sont le résultat de notre capacité d’abstraction ;
  • maintenant des jugements, reliant ou séparant les représentations et les concepts ;
  • enfin, les systèmes, qui combinent les idées, les concepts et les jugements en un tout ordonné, fondé sur des principes ;
  • bref, toutes les données que notre esprit recueille et organise lorsqu’il examine ce qui existe et qui appartiennent au domaine de l’intellect.

Classement des idées.

Nous avons des idées sur le Vrai, sur le Bien – qui inclut l’Utile – sur le Beau.

Elles ont une valeur inégale par rapport à la société organisée. La société n’est pas gouvernée au nom du Beau. Elle est gouvernée au nom du Bien et surtout de l’Utile.

Mais le contenu du Bien – et par conséquent de l’Utile – n’est-il pas largement déterminé par les idées sur le Réel ? Le Vrai n’inclut-il pas le Bien, comme les prémisses d’un syllogisme incluent d’avance sa conclusion ? Ens, verum et bonum convertuntur, enseignait, à juste titre, la philosophie médiévale. Le Vrai et le Bien sont difficilement séparables.

Pour comprendre que, dans une même communauté, l’un cherche à atteindre la perfection spirituelle, tandis que l’autre ne s’intéresse qu’à la perfection physique, il faut examiner les idées que les uns et les autres se font du Vrai.

Un jugement de vérité, qui accepte la matière comme certitude finale, inclut inévitablement une série de jugements de valeur, qui mettent principalement l’accent sur les éléments de l’existence matérielle. Un jugement de vérité qui, au contraire, accepte un monde surnaturel comme certitude finale, comprend, tout aussi inévitablement, une série de jugements de valeur qui donnent à la vie psychique une valeur absolue et décisive, la vie matérielle n’ayant qu’une valeur additionnelle. L’action des jugements de vérité s’étend même au domaine du plaisir et de l’inconfort purement physiques : nous cédons plus volontiers à l’un comme à l’autre, si les jugements de vérité et les jugements de valeur qui leur sont liés les encouragent ou les découragent.

Le Vrai est le juge des valeurs, tant matérielles que spirituelles.

Il commande aussi la volonté, l’effort, voire la violence. En effet, lorsque le Vrai reconnaît et recommande une valeur spirituelle ou matérielle, il veut la défendre et la faire respecter. Si cette valeur est menacée, alors l’action succède à la contemplation, alors l’idée porteuse de lumière devient une idée porteuse de pouvoir, permettant non seulement l’effort mais aussi la violence.

En tant que juge et protecteur des valeurs spirituelles et matérielles, le Vrai joue un rôle non seulement important, mais aussi décisif dans l’orientation de la communauté.

La valeur changeante des idées.

La question du Vrai a toujours été le principal objet d’intérêt des sages. Ils se sont appliqués à déterminer les signes qui permettent de distinguer le vrai du faux. Ils ont essayé de déterminer la méthode qui peut conduire à la connaissance du Vrai. Ils ont consacré à cette étude une discipline distincte de la philosophie : la logique.

À la première rencontre avec la communauté politiquement organisée, il semble qu’elle soit plus ou moins le pendant des principes de la logique. Tout ce que les philosophes pensaient établir pour tous les esprits et tous les temps se révèle immédiatement incertain et instable. Même la terminologie de la logique n’est plus guère utilisée et le Vrai reçoit d’autres noms. La valeur et l’attrait des idées sont exposés à autant de fluctuations que les valeurs boursières en temps de crise.

Nous connaissons tous des idées qui ont d’abord été qualifiées de « sensées », puis de « folles ». Nous connaissons tous des idées qui ont d’abord été Les idées sont dites « insensées » et ensuite « sensées ». Nous connaissons tous des idées qui sont qualifiées de « folles » ici et de « sensées » là.

Des idées « sensées » et des idées « erronées ».

Est-ce l’arbitraire capricieux qui pousse notre esprit à qualifier certaines idées de sensées, raisonnables et fiables, d’autres de folles, stupides et dangereuses, à juger nécessaire ce que l’on appelait autrefois inapproprié, à condamner comme faux et imparfait ce que l’on qualifiait autrefois de parfait ?

Certainement pas ! L’examen des faits que j’ai cités dans mon livre montre la différence entre les idées jugées « sensées » et « imparfaites ». Il met clairement en évidence que l’esprit de l’homo politicus, lorsqu’il fait la distinction entre ce qui est « sensé » ou « raisonnable » et ce qui est « défectueux » ou « faux », n’obéit pas à ses caprices, mais suit au contraire des règles fixes, qui ne sont d’ailleurs pas nombreuses.

Qu’est-ce que l’idée « raisonnable » ? C’est l’idée sur laquelle on peut compter, qui est fiable, qui n’oublie rien de tout ce qu’elle veut prendre en compte, qui prévoit toutes les conséquences d’une action et n’en perd aucune de vue ; c’est l’idée dont on ne peut prétendre appeler la réalité blanche quand elle est noire ; c’est l’idée qui ne conduira pas à la défaite quand elle a promis le triomphe ; c’est l’idée que l’on appelle utile, saine, sagace, logique ; c’est l’idée qui nous donne le sentiment de la sécurité.

Quelle est l’idée jugée « défectueuse » ? Précisément le contraire de tout ce qui précède : c’est l’idée qui se présente comme l’image fidèle de ce qui est, alors qu’elle est construite, en tout ou en partie, sur ce qui n’est pas ; c’est l’idée incomplète et mal informée, qui proclame ce qui n’est pas et promet ce qu’elle ne peut pas tenir ; c’est l’idée à laquelle on donne une série d’appellations allant de l’erreur au mensonge et à la tromperie, en passant par l’erreur de calcul et l’illusion.

Le critère.

En y regardant de plus près, on constate que la différence entre le « sensé » et le « défectueux » est la même que celle qui existe entre le « sensé » et le « défectueux ». Entre le Vrai et le Faux. Et de telle sorte que l’idée sensible et l’idée fausse peuvent tout aussi bien être appelées l’idée vraie et l’idée fausse.

Ce qui permet de distinguer le Vrai du Faux, c’est la correspondance, c’est-à-dire l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité. Voir note (2).

C’est de même par la similitude, c’est-à-dire par l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité Voir note (3), que l’on distingue l’idée sensible de l’idée fausse.

L’équivalence entre l’idée sensible et l’idée vraie n’est pas seulement nécessaire en raison de l’identité du critère, mais aussi et surtout en raison du contenu : dans l’une comme dans l’autre, ce contenu se rapporte entièrement au Vrai.

En effet, lorsqu’une idée politique pénètre la conscience individuelle ou collective, elle y trouve d’autres idées. En effet, elle y trouve des idées sur le Réel, qui sont à la base de toutes les autres. Elle y trouve aussi une échelle de valeurs appartenant aux idées de Vérité. Enfin, elle y trouve des données que l’esprit a identifiées sur le monde extérieur – sur les « faits » – et qui sont généralement incluses dans ses idées sur le Réel.

L’idée que l’homo politicus considère comme sage, c’est l’idée qui, à son entrée dans la conscience, est visiblement d’accord :

  • Avec des idées vraies préexistantes ;
  • Avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits ;
  • donc avec une série d’éléments qui, directement ou indirectement, appartiennent au domaine du Vrai.

L’idée erronée est, au contraire, cette idée qui, à son entrée dans la conscience, contredit visiblement :

  • Avec des idées vraies préexistantes ;
  • Avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits ;
  • donc avec une série d’éléments qui, directement ou indirectement, appartiennent au domaine du Vrai.
  • L’idée erronée est, au contraire, cette idée qui, à son entrée dans la conscience, contredit visiblement :
  • avec les idées vraies préexistantes ;
  • avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits ;

Immédiatement, nous sommes revenus à la logique que nous pensions avoir abandonnée en entrant dans la vie politique et sociale : le « sensible » et le « vicié » sont des formes du Vrai et du Faux, respectivement. L’un et l’autre se rapportent au Vrai par leur contenu. Et c’est par les vieux critères de l’évidence et de la contradiction que l’on peut distinguer l’un de l’autre.

Pourquoi la valeur sociale des idées est-elle relative ?

Après avoir accepté ce qui précède, on peut faire un pas de plus et, dans le cadre de ces principes, trouver une explication à la relativité de la valeur sociale des idées.

Si l’idée que l’homo politicus appelle sensée perd cette qualité à un moment donné, c’est parce qu’elle entre visiblement en conflit avec des idées préexistantes jugées vraies :

  • Avec les valeurs qui appartiennent à ces idées ;
  • avec les faits.

Or, si l’idée que l’homo politicus qualifie de défectueuse échappe à un moment donné au jugement qui la condamne, c’est parce qu’elle correspond visiblement à des idées vraies préexistantes ; à des faits.

  • avec les idées vraies préexistantes ;
  • avec les valeurs appartenant à ces idées ;
  • avec les faits.

Si le sensible peut devenir vicié et le vicié sensible, c’est en raison de la confrontation d’une série d’éléments qui appartiennent, directement ou indirectement, au domaine du Réel.

Le Réel est le pivot de la valeur sociale des idées et de sa relativité, comme il est le pivot de la distinction entre le « sensible » et le « défectueux ».

L’attitude que la société adopte à l’égard des idées politiques et sociales n’est qu’un cas particulier de l’attitude éternelle que l’esprit humain adopte à l’égard des idées fondamentales sur le Vrai et le Faux.

Si la forme et le contenu du Réel restaient toujours les mêmes, les idées politiques et sociales ne subiraient jamais de changement. L’évolution des unes provoque l’évolution des autres. Les idées politiques et sociales changent dès que les idées sur le Réel ont changé.

En effet, la démocratie parlementaire n’a pu supplanter la monarchie que lorsque les idées sur le rôle et la signification de l’individu dans l’Etat ont changé sous l’influence des idées jugées vraies par la Réforme et la philosophie moderne. La démocratie parlementaire, quant à elle, n’aurait pas été vaincue dans un grand nombre de pays si, à un certain moment après la guerre mondiale, elle n’avait pas pris l’allure d’un régime contraire aux idées jugées vraies à l’avance, aux valeurs appartenant à ces idées et aux faits, c’est-à-dire aux éléments susmentionnés dérivés du Vrai.

Dans mon livre, j’ai moins utilisé les termes vrai et faux que les termes sensé et défectueux. J’ai pensé que l’utilisation de ces termes populaires de la vie politique quotidienne réduirait la distance entre les situations politiques concrètes et les concepts abstraits de la logique et que cela faciliterait ma tâche.

Pourquoi cherchons-nous le vrai ?

Après avoir cherché une explication à l’attraction changeante des idées dans l’attitude éternelle de notre esprit envers le Vrai, en partant du principe que les valeurs appartiennent toujours au Vrai, une autre question peut être posée : Pourquoi cherchons-nous le Vrai ?

J’ai cherché l’explication de notre attitude envers le Réel dans un besoin fondamental de notre être psychique : le besoin d’une assise, forme élémentaire du besoin d’ordre, un ordre qui est également nécessaire à l’existence, à l’expression et à la pleine réalisation de l’être.

Pourquoi cherchons-nous le Vrai ? Parce que le Vrai fournit l’assise indispensable. Pourquoi fuir la contradiction, caractéristique du faux ? Parce qu’elle laisse planer le doute sur la réalité de l’accrochage, parce qu’il offre une apparence incertaine ou trompeuse, là où nous espérions trouver un terrain solide.

Or, il se trouve que les gouvernements et les partis font précisément ce qui est contraire au Vrai généralement supposé. Préfèrent-ils vraiment le faux au vrai, recherchent-ils le doute et rejettent-ils la certitude ? Non. Même dans ce cas, ils préfèrent le Vrai, recherchent la certitude et rejettent le doute. Dans les idées qui les guident et qui semblent s’opposer au Réel, ils trouvent une réalité plus profonde et une emprise plus certaine que dans la vérité généralement admise. Ils servent cette vérité qui leur paraît la plus sûre et la plus réelle. Ils s’accrochent à la prise qu’ils considèrent comme la plus solide. Ils observent encore le Vrai, même lorsqu’ils en violent la lettre.

Thèses

Ainsi, finalement, je suis arrivé à la série de thèses suivantes, qui constituent la formulation systématique de mon point de vue et que j’ai essayé de clarifier dans mon livre, en utilisant les faits concrets de l’histoire contemporaine :

I – L’élément caractéristique qui distingue l’histoire de l’humanité de celle de la nature est l’esprit humain ; il est doué d’intelligence et connaît les idées ; l’étude de la société doit trouver son point de départ, non pas dans la vie matérielle, ou animale, que l’homme mène dans le sein de la nature, mais dans l’esprit humain, qui est doué d’intelligence et connaît les idées, c’est-à-dire dans l’intellect.

II – Parmi les idées connues de l’esprit humain, il y en a certaines qui servent de base à toutes les autres et qui sont donc plus importantes que toutes les autres : ce sont les idées dans et par lesquelles l’esprit essaie de saisir ce qui existe réellement, ce qui est, ou le Réel ;

l’inclinaison vers le Vrai, ainsi que l’aversion pour la contradiction, caractéristique du non-vrai, sont la conséquence d’un besoin fondamental de notre esprit : le besoin d’une prise, forme élémentaire du besoin d’ordre, d’un ordre qui est la condition préalable à l’existence, à l’expression et à la réalisation de l’être ;

le Vrai inclut un ensemble de valeurs spirituelles ou matérielles, qui participent à son autorité et le suivent dans sa déchéance comme dans sa splendeur.

III. – La lutte pour les moyens matériels d’existence est directement supervisée et influencée par l’intellect et, en particulier, par l’ensemble des idées réputées vraies et des valeurs qui leur appartiennent ; c’est l’intellect qui détermine les modalités les plus importantes de cette lutte pour la communauté, allant du « renoncement aux biens terrestres » au « désir de sécurité » et du « désir de dépassement » à la « volonté de puissance » ;

l’action de l’intellect s’étend au domaine de l’agréable ou du désagréable purement physique, auquel nous cédons plus ou moins facilement, selon qu’il est ou non reconnu et accepté par les idées sur le Réel et les valeurs appartenant au Réel.

IV – L’attrait et la valeur des idées dans la vie politique et sociale ne sont pas absolus, mais relatifs : ils sont déterminés aussi par l’effort de l’esprit pour saisir le Réel et réaliser les valeurs qui lui appartiennent, ainsi que par les vicissitudes de cet effort et de ses résultats ;

l’idée jugée vraie conserve son attrait et son autorité tant qu’elle correspond visiblement à d’autres idées jugées vraies par avance, aux valeurs appartenant à ces idées ou aux faits ;

elle perd son attrait et son autorité dès qu’il devient évident qu’elle est en conflit avec d’autres idées jugées vraies préexistantes, avec les valeurs appartenant à ces idées ou avec les faits ;

puisque les idées jugées vraies, les valeurs qui leur sont propres et les faits sont autant d’éléments qui, directement ou indirectement, s’enracinent dans le Réel, ce dernier est le pivot de la valeur sociale des idées et de leur relativité ;

Lorsque la communauté accepte des idées ou des régimes politiques comme étant « sensés » ou les rejette comme étant « défectueux », elle parle ils portent en réalité un jugement de vérité : le « sensible » est une forme de Vrai, tout comme le « défectueux » est une forme de Faux.

V – L’idéal politique ou social est la représentation d’une perfection future, constituée par la possession de l’Idée vraie et la pleine réalisation de toutes les valeurs qui lui sont propres ;

le progrès spirituel consiste à mieux saisir l’Idée vraie et à mieux réaliser les valeurs qui lui appartiennent ; le progrès matériel consiste à substituer un équipement considéré comme supérieur à un équipement considéré comme inférieur et à introduire ainsi les organes qui correspondent le mieux aux valeurs reconnues par l’Idée vraie.

VI – L’histoire consciente des peuples politiquement organisés consiste donc essentiellement à :

d’une part, en un effort constant pour saisir l’idée vraie et, dans la vie commune, pour réaliser les valeurs spirituelles et matérielles que cette idée englobe, reconnaît et recommande ;

d’autre part, en un effort simultané pour se débarrasser de l’idée fausse et écarter de la vie commune les dangers qu’elle représente pour les valeurs reconnues en vertu de l’idée vraie ;

ce double effort est mené par les groupes les plus conscients de la communauté, c’est-à-dire par ceux qui distinguent ou croient distinguer le plus clairement l’idée vraie et les valeurs qui lui sont attachées ;

le nombre, la volonté, le zèle, la passion des membres de ces groupes sont la conséquence de leurs idées : c’est par et pour leurs idées qu’ils sont amis, ennemis, indifférents aux circonstances ou aux défenseurs d’autres idées.

VII. – Le fait, par lequel il faut entendre les facteurs matériels, les événements naturels, les nombres, les violences, les circonstances inattendues et accidentelles, n’a pas de signification absolue à l’égard de l’esprit ; il reste, en effet, vis-à-vis du fait, toujours un juge et un organisateur ;

la recherche de la réalisation du Vrai et des valeurs.

qui lui appartient se développe sans être perturbé, soit en réponse au fait, soit en accord avec le fait, soit en dépit du fait et contre le fait ;

le rôle joué par le fait à l’égard de la pensée apparaît principalement là où il contribue, avec le consentement de l’esprit, à la formation des idées :

le fait peut inspirer, compléter, confirmer ou infirmer les idées ;

il peut arriver que l’esprit ne se contente pas d’inclure le fait dans ses idées sur le Réel, mais l’accepte comme seul critère de vérité, comme c’est le cas des « positivistes ».

* * *

Or, si l’on voulait caractériser en une phrase l’orientation générale des thèses qui précèdent, on pourrait dire que, d’une part, elles rejettent le matérialisme historique, d’autre part, elles assument l’importance centrale de l’esprit, principalement de l’intellect, dans l’évolution de la communauté, dans le but d’aboutir finalement à une sociologie intellectualiste.

MAX LAMBERTY.


REVUE DE PRESSE

Recension du livre LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES dans la revue québécoise L’ACTION NATIONALE

L'action nationale, 1938-03, Collections de BAnQ.
L’action nationale, 1938-03, Collections de BAnQ.


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Books Abroad 1938: Vol 12 Iss 1 – Internet Archive


AU SUJET DE L’AUTEUR

Max Lamberty

Max Lamberty, mai 1933
Max Lamberty, mai 1933. Source : Koninklijke Bibliotheek, (Bibliothèque nationale des Pays-Bas).


Koninklijke Bibliotheek, national library of the Netherlands
Koninklijke Bibliotheek, national library of the Netherlands

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Lamberty, Max -, né en 1895, a écrit Philosophie du mouvement flamand (Philosophie der Vlaamsche Beweging), 1933. Il s’oppose à la contemplation socialiste d’Hendrik de Man ; voir ici. Selon Lamberty, le Mouvement flamand n’est pas l’œuvre de la masse populaire, mais d’intellectuels ; il n’est pas le résultat de relations sociales, mais d’idées et d’idéaux.

Lamberty, Max -, geb. 1895, schreef Philosophie der Vlaamsche Beweging, 1933. Hij kwam op tegen de socialistische beschouwing van Hendrik de Man; zie daar. Volgens Lamberty is de Vlaamse Beweging niet het werk van de volksmassa, doch van intellectuelen; niet het gevolg van maatschappelijke verhoudingen, doch van ideeën en idealen.

Source : Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren (DBNL) –  Koninklijke Bibliotheek, (Bibliothèque nationale des Pays-Bas).

Max Lamberty

Textes dans d’autres livres/journaux dans DBNL – Textes de Max Lamberty dans des revues et autres livres Notes

Source : Digitale Bibliotheek voor de Nederlandse Letteren (DBNL) -: Koninklijke Bibliotheek, (Bibliothèque nationale des Pays-Bas).


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Max Lamberty (Sint-Gillis, 31 décembre 1893 – Bruxelles, 13 août 1975) était un philosophe culturel flamand et un intellectuel de premier plan du Mouvement flamand.

Biographie

Lamberty était le fils d’un père wallon décédé prématurément, tandis que sa mère, Anna Maria De Raet, était la sœur du célibataire Lodewijk de Raet, qui vint vivre avec elle et s’occupa de l’éducation de ses deux fils. Sous son influence, ils devinrent flamands.

Il termine ses études secondaires à l’Athénée royal de Bruxelles et commence à étudier à l’Université libre de Bruxelles en 1914. Il doit les interrompre en raison de la guerre et commence à travailler pour une compagnie d’assurance allemande en 1915. En 1917-18, il est professeur d’études à Gand et étudiant à l’université Von Bissing. À partir de 1918, par l’intermédiaire de Camille Huysmans, il travaille pour l’Internationale socialiste et pour le Parti ouvrier belge.

En 1925, il devient fonctionnaire à la Chambre des représentants. Il reste également actif au sein du BWP, plus précisément au sein de la revue Ontwikkeling, dans laquelle il publie, sous différents pseudonymes, des articles sur le Mouvement flamand.

Plus tard, il reprend ses études universitaires. À l’université d’État de Gand, il devient licencié (1940) et docteur (1947) en sciences sociales. À partir de 1945, il enseigne la sociologie générale à l’Institut universitaire des territoires d’outre-mer à Anvers.

En 1936-1938, Lamberty est secrétaire particulier du ministre Désiré Bouchery. De 1940 à 1944, il travaille au ministère des Affaires économiques et, à partir de septembre 1944, il reprend ses fonctions à la Chambre.

En 1956, il devient professeur, chef de la section des sciences sociales, à l’École royale militaire. Il est devenu émérite en 1963.

Il est cofondateur de la Fondation de l’école secondaire populaire Lodewijk de Raet et en devient le président général.

Il a collaboré à Rommelpot (1945-1949) après la Seconde Guerre mondiale.

Max Lamberty était marié à Fanny Leys (Borgerhout, 1907 – Uccle, 2001), qui était directrice au Sénat.

Points de vue

Son approche était fortement inspirée par la philosophie idéaliste de Georg Hegel, mais elle a acquis son propre profil culturel et philosophique.

Son ouvrage Philosophie der Vlaamsche Beweging (Philosophie du mouvement flamand) est intéressant. Il y décrit les idées et les sentiments collectivement appelés « flamandité ». Selon lui, l’histoire du mouvement flamand est l’histoire de la naissance, de la croissance et de la victoire de la flamandité.

Une synthèse de sa pensée culturelle et philosophique se trouve dans Vocation de l’Occident.

Bibliographie

Lamberty a publié plus de deux cents livres et articles, dont la moitié est consacrée au Mouvement flamand. Parmi les principaux :

  • Philosophie du mouvement flamand, Bruges, 1933
  • Domination et nécessité des idées, 1935
  • La noblesse de la politique, 1946
  • Le mouvement flamand aujourd’hui, 1948
  • Lodewijk de Raet, fondateur de la politique populaire flamande, 1951
  • Qu’est-ce que la culture occidentale, 1961
  • La vocation de l’Occident, 1968
  • La résurrection flamande, 1971-1973

Il a également contribué, sans le nommer, au magazine satirique flamand d’après-guerre Rommelpot, notamment par des articles sur le premier congrès flamand d’après-guerre. Sa femme Fanny Leys en fait mention dans sa biographie.

Littérature

  • Clem DE RIDDER, Max Lamberty, in: Twintig eeuwen Vlaanderen, 1976
  • Fanny LEYS, Max Lamberty, 1977
  • Clem DE RIDDER & Pieter VAN HEES, Max Lamberty, in: Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, Tielt, 1997.

Traduction du néerlandais au français avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite).


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Lamberty, Max

Olivier Boehme (2023, herwerking), Pieter Van Hees (1998)

Prénom complet : Maximilien M.G.

Naissance : Saint-Gilles, 31 décembre 1893

La mort : Bruxelles, 13 août 1975

Lien de parenté : (est cousin/cousine de) De Raet, Louis

* * *

Max Lamberty (1893-1975) était un philosophe politique et social qui a produit des travaux théoriques sur les fondements du mouvement flamand.

Max Lamberty (1893-1975) was een politiek en sociaal filosoof, die theoretisch werk over de grondslagen van de Vlaamse beweging leverde.

Source : Max Lamberty, s.d. (Collection de la Ville d’Anvers, Letterenhuis, tglhph35231)

Formation, études et début de carrière

Max Lamberty était le neveu de Lodewijk de Raet et fils d’un père wallon décédé prématurément, qui exerçait la profession d’agent commercial. La veuve, Anna Maria de Raet, retourne avec ses deux fils chez sa mère, avec laquelle vit son frère Lodewijk, qui n’est pas marié. Ce dernier s’occupe de l’éducation de ses deux neveux et les fait étudier. Il les incite également à devenir flamands. Lamberty fait ses études primaires à l’école communale de Saint-Gilles et ses études secondaires à l’Athénée royal de Bruxelles (section gréco-latine).

Il commence ses études universitaires à l’Université libre de Bruxelles. Il doit interrompre ces études en 1914 en raison de l’éclatement de la guerre et de la mort soudaine de son oncle. En 1915, il travaille pour une compagnie d’assurance allemande à Bruxelles. En 1917-1918, il travaille à Gand comme maître d’étude et étudie à l’université dite « Von Bissing », qui a été néerlandisée par l’occupant allemand. Grâce à Camille Huysmans il obtient un certificat de fidélité civile après la libération en 1918 et ne subit aucun désavantage du fait de ses études dans une institution considérée comme illégale.

Huysmans s’est également arrangé pour qu’il travaille comme commis à l’Internationale socialiste à Bruxelles (1918), puis (1922) au Parti ouvrier belge (BWP). En 1925, Lamberty devient fonctionnaire à la Chambre des représentants après avoir passé un examen. Parallèlement, il accepte un poste au service de documentation du PTB.

Philosophe du mouvement flamand

En 1929, il devient collaborateur de la revue Ontwikkeling, dirigée par Huysmans. Il y publie, sous divers pseudonymes, une longue série de contributions détaillées sur le mouvement flamand. Cela aboutit à un ouvrage de synthèse, publié à Bruges en 1933 sous le titre : Philosophie der Vlaamsche Beweging en der overige sociale stroomingen in België. Lamberty y souligne le rôle joué par les facteurs socio-psychologiques, en particulier les jugements de valeur, dans le développement de la communauté flamande. En effet, les idées et les valeurs constituent des cadres mentaux qui guident les gens dans leur évaluation et leur appréciation d’une situation. Sur cette base, les conditions linguistiques dans la Flandre d’alors pouvaient être perçues comme injustifiées et susciter un engagement flamand. Par conséquent, d’autres points de vue pourraient provoquer une attitude différente.

Lamberty adhérait ainsi à une forme d’idéalisme philosophique, un mouvement qui s’était épanoui dans l’Allemagne de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, sous l’impulsion notamment de G. W. F. Hegel, F. Schelling et J. G. Fichte. Un représentant influent de ce courant à l’époque de Lamberty était B. Croce, qui s’est fait connaître jusqu’en Italie. Dans l’esprit de cet idéalisme, Lamberty considérait que les idées guidaient le cours de l’histoire plus que les relations matérielles et économiques. Dans les cercles socialistes, où le matérialisme historique était encore très présent, ce son était encore inhabituel à l’époque, bien qu’il ait également trouvé un écho auprès d’une figure de proue du BWP comme Hendrik de Man. Parmi les nationalistes flamands, Hendrik Elias a livré avec son Histoire de la pensée flamande en quatre volumes (1963-1965), a donné une interprétation du mouvement flamand fondée sur le rôle prépondérant des idées.

La bibliographie de Lamberty comptera plus de deux cents titres à la fin de sa vie, dont plus de la moitié sont consacrés au mouvement flamand. Ces écrits traitent de divers aspects et évolutions du mouvement flamand. Les thèses qu’il a développées dans Philosophie der Vlaamsche Beweging en sont toujours restées la base : le mouvement flamand a trouvé son origine et trouve toujours son élan dans des idées et des sentiments, dans des jugements de valeur qui, ensemble, sont appelés « flamandité » et déterminent à la fois son attrait et son pouvoir de recrutement. Les abus étaient les conditions contraires à l’échelle de valeurs acceptée et étaient dénoncés sur la base de l’échelle de valeurs. L’histoire du mouvement flamand est l’histoire de l’émergence, de la croissance et de la victoire en Flandre de cette perspective exploratoire appelée flamandité. En cela, il attribue un rôle particulier à son oncle Lodewijk de Raet, auquel il donne une allure presque messianique et dont il attire l’attention sur l’œuvre par plusieurs publications.

Lamberty a également appliqué sa théorie sur l’influence des idées politiques et sociales sur la vie mentale européenne. Mais il a toujours insisté sur le rôle des facteurs spirituels : si la société peut être sauvée de la ruine, ce n’est pas grâce à des facteurs matériels, mais grâce à un retournement dans le domaine de l’esprit. Même sur des thèmes brûlants comme le fascisme, le totalitarisme et le racisme qu’il aborde dans les années 1930. Cela l’a amené à se heurter à Victor Leemans en 1935 qui, inspiré par la philosophie de la vie et la révolution allemande de droite, rejette l’approche de Lamberty en la qualifiant d’idéalisme exsangue. Il s’agit notamment de la contradiction entre la défense de la démocratie par Lamberty, qui n’exclut pas la critique de la démocratie, et le rejet de celle-ci par Leemans.

Tous deux appartenaient à la Société des sciences économiques, qui publiait la Revue d’économie et de sociologie et visait à promouvoir la pratique de ces disciplines scientifiques en Flandre néerlandophone. L’un de ses autres membres était Gaston Eyskens dans la vision économique de la Flandre duquel Lamberty voyait la continuation de l’œuvre de son oncle. Sa théorie des idées et son anti-matérialisme lui valurent également, en tant que social-démocrate, d’être apprécié dans les milieux catholiques.

De fonctionnaire à professeur

En raison du contenu de ses discours, Lamberty aspire à un titre académique. Malgré ses fonctions de fonctionnaire à la Chambre, il poursuit ses études en sciences sociales, désormais à l’Université d’État de Gand, où il devient successivement licencié (1940) et docteur en sciences sociales (1947). Pendant ces années d’études, en plus de ses autres fonctions, il est secrétaire particulier du ministre Désiré Bouchery de 1936 à 1938.

Son profond désaccord avec Leemans ne l’empêche pas d’être nommé collaborateur de cabinet en 1940, sous l’occupation allemande, à l’initiative de Leemans, nouveau secrétaire général du département des affaires économiques. Ce faisant, Leemans a même défié les protestations du leader du VNV -Hendrik Elias. À partir de 1944, Lamberty reprend son travail à la Chambre.

Lamberty a poursuivi un renouveau de la social-démocratie, inspiré en partie par les idées d’Hendrik de Man et, pendant la guerre, il a contribué à la création du nouveau parti socialiste belge d’après-guerre (PSB) D’APRÈS-GUERRE. En outre, il a cherché à coopérer et à s’inspirer au-delà des frontières idéologiques.

Il a fait valoir qu’après l’épisode de l’activisme pendant la Première Guerre mondiale et celui de la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale en faveur de la réconciliation. Il estime que l’émergence d’une aile nationaliste flamande extrême du mouvement flamand à la suite de la Première Guerre mondiale a été un stimulant favorable pour l’ensemble du mouvement. En 1948, dans The Flemish Movement Now, il préconise l’amnistie des condamnations pour collaboration comme condition préalable à la renaissance du mouvement flamand. Ce ton n’était pas inhabituel, même parmi les Flamands qui n’avaient pas collaboré, mais en plus, Lamberty lui-même avait été en contact avec l’activisme et les cercles collaborationnistes au cours de ses études et de sa carrière professionnelle.

En 1945, Lamberty devient professeur de sociologie générale à l’Institut universitaire des territoires d’outre-mer à Anvers. En 1950, il cofonde la Fondation Lodewijk de Raet et en devient le président général. En 1956, il devient professeur à temps plein à l’École royale militaire, chef de la section des sciences sociales et membre du conseil de l’Académie de cette institution, après quoi il abandonne son poste à la Chambre des représentants. En décembre 1963, ayant atteint l’âge de la retraite, il devient professeur émérite. En 1972, il reçoit la médaille de l’Ordre du Prince qui lui a été décerné.

Travail

— Philosophie der Vlaamsche Beweging en der overige sociale stroomingen in België, 1933.

— Heerschappij en Nood der Ideeën, 1935 (Le rôle social des idées, 1939).

— Over Vlaamsche Volkskracht (keuze uit de geschriften van L. de Raet, met slotwoord van G. Eyskens), 1939.

— Adel der Politiek, 1946.

— De Vlaamse Beweging Nu, 1948.

— Vlaanderen van het einde van de XVIIIe eeuw tot het begin der XXe eeuw. De politieke geschiedenis, in: Geschiedenis van Vlaanderen, vol. 6, 1949, pp. 9-115.

— Vlaanderen van het einde van de XVIIIe eeuw tot het begin der XXe eeuw. De Vlaamse beweging, in: Geschiedenis van Vlaanderen, vol. 6, 1949, pp. 119-267.

— Wat is Cultuur?, 1951.

— Lodewijk de Raet, grondlegger van een Vlaamse volkspolitiek, 1951 (bewerkte edities: Lodewijk de Raet in het perspectief van deze tijd, 1960; Lodewijk de Raet. Een levensbeeld, 1961).

— La Flandre et les Flamands dans la communauté belge, in: Aspects de la société belge, 1958.

— Constructieve bespiegelingen, in: De Vlaamse Gids, 1959, september.

— Wat is Westerse cultuur?, 1961.

— Roeping van het Westen, 1968.

— De Vlaamse Opstanding, 1971- 1973, 2 dln.

— Mede-uitgever van Twintig eeuwen Vlaanderen, 15 delen, Hasselt, 1972-1979.

Littérature

— C. de Ridder, Max Lamberty, in: Twintig Eeuwen Vlaanderen, vol. 14, 1976, p. 327.

— F. Leys, Max Lamberty, 1977.

— F. Judo, Een debat over totalitarisme in de jaren dertig. Victor Leemans’ bijdrage tot de polemiek omtrent Max Lambery’s ideeën, in: Wetenschappelijke Tijdingen, jg. 54, 1995, nr. 4, pp. 185-199.

— N. Wouters, De Führerstaat. Overheid en collaboratie in België (1940-1944), 2006.

— O. Boehme, Greep naar de markt. De sociaal-economische agenda van de Vlaamse Beweging en haar ideologische versplintering tijdens het interbellum, 2008.

— O. Boehme, Revolutie van rechts en intellectuelen in Vlaanderen tijdens het interbellum. Ideeënhistorische bijdragen, 2011 (2de ed.).

— E. Schandevyl, Tussen revolutie en conformisme. Het engagement en de netwerken van linkse intellectuelen in België, 1918-1956, 2011.

SOURCE : Max Lamberty sur l’Encyclopedie van de Vlaamse beweging


MON RAPPORT DE LECTURE

Le rôle social des idées

Esquisse d’une philosophie de l’histoire contemporaine

Max Lamberty (1893 – 1975)

Éditions de la Cité Chrétienne, Bruxelles, 1936

À la lecture de ce livre, il m’apparaît évident que les idées mènent le monde, du moins qu’elles forgent profondément la société. L’auteur démontre clairement que les idées précèdent les faits ou, si vous préférez, que tout part d’abord d’une idée, des idées. Dans ce contexte, l’auteur reconnaît la philosophie comme créatrice d’idées dont la valeur social ne fait pas de doute. L’influence des idées se fait donc sentir sur notre société et son histoire.

Mon intérêt pour ce livre repose en grande partie sur celui que je porte envers les idées de la philosophie pratique depuis les années 1980 et leur influence sur la personne et la société. Le livre LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES expose un exercice pratique de l’étude de l’apport direct des idées minoritaires ou majoritaires adoptées en nos sociétés.

Je me suis cependant efforcé bien davantage à étudier l’instabilité et la variabilité de la force de rayonnement et du pouvoir de groupement des idées.

Il me parut, en effet :

Que s’il est possible d’aller fort loin dans l’explication de l’évolution des sociétés par les idées, même dans les domaines où semblent prévaloir les besoins matériels, il faut néanmoins tenir compte du fait patent que les idées n’exercent pas toujours leur action dès qu’elles existent et parce qu’elles existent ;

Que, en d’autres termes, la valeur sociale des idées est variable, instable, relative ;

Que, si l’on veut faire un pas de plus dans l’explication de l’évolution sociale par les idées et éviter les écueils auxquels se heurtent généralement ceux qui entendent recourir à la raison pour comprendre l’histoire, il faut renoncer à prendre comme point de départ « l’idée » sans plus, conçue selon Platon, comme une essence indépendante de la réalité concrète, toujours identique à elle-même et conservant toujours la même valeur absolue ;

Qu’il faut, au contraire, en se plaçant à un point de vue analogue à celui des « nominalistes » du Moyen âge, considérer les idées comme existant non pas ante, rem, mais in re et post rem, c’est-à-dire comme le résultat d’une activité librement déployée par l’esprit au sein de la réalité et à propos de la réalité, ou encore, comme une construction de l’esprit aussi instable et mouvante que la réalité à laquelle elle reste intimement liée ;

Que toute tentative pour expliquer, en tout ou en partie, l’évolution des sociétés par les idées, doit avoir pour point de départ : la valeur sociale relative des idées.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 8-9.

Ce livre revêt aussi une importance capitale en raison du contexte historique de son écriture et de sa publication en 1936, c’est-à-dire entre les deux guerres mondiales. L’auteur propose et argumente le rôle social des idées en relation avec l’histoire passée et celle de son époque. Il nous offre une belle leçon d’histoire et de son interprétation à partir de l’influence sociale des idées. L’histoire est donc le point d’appui de sa démonstration. Se référant au Moyen-Âge, à la Première Guerre mondiale (1914-1918) et aux nombreuses révolutions en Europe de l’entre-deux-guerres, il relève les idées philosophiques aux postes d’influence et sur leur adhésion ou leur rejet par les populations.

Au sous-titre « La hiérarchie des idées » dans son Introduction, Max Lamberty indique aux lecteurs et lectrices que son analyse du rôle social des idées implique nécessairement la qualité reconnue à chaque idée, qualité qui lui donne son pouvoir, faible ou fort.

La hiérarchie des idées.

Nos idées concernent tantôt le Vrai, tantôt le Bien — qui comprend l’Utile —, tantôt le Beau.

Le Vrai, le Bien et le Beau ont une valeur inégale à l’égard de la société organisée.

La société n’est pas gouvernée au nom de la Beauté. Elle est gouvernée au nom du Bien et plus particulièrement de l’Utile.

Mais le contenu du Bien — et par conséquent de l’Utile — n’est-il pas largement déterminé par les idées sur le Vrai ? Le Vrai n’implique-t-il pas le Bien comme les prémisses d’un syllogisme impliquent sa conclusion ? Ens, verum et bonum convertuntur. Ce principe essentiel de la scolastique est profondément et éternellement exact.

Pour comprendre que, dans une même société, l’un s’efforce de réaliser la perfection morale, tandis que l’autre ne s’intéresse qu’à la perfection physique, il faut interroger les idées que l’un et l’autre ont sur le Vrai.

Un jugement de vérité qui affirme ou nie l’immortalité de l’âme, implique nécessairement, dans l’un et l’autre cas, une série de jugements de valeur : ils portent sur l’ensemble des éléments qui composent et notre vie psychique et notre vie physique ; ils fixent des degrés dans 1 appréciation des divers déments ; ils établissent entre ceux-ci une hiérarchie qui sera totalement différente selon que le jugement sur le vrai aura abouti à une affirmation ou à une négation.

L’action des jugements de vérité s’étend jusqu’au domaine des satisfactions et des souffrances purement matérielles: nous cédons plus ou moins facilement, tant aux unes qu’aux autres, selon que les jugements de vérité et les jugements de valeur que ces derniers impliquent, nous le conseillent ou nous le déconseillent.

Le Vrai est le juge des valeurs, tant matérielles que spirituelles.

Il commande aussi la volonté, l’effort, voire la violence. En effet : lorsqu’il reconnaît et recommande une valeur spirituelle ou matérielle, il entend la défendre et la faire respecter. Si cette valeur est menacée, l’action se substitue à la contemplation et l’idée- lumière devient idée-force, rendant possible non seulement la volonté et l’effort de transformation mais aussi la violence.

Étant le juge et le protecteur des valeurs spirituelles et matérielles, la Vrai joue un rôle non seulement primordial mais décisif dans la conduite de la cité.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 11-12.

Rien n’est fixe avec les idées. Leur valeur est variable. Au fil de l’histoire, le vrai peut devenir faux, le raisonnable devenir absurde, et vice-versa, démontre Max Lamberty :

La valeur variable des idées.

Le problème du vrai a toujours été au centre des préoccupations des philosophes. Ils se sont efforcés d’établir les signes auxquels on peut reconnaître le vrai et le faux. Ils ont tenté de déterminer les méthodes permettant d’arriver à la connaissance du vrai. Ils ont consacré à cette étude une branche distincte de la philosophie : la logique.

Dès le premier contact avec la société politique, il semble que celle-ci soit à peu près l’antithèse des enseignements de la logique. Tout ce que les philosophes ont cru établir, pour tous les esprits et pour tous les temps, y paraît d’emblée incertain et instable. Même la terminologie de la logique ne trouve guère d’emploi et le vrai y reçoit d’autres appellations. La valeur et l’attrait des idées y sont exposés à autant de fluctuations que les valeurs boursières en temps de crise.

Nous connaissons tous des idées qui, qualifiées « raisonnables », au début, furent considérées ensuite comme « absurdes » ; d’autres qui, proclamées d’abord « absurdes », furent plus tard déclarées « raisonnables »; d’autres encore qui sont « absurdes » en deçà et « raisonnables » au-delà.

L’histoire contemporaine surtout nous a donné des exemples frappants de la valeur relative des idées dans le domaine de la politique. En quatre-vingts ans la France a remplacé deux fois une république par un empire, une fois un empire par un royaume, une fois un empire par une république. En quinze ans l’Allemagne a remplacé un empire autocratique par une république démocratique et la république démocratique par le régime autoritaire du national-socialisme.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 13-14.

Max Lamberty propose aussi un critère pour distinguer l’idée du vrai de l’idée du faux, l’idée jugée raisonnable de l’idée jugée absurde, critère auquel il ajoute bien entendu le contenu de l’idée :

Le critère.

En examinant de plus près on peut constater que la différence entre le raisonnable et l’absurde est identique à celle qui existe entre le vrai et le faux, à tel point que l’idée jugée raisonnable et l’idée jugée absurde peuvent tout aussi bien être appelées l’idée jugée vraie et l’idée jugée fausse.

Ce qui nous permet de distinguer l’affirmation vraie de l’affirmation fausse, c’est la concordance, c’est-à- dire l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité. [1]


[1] La réalité étant ici, au sens philosophique : le réel, ce qui est, ou encore le vrai, l’être et le vrai se confondant.


C’est également par la concordance, c’est-à-dire par l’absence de contradiction entre l’idée et la réalité[1]↑, que l’on distingue l’affirmation raisonnable de l’affirmation absurde.

L’assimilation de l’affirmation raisonnable à l’affirmation vraie ne se commande pas seulement en raison de l’identité du critère, mais encore et surtout en raison de son contenu : dans l’une comme dans l’autre affirmation, ce contenu concerne le vrais.

En effet :

Lorsqu’une idée politique entre dans la conscience individuelle ou collective, elle y rencontre d’autres idées. Elle y rencontre notamment des idées sur le vrai, base de toutes les autres idées. Elle y rencontre aussi une table des valeurs que les idées sur le vrai impliquent. Enfin, elle y rencontre les données que l’esprit a recueillies sur le monde extérieur – les « faits » – et qui sont généralement incorporées dans ses idées sur le vrai.

L’idée que l’on juge raisonnable c’est celle qui, en parvenant à la conscience, s’accorde manifestement :

avec des idées considérées préalablement comme vraies;

avec les valeur que celles-ci impliquent;

avec les faits;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relève du domaine du vrai.

L’idée jugée absurde est, au contraire, celle qui, en parvenant à la conscience, est manifestement en contradiction :

avec des idées considérées préalablement comme vraies ;

avec les valeurs que celles-ci impliquent ;

avec les faits ;

donc avec un ensemble d’éléments qui, directement ou indirectement, relèvent du domaine du vrai.

Nous voilà revenus à la logique que nous croyions abandonner en entrant dans le domaine de la vie politique et sociale : le « raisonnable » et l’« absurde » sont respectivement des formes du vrai et du faux. L’un et l’autre se rapportent au vrai par leur contenu. Et ce sont les vieux critères du vrai, l’évidence et la contradiction, qui permettent de les départager.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 15-17.

De la citation ci-dessus, j’accorde à ce paragraphe une grande importance :

« Lorsqu’une idée politique entre dans la conscience individuelle ou collective, elle y rencontre d’autres idées. Elle y rencontre notamment des idées sur le vrai, base de toutes les autres idées. Elle y rencontre aussi une table des valeurs que les idées sur le vrai impliquent. Enfin, elle y rencontre les données que l’esprit a recueillies sur le monde extérieur – les « faits » – et qui sont généralement incorporées dans ses idées sur le vrai. »


À mon humble avis, cela s’applique non seulement aux idées politiques mais à toutes les idées mises en circulation peu importe le domaine. Je l’ai observé lors d’étude des motivations d’achat des consommateurs.

En marketing, nous parlons du « schéma de référence » des consommateurs (c’est la table des valeurs dont parle Max Lamberty). Ce schéma de référence est plus souvent qu’autrement inconscient, Il dicte l’attitude à adopter par le consommateurs face au produit ou au service. Le geste d’achat sera posé si l’attitude du consommateurs est favorable. Si l’idée sur le vrai fait d’une couleur en particulier une donnée de fait (d’expérience) pour juger un produit de bonne qualité, votre produit doit être de cette couleur pour connaître un succès des ventes. Le concept du schéma de référence sera mis au jour en marketing à la même époque de l’entre-deux-guerre par un professeur américain du nom de Louis Cheskin. Il profite de ses heures de loisir pour sculpter de petites figurines, toutes du même modèle et différenciable uniquement par la couleur. Constatant que les figurines d’une couleur données se vendent rapidement au détriment des autres couleurs, il se demandera pourquoi. Ses tests le conduiront à observer un transfert de sensations inconscient effectué de la couleur de la figurine à la figurine elle-même. Louis Cheskin finira par mettre au point une méthode permettant de mesurer le transfert de sensation de la couleur, de la forme, du nom, de l’emballage, de la publicité, du prix, du merchandising… au produit lui-même, et ce, avec une précision mathématique.


Pourquoi recherchons-nous le vrai ?

Il faut aller plus loin et poser cette question : Pourquoi recherchons-nous le vrai ? Pourquoi fuyons-nous la contradiction, marque distinctive du faux ?

La question s’impose. N’arrive-t-il pas que le vrai se trouve — tout au moins en apparence — renié au nom « d’intérêts » ou d’une « nécessité » quelconque ? N’arrive-t-il pas aussi et plus souvent encore, que des groupes importants de la collectivité restent attachés à certaines idées malgré les évidentes contradictions qu’elles révèlent et que leurs défenseurs semblent s’obstiner à ne pas voir ?

Pour trouver une explication satisfaisante à notre attitude à l’égard du vrai et de la contradiction, il nous faut descendre au tréfonds de notre vie psychique, là où vivent et agissent les tendances élémentaires de l’être psychique, tellement élémentaires et fondamentales qu’elles se confondent avec lui. Nous y trouvons notamment celle qui semble résumer toutes les autres : la volonté d’être et ses formes les plus courantes, le « désir de durer » ou de se conserver et le « désir de s’affirmer » ou d’agir.

La volonté d’être implique des besoins qui sont le corollaire nécessaire de son existence. Elle naît et se développe en effet dans un monde mouvant, où les hivers succèdent aux étés, où l’ombre de la nuit succède à la lumière du jour, où la maladie succède à la santé, la faiblesse à la force, la mort à la vie. Dans ce perpétuel devenir qui apparaît souvent comme la négation de la volonté d’être, l’esprit cherche ce qui demeure, ce qui est, au-delà du devenir fuyant et incertain. L’être a besoin de l’être. Il le cherche en lui. Il le cherche autour de lui. Et cette recherche se manifeste dans le besoin d’un appui, forme élémentaire du besoin d’ordre.

La possession d’un appui écarte l’image du vide, du néant, du non-être. Elle fournit la clef de voûte d’un ordre, lequel est indispensable à la durée, à l’affirmation et à la réalisation de l’être, en nous et autour de nous.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Introduction, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 19-20.

Créatrice d’idées, la philosophie fournira cet appui. Max Lamberty affirme dans son livre LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES que « La philosophie a gouverné toute la vie de notre époque dans ses traits les plus typiques et les plus importants » (LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41). Il cite M. Paul Hazard, le savant professeur du Collège de France : « … C’est bien d’une mêlée d’idées dynamiques et vivantes, s’affrontant et se corrigeant l’une par l’autre qu’a dépendu la conduite des affaires des hommes. En définitive, ce sont les philosophies qui dirigent la vie » [voir « Les Nouvelles littéraires » du 26 janvier 1935] .

Les idées philosophiques mènent le monde !

Ce n’est pas par hasard que se développe l’extraordinaire engouement pour la nature et les sciences exactes, ainsi que pour les faits sociaux et économiques. Tout cela s’explique par les idées. Tout cela est en relation directe avec le discrédit qui atteint désormais l’intellect, déclaré incapable de saisir l’essence de l’univers. Tout cela découle de l’aversion qu’inspire le supra-naturel. Inévitablement le découronnement de l’esprit doit favoriser l’étude des faits sociaux et de la nature. Le développement prodigieux des sciences naturelles et des sciences sociales est un fruit de la philosophie moderne telle qu’elle se présente après Kant.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, p. 41

Max Lamberty nous parle de ces idées de la philosophie moderne dont l’influence social saute aux yeux (à son époque comme à la nôtre).

Alors que l’esprit de la Renaissance a conquis l’Europe et que celle-ci est encore en proie aux guerres de religion, la philosophie moder fait son apparition, flanquée à ses deux ailes par le rationalisme et l’empirisme.

Le rationaliste Descartes nous apprend que nous prouvons douter de tout, sauf de notre propre pensée; que notre propre pensée est la dernière certitude; que dans cette pensée nous trouvons les bases ultimes de notre savoir et de notre foi, « toute la science est qui nécessaire à la conduite de la vie ».

L’empiriste Bacon nous enseigne que nous sommes certains de connaître la cause d’un phénomène lorsque nous-mêmes, par notre propre intervention, nous pouvons le provoquer.

(…)

L’individualisme

La philosophie moderne, après Kant, ne nous apporte pas seulement l’individu sans la raison, mais aussi l’individu contre la raison.

Les droits inaliénables que l’Église et la philosophie moderne ont accordées à la personne humaine vis-à-vis de l’État ne suffisent plus à l’individu sans raison. Il veut être tel qu’il a été créé par l’apport des générations successives au cours des siècles. Il veut être « lui-même ». Et il est convaincu qu’il le ne sera intéressant que dans la mesure où il sera « lui-même ».

(…)

Le nationalisme

La nationalisme, c’est l’individualisme de la nation.

De même que l’individu individualiste, la nation nationaliste se prend elle-même comme le point de départ et mesure de toutes choses.

De même que l’individu individualiste, la nation nationaliste réclame le droit de déployer librement et sans entraves toutes ses possibilités telles qu’elle se sont formées par l’apport des siècles, dans des territoires dont la sage nature a elle-même tracé les limites.

De même que l’individu individualiste, la nation nationaliste veut être « elle-même ».

(…)

Le naturalisme

À côté de l’individualisme et du nationalisme se développe le naturalisme, tendance de ceux qui cherchent dans la nature concrète, la sagesse ultime et le meilleur exemple.

Les illustrations les plus pures et les plus importantes du naturalisme doivent être rattachées à l’influence des théories de Darwin.

Les intellectuels qui, avant Darwin, cherchaient leur point d’appui dans la nature, se trouvaient toujours devant un mystère qui pouvait être l’œuvre d’un Créateur.

Darwin confère à la nature une force créatrice propre. Les organismes les plus compliqués et douée d’une grande perfection, sont issus d’organisme élémentaires, plus simples, par le développement autonome de la nature elle-même, sans intervention du dehors. Avec Darwin, dit un commentateur, « le miracle et le mystère sont à jamais jetés au ruisseau. »

(…)

Le matérialisme et l’utilitarisme

La matérialisme et l’utilitarisme sont voisins du naturalisme.

Le vieux matérialisme avant repris vie, déjà avant Kant, dans les milieux des libres-penseurs. Après Kant il se développe avec une force d’expansion inconnue jusqu’alors.

Laissons de côté le matérialisme métaphysique, éthique et logique. Une seule forme du matérialisme importe ici parce qu’il a influencé profondément l’atmosphère de la société contemporaine : le souci extrême de l’existence matérielle.

Il ne faut pas cherche loin les degrés qui y conduisent : l’étude de l’individu, l’étude de la nature, l’étude des peuples et des races, l’étude de l’organisation sociale et des classes sociales, l’étude de la vie économique et des besoins économiques…

(…)

Le scepticisme et le positivisme

Deux parents : le sceptique qui doute à priori devient nécessairement un positiviste qui ne reconnaît que l’évidence du fait.

Le scepticisme ainsi que l’agnosticisme, vérité de ceux qui ne croient pas à la vérité, on plus d’amis que jamais. C’est une marque d’intelligence que d’être sceptique. C’est une mode de railler ceux qui croient à l’existence d’une certitude.

Il y a beaucoup de positivistes. C’est compréhensible : si l’on ne peut croire au déduction d’un esprit déclaré infirme il faut bien que l’on s’abandonne au langage direct du fait concret.

LAMBERTY, Max, Le rôle social des idées, Chapitre premier – La souveraineté des idées ou La généalogie de notre temps, Les Éditions de la Cité Chrétienne (Bruxelles) / P. Lethielleux (Paris), 1936, pp. 32-49


La démonstration du rôle social des idées par Max Lamberty doit impérativement se poursuivre de nos jours en raison des défis qui se posent à nous, maintenant et demain, et ce, dans tous les domaines.

Et puisque les idées philosophiques mènent encore et toujours le monde, nous nous devons d’interroger le rôle social des idées en philosophie pratique. Quelle idée du vrai proposent les nouvelles pratiques philosophiques ? Les praticiens ont-ils conscience du rôle social des idées qu’ils véhiculent dans les consultations et les ateliers philosophiques ?


5-etoiles

J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre « LE RÔLE SOCIAL DES IDÉES » de MAX LAMBERTY paru en 1936 chez Les Éditions de la Cité Chrétienne, Bruxelles, 1936 et dans sa version française chez P. Lethielleux Éditeur, Paris, 1936.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins. / Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.

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Article # 92 – Introduction à la philosophie, Karl Jaspers, Plon, coll. 10-18, 2001

Article # 92

J’AI LU POUR VOUS

Introduction à la philosophie

Karl Jaspers

(1883-1969)

Traduit par Jeanne Hersch

Collection 10-18

Date de parution : 3 décembre 2001

Format : 108 x 177 mm

Façonnage normé : POCHE

ISBN : 978-2-264-03444-1

Nombre de pages : 192

(Date de publication originale : 1936)

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J’accorde 4 étoiles sur cinq au livre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien. Partant de la constatation primordiale de l’existence, le philosophe, échappant au réalisme matérialiste, doit rechercher les conditions du salut de l’homme, c’est-à-dire l’accomplissement de sa liberté. Cet accomplissement, Jaspers le situe en Dieu. Récusant donc la primauté de la science sur la métaphysique et la foi, Jaspers montre comment on peut, depuis Platon, déduire et construire un humanisme philosophique de la liberté.


TABLE DES MATIÈRES

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

II. Origines de la philosophie

III. L’Englobant

IV. L’idée de Dieu

V. L’exigence absolue

VI. L’Homme

VII. Le Monde

VIII. La Foi et les Lumières

IX. L’histoire de l’humanité

X. L’indépendance philosophique

XI. Le sens philosophique de la vie

XII. Histoire de la philosophie

Appendice (5)

I. — Remarques. Sur l’étude de la philosophie.

II. — Remarques. Sur les lectures philosophiques.

III. — Exposés. De l’histoire de la philosophie.

IV. — Textes.

V. — Les grandes œuvres.


EXTRAIT

(Offert en ligne par les Éditions La République des lettres)

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

On n’est d’accord ni sur ce qu’est la philosophie, ni sur ce qu’elle vaut. On attend d’elle des révélations extraordinaires, ou bien, la considérant comme une réflexion sans objet, on la laisse de côté avec indifférence. On vénère en elle l’effort lourd de signification accompli par des hommes exceptionnels, ou bien on la méprise, n’y voyant que l’introspection obstinée et superflue de quelques rêveurs. On estime qu’elle concerne chacun et doit être simple et facile à comprendre, ou bien on la croit si difficile que l’étudier apparaît comme une entreprise désespérée. Et en fait, le domaine compris sous ce nom de « philosophie » est assez vaste pour expliquer des estimations aussi contradictoires.

Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.

A l’opposé des sciences, la pensée philosophique ne paraît pas non plus progresser. Nous en savons plus, certes, qu’Hippocrate, mais nous ne pouvons guère prétendre avoir dépassé Platon. C’est seulement son bagage scientifique qui est inférieur au nôtre. Pour ce qui est chez lui à proprement parler recherche philosophique, à peine l’avons-nous peut-être rattrapé.

Que, contrairement aux sciences, la philosophie sous toutes ses formes doive se passer du consensus unanime, voilà qui doit résider dans sa nature même. Ce que l’on cherche à conquérir en elle, ce n’est pas une certitude scientifique, la même pour tout entendement ; il s’agit d’un examen critique au succès duquel l’homme participe de tout son être. Les connaissances scientifiques concernent des objets particuliers et ne sont nullement nécessaires à chacun. En philosophie, il y va de la totalité de l’être, qui importe à l’homme comme tel ; il y va d’une vérité qui, là où elle brille, atteint l’homme plus profondément que n’importe quel savoir scientifique.

L’élaboration d’une philosophie reste cependant liée aux sciences ; elle présuppose tout le progrès scientifique contemporain. Mais le sens de la philosophie a une autre origine : il surgit, avant toute science, là où des hommes s’éveillent.

Cette philosophie sans science présente quelques caractères remarquables :

1° Dans le domaine philosophique, presque chacun s’estime compétent. En science, on reconnaît que l’étude, l’entraînement, la méthode sont des conditions nécessaires à la compréhension ; en philosophie, au contraire, on a la prétention de s’y connaître et de pouvoir participer au débat, sans autre préparation. On appartient à la condition humaine, on a son destin propre, une expérience à soi, cela suffit, pense-t-on.

Il faut reconnaître le bien-fondé de cette exigence selon laquelle la philosophie doit être accessible à chacun. Ses voies les plus compliquées, celles que suivent les philosophes professionnels, n’ont de sens en effet que si elles finissent par rejoindre la condition d’homme ; et celle-ci se détermine d’après la manière dont on s’assure de l’être et de soi-même en lui.

2° La réflexion philosophique doit en tout temps jaillir de la source originelle du moi et tout homme doit s’y livrer lui-même.

Un signe admirable du fait que l’être humain trouve en soi la source de sa réflexion philosophique, ce sont les questions des enfants. On entend souvent, de leur bouche, des paroles dont le sens plonge directement dans les profondeurs philosophiques. En voici quelques exemples :

L’un dit avec étonnement : « J’essaie toujours de penser que je suis un autre, et je suis quand même toujours moi. » Il touche ainsi à ce qui constitue l’origine de toute certitude, la conscience de l’être dans la connaissance de soi. Il reste saisi devant l’énigme du moi, cette énigme que rien ne permet de résoudre. Il se tient là, devant cette limite, il interroge.

Un autre, qui écoutait l’histoire de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre … » demanda aussitôt : « Qu’y avait-il donc avant le commencement ? » Il découvrait ainsi que les questions s’engendrent à l’infini, que l’entendement ne connaît pas de borne à ses investigations et que, pour lui, il n’est pas de réponse vraiment concluante.

Une petite fille fait une promenade ; à l’entrée d’une clairière, on lui raconte des histoires d’elfes qui y dansent la nuit. « Mais pourtant, ils n’existent pas … » On lui parle alors des choses réelles, on lui fait observer le mouvement du soleil, on discute la question de savoir si c’est le soleil qui se meut ou la terre qui tourne, on produit les raisons de croire à la forme sphérique de la terre et à son mouvement de rotation … « Mais ce n’est pas vrai, dit la fillette en frappant du pied le sol, la terre ne bouge pas. Je ne crois que ce que je vois. » On lui réplique : « Alors tu ne crois pas au bon Dieu, tu ne le vois pas non plus. » La petite semble interloquée, puis déclare résolument : « S’il n’existait pas, nous ne serions pas là. » Elle avait été saisie d’étonnement devant la réalité du monde : il n’existe pas par lui-même. Et elle comprenait la différence qu’il y a entre un objet faisant partie du monde et une question concernant l’être et notre situation dans le tout.

Une autre enfant va faire une visite et monte un escalier. Elle prend conscience du fait que tout change sans cesse, que les choses s’écoulent et passent comme si elles n’avaient pas existé. « Mais il doit pourtant bien y avoir quelque chose de solide. Je monte maintenant, ici, un escalier pour aller chez ma tante, ça je veux le garder. » Sa surprise et sa frayeur devant l’écoulement universel et l’évanescence de tout lui faisaient chercher à tout prix une issue.

En collectionnant des remarques de ce genre, on pourrait constituer toute une philosophie enfantine. On alléguera peut-être que les enfants répètent ce qu’ils entendent de la bouche de leurs parents et des autres adultes ; cette objection est sans valeur lorsqu’il s’agit de pensées aussi sérieuses. On dira encore que ces enfants ne poussent pas plus loin la réflexion philosophique et que, par conséquent, il ne peut y avoir là chez eux que l’effet d’un hasard. On négligerait alors un fait : ils possèdent souvent une génialité qui se perd lorsqu’ils deviennent adultes. Tout se passe comme si, avec les années, nous entrions dans la prison des conventions et des opinions courantes, des dissimulations et des préjugés, perdant du même coup la spontanéité de l’enfant, réceptif à tout ce que lui apporte la vie qui se renouvelle pour lui à tout instant ; il sent, il voit, il interroge, puis tout cela lui échappe bientôt. Il laisse tomber dans l’oubli ce qui s’était un instant révélé à lui, et plus tard il sera surpris quand on lui racontera ce qu’il avait dit et demandé.

3° Une recherche philosophique jaillie de l’origine ne se manifeste pas seulement chez les petits, mais aussi chez les malades mentaux. Il semble parfois — rarement — que chez eux le bâillon de la dissimulation générale s’est relâché, et nous entendons alors parler la vérité. Au stade où des troubles mentaux commencent à se manifester, il arrive que se produisent des révélations métaphysiques saisissantes. Leur forme et leur langage, il est vrai, ne sont pas tels que, publiées, elles puissent prendre une signification objective, à moins de cas exceptionnels comme celui du poète Hölderlin ou du peintre Van Gogh. Mais lorsqu’on assiste à ce processus, on a malgré soi l’impression qu’un voile se déchire, celui sous lequel nous continuons, nous, notre vie ordinaire. Beaucoup de gens bien portants ont fait aussi l’expérience suivante : ils s’éveillent avec le sentiment d’avoir aperçu dans leur sommeil le sens de choses étrangement profondes, et celles-ci se dérobent au moment où ils sont parfaitement éveillés, en laissant seulement derrière elles une sensation d’impénétrabilité. Le dicton selon lequel « la vérité sort de la bouche des enfants et des fous » recèle un sens profond. Pourtant ce n’est pas là que réside l’originalité créatrice à laquelle nous devons les grandes pensées philosophiques ; elle est le fait d’un petit nombre de grands esprits, d’une fraîcheur et d’une indépendance exceptionnelles, surgis au cours des millénaires.

4° L’homme ne peut se passer de philosophie. Aussi est-elle présente, partout et toujours, sous une forme publique, dans les proverbes traditionnels, dans les formules de la sagesse courante, dans les opinions admises, comme par exemple dans le langage des encyclopédistes, dans les conceptions politiques, et surtout, dès le début de l’histoire, dans les mythes. On n’échappe pas à la philosophie. La seule question qui se pose est de savoir si elle, est consciente ou non, bonne ou mauvaise, confuse ou claire. Quiconque la rejette affirme par là-même une philosophie, sans en avoir conscience. »

Qu’est-ce que cette philosophie, si universelle et qui se manifeste sous des formes si étranges ?

Le mot grec « philosophe » (philosophos) est formé par opposition à sophos. Il désigne celui qui aime le savoir, par différence avec celui qui, possédant le savoir, se nomme savant. Ce sens persiste encore aujourd’hui : l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu’à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l’enseignement. Faire de la philosophie, c’est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question.

Pourtant, cette façon d’être en marche — le sort de l’homme dans le temps — n’exclut pas la possibilité d’un profond apaisement, et même, à certains instants suprêmes, d’une sorte d’achèvement. Celui-ci n’est jamais enfermé dans un savoir formulable, dans des énoncés ou des professions de foi ; il est dans la façon dont s’accomplit, au sein de l’histoire, la condition d’un être humain auquel se révèle l’être même. Conquérir cette réalité dans la situation donnée, toujours particulière, où l’on se trouve placé, tel est le sens de l’effort philosophique.

Être en route et chercher, ou bien trouver la paix et l’achèvement d’un instant privilégié, ce ne sont pas là des définitions de la philosophie. La philosophie ne se situe ni au-dessus, ni à côté d’autre chose. Elle ne peut pas être dérivée. Toute philosophie se définit elle-même par sa réalisation. Ce qu’elle est, on ne peut le savoir que par l’expérience ; alors on voit qu’elle est à la fois l’accomplissement de la pensée vivante et la réflexion sur cette pensée, ou l’action et le commentaire de l’action. Seule l’expérience personnelle permet de percevoir ce qu’on peut trouver de philosophie dans le monde.

Nous pouvons recourir à d’autres formules pour exprimer la signification de la philosophie. Aucune n’épuise cette signification et aucune ne s’avère la seule. Dans l’antiquité, définissant la philosophie d’après son objet, on a dit qu’elle était connaissance des choses divines et humaines, ou de l’être en tant qu’être ; la définissant d’après son but, on a dit qu’elle était apprendre à mourir, ou qu’elle était la conquête, par la pensée, du bonheur, ou de la ressemblance divine ; la définissant enfin par ce qu’elle embrasse, on a dit qu’elle était le savoir de tout savoir, l’art de tous les arts, la science en général, qui ne se limite plus à tel ou tel domaine particulier.

Aujourd’hui, si l’on essaie de parler du sens de la philosophie, on pourrait peut-être recourir aux formules suivantes : elle tend à apercevoir la réalité originelle ; à saisir la réalité par la manière dont je me comporte envers moi-même quand je pense, par mon comportement intérieur ; à ouvrir notre être aux profondeurs de l’englobant (1) ; à assumer le risque de la communication d’homme à homme, par une vérité quelle qu’elle soit, en un combat fraternel ; à garder sa raison patiemment et inlassablement en éveil, même devant l’être le plus étranger, qui se ferme et se refuse.

La philosophie est ce qui ramène au centre où l’homme devient lui-même en s’insérant dans la réalité.

La philosophie, nous l’avons vu, peut atteindre tout homme, et même un enfant, sous la forme de quelques pensées simples et efficaces. Cependant, son élaboration est une tâche sans fin et sans cesse recommencée qui s’accomplit toujours sous la forme d’un tout actualisé. C’est ainsi qu’elle apparaît dans les œuvres des grands philosophes, et, sous forme d’écho, dans celles des philosophes mineurs. Aussi longtemps que les hommes seront des hommes, la conscience de cette tâche, sous quelque forme que ce soit, ne s’éteindra pas.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que la philosophie se trouve en butte à des attaques radicales ; on l’a rejetée en bloc comme superflue et nuisible. A quoi sert-elle ? Elle ne résiste pas devant l’angoisse.

La pensée autoritaire de l’Église a rejeté la philosophie en alléguant qu’elle éloigne de Dieu, qu’elle séduit l’âme et l’attache au siècle, qu’elle la corrompt en l’occupant de futilités ; la pensée politique totalitaire a reproché aux philosophes de s’être bornés à interpréter diversement le monde alors qu’il s’agit de le transformer. Toutes deux estiment la philosophie dangereuse : elle sape l’ordre, elle stimule l’esprit d’indépendance, et par là d’indignation et de révolte, elle trompe et détourne l’homme de sa tâche réelle. Force d’attraction d’un au-delà illuminé par le Dieu révélé, ou puissance d’un ici-bas sans Dieu, exigeant tout pour lui, toutes deux voudraient éteindre la philosophie.

A cela s’ajoute, imposée par la vie quotidienne et le bon sens, la simple norme de l’utilité, devant laquelle la philosophie se trouve impuissante. Thalès déjà, qui passe pour le plus ancien des philosophes grecs, a été moqué par sa servante qui l’avait vu tomber dans un puits alors qu’il observait le ciel étoilé. Pourquoi cherchait-il ce qui est si loin, lui si maladroit dans l’immédiat ?

La philosophie devrait donc se justifier. Et, précisément, c’est impossible. Elle ne peut citer pour sa justification aucune espèce d’utilité qui lui donnerait un droit à l’existence. Elle ne peut que se réclamer des forces qui poussent tout homme à philosopher. Elle sait qu’elle plaide une cause désintéressée, soustraite à tout calcul de profits et pertes dans le monde, qu’elle ne concerne que l’homme comme tel, et aussi qu’elle se poursuivra aussi longtemps qu’il y aura des hommes. Ses ennemis mêmes ne peuvent s’empêcher de donner une signification aux forces qu’ils lui opposent et de produire ainsi des systèmes intellectuels liés à une fin, des succédanés de philosophie, déterminés toutefois par le résultat qu’ils visent, tels le marxisme, le fascisme. Ces systèmes intellectuels, eux aussi, témoignent encore du caractère inéluctable de la philosophie. Elle est toujours là.

Elle ne peut pas combattre, elle ne peut pas se démontrer, mais seulement se communiquer. Elle ne résiste pas quand on la rejette, elle ne triomphe pas si on l’écoute. Elle vit dans la région unanime qui, dans les profondeurs de l’humanité, peut lier chacun avec tous.

Une philosophie de grand style et présentant une cohérence systématique existe depuis deux millénaires et demi en Occident, en Chine et aux Indes. C’est une grande tradition qui s’adresse à nous. La diversité des efforts philosophiques, les contradictions, les prétentions, réciproquement exclusives, à la vérité, ne sauraient empêcher qu’au fond il y ait quelque chose d’unique, que nul ne possède et autour de quoi tournent en tout temps toutes les recherches sérieuses : la philosophie une et éternelle, la philosophia perennis. C’est à ce fondement historique de notre pensée que nous sommes ramenés quand nous voulons que notre réflexion soit aussi claire que possible et qu’elle atteigne l’essentiel.

(Offert en ligne par les Éditions La République des lettres)


REVUE DE PRESSE

Introduction à la philosophie – Karl Jaspers – PhiloLog

Jean-François Robinet, « Jaspers et son temps », Germanica [En ligne], 8 | 1990, mis en ligne le 27 novembre 2014, consulté le 12 mai 2024. URL : http://journals.openedition.org/germanica/2434 ; DOI : https://doi.org/10.4000/germanica.2434

The Theme of Existence in the Philosophy of Karl Jaspers.

Karl Jaspers, la faute et la responsabilité par Alain Brossat, Cahiers critiques de philosophie 2014/1 (n°13)2014/1 (n°13), pages 7 à 23

La tradition selon Karl Jaspers répond-elle aux besoins de notre temps ? – Jeanne Hersch

«La philosophie n’est pas tout à fait innocente», Hannah Arendt – Karl Jaspers


AU SUJET DE L’AUTEUR

Cette image provient d'une collection de la bibliothèque de l'École polytechnique fédérale de Zurich et a été publiée sur Wikimedia Commons dans le cadre d'une coopération avec Wikimedia CH. Corrections et informations complémentaires sont les bienvenues.
Cette image provient d’une collection de la bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Zurich et a été publiée sur Wikimedia Commons dans le cadre d’une coopération avec Wikimedia CH. Corrections et informations complémentaires sont les bienvenues.

Karl Jaspers

(1883-1969)

Karl Jaspers, né le 23 février 1883 à Oldenbourg et mort le 26 février 1969 à Bâle, est un psychiatre et philosophe germano-suisse représentatif de l’existentialisme. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la psychologie, la psychiatrie et la philosophie. Il obtient la nationalité suisse en 1967. Wikipédia


Date/Lieu de naissance : 23 février 1883, Oldenbourg, Allemagne

Date de décès : 26 février 1969, Bâle, Suisse

Influences : Martin Heidegger, Hannah Arendt, Paul Ricœur, PLUS

Influencé(e) par : Emmanuel Kant, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, PLUS

Épouse : Gertrud Jaspers (m. 1910–1969)

Enseignement : Université de Heidelberg


Apports à la philosophie et la théologie

Karl Jaspers est le plus souvent associé au mouvement existentialiste, en partie en raison de ses idées issues des jalons posés par Friedrich Nietzsche et Søren Kierkegaard et en partie parce que le thème de la liberté individuelle occupe une large part de son travail. Dans Philosophie (1932), Jaspers donne son point de vue sur l’histoire de la philosophie et présente ses thèmes principaux. Commençant avec la science moderne et l’empirisme, il fait remarquer que pendant que l’on interroge la réalité, nous affrontons les limites de ce qu’une méthode scientifique ou empirique ne peut transcender. À cet instant, l’individu doit faire face à un choix : ou bien sombrer dans le désespoir et la résignation ou bien faire un pas vers ce que Jaspers nomme la Transcendance. En faisant ce pas, l’individu se confronte par induction à la limitation de sa propre liberté, qu’il appelle « Existenz », afin de pouvoir enfin ressentir une véritable existence. Wikipédia

Jaspers-Jahr 2008

Jaspers Society of Japan

Karl Jaspers Stiftung, Switzerland

Polskie Towarzystwo Karla Jaspera / Polish Karl Jaspers Society

Karl Jaspers Gesellschaft, Oldenburg

Österreichische Karl-Jaspers-Gesellschaft / Austrian Karl Jaspers Society

Società Italiana Karl Jaspers / Italian Karl Jaspers Society

Hrvatsko Društvo « Karl Jaspers » / Croatian Karl Jaspers Society

Karl Jaspers Society of North America

Karl Jaspers sur Philosophie Magazine

Karl Jaspers sur Wikipédia

Karl Jaspers sur L’Agora – une agora, une encyclopédie


Mon rapport de lecture

Introduction à la philosophie

Karl Jaspers

« Jaspers incarne, en Allemagne, l’existentialisme chrétien » peut-on lire en quatrième de couverture de son livre INTRODUCTION À PHILOSOPHIE. Je ne crois plus en Dieu depuis vingt ans. Baptisé et élevé par défaut au sein d’une famille catholique qui finira pas abandonner la religion, marié protestant, aujourd’hui J’adhère à l’affirmation d’un ami philosophe à l’effet que « Toutes les divinités sont des inventions humaines ». Dieu est une idée, un concept, rien de plus, rien de moins.

Dans ce contexte, ma lecture de l’œuvre INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE de KARL JASPERS fut quelque peu contraignante à titre d’incroyant. Je me suis donc concentré sur les propos de JASPERS au sujet de la philosophie elle-même.


D’entrée de jeu, Karl Jaspers distingue la philosophie de la science.

I. Qu’est-ce que la philosophie ?

On n’est d’accord ni sur ce qu’est la philosophie, ni sur ce qu’elle vaut. On attend d’elle des révélations extraordinaires, ou bien, la considérant comme une réflexion sans objet, on la laisse de côté avec indifférence. On vénère en elle l’effort lourd de signification accompli par des hommes exceptionnels, ou bien on la méprise, n’y voyant que l’introspection obstinée et superflue de quelques rêveurs. On estime qu’elle concerne chacun et doit être simple et facile à comprendre, ou bien on la croit si difficile que l’étudier apparaît comme une entreprise désespérée. Et en fait, le domaine compris sous ce nom de « philosophie » est assez vaste pour expliquer des estimations aussi contradictoires.

Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultats apodictiques, un savoir qu’on puisse posséder. Les sciences ont conquis des connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, elle, malgré l’effort des millénaires, n’y a pas réussi. On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif. Dès qu’une connaissance s’impose à chacun pour des raisons apodictiques, elle devient aussitôt scientifique, elle cesse d’être philosophie et appartient à un domaine particulier du connaissable.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, pp. 5-6.

P.S.: Définition « Apodictique : Se dit d’un jugement ou d’une démonstration caractérisés par la nécessité logique et l’universalité. (Par opposition à assertorique.) Larousse.

Le simple fait historique se rapportant au développement de la philosophie en différentes écoles avec différents points de vue justifie le propos de Karl Jaspers à l’effet que : « On ne saurait le contester : en philosophie il n’y a pas d’unanimité établissant un savoir définitif ». Il n’y a donc pas une philosophie qui supplante toutes les autres. On peut introduire l’idée de la liberté subjective d’adhésion à une ou des philosophies plus qu’une ou plusieurs autres.

Parlant de la philosophie sans science, il en relève « quelques caractères remarquable » dont celle-ci :

4. L’homme ne peut se passer de philosophie. Aussi est-elle présente, partout et toujours, sous une forme publique, dans les proverbes traditionnels, dans les formules de la sagesse courante, dans les opinions admises, comme par exemple dans le langage des encyclopédistes, dans les conceptions politiques, et surtout, dès le début de l’histoire, dans les mythes. On n’échappe pas à la philosophie. La seule question qui se pose est de savoir si elle, est consciente ou non, bonne ou mauvaise, confuse ou claire. Quiconque la rejette affirme par là-même une philosophie, sans en avoir conscience. »

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 10.


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Charles Robin, le Précepteur, fait écho à cette présence de la philosophie dans nos vies dans son livre « TOUS PHILOSOPHES ? L’inconscient philosophique de nos phrases de tous les jours » (offert gratuitement en format PDF).

Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ? Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !
Saviez-vous qu’un enfant qui dit « Je n’ai pas fait exprès » manifestait en fait son adhésion à la morale déontologiste de Kant ? Saviez-vous que le fait de dire « Je fais ce que je veux » traduisait un net penchant pour l’existentialisme de Sartre et son rejet du déterminisme ?Saviez-vous enfin que quelqu’un qui vous disait « Je t’aime » était en réalité victime d’un stratagème de la nature ? Aimer, pour Schopenhauer, c’est d’abord vouloir… reproduire l’espèce !

Avant-propos

Honnie par les foules et combattue par les hommes de pouvoir, la philosophie est parfois obligée de trouver refuge dans les interstices du langage quotidien pour continuer à survivre. C’est de manière invisible (et imprévisible) qu’elle s’immisce dans nos paroles les plus triviales, au point, bien souvent, de nous laisser perplexes quant à la profondeur que certains esprits fantaisistes voudraient leur prêter.

Que notre lecteur soit prévenu : nous faisons partie de ces esprits-là !

ROBIN, Charles, Tous philosophes ?


Karl Jasper traite aussi de la dégénération de la philosophie en dogmatisme, un sujet qui me préoccupe grandement.

Qu’est-ce que cette philosophie, si universelle et qui se manifeste sous des formes si étranges ?

Le mot grec « philosophe » (philosophos) est formé par opposition à sophos. Il désigne celui qui aime le savoir, par différence avec celui qui, possédant le savoir, se nomme savant. Ce sens persiste encore aujourd’hui : l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession, même si elle se trahit elle-même, comme il arrive souvent, jusqu’à dégénérer en dogmatisme, en un savoir mis en formules, définitif, complet, transmissible par l’enseignement. Faire de la philosophie, c’est être en route. Les questions, en philosophie, sont plus essentielles que les réponses, et chaque réponse devient une nouvelle question.

« Faire de la philosophie, c’est être en route. »

Pourtant, cette façon d’être en marche — le sort de l’homme dans le temps — n’exclut pas la possibilité d’un profond apaisement, et même, à certains instants suprêmes, d’une sorte d’achèvement. Celui-ci n’est jamais enfermé dans un savoir formulable, dans des énoncés ou des professions de foi ; il est dans la façon dont s’accomplit, au sein de l’histoire, la condition d’un être humain auquel se révèle l’être même. Conquérir cette réalité dans la situation donnée, toujours particulière, où l’on se trouve placé, tel est le sens de l’effort philosophique.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, I. Qu’est-ce que la philosophie ?, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, pp. 10-11.

Karl Jaspers écrit : « (…) l’essence de la philosophie, c’est la recherche de la vérité, non sa possession (…) ».

Je dévoile ma position face à la vérité dans mon article J’ai un problème avec la vérité :

« La vérité est une invention de l’Homme.
L’Homme est imparfait.
Donc la vérité est imparfaite. »

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

GUAY, Serge-André, J’ai un problème avec la vérité, Observatoire de la philothérapie, 6 février 2023.


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Vérité (nom commun)

  • Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
  • Proposition, jugement ou croyance qui est vraie.
  • Réalité profonde d’une chose, par opposition à ses manifestations superficielles.

« Concept majeur de la philosophie, mais dont la définition est controversée. Il n’y a d’accord unanime ni sur la nature du concept, ni la façon de le penser. La définition classique de la vérité ne fait pas consensus, et même ceux qui pourraient l’admettre ne s’accordent pas sur sa formulation précise ou ses implications. Globalement, la question « Qu’est ce que la vérité ? » reste ouverte, avant même de s’intéresser à toute question liée (valeur de la vérité, propos sur le futur, &c.). Ces difficultés philosophiques mises à part, la notion est très courante et son usage peut-être inévitable. »

Source : Vérité, Dico Philo. Fiche personnel : Vérité (PDF).


Karl Jaspers distingue nettement le commencement de l’origine de la philosophie. Si nous nous référons au commencement de la philosophie, nous nous situons dans le contexte historique avec toutes les obligation qui s’impose en tel cas. Si nous nous référons à l’origine de la philosophie, nous plongeons dans l’homme lui-même, à la source de son « impulsion à philosopher » :

L’histoire de la philosophie a commencé sous la forme d’un effort de pensée méthodique il y a deux mille cinq cents ans; sous la forme d’une pensée mythique, beaucoup plus tôt.

Mais un commencement, c’est autre chose qu’une origine : le commencement est historique et procure aux successeurs une quantité croissante de données fournies par le travail intellectuel déjà accompli. Tandis que l’origine, c’est la source d’où jaillit constamment l’impulsion à philosopher. C’est par elle seulement qu’une philosophie contemporaine devient quelque chose d’essentiel, par elle que l’on comprendra la philosophie du passé.

Cet élément originel est multiple. L’étonnement engendre l’interrogation et la connaissance; le doute au sujet de ce que l’on croit connaître engendre l’examen et la claire certitude ; le bouleversement de l’homme et le sentiment qu’il a d’être perdu l’amènent à s’interroger sur lui-même. (…)

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, II. Origines de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 15.

Karl Jasper souligne l’importance du doute « de ce que l’on croit connaître » et ça me plaît car le doute est le rempart contre le dogmatisme. Si vérité il y a, il faut en douter. La valeur de la vérité repose dans le doute.

Le doute devenu méthodique entraîne un examen critique de toute connaissance. D’où il découle que, sans doute radical, il n’est pas de philosophie véritable. Mais ce qui est décisif, c’est de voir comment et où le doute lui-même permet de conquérir le fondement d’une certitude.

« D’où il découle que, sans doute radical, il n’est pas de philosophie véritable. »

Quand je suis absorbé par la connaissance des objets dans le monde, par déploiement du doute qui doit me conduire à la certitude, je m’occupe des choses, je ne pense pas à moi, à mes fins, je suis content de m’oublier moi-même en acquérant ces nouvelles connaissances.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, II. Origines de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 17.

Vous connaissez peut-être cette question : « Quel est le bénéfice du doute ? » C’est la certitude, jusqu’au prochain doute. Rien n’est jamais acquis définitivement, en science comme en philosophie. Quant à la connaissance scientifique, elle s’érige sur la destruction du déjà-su, un exemple pour notre vie de tous les jours.

Puis vient le quatrième chapitre : « L’idée de dieu ». Notez qu’il est question que d’une « idée »., une idée sans preuve.

Les philosophes contemporains paraissent étudier volontiers le problème de l’existence de Dieu. Ils n’affirment pas sa réalité, ils ne la nient pas non plus. Mais quiconque fait de la philosophie doit en parler. Quand Dieu est mis en doute, le philosophe doit donner réponse : ou alors c’est qu’il ne sort pas de la philosophie sceptique dans laquelle on ne peut jamais faire aucune déclaration, rien n’affirmer ni rien nier. Ou bien encore c’est qu’il s’en tient à un savoir concernant des objets définis et qu’il cesse de philosopher en disant : « Il ne faut pas parler de ce qu’on ne peut savoir. »

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 41.

Ces propos au sujet des philosophes doutant de l’idée de Dieu m’apparaissent quelque peu réducteur. Il n’y a pas que les « ou alors » et les « ou bien ». La diversité des argumentations autours de l’existence de dieu va bien au-delà des deux attitudes mentionnées par Karl Jaspers dans son texte.


Secticisme

Courant de pensée qui estime que la vérité est inaccessible et qu’il faut donc adopter une attitude critique à l’égard de toutes les opinions dogmatiques en les « examinant » (skeptikos signifiant « celui qui examine » en grec).

Source : Philosophie Magazine.


Karl Jaspers exprime-t-il une opinion dogmatique ? Toute foi m’apparaît comme une source de dogmatisme.

(…) alors vient le principe inverse : la réfutation de toutes les preuves de l’existence de Dieu signifie qu’il n’y a pas de Dieu.

Cette déduction est fausse. En effet, si on ne peut pas prouver l’existence de Dieu, on ne peut pas davantage prouver son inexistence. Les preuves et leurs réfutations ne montrent que ceci : un Dieu prouvé n’est pas Dieu; il ne serait qu’une chose dans le monde.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 42.

Wow ! Il y a impossibilité de prouver Dieu. Peut-on prouver une idée ?

Mais d’où vient cette foi ? Elle ne vient pas originellement des limites extrêmes de l’expérience dans le monde, mais de la liberté de l’homme. L’homme qui prend vraiment conscience de sa liberté acquiert en même temps la certitude de Dieu. La liberté et Dieu sont inséparables.

Je suis certain d’une chose : en tant qu’être libre, je n’existe pas par moi-même, mais je suis donné à moi-même en présent. En effet, je peux me manquer à moi-même,et je ne peux pas conquérir ma liberté par force. Lorsque je suis vraiment moi-même, je suis certain de ne pas l’être par moi-même. La liberté suprême, libre de toute emprise de la part du monde, se serait en même temps liée de la façon la plus profonde à la transcendance.

La liberté de l’homme, nous l’appelons aussi son existence. Je suis sûr que Dieu est, par la décision même qui me fait exister. Cette certitude ne permet pas d’enfermer Dieu dans une formule, mais de lui une présence pour l’existence.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, IV. L’idée de dieu, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 45.

La seule liberté que je vois dans tout cela, c’est la liberté de croire ou non en l’existence de Dieu. Ce n’est pas parce que je suis libre que Dieu existe. La liberté de l’homme ne vient pas de Dieu. D’ailleurs, à ce que je sache, Dieu n’est pas tellement friand de la liberté de ses sujets. Il encadre et ordonne. La foi ne trouve certainement pas sa source dans la liberté elle-même, si ce n’est, comme je le précisais, dans la liberté de croire ou non.

Et lorsque Karl Jaspers écrit « La liberté de l’homme, nous l’appelons aussi son existence », c’est encore discutable, discutable sans fin. Je n’ai pas choisi d’exister et ma liberté n’a rien d’absolu.

Il n’est pas besoin de fendre les cheveux en quatre pour comprendre que toute croyance n’a pas besoin de preuve. La croyance existe bel et bien mais ce à quoi l’on croit peut ou non exister; ce n’est que spéculation ou simple foi. Nous sommes dans l’imaginaire. C’est en cet imaginaire que je crois, que j’ai la foi.

Une autonomie absolue n’est pas possible. Quand nous pensons, nous sommes obligés de recourir à des intuitions qui doivent nous être données; sur le plan pratique, nous avons besoin des autres, d’un échange de services avec eux, qui rende possible notre vie. En tant qu’être libre, nous avons besoin d’autres êtres libres avec lesquels puisse s’établir la communication, qui seule nous permet, aux uns et aux autres, de devenir nous-mêmes. Il n’y a pas de liberté isolée. Là où la liberté existe, elle est aux prises avec la contrainte; et si celle-ci était complètement vaincue, si tous les obstacles tombaient, la liberté elle-même s’évanouirait.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, X. L’indépendance philosophique, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 123.

Je comprends que la liberté existe par ce qui la limite, les contraintes. Or, je me dois de répliquer aux propos de Karl Jaspers en ces mots : « Dieu est lui-même une idée contraignante ». Est-ce là la liberté dont il parlait dans son INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE ? La liberté, pour le Dieu unique de la Bible me semble correspondre à l’absence de la connaissance du bien et du mal. Mais est-ce parce qu’on n’a pas conscience du bien et du mal que nous en sommes exemptés ? Pour être libre du bien et du mal, il faut être contraint d’une manière ou d’une autre puisque la liberté n’existe pas sans contrainte.

Pour créer un « Arbre de la connaissance du bien et du mal », dieu doit connaître lui-même le bien et le mal. Il ordonne de ne pas manger les fruits de cet arbre. C’est une contrainte qui donne lieu à la liberté d’obéir ou non. La philosophie chrétienne de Karl Jaspers ne me semble pas adéquate.

Philosopher, c’est prendre la décision de faire jaillir à nouveau en soi la source vive, de retrouver le chemin de son for intérieur, de s’aider soi-même par une action intime, dans toute la mesure de ses forces.

Certes, ce qui prime dans la vie, sur le plan des réalités tangibles, ce sont les tâches objectives, c’est de répondre aux exigences de chaque jour. Mais l’homme qui veut avoir une conduite philosophique refuse de se contenter de ces obligations immédiates. Il s’aperçoit même que travailler sans plus, se laisser absorber par des buts définis, c’est déjà être sur le voie de la démission, et par là de la carence et de la culpabilité. Il prend au sérieux les échanges humains, l’expérience du bonheur et de la peine, de la réussite et de l’échec, de l’obscurité et du tourment. Refuser l’oubli pour assimiler profondément la vie, refuser le divertissement pour élaborer intérieurement l’expérience, ne pas considérer le passé comme résolu, mais au contraire l’éclairer toujours davantage, c’est la`une conduite philosophique.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, XI. Le sens philosophique de la vie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 131.

Cette affirmation manque de respect : « Il s’aperçoit même que travailler sans plus, se laisser absorber par des buts définis, c’est déjà être sur le voie de la démission, et par là de la carence et de la culpabilité ». Travailler, se donner des buts définis, ce n’est pas être sur la voie de la démission. C’est être responsable et être responsable, c’est déjà une vie philosophique. Il n’y aucune culpabilité à avoir à mener un telle vie. La philosophie ne dort pas en notre for intérieur, c’est un mode de vie et le travail en est un. On peut s’adonner à ses activités quotidiennes avec philosophie (et ce sera déjà mieux que bien des philosophes de référence dans leur propre vie).

Emprunter une philosophie au passé est aussi impossible que de produire à nouveau un chef-d’œuvre ancien. On ne peut que l’imiter jusqu’à faire illusion. Nous n’avons pas, comme les croyants, de textes où nous puissions trouver la vérité absolue. C’est pourquoi nous aimons les textes anciens comme nous aimons les anciennes œuvres d’art. Nous nous plongeons dans la vérité des uns comme dans celle des autres, nous tendons la main vers eux. Mais il reste une distance, quelque chose d’inaccessible, et quelque chose d’inépuisable qui nous accompagne pourtant le long de notre vie; et il y a enfin quelque chose qui nous permet de faire le saut et de philosopher nous-mêmes face au présent.

« Emprunter une philosophie au passé est aussi impossible que de produire à nouveau un chef-d’œuvre ancien. »

En effet, la philosophie trouve son sens dans la présence. Nous n’avons qu’une seule réalité, ici et maintenant. Tout ce que nous esquivons par lâcheté ne se présentera plus; mais si nous nous prodiguons à la légère, nous perdrons l’être aussi. Chaque jour est précieux : un instant peut décider de tout.

JASPERS, Karl, Introduction à la philosophie, XII. Histoire de la philosophie, Plon, coll. 10/18, Paris, 2001, p. 155.

Je crois qu’on ne peut pas faire comme Socrate aujourd’hui compte tenu du temps présent, de notre époque, bien différente de celle dans laquelle évoluait Socrate. Il nous faut prendre en considération les différents contextes historiques et bien comprendre notre époque, notre culture et nos traditions pour offrir des consultations philosophiques ici et maintenant. Personne ne vous condamnera à mort et vous forcera a boire la ciguë. Vous devez être des êtres responsables du temps présent.

4-etoiles

J’accorde 4 étoiles sur cinq au livre « INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE » de KARL JASPERS, et paru en 2001 chez Plon, coll. 10/18.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise » : « L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui. » (LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.)

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Article # 91 – L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

Image par Peggy und Marco Lachmann-Anke de Pixabay
Image par Peggy und Marco Lachmann-Anke de Pixabay

Dans un article intitulé « Se retirer du jeu » et publié sur son site web Dialogon, le philosophe praticien Jérôme Lecoq, témoigne des « résistances simultanées » qu’il rencontre lors de ses ateliers, « surtout dans les équipes en entreprise ».

L’animation d’un atelier de “pratique philosophique” implique que chacun puisse se « retirer de soi-même », i.e. abandonner toute volonté d’avoir raison, d’en imposer aux autres, de convaincre ou persuader autrui, ou même de se “faire valider” par les autres. Vous avez une valeur a priori donc il n’est pas nécessaire de l’obtenir d’autrui.

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.

Jérôme Lecoq a adopté l’approche interrogative par opposition à l’approche conversationnelle. Inspiré du dialogue socratique  (maïeutique), l’approche interrogative confronte les participants à l’atelier sommés de répondre aux questions de l’animateur. Il s’agit alors, plus souvent qu’autrement, de questions fermées à répondre par un « oui » ou « non ». De plus, l’animateur ne permet pas aux participants de se lancer dans de longues justifications de leur réponse, surtout pas d’en appeler à leur passé. Enfin, l’animateur réprime les émotions des participants.

Cette approche frontale ne peut qu’agacer certains des participants, tout autant que ceux de Socrate lui-même. Un tel interrogative pousse l’ego à réagir, éveille les mécanismes de défense du participant voire le blesse. Mais il n’est pas question de laisser une quelconque place à une conversation sur les états d’âme des participants. Il faut les mettre au pas.

Parfois il arrive même, surtout dans les équipes en entreprise, que je me trouve face à plusieurs résistances simultanées. Il faut alors que je puisse moi-même me retirer du jeu, de l’équation, puisque c’est sur ma personne que se cristallisent les agressivités. Alors je renverse la situation : je m’arrête et je propose à la personne en question, sans bluffer, de venir prendre ma place et de faire l’atelier à ma place.

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.

Cette réaction primaire de l’animateur répond au manque de discipline par un manque de respect.

Si l’animateur en est rendu là, c’est que quelque chose ne va pas dans la mise en branle de son approche, dans la préparation des participants à son atelier. Si l’animateur doit prendre autorité en chemin, c’est qu’il ne l’a pas établie dès le départ. Soit il n’a pas bien fait comprendre les rôles de chacun en ouverture de séance, soit il a sauter cette étape cruciale. Il est également possible que son introduction théorique ne corresponde pas à la pratique en cours de séance.

La responsabilité de cet échec forçant un retrait du jeu incombe à la fois à l’animateur et aux participants indisciplinés. Dans un cas comme dans l’autre, la personnalité de l’un et l’autre joue inévitablement un rôle de premier plan.

Nous avons le choix entre quatre types de personnalité, chacun ayant chacun son style interpersonnel : le fonceur, l’analytique, l’aimable et l’expressif.


Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l'expansion de votre entreprise, Centre de création et d'expansion d'entreprises (C.C.E.E.), Collège de Limoilou, juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l'une est datée de 1992 et l'autre de 2004, soit 12 ans d'écart. À force de chercher, j'ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu'aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd'hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.
Référence : Ce tableau provient des Notes du cours remises en 1992 par la professeure Lise Jobin aux participants du cours Tirer votre épingle du jeu pour la création ou l’expansion de votre entreprise, Centre de création et d’expansion d’entreprises (C.C.E.E.), Collège de Limoilou, juin 1992. Cependant, on trouve un tableau similaire en 2004 dans le livre The social styles handbook : find your comfort zone and make people feel comfortable with you préfacé par Larry Wilson et proposé par sa firme Wilson Learning. Il y a une incohérence dans les années puisque l’une est datée de 1992 et l’autre de 2004, soit 12 ans d’écart. À force de chercher, j’ai trouvé la source originelle de ces styles interpersonnels : le livre Personal styles and effective performance make your style work for you par David W. Merrill et Roger H Reid paru chez Tracom Corporation en 1981. Si on fouille encore plus loin, la recherche initiale au sujet de styles interpersonnels remonte jusqu’aux travaux de Dr. James W. Taylor au début des années 1960. Aujourd’hui, on trouve des tableaux similaires des styles interpersonnels avec différentes variables chez plusieurs firmes de management.

On peut éliminer le style interpersonnel de l’AIMABLE en raison de ses limites :

  • Action lente;
  • Manque d’affirmation et d’assurance;
  • Évite les conflits;
  • Peur de prendre des risques;
  • Personne très émotive.

Ce n’est donc pas lui qui va se lancer dans une confrontation.

Puis le style interpersonnel de l’ANALYTIQUE, toujours en raison de ses limites :

  • Prise de décision personnelle très difficile;
  • Personne ne pouvant être stimulée pour agir rapidement;
  • Comportement peu affirmatif et peu émotif;
  • Recueille des informations nécessaires et n’écoute plus par la suite.

L’analytique ayant besoin de beaucoup d’information, il ne sera pas stimulé par une confrontation.

Il ne nous reste que deux styles interpersonnels : l’EXPRESSIF et le FONCEUR

Les limites de l’expressif :

  • Réflexion très difficile;
  • Change fréquemment d’idées;
  • Néglige de vérifier sa compréhension avant d’agir;
  • Personne susceptible et impulsive;
  • Besoin constant d’activités stimulantes et de rétroaction.

Les limites du fonceur :

  • Écoute très difficile;
  • Tendance à l’impatience;
  • Peu susceptible de demander des informations supplémentaires pour clarifier un sujet;
  • S’arrête peu à la compréhension des attitudes et des émotions des autres.

Le style expressif répondra à chaque question avec créativité en livrant avec empressement une foule d’idées.

Le style fonceur… fonce dans le tas. Et si cela ne suffit pas, il menace de se retirer du jeu pour y revenir encore plus fort.

L’approche interrogative ne peut être le fait que d’un fonceur. Quand à l’indiscipline d’un participant, elle relève soit de l’expressif, soit du fonceur.


Respect

Peu importe le style interpersonnel de l’animateur et de chacun des participants, un seul mot s’impose : RESPECT. On ne peut pas répondre au manque de respect par un manque de respect. Menacer de se retirer du jeu est un manque de respect envers soi-même et envers les autres.


Jérôme Lecoq fait de « cette « procédure » » un conseil pour « “tenir la position”  » :

J’invite tous les managers qui animent des réunions à tester ce petit « truc » du : “OK vas-y fais la réunion à ma place”, ou à m’inviter pour que je vienne faire un atelier dans leur équipe.

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.

Un tel conseil forcera l’indiscipliné à rentrer dans le rang mais la brutalité de cette procédure l’humiliera et, par conséquent, ne le disposera pas d’emblée à la réflexion en objectif de l’atelier.


Je me demande aussi pourquoi le philosophe praticien écrit et publie un tel témoignage sur son site web et le réseau LinkedIn. À l’évidence, il souhaite démontrer par ce billet son savoir-faire face à l’indiscipline lors de ses ateliers. Ce texte étant accessible à tous, il désire peut-être aussi prévenir les futurs participants indisciplinés à ses ateliers.

Ce témoignage laisse clairement paraître que le philosophe praticien fut contrarié par ce participant indiscipliné. C’est parce que le participant refuse de répondre aux questions du philosophe praticien que ce dernier est contrarié. Et il l’est suffisamment pour en témoigner publiquement.

Le philosophe praticien explique son retrait du jeu au participant indiscipliné en ces mots :

« (…) Voyez-vous, cela n’en a pas l’air, mais c’est un travail de faire penser les gens, et pour cela je leur pose des questions parce que j’ai vu un problème dans leur discours ou leur attitude. Si les gens ne veulent pas répondre, mon travail n’a plus aucun sens. C’est pourquoi je vous demande de bien vouloir venir à ma place et de continuer l’atelier parce que manifestement vous connaissez une méthode qui marche mieux que la mienne.”

LECOQ, Jérôme, Se retirer du jeu, Dialogon, mai 2024.


Méthodes

Nous voici au cœur du développement de cet article avec la référence à « (…) une méthode qui marche mieux que la mienne ». Nous l’avons souligné ci-dessus, la méthode du philosophe praticien Jérôme Lecoq est liée à l’approche interrogative. Philosophie oblige : il faut douter de cette approche, la remettre en question, la comparer avec d’autres méthodes. La réplique du participant indiscipliné aurait pu être : « Est-ce que vous-même vous connaissez une meilleure méthode que la vôtre et pourquoi avez-vous retenu celle que vous pratiquez ? »

Le doute inspirera d’autres questions :

  • L’approche interrogative est-elle la seule méthode en philosophie pratique ?
  • Est-ce que le recours à l’approche interrogative peut devenir dogmatique ?
  • L’approche interrogative est-elle la meilleure méthode et pourquoi ?
  • L’approche interrogative s’applique-t-elle à tous les participants compte tenu de leur diversité culturelle ?
  • Etc.

Il y a plusieurs approches en philosophie pratique. Voici la liste des méthodes brièvement présentées ci-dessous :

  • La méthode Achenbach (méthode au-delà de la méthode)
    • Achenbach’s method (beyond-method method)
  • La philosophie comme mode de vie
    • Philosophy as a Way of Life
  • La méthode psycho-philosophique
    • Psycho-philosophical method
  • Faire appel aux philosophes
    • Calling on philosophers
  • La méthode de prise de décision en deux étapes
    • Two-stage decision-making method
  • La méthode des six étapes de la relation
    • Six-stage relationship method
  • Méthode de groupe
    • Group method
  • Le dialogue socratique
    • Socratic dialogue
  • Méthodes fondées sur la logique
    • Logic-based methods
  • La méthode PEACE
    • PEACE method
  • Méthode MEANS
    • MEANS method
  • La méthode Amir
    • Amir method
  • Approche appréciative
    • Appreciative approach
  • La méditation philosophique comme méthode de conseil
    • Philosophical meditation as a counseling method

2. Analyse documentaire : les méthodes de conseil philosophique

Nous partirons de l’hypothèse que la résolution d’un problème (quel qu’il soit) nécessite une méthode spécifique, c’est-à-dire une manière de formuler une solution. Par conséquent, dès les premières tentatives dans le domaine de la consultation philosophique, plusieurs méthodes ont émergé, aidant les philosophes en exercice à résoudre les problèmes de leurs clients. Étant donné que le domaine de la consultation philosophique est plutôt caractérisé par la transdisciplinarité, dans le sens où il emprunte, dans une certaine mesure, des approches, des méthodes et des techniques à d’autres types de consultation, on sait que les théoriciens de ce domaine ont donné au conseiller philosophique la liberté de résoudre le ou les problèmes de ses clients par les meilleures méthodes (à leur propre discrétion) susceptibles de leur apporter une solution optimale. Il est également important de mentionner que nous pouvons faire la distinction entre les approches, les méthodes et les techniques de résolution des problèmes. C’est pourquoi nous nous concentrons d’abord sur quelques méthodes examinées par Raabe (1999), puis nous complétons sa liste avec quelques méthodes conçues au cours des deux dernières décennies. En outre, nous discuterons de ces méthodes dans une perspective herméneutique et critique, afin de pouvoir présenter, à la fin de cette section, la nouvelle méthode qui fait l’objet de la présente recherche.

2. Literature review: methods in philosophical counseling

We will start from the hypothesis that solving a problem (of any kind) requires a specific method, i.e. a way to formulate a solution. Therefore, from the first attempts in the field of philosophical counseling, several methods have emerged, helpful to practicing philosophers to solve clients’ problems. Because the field of philosophical counseling is rather characterized by transdisciplinarity, in the sense that it borrows, to some extent, approaches, methods and techniques from other types of counseling, it is known that theorists in this field have given the philosophical counselor the freedom to solve the clients’ problem or problems through the best methods (at their own discretion) that could provide an optimal solution to them. It is also important to mention that we can distinguish between approaches, methods and techniques for solving problems. Therefore, we first focus on a few methods discussed by Raabe (1999), and then complete his list with some methods that have been designed in the last two decades. Moreover, we will discuss these methods from a hermeneutical and critical perspective, in order to be able to introduce, at the end of this section, the new method that is the subject of the present research.

La méthode Achenbach (méthode au-delà de la méthode)

Gerd Achenbach est considéré comme le fondateur de la consultation philosophique depuis 1981, date à laquelle il a ouvert le premier cabinet consacré à ce type de consultation (Achenbach, 1984). Ainsi, dans la pratique proposée aux clients, la méthode de conseil qu’il utilise a été appelée par Shlomit Schuster (1993) méthode au-delà de la méthode, car le philosophe allemand considère que le processus de conseil implique une variété de méthodes afin d’améliorer la vie des clients (Achenbach, 1996). En d’autres termes, pour Achenbach, la résolution des problèmes liés à la consultation philosophique ne se limite pas à la pensée d’un seul philosophe, mais le conseiller doit prendre en compte tout ce que la philosophie signifie afin d’aider le client (Schuster, 1996a). C’est donc la méthode proposée par Achenbach qui ouvre le champ d’expertise de la consultation philosophique (Schuster, 1995).

De plus, dans cette méthode, Raabe (1999) trouve qu’il serait nécessaire d’appliquer quatre règles : 1) le conseiller philosophique doit s’adapter aux problèmes du client ; 2) le conseiller philosophique aide le client, en premier lieu, à comprendre la ou les causes du malaise ressenti ; 3) le conseiller ne doit pas abandonner le client jusqu’à ce que les problèmes du client soient résolus ; et 4) le conseiller philosophique doit aider le client à élargir l’horizon de sa vie (celle du client).

Achenbach’s method (beyond-method method)

Gerd Achenbach is considered to be the founder of philosophical counseling since 1981, when he opened the first cabinet dedicated to this type of counseling (Achenbach, 1984). Thus, in the practice offered to clients, the method of counseling used by him was called by Shlomit Schuster (1993) beyond-method method, as the German philosopher considers that the counseling process involves a variety of methods in order to improve the life of clients (Achenbach, 1996). In other words, for Achenbach, solving problems related to philosophical counseling is not limited to the thinking of a single philosopher, but the counselor must consider everything that philosophy means in order to help the client (Schuster, 1996a). As such, this is the method proposed by Achenbach that opens the field of expertise in philosophical counseling (Schuster, 1995).

Moreover, in this method, Raabe (1999) finds that it would be necessary to apply four rules: 1) the philosophical counselor must adapt to the client’s problems; 2) the philosophical counselor helps the client, first of all, to understand the cause(s) of the discomfort felt; 3) the counselor should not abandon the client until the client’s problems are resolved; and 4) the philosophical counselor must help the client to broaden the horizon of his / her (the client’s) life.

La philosophie comme mode de vie

Inspirés par les travaux de Pierre Hadot (1999), comme le souligne Raabe (1999), certains philosophes ont repensé la possibilité de faire de la philosophie un mode de vie – comme la philosophie était considérée par les anciens. (…)

Philosophy as a Way of Life

Inspired by the work of Pierre Hadot (1999), as Raabe (1999) points out, some philosophers rethought the possibility of philosophy as a way of life – as philosophy was considered for the ancients. (…)

La méthode psycho-philosophique

Cette méthode rassemble des idées issues de la psychologie, de la psychothérapie et de la philosophie (Cohen, 2004) qui sont utiles au conseiller philosophique dans la pratique. (…)

Psycho-philosophical method

This method brings together ideas from psychology, psychotherapy and philosophy (Cohen, 2004) which are useful to a philosophical counselor in practice. (…)

Faire appel aux philosophes

Contrairement à l’opinion d’Achenbach, certains philosophes praticiens parlent de l’utilisation individuelle de la pensée des philosophes dans la pratique philosophique. (…)

Calling on philosophers

Contrary to Achenbach’s view, some practicing philosophers speak of the individual use of philosophers’ thinking in philosophical practice. (…)

La méthode de prise de décision en deux étapes

Il s’agit d’une méthode proposée par Marinoff (1995) et qui vise à résoudre les problèmes de conseil éthique qui prévalent dans le champ d’expertise des philosophes praticiens depuis les années 1990 (Cozma, 2021). Cette méthode se déroule en deux étapes et vise à lever la paralysie décisionnelle. Dans un premier temps, le conseiller aide le client à clarifier les options possibles, tout en discutant des résultats qui seraient obtenus dans chaque cas. La deuxième étape consiste à proposer d’autres possibilités pour résoudre le(s) problème(s) du client. (…)

Two-stage decision-making method

This is a method proposed by Marinoff (1995) and aims to solve the problems of ethical counseling, which has prevailed in the field of expertise of practicing philosophers since the 1990s (Cozma, 2021). This method is done in two steps and aims to remove decision paralysis. The first step is for the counselor to help the client clarify the possible options, while also discussing the results that would be obtained in each case. The second step is to propose other possibilities to solve the client’s problem(s). (…)

La méthode des six étapes de la relation

Il s’agit d’une méthode proposée par Annette Prins-Bakker (1995) qui vise manifestement à résoudre les problèmes philosophiques qui peuvent survenir dans un couple. (…)

Six-stage relationship method

It is a method proposed by Annette Prins-Bakker (1995) and obviously aims to solve philosophical problems that may arise in a couple. (…)

Méthode de groupe

Cette méthode est destinée à la consultation de groupe ; par exemple, lorsqu’un conseiller philosophique est appelé à discuter avec les membres d’une société, d’une organisation, etc. Elle consiste à aider ces membres à conceptualiser les problèmes et, en outre, à améliorer leur vie en écoutant leurs collègues. En d’autres termes, il s’agit d’élargir la vision du monde, comme l’observe Ruschmann (1998). Raabe (1999) affirme que grâce à cela, les clients en viennent à examiner l’adéquation de leur conception du monde, ce qui peut modifier leur comportement quotidien (au sein de l’organisation / de l’entreprise, etc.). (…)

Group method

This method is intended for group counseling; for example, when a philosophical counselor is asked to discuss with members of a corporation, organization, etc.. It consists of helping these members to conceptualize problems and, moreover, to improve their lives by listening to their colleagues. In other words, it is about broadening the worldview, as Ruschmann (1998) observes. Raabe (1999) states that through this, the clients come to examine the adequacy of their conception of the world, which can change their daily behavior (within the organization / corporation etc.). (…)

Le dialogue socratique

Outre la référence claire aux dialogues de Platon, cette méthode est discutée et attribuée à Leonard Nelson (1949), qui a également proposé quelques règles utiles pour la pratique philosophique, même si ces règles sont apparues bien plus tard dans le domaine du conseil. Par exemple, le conseiller philosophique qui utilise le dialogue socratique proposé par Nelson pose une question aux participants et exige d’eux des réponses pertinentes avec des exemples de situations dans leur vie où ils ont vécu une telle chose. Après avoir écouté leurs réponses, le conseiller choisit un cas d’événement exemplaire à discuter ensemble (Raabe, 1999 ; Farnsworth, 2021). En d’autres termes, dans un tel cas, le rôle du conseiller philosophique est de modérer une discussion sur un sujet qu’il a lui-même défini. (…)

Socratic dialogue

In addition to the clear reference to Plato’s dialogues, this method is discussed and attributed to Leonard Nelson (1949), who also proposed some useful rules for philosophical practice, even though these rules came into this field of counseling much later. For example, the philosophical counselor who uses the Socratic dialogue proposed by Nelson asks a question to the participants and requires from them relevant answers with examples of situations in their lives when they have experienced such a thing. After listening to their answers, the counselor chooses a case of an exemplary event to discuss together (Raabe, 1999; Farnsworth, 2021). In other words, in such a case, the role of the philosophical counselor is to moderate a discussion on a topic established by him. (…)

Méthodes fondées sur la logique

Il existe également des méthodes basées sur la pensée logique ou critique, parfois sans distinction claire entre ces deux types de pensée. L’idée sous-jacente à ces méthodes est que les déclarations du client peuvent être analysées logiquement (Cohen, 1995). Le rôle du conseiller philosophique qui utilise cette méthode est de rechercher avec le client les éventuelles erreurs logiques insérées dans le raisonnement de ce dernier. Là encore, l’idée est très simple : tant que le client commet des erreurs logiques lorsqu’il exprime ses idées, son système d’hypothèses, de préjugés et de croyances en pâtit, car il est basé sur des syllogismes non valides. Le conseiller philosophique doit donc détecter ces syllogismes et les reformuler afin que le système philosophique du client soit logiquement correct (Cohen, 1995). (…)

Logic-based methods

There are also methods based on logical or critical thinking, sometimes there is no clear distinction between these two types of thinking. The idea behind these methods is that the client’s statements can be analyzed logically (Cohen, 1995). The role of the philosophical counselor who uses this method is to investigate together with the client the possible logical errors inserted in the reasoning of the latter. Again, the idea is very simple, as long as the client makes logical mistakes when expressing his / her ideas, his / her system of assumptions, prejudices, beliefs suffers, as they are based on some invalid syllogisms. As such, the philosophical counselor must detect these syllogisms and reformulate them so that the client’s philosophical system is logically correct (Cohen, 1995). (…)

La méthode PEACE

Cette méthode est l’une des plus connues dans le domaine du conseil philosophique. Proposée par Lou Marinoff (2014), il s’agit d’une méthode progressive en cinq étapes. Ainsi, ses étapes sont : le problème, l’émotion, l’analyse, la contemplation et l’équilibre. En bref, si un conseiller applique cette méthode pour résoudre le(s) problème(s) de son client, l’objectif est d’atteindre un « équilibre » avec le sens du bien-être dans la vie. Par conséquent, le problème auquel le client est confronté doit d’abord être identifié, puis les émotions liées au problème sont détectées, suivies de l’étape au cours de laquelle ces émotions sont analysées et réfléchies – le client est invité à philosopher avec le conseiller. Frunză (2018), un conseiller philosophique roumain, estime que cette méthode est efficace pour de nombreuses formes de pratique philosophique, mais aussi pour le conseil personnel ou la thérapie philosophique. (…)

PEACE method

This method is one of the best known methods in the field of philosophical counseling. It was proposed by Lou Marinoff (2014) and is a progressive five-step method. Thus, its stages are: problem, emotion, analysis, contemplation and equilibrium. In short, if a counselor applies this method to solve the client’s problem (s), then the objective is to achieve “equilibrium” with the meaning of well-being in life. Therefore, the problem that the client is facing must first be identified, then the emotions related to the problem are detected, followed by the stage in which these emotions are analyzed and reflected – the client is asked to philosophize with the counselor. Frunză (2018), a Romanian philosophical counselor, finds that this method is effective for many forms of philosophical practice, but also for personal counseling or philosophical therapy. (…)

Méthode MEANS

La méthode MEANS est une autre méthode proposée par Marinoff (2003). MEANS est un acronyme qui représente en fait les étapes de la méthode. Il s’agit des étapes suivantes : Moments de vérité, Attentes, Attachements, Émotions négatives et Choix sagaces (Marinoff, 2003, p. 320). Le philosophe praticien pense que cette méthode aidera le client à s’inspecter philosophiquement et, en outre, à clarifier ce que nous pourrions appeler sa propre philosophie de la vie. (…)

MEANS method

The MEANS method is another method proposed by Marinoff (2003). MEANS is an acronym and represents, in fact, the stages of the method. These are: Moments of truth, Expectations, Attachments, Negative emotions, and Sagacious choices (Marinoff, 2003, p. 320). The practicing philosopher believes that this method will help the client to inspect himself philosophically and, moreover, to clarify what we might call his or her own philosophy of life. (…)

La méthode Amir

Partant du principe que la consultation philosophique vise à dissiper la confusion du client sur certains aspects de la vie (Iftode, 2010), Amir (2003) propose une méthode en plusieurs étapes. Le point de départ ou la première étape consiste à poser une question sur le problème du client ; le processus de conseil commence alors. Des réponses alternatives à cette question sont fournies et, après les avoir mises en évidence, la troisième étape de la méthode commence, c’est-à-dire l’évaluation critique des réponses. Sur la base de cette évaluation, une autre question est posée et le processus reprend. Il est important que cette séquence de questions soit correcte par rapport au niveau d’abstraction du client (Amir, 2003). (…)

Amir method

Assuming that philosophical counseling aims to remove the client’s confusion about some aspects of life (Iftode, 2010), Amir (2003) proposes a multi-steps method. The starting point or the first step is asking a question about the client’s problem; thus, the counseling process begins. Alternative answers to this question are provided, and after highlighting them, the third step of the method starts, i.e. the critical evaluation of the answers. Based on this assessment, another question is asked and the process is resumed. It is important that this sequence of questions is correct in relation to the level of abstraction of the client (Amir, 2003). (…)

Approche appréciative

Sandu (2012) a proposé une méthode de conseil éthique, mais qui peut également être appliquée à certaines questions qui ne sont pas nécessairement liées à l’éthique. La méthode appréciative proposée par le philosophe roumain est basée sur le fait que le processus de conseil part de certains points forts et positifs liés au problème du client et que, par la suite, grâce à leur analyse, le conseiller philosophique propose des solutions (dans la même clé appréciative) avec le client. (…)

Appreciative approach

Sandu (2012) offered a method of ethical counseling, but which can also be applied to some issues that are not necessarily related to ethics. The appreciative method proposed by the Romanian philosopher is based on the fact that the counseling process starts from some strengths and positive issues related to the client’s problem and, further, through their analysis, the philosophical counselor proposes solutions (in the same appreciative key) with the client. (…)

La méditation philosophique comme méthode de conseil

Haţegan (2019) propose la méditation (philosophique) comme méthode de conseil philosophique. Si cette méthode est appliquée, le conseiller philosophique doit guider son client et participer activement au processus de conseil, en répondant aux questions du premier. Ce qu’il est important de noter à propos de cette méthode, c’est son ouverture à d’autres méthodes ou techniques de conseil. En outre, elle peut être considérée comme une méthode herméneutique, car le conseiller peut réfléchir avec son client sur des textes philosophiques. (…)

Philosophical meditation as a counseling method

Haţegan (2019) proposes (philosophical) meditation as a method in philosophical counseling. If this method is applied, the philosophical counselor must guide his client and actively participate in the counseling process, by answering the questions of the former. What is important to note about this method is its openness to other methods or techniques of counseling. In addition, it can be considered a hermeneutic method, because the counselor can reflect with the client on philosophical texts. (…)

Méthode IPAA

En partant des quatre principes de la méthode de résolution de problèmes de Pólya, par analogie, nous proposons dans cet article une nouvelle méthode de conseil philosophique. Les objectifs de cette étude sont donc les suivants : passer en revue plusieurs méthodes de conseil philosophique ; justifier la nécessité d’une nouvelle méthode, que nous avons appelée la méthode IPAA ; développer les quatre principes – le principe d’identification (I), le principe de planification (P), le principe d’application (A) et le principe d’hypothèse (A). Pour y parvenir, nous avons tenu compte du fait que la nature des problèmes philosophiques rencontrés par les clients des conseillers philosophiques, qu’ils soient existentiels, moraux ou métaphysiques, peut être résolue par elle-même. Par conséquent, nous avons soutenu que si, dans un premier temps, les clients ont réellement besoin de l’apport des conseillers philosophiques, tant que ces derniers utilisent la méthode IPAA – une méthode de résolution de problèmes – ils peuvent offrir aux clients la possibilité de s’auto-conseiller. La nouveauté de la méthode IPAA réside dans le fait qu’elle offre au client, assisté et guidé au départ par le conseiller, la possibilité de réaliser l’acte de conseil en dehors du cabinet, en étant habilité à appliquer les quatre principes méthodologiques mentionnés ci-dessus. La présente étude est pertinente dans la mesure où la nouvelle méthode IPAA, une méthode axée sur la résolution des problèmes quotidiens, est une méthode utile à la fois pour les conseillers philosophiques, car son application en cabinet les aide à former les clients à la recherche, à la compréhension et à la prise en charge de leur propre vie, et pour les clients, car s’ils sont aidés en premier lieu par l’expertise du conseiller, ils peuvent clarifier et résoudre de manière autonome leurs difficultés quotidiennes.

IPAA method

Starting from the four principles of Pólya’s problem-solving method, by analogy, in this paper we propose a new method of philosophical counseling. Thus, the objectives of this study are as follows: the review of several methods of philosophical counseling; justifying the need for a new method, which we called the IPAA method; developing the four principles – the principle of identification (I), the principle of planification (P), the principle of application (A) and the principle of assumption (A). In order to achieve these, we took into account the fact that the nature of the philosophical problems faced by the clients of the philosophical counselors, whether they are existential, moral or metaphysical, can be solved on their own. Therefore, we argued that if in the first instance, clients really need the input of the philosophical counselors, as long as the latter uses the IPAA method – a problem-solving method – they can offer clients the opportunity to self-counsel. The novelty of the IPAA method consists in the fact that it offers the client, assisted and guided at the beginning by the counselor, the possibility to carry out the act of counseling outside the office, being empowered to apply the four methodical principles mentioned above. The present study is relevant in that the new IPAA method, a method focused on solving everyday problems, is a useful method for both philosophical counselors, as its application in the office helps them to train the clients in researching, understanding and assuming their own lives, as well as for the clients, because if they are assisted in the first instance by the counselor’s expertise, they can independently clarify and solve their daily difficulties

Source : Hagiu, A., Bortoș, S., & Tamaș, I. (2023). A New Method in Philosophical Counseling (IPAA). Postmodern Openings, 14(1), 46-61. https://doi.org/10.18662/po/14.1/603

Traduction : Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite).


Diversité des méthodes VS Monopôle du dialogue socratique

Le domaine de la philosophie pratique en appelle à une grande diversité de méthodes. Le dialogue socratique classé dans l’approche interrogative ne détient donc pas le monopôle de la pratique philosophique. Elle est choix. Mais est-ce un choix éclairé ? Est-ce un choix qui convient encore de nos jours ?

J’ai déjà dénoncé le caractère dogmatique dans l’application du dialogue socratique par certains philosophes praticiens, une dénonciation fondée sur ma propre expérience de leurs pratiques. Je reproche à l’approche interrogative la répression des émotions chez le client (Article # 32 – Les émotions en philothérapie).

Je ne suis pas un adepte de cette pratique du dialogue socratique, du moins ce qu’elle est devenue aujourd’hui, une technique rigide voire dogmatique. Je l’ai expérimentée à trois reprises avec différents philosophes praticiens et je n’ai pas aimé le traitement qui me fut réservé.

Le recours à des questions fermées avec deux choix de réponses (oui ou non), la répression de mon être émotionnel, l’interdiction de se justifier au-delà d’une seule phrase et de se référer à l’historique de son idée, à son passé, font de cette pratique contemporaine du dialogue socratique qu’il perd sa nature même de dialogue.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

Débat sur la scène internationale – Démontration

Sur la scène internationale, le dialogue socratique (approche interrogative) fait débat; le doute et le questionnement sont toujours de mise en philosophie. En voici la démonstration.


Morten Fastvold

L’approche policière de la consultation philosophique

La manière de faire de la consultation philosophique est dans une large mesure une question d’attitude. Qu’est-ce que le conseiller peut s’autoriser à faire vis-à-vis de son invité, qu’est-ce qu’il doit s’abstenir ou même s’interdire de faire, comment doit-il décrire l’invité et la situation de consultation de manière métaphorique – ce type de questions influencera inévitablement le conseiller dans sa pratique, qu’il en soit conscient ou non. Examinons donc de plus près la question de l’attitude, ainsi que les possibilités et les limites qui y sont liées.

Tout d’abord, j’examinerai l’attitude prédominante du type de conseiller « au-delà de la méthode », telle qu’elle est modélisée dans la formation dispensée par la Société norvégienne de conseil philosophique et dans un manuel récent (Svare/Herrestad : Filosofi for livet) sur la manière dont le conseil philosophique doit être effectué. Je qualifierai cette attitude d' »approche bienveillante ». J’opposerai ensuite cette attitude à ce que j’appellerai, peut-être de manière choquante, « l’approche policière » de la consultation philosophique. Mes camarades de classe et mes mentors ne seront pas surpris d’apprendre que cette « approche policière » est propagée par notre collègue français Oscar Brenifier, même si l’étiquette est mon invention et non la sienne. Oscar a toutefois avancé la métaphore du bon policier lors d’un séminaire de conseil philosophique qui s’est tenu ce mois-ci à Oslo, où il a également dirigé une session qui a démontré comment une telle attitude pouvait être employée dans une pratique réelle. Cette séance sera abordée dans mon document, à titre d’exemple.

La recherche d’un climat de confiance : L’approche bienveillante

En Norvège, l’attitude prédominante du conseiller philosophique est celle d’un compagnon de conversation attentif et empathique qui a à cœur de faire en sorte que son invité se sente chez lui et à l’aise pendant la consultation. Le conseiller fait une petite cérémonie de bienvenue en offrant du thé ou du café à son invité, il souligne l’égalité entre lui et son invité en meublant son bureau de deux fauteuils égaux groupés dans un angle de 120 degrés pour éviter la connotation de confrontation de 180 degrés, et il parle et se comporte d’une manière douce et sympathique afin de créer une atmosphère de confiance et de sécurité. Le message est le suivant : « N’hésitez pas à me dire ce que vous voulez », et lorsque l’invité commence à parler, le conseiller s’empresse de lui laisser la scène. Les questions sont principalement destinées à encourager l’invité à poursuivre ou à développer certains points, en particulier au début de la consultation. La question « Pouvez-vous m’en dire plus ? » est fréquemment utilisée et recommandée, accompagnée de regards et de hochements de tête encourageants, car le conseiller sait qu’il est utile de se taire la plupart du temps et de créer ainsi l’espace nécessaire pour que son invité puisse réfléchir à haute voix en sa présence. Souvent, cela suffit, nous dit-on, car l’invitée parviendra à une meilleure compréhension d’elle-même simplement en parlant en présence d’un interlocuteur attentif qui s’abstient d’exprimer ses propres préoccupations et inquiétudes. C’est dans cette incongruité que réside une différence cruciale entre une consultation et un entretien avec un ami, car vous ne pouvez pas attendre de votre ami qu’il vous laisse autant d’espace pour vous-même qu’un conseiller.

Ainsi, la croyance dans le pouvoir éclairant et clarifiant de la pensée à haute voix en présence d’une personne ayant reçu une formation philosophique semble être un élément central de la méthode de conseil actuelle, influencée par « l’au-delà de la méthode ». Cela présuppose une attitude bienveillante d’empathie et de confiance afin que l’invité se sente libre de révéler ses pensées et ses inquiétudes. De temps en temps, le conseiller peut poser une question qui remet en question la façon de penser de l’invité, ou peut-être une métaphore ou un point de vue alternatif qui peut lui ouvrir les yeux sur (pour lui) de nouvelles façons de voir les choses. Mais cela se fait en improvisant, et non en suivant une méthode, car chaque invité est un être humain unique et chaque conversation est nouvelle et différente de toutes les conversations précédentes dans le bureau du conseiller. Le conseiller doit s’efforcer d’être prudent et attentif, et non d’acquérir des compétences méthodologiques qui seraient trop mécaniques pour la tâche délicate de la consultation philosophique.

(…)

La quête de la vérité : l’approche policière

L’approche bienveillante ayant été présentée comme la seule attitude appropriée d’un conseiller philosophique, nous pourrions trouver la métaphore du bon policier à la recherche de la vérité tout à fait inappropriée pour décrire notre pratique, si ce n’est totalement hors de propos ou même folle. Un policier, même un bon policier, représente tout ce que le conseiller bienveillant cherche à éviter : la confrontation, une atmosphère déstabilisante, une enquête insistante où des questions sont posées sans cesse jusqu’à ce qu’une vérité cachée et souvent désagréable soit trouvée. Pourquoi un conseiller devrait-il adopter une métaphore aussi peu attrayante, et pourquoi un invité devrait-il accepter d’être traité comme un suspect, et même payer cher pour cela ? Si l’invité a avant tout besoin d’un espace suffisant pour réfléchir à voix haute en présence d’un conseiller attentif et compréhensif, toute interrogation persistante à la recherche d’une vérité serait au mieux inutile, au pire préjudiciable. Comment pourrait-on alors justifier la suggestion d’une approche policière de la consultation philosophique ?

Pour aller plus loin sur ce point, il faut remettre en cause ce présupposé de base selon lequel les gens ont tendance à découvrir les choses par eux-mêmes uniquement en réfléchissant à haute voix dans l’espace de confiance que leur offre le conseiller. S’il est vrai que cela se produit, comme nous en faisons parfois l’expérience nous-mêmes et avec d’autres, il n’en reste pas moins que les gens ont tendance à fuir leurs propres pensées, et surtout les implications de leurs propres pensées. Comme le répète Oscar Brenifier, les gens ont souvent peur de leurs propres mots. Le refus des gens de s’en tenir à ce qu’ils ont réellement déclaré et d’être confrontés à leurs propres mots est un phénomène étonnant qui est révélé à maintes reprises dans ses sessions, même si ce phénomène n’est pas décrit, et encore moins réfléchi, dans notre manuel actuel. Ayant moi-même expérimenté ce phénomène en étant plusieurs fois l’invité d’Oscar, et ayant regardé plusieurs de ses sessions avec d’autres invités, je crois maintenant que le fait d’échapper à ses propres mots et aux implications de ses propres pensées est une tendance très humaine, peut-être même un aspect de la condition humaine.

Il ne s’agit pas de la notion de refoulement propre aux psychanalystes, où une expérience douloureuse est refoulée dans l’inconscient et où le patient s’oppose à ce qu’elle soit ramenée au grand jour ; la vie privée et la biographie de l’invité ne sont pas le sujet des séances d’Oscar. Non, il s’agit d’idées générales et philosophiques produites par l’invité, qui doivent être examinées d’une manière purement philosophique, jusqu’à ce que le conseiller et l’invité en révèlent les implications. Il s’agit d’aider l’invité à donner naissance à ses propres idées et à examiner la viabilité de ces « rejetons » d’une manière très socratique, où la « vie » est censée être exclue de la discussion apparemment purement intellectuelle, mais où la « vie » ne cesse de surgir, principalement sous la forme d’une résistance et d’une envie d’échapper à l’examen de ses propres idées.

(…)

La raison pour laquelle Oscar ne prévoit pas d’écouter les récits des gens sur leur vie privée dans ses séances est, comme il l’a révélé comme un secret de polichinelle après sa séance de foyer à la conférence Bildung de Copenhague, qu’il trouve ce genre de conversation ennuyeux. (Sa raison officielle : « Je ne suis pas psychologue, je ne peux donc pas m’occuper de problèmes privés et émotionnels »). Il ne s’agit évidemment pas d’un argument philosophique, mais simplement d’une déclaration de propension personnelle. Écouter les gens raconter leur vie n’est tout simplement pas sa tasse de thé. Si d’autres philosophes aiment s’adonner au style de conseil « conversation cultivée », il ne lancera pas de croisade contre eux, même s’il ne trouve pas ces conversations très philosophiques ou très utiles. Il préférera faire de la philosophie avec son invité, en étudiant ses idées, au lieu de se contenter d’échanger des opinions et des idées, ce qui n’est pas faire de la philosophie selon lui.

(…)

Source : FASTVOLD, Morten Fastvold, The Policeman Approach to Philosophical Counseling.

Traduction : Traduit avec DeepL.com (version gratuite).

À LIRE DU MÊME AUTEUR : Conversation or interrogation: two different approaches to philosophical counseling, Morten Fastvold.


Le dialogue socratique, un modèle désormais dépassé?

Livio Rossetti

Cet article prend pour point de départ un double paradoxe. D’une part, il s’ancre sur cette divergence, spectaculaire, existant entre l’habitude que nous avons de penser que Socrate a été le champion du dialogue d’égal à égal, habitude qui, pour nous, Italiens, est liée à l’enseignement de Guido Calogero, et les arguments avancés récemment par un spécialiste sud-américain, Walter Oman Kohan. Kohan suggère en effet presque le contraire de ce que dit Calogero. Il insiste sur le fait que, dans les dialogues aporétiques de Platon — en réalité, ce n’est pas seulement dans le cas de ce groupe de dialogues dits socratiques que cela se produit —, Socrate se révèle souvent incapable d’écouter son interlocuteur, déterminé comme il est à suivre son intuition et à s’opposer sans hésitation (ou presque) à son interlocuteur.

Source : LIVIO, Rossetti, Le dialogue socratique, un modèle désormais dépassé ?, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, p.17. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)


Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue

(Émotion dans le dialogue – Une nouvelle proposition du dialogue socratique intégré)

Laura Candiotto

Extrait de Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

Le texte «Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue (Émotion dans le dialogue – Une nouvelle proposition du dialogue socratique intégré) de Laura Candiotto m’a également ravi dès les premières lignes parce qu’il propose de tenir compte des émotions dans le dialogue avec le client en consultation philosophique.

Les citations ci-dessous furent traduites de l’anglais au français par https://www.onlinedoctranslator.com/fr/.

Aristote est connu pour sa théorie rhétorique et pour analyser la relation entre les émotions et la persuasion. On peut soutenir que Platon a été le premier à explorer et à acquérir des connaissances significatives sur cette relation. Par exemple, le Sophiste 230b-230e5 de Platon (le passage du « noble sophisme ») montre clairement le lien entre le niveau logique et le niveau émotionnel que l’on retrouve dans l’elenchus socratique (réfutation). Pour être complète, la purification a également besoin d’un accord psychologique, qui est le résultat de la collaboration avec les émotions, principalement la honte.

Surtout dans les premiers dialogues platoniques, Socrate n’aborde pas seulement la partie intellectuelle de l’âme des interlocuteurs, en audience ou en public, mais il utilise également le canal émotionnel. Ce processus a lieu pour diverses raisons : d’abord pour orienter le dialogue et transmettre un contenu spécifique au public, mais aussi pour accompagner l’interlocuteur à travers une véritable transformation de soi – une transformation ayant le pouvoir d’engendrer un nouveau style de vie.

En d’autres termes, Platon suscite la collaboration des sphères rationnelle et émotionnelle afin d’inciter les citoyens à poursuivre un style de vie philosophique, changeant ainsi leurs modes de vie, leurs valeurs et leurs modèles.

Ainsi, les émotions permettent la constitution de l’identité dans la dimension cognitive intersubjective parallèlement à une transformation de soi. Ceci est possible grâce à leur caractère médiateur : les émotions ne sont pas des aspects irrationnels mais des instances médiatrices entre l’irrationnel et le rationnel. En d’autres termes, ils sont cruciaux pour le bien-être harmonieux de l’individu – et de la polis – qui est à la recherche de la juste composition. Lorsqu’elles sont correctement orientées, les émotions – grâce à la collaboration avec la composante rationnelle – sont la force motrice qui conduit l’âme à la découverte de la vérité. Si toutefois les émotions sont corrompues et ne sont pas régies par la partie rationnelle de l’âme, elles conduisent l’âme à commettre les plus grands méfaits (dans cette perspective, l’analyse de l’âme du tyran menée dans la République est exemplaire).

Source : CANDIOTTO, Laura, Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, pp. 79-80. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)

P.S. : Polis – Wikipédia.: «En Grèce antique, la polis (en grec ancien πόλις / pólis ; « cité » dans l’étymologie latine « civitas » ; au pluriel poleis) n’est pas une cité-État, le mot État étant anachronique, mais une communauté de citoyens libres et autonomes(1), le corps social lui-même, l’expression de la conscience collective des Grecs(2).»

(1) Le mot grec polis a donné le mot politique (politics en langue anglaise) : dans la Grèce antique, les politai (citoyens) étaient les acteurs de la vie politique.

(2) Louis Gernet, Les débuts de l’hellénisme, Les Grecs sans miracle, Paris, 1983

Laura Candiotto nous lance sur la piste d’une adaptation contemporaine de l’ancien dialogue socratique.

Cette interprétation du rôle des émotions permet de penser la philosophie comme un mode de vie, comme une pratique visant à la transformation et à l’amélioration à la fois du philosophe et de son contexte de vie, grâce non seulement à des « outils pour penser » mais aussi à « outils pour ressentir ».

Source : CANDIOTTO, Laura, Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, p. 80. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)


C’est pour ces raisons que j’expérimente depuis quelques années une forme spécifique de dialogue socratique, que je définis comme « intégrale ». Le dialogue socratique contemporain devrait assumer une vision intégrale de la pratique philosophique, selon laquelle les émotions ne sont pas seulement considérées comme l’antithèse de la rationalité mais comme des éléments constitutifs de l’être humain, travaillant constamment avec la raison dans les divers processus de recherche.

Source : CANDIOTTO, Laura, Emotion in dialogue – A new proposal : the integral socratic dialogue, Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, p. 82. (Voir : Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017.)

Selon Laura Candiotto, « une méthode philosophique incapable d’intégrer le niveau émotionnel risque de perdre en efficacité ».


Everybody’s Philosophical Counselling

Shlomit Schuster

The Philosophers’ Magazine

(…)

Achenbach refuse de transformer son idée de praxis en méthode et préfère garder le style de conversation indéterminé et ouvert. Néanmoins, il est possible de présenter des descriptions, des « panneaux routiers », qui donnent des indications à d’autres philosophes désireux d’imiter ses conseils fructueux et responsables aux personnes en quête de sens ou de solutions dans des situations problématiques. Parmi ces panneaux routiers, quatre sont fondamentaux :

  • La communication sincère entre le praticien philosophique et le visiteur, basée sur une méthode « au-delà de la méthode ».
  • L’importance du dialogue, en tant que ce qui vivifie – et découle de l’être.
  • « Auslegen » – une recherche d’explications – dans laquelle le praticien s’unit au problème, non pas en transmettant sa propre compréhension de celui-ci, mais en donnant au visiteur une nouvelle impulsion pour s’expliquer lui-même.
  • La composante innovante du dialogue, l’élément d’émerveillement dans la pratique philosophique, qui ne permet pas de points de vue fixes, d’attitudes standard ou de solutions permanentes.


Beyond method, Anders Lindseth style: The quest to open up philosophical space in the consulting room

The Norwegian Society of Philosophical Counseling

Philosophical Practice, November 2005; 1(3): 171 /183.

MORTEN FASTVOLD

L’approche « au-delà de la méthode » est essentielle pour le philosophe norvégien Anders Lindseth, qui a été le pionnier de la consultation philosophique en Norvège et le mentor d’autres conseillers. Lui-même influencé par Gerd Achenbach, Lindseth n’aime ni les méthodes ni les thérapies et préconise plutôt le principe de « l’ignorance touchée ». Lors d’un séminaire à Oslo l’année dernière, Lindseth a discuté de ces concepts avec des étudiants en conseil philosophique, et a fait évaluer une session de démonstration. Basé sur le séminaire, cet article présente la position de Lindseth et jette un regard critique sur la notion de  » au-delà de la méthode « . Au lieu de renoncer complètement à la méthode, l’auteur affirme que les conseillers philosophiques peuvent employer la méthode dans un sens limité sans succomber à la « thérapie » au sens professionnel et péjoratif du terme. Mots-clés : L’approche au-delà de la méthode, le mode du non-savoir touché, la création d’un « espace libre » pour la pensée, la focalisation sur la vulnérabilité de l’invité, la métaphore d’un ruisseau de soupirs, le mode de travail « structurel », le dédain de la méthode et de la thérapie.

FASTVOLD, Morten, Beyond method, Anders Lindseth style: The quest to open up philosophical space in the consulting room, The Norwegian Society of Philosophical Counseling, Philosophical Practice, November 2005; 1(3): 171 /183.


On Getting Beyond Idle Talk – some Additional Reflections on Oscar Brenifier’s Sessions

(Dépasser le stade des discussions oiseuses – quelques réflexions supplémentaires sur les sessions d’Oscar Brenifier)

Mes efforts pour comprendre et défendre la méthode de conseil d’Oscar Brenifier ont déclenché un débat parmi les conseillers philosophiques norvégiens au printemps 2004. Dans cet article, je réponds aux critiques de certains de mes collègues et je présente une autre méthode de conseil, préconisée par le conseiller canadien Peter Raabe.

Depuis la visite d’Oscar, j’ai trouvé le temps de lire le livre de Peter B. Raabe Philosophical Counceling. Theory and Practice de Peter B. Raabe, que je trouve très instructif et judicieux dans sa description de ce que pourrait être le conseil philosophique. L’un de ses termes intéressants est celui de « compétence dialogique », et je suggère que la découverte de ce qu’est réellement la compétence dialogique devrait être une question majeure dans nos études ultérieures. J’ai trouvé qu’Oscar possédait une bonne dose de compétence dialogique, tout comme Socrate, selon les écrits de Platon, même si je ne peux pas donner une définition exacte de ce qu’est cette faculté. Étant un nouveau venu dans ce domaine, je peux seulement dire que « je le sais quand je le vois ». Et que je veux certainement en apprendre davantage à ce sujet, que ce soit en ayant des séances avec des praticiens ayant une compétence dialogique considérable ou en lisant attentivement les histoires de cas de Raabe et d’autres, et certainement les dialogues socratiques.

Pour en revenir à Raabe, je trouve que son propre concept de pratique philosophique (tel qu’il est décrit dans son chapitre 4) dans son chapitre 4) pour combler le fossé supposé entre ma conception initiale de la pratique philosophique comme une entreprise centrée sur l’invité et, dans une large mesure, sur l’écoute, et une approche directe et centrée sur le praticien représentée par Oscar. Selon Raabe, la consultation philosophique devrait comporter quatre étapes, à savoir :

– Étape 1 : Conversation libre où l’invité est autorisé à parler librement de ses problèmes et où le praticien se contente d’écouter.

– Étape 2 : Résolution immédiate du problème, où l’invité et le praticien se concentrent sur un problème immédiat qui doit être résolu par le biais d’un dialogue philosophique.

– Étape 3 : L’enseignement en tant qu’acte intentionnel, où le praticien fournit à l’invité les capacités de réflexion nécessaires pour faire face à des problèmes similaires aujourd’hui et à l’avenir.

– Étape 4 : Trancendance, où l’invité est amené à discuter de questions antérieures d’une manière générale, en transcendant son besoin immédiat de résolution de problèmes.

Tous les invités ne vont pas jusqu’au stade 4, nous dit Raabe ; certains se contentent d’être écoutés au stade 1, d’autres abandonnent après avoir résolu leurs problèmes immédiats au stade 2, tandis que d’autres veulent acquérir des compétences de réflexion au stade 3 et peut-être même s’adonner à une véritable philosophie au stade 4. Ces étapes peuvent également être entrelacées, dit-il, par exemple en revenant à l’étape 1 si un nouveau problème émerge lors du traitement d’un autre problème à l’étape 2, ou même pendant la session d’enseignement à l’étape 3.

Ce que je trouve révélateur, c’est que le stade 1 de Raabe correspond très bien à mon concept initial de conseil philosophique, comme « la façon dont nous le faisons ici en Norvège ». Ce qui est révélateur, c’est que le stade 1, aussi nécessaire qu’il soit, ne représente pas l’ensemble de la situation, comme j’étais initialement enclin à le croire. À un moment donné, peut-être dès la deuxième séance, le praticien peut estimer que l’invité est prêt à passer à l’étape 2, en s’attaquant plus directement à ses problèmes.

Pour ce faire, il ne suffit pas d’être un bon auditeur emphatique qui connaît les positions philosophiques et a quelques citations réconfortantes à portée de main ; il faut aussi posséder un certain minimum de compétences dialogiques que l’on pourrait qualifier d’outils et d’astuces du métier. La capacité à poser la bonne question au bon moment me semble essentielle à cet égard, tout comme un boucher doit savoir où planter son couteau dans l’animal abattu, afin d’obtenir les bonnes tranches de viande souhaitées par ses clients. (Platon n’utilise-t-il pas cette analogie du boucher pour parler de ce que nous pourrions appeler la compétence dialogique ? Je me souviens qu’il le fait). Pour amener l’invité au stade 3, le praticien doit également connaître les techniques de pensée critique telles que la logique informelle et être capable de l’enseigner d’une manière adaptée à l’invité, et au stade 4, il doit vraiment connaître les différentes positions philosophiques. Il s’agit là d’exigences très strictes.

Si l’on s’en tient au modèle de Raabe, la compétence dialogique d’Oscar et d’autres ne sera pas utilisée avant le stade 2, et les jeux « purement philosophiques » d’Oscar ne seront peut-être pas joués avant les stades 3 et 4. Vu sous cet angle, nous n’avons pas à débattre pour ou contre « l’approche d’Oscar », comme si nous devions choisir entre « notre belle manière » et « sa manière grossière » de faire les choses. Une telle discussion me semble peu fructueuse et en fait inutile. Le modèle de Raabe, plutôt orienté vers le bon sens, utilise les deux approches, ce qui est une situation gagnant-gagnant – mais une situation où les exigences en matière de compétence dialogique doivent être mises en évidence. Et doit être enseigné de manière approfondie à tous les étudiants en conseil philosophique.

Pour le dire brièvement et crûment : si vous ne possédez pas de compétence dialogique au point de pouvoir l’utiliser pendant une séance, vous n’êtes tout simplement pas compétent en tant que conseiller philosophique. L’exercice de la capacité d’écoute par la répétition de l’étape 1 dans les séances d’apprentissage entre étudiants ne nous permettra pas d’être des conseillers philosophiques à terme. Ce sur quoi nous devons vraiment nous concentrer, c’est sur la manière de dépasser ce flot de paroles et de commencer à mener une enquête dialogique, ce qui n’est pas facile du tout. Je pense que nous devons nous livrer à des histoires de cas et à des jeux de rôles basés sur de bons exemples, afin d’acquérir les compétences nécessaires.

(…)

Ayant fait de Peter Raabe un héros intermédiaire de ce document, j’aimerais lui donner le dernier mot (extrait de Philosophical Counseling, p. 171), où il développe ce point et souligne également la principale différence, selon lui, entre la consultation philosophique et la psychothérapie :

[Le conseil philosophique implique clairement que si certaines aptitudes cognitives et compétences rationnelles/morales sont enseignées au client au cours du processus de conseil philosophique pour une utilisation future, le conseil philosophique peut fournir les moyens par lesquels le client peut non seulement être mieux en mesure de faire face aux problèmes futurs lorsqu’ils surviennent, mais aussi de prévoir, d’anticiper et donc d’éviter les problèmes ou d’empêcher qu’ils ne surviennent en premier lieu. C’est en dépassant le stade 2, la résolution immédiate des problèmes, pour passer aux stades 3 et 4, l’enseignement et la transcendance, tels que présentés par le modèle, que la consultation philosophique devient véritablement proactive ou préventive, car c’est au cours de ces deux stades que les connaissances spécialisées, les capacités et les dispositions du philosophe sont transmises au client. Les étapes 3 et 4 permettent au client de mieux comprendre pourquoi les problèmes sont apparus dans le passé, et c’est cette compréhension qui l’aide à éviter les problèmes à l’avenir.

Je pense que toute conception de la consultation philosophique devrait inclure l’impératif selon lequel chaque conseiller philosophique devrait travailler à la création du type de conscience et de capacité de raisonnement chez son client qui lui permettra d’anticiper – et donc de prévenir – d’éventuels problèmes futurs. Non seulement un élément proactif ou préventif fort rendra beaucoup moins probable le fait que le client se retrouve involontairement confronté à des problèmes inattendus et malvenus, mais la pratique de la consultation philosophique sera ainsi plus propice à l’autonomie que la psychothérapie, et donc plus clairement différenciée de cette dernière.

FASTVOLT, Morten, On Getting Beyond Idle Talk – some Additional Reflections on Oscar Brenifier’s Sessions.

Traduction : Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite).


Cette démonstration des débats sur la scène internationale au sujet des approches interrogatives et conversationnelles nous invite à la réflexion et à fuir tout dogmatisme. Le choix d’une approche et de l’attitude face aux clients en consultation philosophique doivent être libres du biais de rigidité ou d’ancrage qui bloque la prise de recul.


« Le biais de rigidité, aussi connu sous le nom de biais d’ancrage, est un biais cognitif qui nous incite à accorder une importance disproportionnée à la première information que nous recevons sur un sujet. Cela peut nous amener à nous accrocher à des idées ou à des croyances même lorsqu’elles sont contredites par des preuves contraires. » (Gemini, Google, IA.)


Voir aussi : Biais d’ancrage sur Biaiscongnitifs.com.


Gerd B. Achenbach

On Wisdom in Philosophical Practice

(De la sagesse dans la pratique philosophique)

Lecture for the “Third International Conference on Philosophical Practice”, New York, 22. – 24. July 1997

(…)

Puisque la pratique philosophique a été fondée il y a 16 ans, nous pouvons répondre : Oui, il est temps de poser une telle question, et la pratique philosophique est cette institution qui lui offre l’espace dont elle a besoin. Nietzsche l’appelait « la question de la vérité », je propose de l’appeler la question réelle de la sagesse, qui est nécessairement une question très personnelle, ou, en termes plus distingués, une question existentielle. Reposer cette question est la tâche de la pratique philosophique. Et il appartient à sa sagesse de trouver une réponse toujours nouvelle dans chaque cas singulier et particulier. En tant que telle, cette sagesse doit faire ses preuves.

J’aurais pu m’arrêter ici. Mais je veux laisser les derniers mots à un philosophe que j’admire et que j’aime depuis longtemps – et seul un pédant pourrait objecter qu’il est impossible d’admirer et d’aimer quelqu’un en même temps. longtemps – et seul un pédant pourrait objecter qu’il est impossible d’admirer et d’aimer quelqu’un en même temps.
Mais qui se soucie des pédants ?

Ainsi : Dans son « Sur la notion de sagesse », Ernst Bloch a défini le mode d’emploi d’une philosophie actuelle de la sagesse d’une manière telle qu’il est difficile d’imaginer une devise plus précise pour la pratique philosophique : « La philosophie de la sagesse ». de telle manière qu’il est difficile de trouver une devise plus précise pour la pratique philosophique : « La sagesse », dit Bloch, « est une caractéristique, aussi discrète qu’inévitable, d’une philosophie pratique savante et unifiée ».

Et plus loin : Il faut des sages pour éviter qu’un « mouvement ne devienne routinier et pragmatique ». Ce sont eux qui maintiennent le savoir en mouvement. (Ernst Bloch: “Philosophische Aufsätze – Zur objektiven Phantasie”, Frankfurt 1969, p. 388f). A l’avenir, rien ne sera plus important pour le mouvement encore jeune de la pratique philosophique.

Source : Achenbach, Gerd B., On Wisdom in Philosophical Practice (Translated by Patrick Neubaue). Lecture for the „Third International Conference on Philosophical Practice”, New York, 22. – 24. July 1997.

Original en anglais

Since philosophical practice was founded 16 years ago, we can reply: Yes, there is time for such a question now, and philosophical practice is that institution which offers it the space it needs. Nietzsche called it „the question of truth”, I suggest calling it the actual question of wisdom, which necessarily is a very personal question, or, in more distinguished terms, an existential one. To raise this question again is the task of philosophical practice. And it belongs to its wisdom that it has to find an answer ever anew in any singular, particular case. As this kind of wisdom, it has to prove itself.

I might have stopped here. But I want to leave the last words to a philosopher whom I have admired and loved for a long time – and only a pedant might object that it is impossible to admire and to love somebody at the same time. But who cares about pedants anyway?

Thus: In his „On the notion of wisdom”, Ernst Bloch has defined the instructions for a today’s philosophy of wisdom in such a way that a more pointed motto for philosophical practice could hardly be thought of: “Wisdom”, says Bloch, “is a characteristic, as unobstrusive as unavoidable, of a learned and unified practical philosophy”.

And further: There have to be wise persons in order to prevent “a movement from becoming routine and practicistic. They are the ones who keep knowledge moving.”

In the future, there will be nothing more important for the still young movement of philosophical practice.

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)


Qu’il s’agissent de l’approche interrogative ou de l’approche conversationnelle, il faut maintenir le savoir en mouvement et, pour ce faire, il ne faut rien tenir pour acquis définitivement, c’est-à-dire douter.

Dans le cas où le philosophe praticien détermine que le problème est le participant indiscipliné à son atelier ou sa consultation, une question demeure : est-ce que l’approche interrogative employée par le philosophe praticien est ou n’est pas partie prenante au comportement du participant indiscipliné ? Mais cette question ne vient pas naturellement à l’esprit.

Le philosophe praticien Jérôme Lecoq ne se limite pas au participant indiscipliné. Il va plus loin et généralise en pointant du doigts « surtout les hommes » « qui avons justement appris qu’au contraire il fallait s’exprimer, défendre son point de vue, convaincre les autres etc. » Il note aussi que l’exercice proposé dans son atelier « entraîne de grandes résistances notamment en provenance des « mâles alphas ». » C’est donc la faute des autres, « surtout les hommes » et « les mâles alphas ». Si le philosophe praticien rapporte ici de simples observations fondées sur son expérience personnelle et professionnelle, en aucun temps il se retourne vers lui-même dans son article. De toute évidence, il dérange comme dérangeait Socrate en son temps.


Désormais en quête de vérité, Socrate dérange ses contemporains dans leur vie quotidienne pour leur proposer un examen serré de leurs idées. Il traite n’importe quelle personne de la même manière, comme un parent, sans politesse ; tel un psychanalyste, il passe au crible l’existence de son interlocuteur – il l’examine avec une certaine cruauté, il ne fait aucun cadeau.

Source : TREFFEL, Romain, Socrate comme vous ne le connaissez pas, 1000 idées de culture générale.

Socrate dérange beaucoup de monde à Athènes. Il questionne, il provoque, il interroge sur le travail, le pouvoir, la démocratie, la bonne moralité. Souvent on voyait Socrate errer à travers les rues d’athènes pour questionner ses concitoyens, la barbe mal taillée et les pieds nus.

Source : Socrate le rebelle !


C’est le propre de l’Homme se s’accrocher à ce qu’il fait, non plus comme une simple pratique maîtrisée, mais comme une croyance en sa propre interprétation de l’efficacité de sa pratique. Cette croyance fonde sa confiance en sa pratique, en son approche. Et devenue croyance, la pratique n’accorde plus autant d’importance aux preuves empririques, si ce n’est qu’accessoire de la croyance. Nous sommes alors a un pas d’une pratique dogmatique. On ne se questionne pas sur les autres méthodes ou les autres approches. On demeure dans l’IGNORANCE inconsciente de ces méthodes et de ces approches. Le savoir n’est plus en mouvement. On reste sur place. On devient expert… sur place. On dira : « Peu m’importe si je dérange, j’ai la bonne approche. Et c’est justement parce que je dérange que je suis réconforté dans le choix mon approche. » Mais est-ce un choix sur j’ignore les autres approches ? Suis-je prisonnier de la première impression de la première approche avec laquelle je fus en contact ? Ma quête s’est-elle arrêtée à la première approche recontrée ? Philosophie oblige : me suis-je donné la peine d’effectuer la visite de toutes les écoles avant d’en choisir une ?


L’approche interrogative et l’approche conversationnelle dans la pratique philosophique

L’approche interrogative permet de disséquer une idée (ou un problème) jusqu’à ce que je me contredise et que je sois forcé de conclure que je ne sais pas de quoi je parle, bref que je suis ignorant. Cette ignorance doit engendrer en moi un étonnement suffissamment révélateur et motivant pour que je me mette à la recherche du vrai.

L’approche conversationnelle permet de comprendre le mécanisme à l’origine de l’idée (ou de mon problème), son historique et sa logique actuelle, à savoir le « comment je pense » cette idée et de corriger mes erreurs à la source. Cette nouvelle compréhension permet la prise de recul dans l’étonnement et motive un quête philosophique saine.


dossier-consulter-un-philosophe.01

Liste des rapports de lecture

et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

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Article # 90

J’AI LU POUR VOUS

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Êtes-vous sûr d’avoir raison ?

Gilles Vervisch

Éditions Flammarion

Date de parution : 28 septembre 2022

136 x 210 mm, Broché

EAN : 9782080265715

ISBN : 9782080265715

Nombre de pages : 224

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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre Êtes-vous sûr d’avoir raison ? de Gilles Vervisch et paru chez Flammarion en 2022.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Tout le monde pense avoir raison. Et s’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, on peut faire confiance à la mauvaise foi de chacun pour défendre ses opinions lors des débats en famille ou sur les réseaux sociaux : vaccin, pass sanitaire, #MeToo, complotisme, climat, wokisme, politique, religion, etc.

J’y mettrais ma main au feu, ma tête à couper. Mais comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ? D’où nous viennent nos opinions et nos certitudes ? Pourquoi y sommes-nous tant attaché(e)s ? Et dans le fond, faut-il avoir raison ?

 * * *

Gilles Vervisch est agrégé de philosophie. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages qui tentent de rendre la philosophie accessible et ludique : Comment ai-je pu croire au Père Noël ? (Max Milo, 2009), Star Wars, la philo contre attaque (Le Passeur, 2015), Comment échapper à l’ennui du dimanche après-midi (Flammarion, 2020). En 2022, il s’est lancé dans le stand-up philosophique avec les spectacle Êtes-vous sûr d’avoir raison ? car, comme ne disait pas du tout Montaigne, philosopher, c’est apprendre à mieux rire.


TABLE DES MATIÈRES

Avertissement

Introduction

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Chapitre 1 – Le mouvement #MeToo n’est-il pas allé (un peu) trop loin ?

La femme est-elle l’avenir de l’homme

Chapitre 2 – Le wokisme est-il une spécialité asiatique ?

« On ne peut plus rien dire ? »

Chapitre 3 – Le nazisme n’est-il qu’une affaire de goût ?

Les valeurs morales sont-elles relatives ?

Chapitre 4 – Les vaccinés ne sont-ils que des moutons ?

Suffit-il de ne pas penser comme tout le monde pour penser par soi-même ?

Chapitre 5 – Les con-platistes sont-ils vraiment des sceptiques ?

Le complotisme est-il un scepticisme ?

Remerciements


EXTRAIT

« Rares sont les hommes capables de penser, mais tous sont désireux d’avoir une opinion. »

Arthur Schopenhauer

Avertissement

Cet essai est l’adaptation du spectacle Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, un stand-up philosophique (ou one-man-show philo) écrit par Gilles Vervisch et joué pour la première fois le 16 mars 2022 au Théâtre de Dix Heures, à Paris.

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INTRODUCTION

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Tout le monde pense avoir raison ! Vous, moi… Même si moi, c’est vrai : j’ai raison ! Alors que vous… c’est moins sûr.

Mes goûts et mes couleurs sont les meilleurs ; mes valeurs morales, mes croyances, mes convictions politiques sont les bonnes.

Tout le monde pense avoir raison, c’est naturel. C’est scientifique, même : ce sont les lois de la physique : ce que je ne supporte pas en voiture, par exemple, ce sont les chauffards qui roulent trop vite et qui me collent en faisant des appels de phares pour me faire signe de me rabattre ; comme si leur temps était plus précieux que le mien, genre « moi, je travaille ! ». Eh bien moi aussi, je travaille : je pars au lycée. On devrait leur retirer le permis de conduire ! Ils méritent la peine de mort, même. Mais que fait la police ?

Mais ce que je supporte encore moins, c’est le type qui se traîne – sur la file de gauche, en plus. Alors moi, forcément, je le colle un peu, et je lui fais des appels de phares pour qu’il se rabatte. Il n’a qu’à pas prendre l’autoroute s’il est trop lent ! Vous le voyez : quelle est la bonne vitesse ? Vous me direz : c’est la vitesse maximale autorisée. Mais non, ce serait trop simple ! Vous êtes-vous déjà retrouvé(e) derrière une voiture qui respecte scrupuleusement les limitations de vitesse, sur une route nationale ? Qui roule à 90 kilomètres à l’heure ou pire, à 80 kilomètres à l’heure ? C’est vraiment très lent ! Et comme ça ne suffit pas, elle décélère encore à 70 kilomètres à l’heure parce qu’il y a un panneau, avant de rouler à 50 kilomètres à l’heure en traversant un village ! Rien n’est plus énervant. Donc, la bonne vitesse, ni trop rapide ni trop lente, c’est plutôt la mienne ! En voiture comme ailleurs, j’ai toujours raison, et les autres ont tort : celui qui ne met pas son clignotant avant de tourner devant moi mérite quasiment la peine de mort, alors que moi, s’il m’arrive, bien malgré moi, une fois dans ma vie, de ne pas mettre mon clignotant, ce n’est pas si grave ! Et si je passe au feu rouge, j’ai mes raisons : « Il était orange très mûr. » Et si je grille un stop, j’ai bien regardé avant. Je me conduis exactement comme tous les chauffards, mais moi, j’ai raison. Parce que c’est moi.

Tout le monde pense avoir raison, c’est une question de référentiel : si je suis assis dans le TGV, mon voisin ne bouge pas ; nous sommes assis tous les deux, immobiles. En revanche, pour celui ou celle qui regarde passer le train, nous sommes en mouvement, très rapide, même, à plus de 300 kilomètres à l’heure. Qui a raison, qui a tort ? Impossible à dire. Pourquoi ce serait mieux d’être sur le quai que dans le train ? Comme il est tout aussi impossible de faire changer son point de vue à chacun : pour celui qui attend sur le quai, le TGV passe réellement à 300 kilomètres à l’heure devant lui, tandis que le passager assis dans le train est réellement assis, et ne bouge pas d’un pouce. Il dort, même.

Bien sûr que vous êtes sûr d’avoir raison. Tout le monde est sûr. Pensons à tous ces débats enflammés qui ont lieu – aujourd’hui, plus qu’hier, même – y compris et surtout sur les réseaux sociaux : en politique, à l’occasion des élections, entre les « macronistes » et les « mélenchonistes », les « lepénistes » et les « européistes » ; avec la crise du Covid, entre les anti-vax et les pro-vaccin, les pro et les anti-pass sanitaire ; les uns traitant les autres d’irresponsables ou d’égoïstes ; et ceux-ci traitant les premiers de liberticides ou de moutons. Sans parler des questions « sociétales » : féminisme, écologie, écoféminisme, #MeToo, wokisme, islamo-gauchisme, etc. D’Abad à Zemmour, tout est bon pour avoir raison.

Tout le monde pense avoir raison, et c’est tout juste si l’on tolère que les autres pensent différemment. Ce n’est donc pas la question : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » Non, la question, dans le fond, c’est : « Est-ce que vous avez raison d’être sûr d’avoir raison ? » Ou, ce qui revient au même : « Est-ce que vous être sûr d’être sûr d’avoir raison ? » D’où vient votre certitude, en fait ? D’où viennent, en général, nos certitudes ?

Tout le monde pense avoir raison. Et en même temps, tout le monde peut se tromper. Vous savez quand on dit : « Je te parie un million d’euros que j’ai raison ! » D’ailleurs, plus on est prêt à parier… moins on en est sûr. Parce que personne ne vous réclamera un million d’euros. C’est trop. Alors qu’en pariant un restaurant, on risque bien de devoir le payer. Des fois, on est prêt à parier encore plus, à littéralement donner son corps à la science : « J’en mettrais ma main au feu » ou « ma tête à couper », et « mon œil »…

Manifestement, les convictions favorisent le don d’organes. Allez savoir pourquoi !

Il n’empêche que si j’avais vraiment perdu ma main, mon œil ou même ma tête à chaque fois que je m’étais trompé, il ne me resterait pas grand-chose. Il ne resterait plus au médecin légiste qu’à constater la somme de toutes mes erreurs au cours d’une autopsie : « Un corps sans mains, ni tête : voilà quelqu’un qui a passé sa vie à se tromper. »

Mais comment puis-je être sûr de ne pas me tromper ? C’est ça la question. Pour y répondre, à l’occasion de ses Méditations métaphysiques, Descartes imagine qu’un « mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, a employé toute son industrie à le tromper1 ». Autrement dit : imaginez qu’un genre de Dieu qui n’a rien d’autre à faire de ses journées, passe son temps à me manipuler l’esprit, ou à me retourner le cerveau pour me faire entrer des choses fausses dans la tête : « 2 + 2 = 4 », « le ciel est bleu », « Marine Le Pen ne sera jamais élue présidente de la République », etc. Et si tout ce que je crois « dur comme fer » était faux ? Voilà bien un truc de philosophe, bien débile. D’ailleurs, on a appelé ça le doute « hyperbolique », parce qu’il exagère ! En même temps, il y a des choses que j’ai crues avec tellement de certitude que je n’imaginais même pas qu’il puisse en être autrement. Et pourtant, je me trompais. C’est ça le « malin génie » : la métaphore des fausses évidences, trompeuses, dont nous avons tous été victimes, un jour.

L’art d’avoir toujours raison

Dans un drôle d’article publié en décembre 2021, le journal Le Monde proposait : « Quatorze sujets de dispute pour animer votre réveillon2 ». On y retrouvait effectivement les classiques de notre époque : vaccin, pass sanitaire, écriture inclusive, #MeToo, réunions non mixtes, nucléaire, etc. Typiquement, les sujets « sensibles », pour ne pas dire tabous qu’il vaut mieux éviter d’aborder. Ou pas : le même article promet « de quoi mettre tout le monde en désaccord autour d’un bon repas ».

C’est vrai : pourquoi on discute ? À quoi servent les débats (d’opinion(s)), que ce soit en famille ou sur les réseaux sociaux ? Au mieux, le but est tout bonnement d’affirmer mon point de vue pour me faire entendre (et montrer que j’existe). Au pire, c’est de convaincre les autres – ou de les « persuader » – que j’ai raison pour les faire changer d’avis. Mais si chacun cherche à convertir les autres en partant du principe qu’il a raison, ça s’annule, et à la fin, tout le monde repart avec le petit avis qu’il avait apporté. Comme on le voit sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, un débat ne fait jamais changer d’avis, il fait changer d’amis : « Il n’est pas d’accord avec moi ? Je l’éjecte ! » Un de moins qui ne pense pas comme moi. Et à la fin, on se retrouve avec une liste d’amis bien propre, où tout le monde pense exactement la même chose, et s’envoie des fleurs et des articles qui confortent ses amis dans l’idée que décidément, on a bien raison de tous penser la même chose ; une certaine manière de se mettre d’accord, en éliminant tous ceux qui ne le sont pas. Enfin, ça, c’est sur Facebook. Sur Twitter, la tendance est plutôt aux haters, où le but, c’est bien de se disputer !

C’est ce qu’on ne comprend pas quand on cherche à mettre les gens d’accord. Ça les amuse ! Le but de la discussion n’est pas de s’entendre et de cheminer ensemble vers la contemplation de la vérité. On ferait quoi à la fin ? On s’ennuierait ! Non, le but, c’est de disputer. Comme l’écrit le philosophe Thomas Hobbes : « L’homme est un loup pour l’homme3. » Il aime la guerre. Il y en a même qui en font leur métier : « polémiste » ; du grec polemos, la « guerre ». (Suivez mon regard, je ne vise personne : son nom il le signe à la pointe du stylo, d’un Z qui ne veut pas dire « Zorro ».)

— Tu fais quoi dans la vie, toi ?

— Moi, je suis polémiste : je fous la merde. Sur n’importe quel sujet.

À cette fin, Le Monde offrait « les arguments des tenants du “pour” et du “contre”, avec une pincée de simplisme et une bonne rasade de mauvaise foi ». Un écho, sans doute, au fameux petit manuel d’Arthur Schopenhauer, L’Art d’avoir toujours raison. « Toujours », y compris et surtout quand on a tort : une liste de trente-huit « stratagèmes » (vocabulaire guerrier) pour l’emporter dans les joutes oratoires. « Avoir raison », non pas parce qu’on détient la vérité, mais parce qu’on met l’autre au tapis, par n’importe quel moyen, jusqu’à l’ultime stratagème : « Si on constate que l’adversaire nous est supérieur, et qu’on ne pourra pas avoir raison, on s’en prendra à sa personne par des attaques grossières et blessantes4. » C’est bien connu, quand on n’a plus d’argument, on s’insulte. Et Schopenhauer lui-même de citer à son tour Hobbes dans Le Citoyen : « Toute volupté de l’esprit, toute bonne humeur provient de ce qu’on a des gens en comparaison desquels on puisse avoir une haute estime de soi-même. »

C’est bien ça le truc ou disons, la raison – psychologique – qui explique qu’on est sûr d’avoir raison : l’orgueil ou la vanité. Ce qu’on a l’habitude d’appeler le « biais cognitif » dans le vocabulaire à la mode : les psychologues voient des biais partout – ce qui est, en soi, un biais cognitif. Une expression savante pour dire qu’on peut toujours se tromper. Dans « biais cognitif », il y a « biais », comme dans « biaisé » ; ce qui signifie qu’on pense de travers, non pas parce qu’on commet des erreurs ou qu’on se précipite, mais parce que c’est le fonctionnement normal de la pensée. Un biais cognitif, c’est une déformation, non pas professionnelle, mais naturelle de la pensée, si bien qu’il est difficile, voire impossible d’y échapper ; c’est une loi de la pensée. Et naturellement, il est un peu humiliant de s’entendre dire qu’on a tort, et il est valorisant d’avoir raison. Et c’est forcément contre quelqu’un qu’on a raison, et c’est d’autant plus valorisant que l’autre a tort. C’est peut-être aussi ça, le truc : on pourrait croire que je suis sûr d’avoir raison, d’où je conclus que les autres ont tort. Mais c’est peut-être l’inverse : je voudrais tellement que les autres aient tort – pour les humilier – que je veux avoir absolument raison. D’où le recours éhonté à la mauvaise foi.

Soyons honnêtes : ça fait tellement de bien de penser et surtout, de dire du mal des gens ! « Ce sont là les véritables délices de la société » pour Hobbes. Et moi, je pense qu’on a plus de plaisir à dire du mal des gens qu’on n’aime pas, qu’à dire du bien des gens qu’on aime ; la « bienveillance », c’est chiant ! Pourquoi ? Parce que les gens « bien » qu’on admire, on se sent forcément inférieur à eux ; alors, on en parle cinq minutes, c’est bien ; on fait sa BA – bonne action – et, enfin ! On peut passer aux choses sérieuses :

— T’as vu ?! L’abbé Pierre ! C’est vraiment une belle personne ! C’est formidable, c’est admirable !

— Oh oui ! Mais tu veux pas qu’on parle de Zemmour, plutôt ?!

— Pourquoi ?

— Parce que je l’aime pas.

— T’as raison ! Rho, oui ! T’as vu ce qu’il a déclaré l’autre jour ?

Et là on s’amuse ! Et quand on a fini de tailler son costard à une personne, on passe à une autre : « Bon, on va dire du mal de qui, maintenant ? » D’où le conseil avisé de Hobbes « qui se retirait toujours le dernier d’une compagnie » : parce que si vous ne partez pas le dernier, et laissez un groupe sans vous, il y a fort à parier qu’on dira du mal de vous dès que vous aurez le dos tourné.

Notre intelligence a-t-elle ses instincts ?

Bien sûr, je peux toujours trouver des arguments pour défendre mon opinion : qu’il s’agisse de mes opinions politiques, de « gauche », de « droite » ; de mes valeurs morales – ou « sociétales » : pour ou contre le droit à l’avortement, la peine de mort, l’euthanasie, le féminisme, le wokisme, le vaccin, le pass sanitaire, etc. ; mes croyances religieuses, même – et surtout. Mais non ! Ce n’est pas après avoir pesé le pour et le contre, écouté les différentes parties et examiné les preuves que je me fais ma propre opinion ! On ne pense pas après avoir fait son enquête comme un juge d’instruction, ou alors, un juge qui enquêterait uniquement à charge : en fait, on a déjà son opinion, et ensuite, on cherche tous les arguments qui la confortent, en rejetant tous ceux qui la remettent en question. Henri Bergson le dit un peu autrement, dans un passage que je donne souvent aux élèves en début d’année, extrait de son Essai sur les données immédiates de la conscience : « Qu’il nous suffise de dire que l’ardeur irréfléchie avec laquelle nous prenons parti dans certaines questions prouve assez que notre intelligence a ses instincts : et comment nous représenter ces instincts, sinon par un élan commun à toutes nos idées, c’est-à-dire par leur pénétration mutuelle ? Les opinions auxquelles nous tenons le plus sont celles dont nous pourrions le plus malaisément rendre compte, et les raisons mêmes par lesquelles nous les justifions sont rarement celles qui nous ont déterminés à les adopter5. »

Si on me demande pourquoi je suis contre la peine de mort, par exemple, je peux bien trouver des arguments pour défendre ma conviction face aux autres. Mais, là encore, soyons honnêtes : ce ne sont pas ces arguments qui m’ont moi-même convaincu – à quelques exceptions près. D’ailleurs, en général, ces fameux arguments, je les invente ou du moins, je les improvise sur le moment, et je m’y accroche, un peu comme on peut se rattraper aux branches. Mais, dans le fond, je n’y avais jamais vraiment réfléchi, avant qu’on me demande mon avis ; ce qui ne m’empêche pas d’en avoir un, et même, d’en être certain. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été contre – ou pour. Alors d’où viennent, d’une part, mon opinion et d’autre part, ma conviction, puisque Bergson lui-même parle des « opinions auxquelles nous tenons le plus ». Mais on n’est pas d’autant plus sûr d’avoir raison qu’on y a réfléchi. Ce serait même plutôt le contraire ! Ce qu’on appelle l’effet Dunning-Kruger, du nom de deux psychologues qui ont montré qu’on était d’autant plus sûr d’avoir raison qu’on n’y connaissait rien. C’est naturel ; le propre de l’ignorance, c’est de s’ignorer elle-même. C’est un peu l’allégorie de la caverne de Platon, que vous connaissez peut-être : des hommes sont prisonniers dans une caverne dont ils ne sont jamais sortis. Du coup, ils ignorent qu’ils sont dans une caverne, et qu’il existe une « vraie » réalité à l’extérieur. De la même manière, celui qui n’est jamais entré dans une bibliothèque ignore qu’il y a une infinité de livres qu’il n’a jamais lus ; comme celui qui n’a pas Netflix ignore qu’il y a une infinité de séries qu’il n’a jamais vues, et s’il s’agit de Stranger Things, c’est bien dommage ! Quoique, il en a sûrement entendu parler, vu que la bande-son a remis au goût du jour la chanson Running up that Hill de Kate Bush qui date de 1986, et qui s’est retrouvée en tête des charts en juin 2022, mais je m’éloigne… L’effet Dunning-Kruger, autrement dit, consiste à remarquer que plus on est ignorant, plus on est sûr d’avoir raison, et inversement : quand on s’y connaît, ne serait-ce qu’un peu, dans un domaine, on mesure le puits sans fond de connaissances qu’il reste à acquérir. Un biais « cognitif » que le philosophe (et scientifique) Étienne Klein rapproche de l’ultracrépidarianisme ou l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas, dans son excellent petit livre, Le Goût du vrai6. Ça, on en a entendu beaucoup pendant le Covid, « experts » et « citoyens », dire : « Je ne suis pas médecin, mais… j’aimerais bien quand même donner mon avis. » Un biais déjà pointé par Schopenhauer, d’ailleurs, qui remarque : « Rares sont les hommes capables de penser, mais tous sont désireux d’avoir une opinion7. »

D’où nous viennent alors nos opinions ? Là encore, soyons honnêtes : Platon, Descartes et même Bergson le disent, de notre éducation ; « pour ce que nous avons été enfants avant que d’être hommes8 », dit Descartes. On a tendance à adopter les convictions politiques de ses parents, ou sinon, de son milieu social. Et si vous étiez né(e) dans une famille qui pratiquait une – autre – religion, vous l’auriez sans doute adoptée. Et sinon, nos « opinions » nous viennent de notre « expérience » comme on dit, tout aussi peu fiable ; ce qu’on a vu ou vécu ou entendu, là encore, sans trop se poser de questions. Comme le dit Bergson : « Notre intelligence a ses instincts. » Remarquez qu’il est moins sévère qu’Étienne Klein ou même Descartes : nos opinions ne sont pas de simples idées reçues, des « on-dit » que j’ai crus bêtement. Sans réfléchir, oui, mais pas « sans raison ». Après tout, il y a des gens qui se construisent plutôt en « réaction » à leurs parents ou à leur milieu. Alors, pourquoi adhérer à une opinion plutôt qu’à une autre ?

Un de mes copains m’a donné un jour la réponse. Un copain de gauche – oui, j’ai des amis parmi ces gens-là. J’ai même des copains de droite, donc je ne suis pas sectaire. Ce copain de gauche – ancien militant de feu le PS – m’a dit : « Hier soir, je me suis retrouvé dans une soirée avec des gens de droite. On a un peu débattu, discuté. Et j’ai compris ! En fait, ce n’est pas une question d’idées, c’est eux : on n’avait rien en commun. » Et c’est à peu près ce que dit Bergson : si nous adhérons à une opinion plutôt qu’à une autre, c’est « par un élan commun à toutes nos idées, c’est-à-dire par leur pénétration mutuelle ». Il dit autrement « que leur nuance répond à la coloration commune de toutes nos autres idées ». Image ou métaphore des couleurs que l’on retrouve bien dans les courants ou sensibilités politiques, souvent désignés en termes de « rouges », de « verts », de « bleus » ou de « noirs ». Un peu plus loin dans le livre, Bergson ajoute : « Que nous y avons vu, dès l’abord, quelque chose de nous9. » Si je suis sûr d’avoir raison, sans même avoir réfléchi, sans avoir discuté, c’est parce que l’idée correspond à ma personnalité ; parce que c’est moi ; et si je suis capable de répondre, de but en blanc, à une question sur la peine de mort, l’avortement ou le vaccin, c’est parce que l’ensemble de mes idées forme un système cohérent. Et c’est de ma personnalité qu’il est question, comme il en va de la question même : « Qui suis-je ? » On comprend que j’aie du mal à penser autrement, sinon à changer moi-même. C’est pour ça qu’il est si difficile de changer d’avis ; parce que c’est mon identité même qui est en jeu, là-dedans.

Pourtant, y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis : d’abord, parce que si je n’avais jamais changé d’avis, j’aurais toujours les mêmes idées qu’à trois ans – et je croirais encore au père Noël. Ensuite, si j’ai effectivement tort, il serait temps que je m’en rende compte, et que je sorte de la caverne.

Je préfère être en vie qu’avoir raison

Moi, je ne suis pas du tout philosophe ! Vraiment : je m’énerve tout le temps, surtout en voiture ; je suis la plupart de mes désirs sans aucun discernement ; j’ai des opinions un peu à la con. En plus, je ne comprends rien à la plupart des livres de philosophie que je lis, traînant un genre de syndrome de l’imposteur depuis toujours. J’ai en permanence l’impression que les autres sont plus forts en philosophie que moi.

Je ne suis pas du tout philosophe, sauf sur un truc ! Je ne m’attache pas du tout à mes idées. Je veux dire, je n’y tiens pas. Je veux dire : je ne tiens pas à avoir raison. De toute façon, à quoi ça sert ?

J’ai vu une dame, un jour, qui a manqué de se faire écraser sur un passage « protégé ». Elle a crié à la voiture : « Hey ! Le piéton est prioritaire ! » Ouais, et donc ? Donc, le passage « protégé » protège seulement mon droit : si je me fais écraser, j’avais le droit de passer. Donc, si je meurs, j’avais raison ! Si je suis mort, ça me fera une belle jambe – c’est le cas de le dire. Moi, je préfère être en vie qu’avoir raison.

Je ne tiens pas spécialement à avoir raison, et si quelqu’un me montre que j’ai tort, je lui dirai merci. Parce qu’effectivement, j’ai plus le souci de dire ou de penser la vérité que d’avoir raison. C’est ça, d’ailleurs, un vrai dialogue. C’est ainsi que Schopenhauer conclut son Art d’avoir toujours raison, avec une sorte de morale : les gens refusent bien souvent de discuter, ou sinon, ils font preuve de mauvaise foi ; en tout cas, il est bien difficile de remettre leurs certitudes en question ; de les faire « sortir de la caverne », comme je dis. Moralité : « Ne pas débattre avec le premier venu, mais uniquement avec des gens que l’on connaît, et dont on sait : qu’ils ont assez d’entendement pour ne pas débiter d’âneries et se voir infliger une défaite cuisante10. » Derrière les moqueries, on devine un genre d’éthique de la discussion, invitant chacun à faire preuve d’ouverture d’esprit, pour que le dialogue ne serve pas à rien.

Tout le monde peut se tromper. Et j’imagine que je ne suis pas le seul. C’est déjà bien de l’admettre ; alors, je vous propose un voyage introductif, pour ne pas dire initiatique, au cœur de la philosophie, en traitant, bien sûr, de sujets bien « polémiques », bien « sensibles », bien « abrasifs ». L’utilité première, si tant est qu’il y en ait une, c’est de remettre ses certitudes en question. Et si ça ne marche pas, on aura bien rigolé !

Et comme c’est d’abord dans le cadre d’une discussion ou d’un débat que l’on peut, ou non, « avoir raison », je me suis proposé d’illustrer toutes ces idées par des « dialogues ».

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AU SUJET DE L’AUTEUR

Gilles Vervisch

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Source de la photographie : AdGENCY EXPERTS

Présentation de Gilles Vervisch par l’éditeur

Né en 1974, à Rouen, Gilles Vervisch est agrégé de philosophie et enseigne dans un lycée de la région parisienne. Il essaie de rendre la philosophie à la fois ludique et accessible, dans des ouvrages comme Star Wars, la philo contre-attaque (Le Passeur, 2015), Peut-on réussir sans effort ni aucun talent ? (Le Passeur, 2018) ou encore Êtes-vous sûr d’avoir raison ? (Flammarion, 2022).

Source : Éditions Flammarion.


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Mon rapport de lecture

Êtes-vous sûr d’avoir raison ?

Gilles Vervisch, 2022

Éditions Flammarion

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

Le lecteur de mes textes se souviendra de mon livre J’AIME PENSER et du sous-titre que je l’ai donné : « Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un chacun se donne raison. »

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Le sujet me passionne depuis mon adolescence. Né d’un père impliqué en politique et ayant lui-même un frère député à la Chambre des Communes du gouvernement du Canada, j’ai vite constaté que chacun se donnait raison et qu’ils étaient les seuls à avoir raison. Autrement dit, impossible de placer un mot, d’avancer une autre opinion et encore moins de critiquer. J’ai même eu l’impression qu’être adulte procurait le pouvoir de se donner raison envers contre tous.

Puis, un jour, à la radio, l’animateur de mon émission préférée, déclara :

La lumière entre par les failles.

LANGUIRAND, Jacques, Par 4 chemins, Radio-Canada.

Je devais avoir 15 ans lorsque cette affirmation est venue à mes oreilles. L’animateur parlait des gens qui se donnent constamment raison. Il soutenaient que ces gens vivaient alors dans un système sans faille ne laissant entrer aucune lumière. Et si jamais une faille apparaissait, ils se dépêchaient à la colmater, même aveuglés par la lumière. Car lorsqu’on vit dans un système sans faille, on vit dans le noir et nos yeux perdent l’habitude de la lumière. Je vivais donc dans un monde où les gens, se donnant constamment raison, vivaient, sans le savoir, dans un système sans faille.

J’observais aussi que les gens ne se limitaient pas à se donner raison mais qu’il leur fallait aussi avancer leurs opinions avec une telle force de conviction qu’il fallait obligatoirement les croire, du moins ne pas les remettre en question.

À partir de cette prise de conscience, je me suis lancé en avant avec l’ouverture d’esprit nécessaire à l’évolution de mes idées : « Si vous avez une meilleure idée que la mienne, donnez-la moi vitre que je ne perde pas mon temps ». À l’adolescence, je n’avais pas pris l’habitude des opinions car j’avais tort avant d’ouvrir la bouche ; aussi bien me taire. En revanche, j’avais des idées à profusion sur lesquelles je développais et réalisais des projets. Pour le reste de l’histoire, il faut consulter mon curriculum vitae. En bref, j’ai passé une bonne partie de ma vie à vendre et à réaliser mes idées, puis à tester celles autres et enfin à diffuser les idées des auteurs de ma maison d’édition.


Ceci dit, vous comprenez toute l’attention que j’accorde à un livre dont le titre demande « ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? »

Gilles Vervisch donne le ton à son livre par cette épigraphe :

Rares sont les hommes capable de penser, mais tous son désireux d’avoir une opinion.

Arthur Schopenhauer

Introduction

« Y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! »

Tout le monde pense avoir raison, et c’est tout juste si l’on tolère que les autres pensent différemment. Ce n’est donc pas la question : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » Non, la question, dans le fond, c’est : « Est-ce que vous avez raison d’être sûr d’avoir raison ? » Ou, ce qui revient au même : « Est-ce que vous être sûr d’être sûr d’avoir raison ? » D’où vient votre certitude, en fait ? D’où viennent, en général, nos certitudes ?

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 14.

Tout le monde pense avoir raison et tout le monde pense qu’il faut avoir raison. Je dirais même plus, comme les détectives Dupond et Dupont dans Tintin, pour avoir raison, il faut être certain. Mais, sans rire, je crois qu’avoir raison est désormais une question de confiance en soi. Plus on se donne raison, plus on a confiance en soi.

C’est bien ça le truc ou disons, la raison – psychologique – qui explique qu’on est sûr d’avoir raison : l’orgueil ou la vanité. Ce qu’on a l’habitude d’appeler le « biais cognitif » dans le vocabulaire à la mode : les psychologues voient des biais partout – ce qui est, en soi, un biais cognitif. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 18.

L’orgueil ou la vanité ? Je n’y avais pas pensé. Est-ce que les gens qui se donnent raison font preuve d’orgueil : « Opinion très avantageuse qu’une personne a de sa propre valeur aux dépens de la considération due à autrui » (Dictionnaires Le Robert) ? Si oui, nous sommes dans le trouble jusqu’aux yeux. On n’y verra bientôt plus rien.

(…) Un biais cognitif, c’est une déformation, non pas professionnelle, mais naturelle de la pensée, si bien qu’il est difficile, voire impossible d’y échapper ; c’est une loi de la pensée. Et naturellement, il est un peu humiliant de s’entendre dire qu’on a tort, et il est valorisant d’avoir raison. Et c’est forcément contre quelqu’un qu’on a raison, et c’est d’autant plus valorisant que l’autre a tort. C’est peut-être aussi ça, le truc : on pourrait croire que je suis sûr d’avoir raison, d’où je conclus que les autres ont tort. Mais c’est peut-être l’inverse : je voudrais tellement que les autres aient tort – pour les humilier – que je veux avoir absolument raison. D’où le recours éhonté à la mauvaise foi.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Introduction, Flammarion, Paris, 2022, p. 19.

C’est vrai : se donner raison implique que l’autre a tort. Mais je ne suis pas certain car en ce bas monde tout le monde peut avoir raison et se foutre complètement des autres.

Chapitre 1 – Le mouvement #MeToo n’est-il pas allé (un peu) trop loin ?

La femme est-elle l’avenir de l’homme

« Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » La question se pose d’abord dans le couple ! À commencer par les (nombreuses) disputes que l’on peut avoir avec son conjoint : « Et ta mère ! Oui, mais toi ! C’est çui qui dit qui y est ! » Tant et si bien qu’au bout d’un moment, se pose LA question : est-ce que je l’aime ? Est-ce que c’est la bonne — personne ? Jusqu’à se poser la question de son modèle de relation amoureuse : seule ou en couple ? ou à trois ? ou à plus ? En binôme non binaire ? ou trio LGBTTQIA+(1) ? Il en en va de son choix de vie, ce qui n’est pas rien ! Donc, on a raison de se demander si on est sûr d’avoir raison.

(1) Pour ceux et celles qui, comme moi, s’interrogent sur le sens si sigle LGBTTQIA+, il signifie : Lesbian, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe, Asexuel… et Plus si affinité ou plutôt « et toutes les catégories de personnes qui voudront revendiquer leur identité sexuelle qu’on ne connaît pas encore, car on ne sait de quoi demain sera fait, donc, il ne faut pas insulter l’avenir, vu qu’on en découvre tous les jours ». C’est ça qu’il veut dire le +.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 1, Flammarion, Paris, 2022, p. 32.

Ah ! Les disputes dans dans le couple : « Tu veux toujours avoir raison ! » « Non, c’est toi qui veut toujours avoir raison ! » « Bon, t’as raison ! On n’en parle plus. » Et je réplique finalement que « le but dans la vie n’est pas d’avoir raison » mais ça ne règle rien. Dire ce que l’on pense est une chose, avoir raison en est une autre.

Chapitre 2 – Le wokisme est-il une spécialité asiatique ?

« On ne peut plus rien dire ? »

(…) Bref, quand on dénonce le wokisme, on revendique le droit à discriminer en toute tranquillité : « On ne peut plus siffler une femme dans la rue sans se faire traiter de violeur ! On ne peut même plus dire que les Arabes sont tous des voleurs sans se faire traiter de raciste ! On ne peut plus dire que les homos, c’est tous des pédés ! Pis c’est quoi ces écritures inclusives ! Ces gens qu’on pas de genre ! On ne peut plus rien dire ! »

En même temps, c’est vrai qu’on ne peut plus rien dire…

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 2, Flammarion, Paris, 2022, p. 74.

Si on ne peut plus rien dire, rien n’empêche qu’on peut tout penser : « Penses ce tu voudras mais garde-le pour toi ». Vivre dans sa tête et son cœur sans ne rien dire. Et quand à dire des niaiseries, ne dis rien ! Les gens sont devenus hypersensibles à défaut d’intelligents, de raisonnables. On parle même de l’intelligence émotionnelle ! Mais l’autre intelligence, on s’en souci ?


EN MARGE

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DEMAIN, TOUS CRÉTINS ?

Un documentaire de Sylvie Gilman et Thierry De Lestrade

Baisse du QI, multiplication du nombre d’enfants atteints d’hyperactivité ou souffrant de troubles de l’apprentissage : les tests les plus sérieux révèlent ce qui paraissait inimaginable il y a 20 ans : le déclin des capacités intellectuelles humaines. Serions nous entrés dans une sorte « d’évolution à l’envers » ? La question est posée par d’éminents chercheurs. Au banc des accusés, les perturbateurs endocriniens qui ont envahi notre quotidien et menacent les cerveaux des bébés. Révélations sur un phénomène inquiétant. (Et conseils pour protéger les générations futures !).

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Chapitre 3 – Le nazisme n’est-il qu’une affaire de goût ?

Les valeurs morales sont-elles relatives ?

(…) C’est ça, le truc, quand on demande : « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » La vérité, c’est vaut mieux ne jamais être sûr d’avoir raison. On a l’habitude de dire « Le diable se cache dans les détails », mais c’est plutôt que le diable se cache dans les certitudes. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 3, Flammarion, Paris, 2022, p. 74.

La connaissance scientifique se bâtit sur les ruines du déjà-su. C’est donc dire que la connaissance scientifique, pour être scientifique, ne doit jamais être prise définitivement pour vrai. Une connaissance scientifique, c’est une connaissance ouverte à la remise en question jusqu’à sa destruction par une autre connaissance dont la vérité prévaut sur l’ancienne jusqu’à ce qu’une autre connaissance vienne à tour la remette en cause et ainsi de suite se bâtit la connaissance scientifique. Sans cette approche qui autorise le doute de toute certitude, la science n’aurait accumulée aucune connaissance. Pourquoi n’en irait-il pas ainsi dans notre propre vie ? Le doute, c’est la faille par laquelle la lumière entre et nous éclaire. Je peux avoir confiance en moi, une confiance pleine et entière, QUE SI JE DOUTE ! Sans le doute, pas d’intelligence ! Le doute est la valeur ultime et fondamentale de mon intelligence. Le bénéfice du doute, c’est la certitude dont je doute !


C’est ce qui me fait dire que les deux critères essentiels de l’intelligence, c’est le doute et le sens de l’humour. Enfin, il a y toujours des débats, mais disons que ça rend un peu moins con, et que si vous avez au moins un des deux, ça vous sauve un peu ; ça permet déjà de discuter. La doute, ça consiste à pouvoir se remettre en question ; ne jamais être sûr d’avoir raison. L’humour, rire de soi, surtout, ne pas se prendre trop au sérieux, c’est un peu pareil ; le doute et l’humour, c’est la capacité à pouvoir prendre un peu de recul, de distance par rapport à ce qu’on pense. Ça tombe bien, c’est à la mode : « On n’a pas assez de recul ! » Et à quoi ressemble quelqu’un qui n’a ni doute ni sens de l’humour ? Quelqu’un qui est sûr d’avoir raison et en plus, que ne veut surtout qu’on rigole ? À un fanatique religieux. À un intégriste.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 3, Flammarion, Paris, 2022, p. 126.

Chapitre 4 – Les vaccinés ne sont-ils que des moutons ?

Suffit-il de ne pas penser comme tout le monde pour penser par soi-même ?

(…) On distingue ainsi opinion, croyance et certitude : l’opinion, c’est ce que je pense sans en être moi-même tout à fait sût ; « je crois que… », mais « y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, etc. ». La certitude, de type scientifique, c’est quand on est sûr parce qu’on a des preuves. Entre les deux, il y a la croyance, c’est quand on est sûr : « croire à… », en particulier, en matière de religion, mais on ne peut pas le prouver. Le drame, c’est que la plupart de nos conviction se réduisent à des croyances qui cumulent les vices : on est sûr, et en même temps, on n’a aucune preuve, ce qui, de l’aveu de Russell, est quand même le plus courts chemin vers l’intolérance. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, p. 152.

(…) D’ailleurs, à en croire Russell : « Les opinions auxquelles se mêle la passion sont celles qui ne peuvent jamais être soutenues par des bonnes raison ; le degré de passion mesure le manque de conviction rationnelle » (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, p. 153.

(…) Plus nous sommes concernés par un sujet, plus nous sommes sûrs d’avoir raison, forcément ; et en même temps, moins notre certitude est justifiée. Un genre de biais cognitif dont il faudrait trouver le nom : plus nous sommes sûrs d’avoir raison, et plus nous risquons d’avoir tort, finalement. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 4, Flammarion, Paris, 2022, pp. 153-154.

J’ai une affirmation simple que je ne me lasse pas de répéter : « Il ne faut pas prendre pour vrai ce que nous pensons uniquement parce que nous le pensons ».

On retrouve une explication philosophique à notre subjectivité au cœur d’un livre sur le marketing:


Traduction libre

« Nous aimons croire que nous sommes objectifs, que nous sommes intéressés par l’information objective. En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas et elle ne sera pas motivée par cette information. Nous disons juger objectivement, mais en réalité nous réagissons subjectivement.

Nous faisons continuellement des choix dans notre vie quotidienne. Nous choisissons des « choses » qui nous apparaissent subjectivement, mais nous considérons nos choix comme étant objectifs. »

Texte original

« We like to believe that we are objective, that we are interested in objective information. Actually, unless one becomes subjective about a new objective information, he is not interested in it and is not motivated by it.

We say we judge objectively, but actually we react subjectively. We continually make choices in daily life. We choose the « things » which appeal to us subjectively, but we consider the choices objective. »

Cheskin, Louis, Basis For marketing Decision, Liveright, New York, 1961, p. 82.


C’est clair : « En fait, à moins qu’une personne devienne subjective au sujet d’une information objective, elle ne s’y intéressera pas ». Ce qui attire et retient notre attention est un indice de notre subjectivité.


Chapitre 5 – Les con-platistes sont-ils vraiment des sceptiques ?

Le complotisme est-il un scepticisme ?

(…) En bref, le propre de la démarche scientifique, c’est de ne jamais être sûr d’avoir raison, tout en faisant l’effort de montrer et démontrer ce qu’on affirme. (…)

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 5, Flammarion, Paris, 2022, p. 207.

Je le soulignais ci-dessus : il nous faut intégrer la démarche scientifique dans notre vie de tous les jours. Les opinions se fondent plus souvent qu’autrement au contact de l’information de surface. Nous ne prenons pas le temps de faire nos propres recherches. D’ailleurs, comme le souligne Gilles Vervisch nous n’avons pas le temps pour faire de telles recherches. Paradoxalement, sans recherche aucune, une majorité de gens sont opiniâtres (Tenace dans ses idées, ses résolutions. — Qui ne cède pas, que rien n’arrête. Opposition opiniâtre. Dictionnaires Le Robert).

L’opinion, dans la vie, n’est pas nécessaire. On ne meurt pas par absence d’opinion. Parce contre, on peut mourir par absence de savoir et de connaissance. J’appelle à l’acquisition et à l’expression de la connaissance, c’est-à-dire de l’expérience personnelle ou professionnelle du savoir.

Si le complotisme est une théorie, c’est aussi une idéologie. Une idéologie, c’est quoi ? C’est un peu l’inverse d’une théorie. Les deux sont censés expliquer la réalité. Saut que la théorie part de ce qu’on observe pour tenter d’en tirer une explication, faite d’un ensemble de lois qui fonctionnent les unes avec les autres ; comme la théorie de l’évolution ou la théorie de la relativité. À noter le caractère prudent ou hypothétique d’une théorie qui se veut vraie jusqu’à preuve du contraire. Je demande à vois. Je crois ce que je vois. L’idéologie, c’est l’inverse : je vois ce que je crois. On part de l’idée qu’on a — préjugé — pour essayer de la faire corresponde avec tout. Tout doit rentrer dedans, comme on voudrait faire entrer un carré dans un rond. Dans Les Origines du totalitarisme, Hannah Arendt définit l’idéologie comme « la logique des idées ». Dans ce sens, « la pensée idéologique s’affranchit de toute expérience » et « s’émancipe de la réalité que nous percevons au moyen de nos cinq sens, et affirme l’existence d’une réalité plus vraie qui se dissimule dernière les choses sensible » (1). Comme chez Platon ; comme dans Matrix. Ici, il faut reconnaître qu’il n’y a rien de rationnel dans l’idéologie (ou le complotisme). Elle se contente de projeter sa grille de lecture, sa théorie, sur tout.

« La propagande du mouvement totalitaire sert aussi à émanciper la pensée de l’expérience et de la réalité ; elle s’efforce toujours d’injecter une signification secrète à tout événement public et tangible, et de faire soupçonner une intention secrète derrière tout acte politique public… Le concept d’hostilité est remplacé par celui de conspirations.(2) Il faut comprendre à quel point le complotiste qui se prétend septique — « moi je ne fais que poser des questions ; je demande à voir » — est fermé à la discussion. Non seulement il refuse les preuve qu’on lui montre, mais il refuse tellement la contradiction et les avis divergents qu’il y voir une intention maligne. L’adversaire ou le contradicteur devient un ennemi, qui ne peut pas penser autrement, sinon par des mauvaises intentions. (…)

(1) Arendt, Les Origines du totalitarisme, le système totalitaire, chapitre IV, trad. J.-L. Bourget, R. Davrieu et P. Lévy, Seuil, « Points essais », p. 298-299.

(2) Ibid., p.299.

VERVISCH, Gilles, Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Chapitre 5, Flammarion, Paris, 2022, pp. 216-217.

Bien dit : « La propagande du mouvement totalitaire sert aussi à émanciper la pensée de l’expérience et de la réalité (…) ». Par curiosité et simple divertissement, j’écoute parfois une des émissions de la série télévisée « Nos Ancêtres les extraterrestres » (« Ancient Aliens ») :

Cette série évoquant le passage d’extraterrestres sur la Terre ne laisse personne indifférent! On y analyse des preuves afin d’expliquer des phénomènes mystérieux, qu’ils se soient produits à l’ère des dinosaures ou de nos jours.

D’extraordinaires structures, de mystérieux artefacts, des observations d’étranges créatures; les indices d’une présence extraterrestre sur Terre – passée ou actuelle – continuent de faire surface! En Irlande, les légendes des fées font état d’êtres puissants et brillants descendus du ciel. Ces contes auraient-ils pu être inspirés par d’anciennes visites extraterrestres? Puis, un passage intrigant d’un texte ancien qui décrit des royaumes cachés sous la surface de la Terre dévoile-t-il que nous ne sommes pas seuls sur notre propre planète?

Source : Historia.

Cette série tient de l’hypothèse des « anciens astronautes » mise de l’avant dans les années 1960 par l’auteur à succès Erich von Daniken. » Il s’agit de pseudo-science complotiste ! Et je ne m’y fais pas. La série est rendu à sa vingtième saison ! C’est aberrant !


À LIRE

Mais comment peut-on croire une chose pareille ? LAURENT TESTOT, Sciences Humaines N° 149 – Mai 2004


L’une de mes connaissance est complotiste. Je l’écoute poliment. Je ne commente pas. Je garde silence. Je ne le confronte pas. Puis, j’introduis un sujet terre-à-terre pour détourner son attention du complot dont elle me parle. Je ne sais pas que faire d’autre. Il faut dire que « chat échaudé craint l’eau froide ». Un jour, un de mes proches, à qui je ne cessais de demander des preuves à chaque complot qu’il avançait a coupé subitement la conversation téléphonique. Dans un texto, il a ajouté « C’est moi la preuve ». J’ai compris, après des mois de cogitation, que ce « C’est moi la preuve » était alors une réponse intelligente. Car cette personnes n’avançait pas des faits mais des croyances et que les croyances n’ont pas besoin de preuve, si ce n’est la crédibilité de celui ou celle qui y adhère.



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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre « Êtes-vous sûr d’avoir raison ? » de Gilles Vervisch, et paru chez Flammarion en 2022.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

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Article # 89

J’AI LU POUR VOUS

En thérapie avec… Épicure

Combattre votre anxiété

40 antidotes du philosophe antique

Nathanaël Masselot, 2024

Les Éditions de l’Opportun
16, rue Dupetit- Thouars
75003 Paris
http://www.editionsopportun.com

Date de parution : 14 février 2024

ISBN 2380158770

EAN 9782380158779

Nombre de pages : 176

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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre En thérapie avec… Épicure (combattre votre anxiété) de Nathanaël Masselot et paru chez Les Éditions de l’Opportun en 2024.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Allongez-vous sur le divan d’Epicure

Dans un monde qui tourne à cent à l’heure, notre équilibre mental est forcément mis à l’épreuve: les troubles d’anxiété touchent la majorité de la population.

Et si la solution « magique » pour éviter cet écueil était sous nos yeux depuis des siècles? Et si Épicure en était l’auteur? Une sagesse profonde, subtile, destinée non seulement à nous faire profiter de la vie, mais tout autant à nous débarrasser durablement de notre anxiété et des peurs limitantes qui l’accompagnent. La posologie du « docteur » Épicure — surnommée le quadruple remède — est à la fois simple et saine.

Cet ouvrage vous plonge dans un tête-à-tête bienveillant et sincère avec Épicure, figure emblématique de l’Antiquité, pour une expérience introspective au service de votre aspiration au bonheur. Alors que la charge mentale est devenue un sujet contemporain, Épicure avait déjà tout écrit, ou presque, sur ce mal du siècle. Avec lui, libérez-vous facilement de vos angoisses pour vivre en toute sérénité !

Nathanaël Masselot est Docteur en philosophie. Il s’appuie sur les questions posées lors de ses entretiens de philothérapie pour puiser les forces essentielles dans la sagesse exprimée par les plus grands philosophes depuis la nuit des temps.


EXTRAIT

AVANT-PROPOS

Au nombre des réputations qui ont la vie dure, celle d’Épicure figure en bonne position.

L’épicurien est-il vraiment ce chic quinquagénaire sorti il y a dix minutes de sa berline allemande pour se détendre, en terrasse d’un bar huppé, autour d’un verre de nuits-saint-georges, si enivrant qu’il se fera le devoir, « en bon épicurien » dit-on, d’en commander toute une bouteille ?

Déformé, galvaudé, instrumentalisé au service de notre bonne conscience pour justifier tous les plaisirs (et même quelques vices), l’« épicurisme » dont on nous rebat les oreilles pourrait passer pour une philosophie légère et insouciante, à condition de ne jamais avoir vrai- ment fréquenté son auteur !

Il faut dire qu’il possède un nom éloquent : Épicure (en grec Epikouros), c’est celui qui vient au secours, celui qui protège. Ne se réclamant d’aucun maître, pas même de Démocrite chez qui on relève certaines inspirations, Épicure (341-270 av. J.-C.) est le fondateur d’une école philosophique appelée Le Jardin qui, avant d’essaimer partout dans le monde, était géographiquement située au nord d’Athènes[1]. Son enseignement donnera naissance à un courant bien postérieur à la mort de son premier directeur – l’épicurisme – comportant quelques menues variations par rapport à la philosophie épicurienne des origines.

Derrière les caricatures un peu trop matérialistes ou les interprétations un brin complaisantes, on trouve chez Épicure une sagesse profonde, subtile et raffinée, destinée non simplement à nous faire profiter de la vie, mais à nous débarrasser durablement de notre anxiété (et des peurs limitantes qui l’accompagnent) dans les principales formes qu’elle arbore aujourd’hui au quotidien.

Et si, loin des clichés, nous avions la chance d’entrer en dialogue direct avec Épicure pour goûter au remède qu’il nous tend ? C’est l’opportunité offerte par ce livre, qui renouvelle le lien entre la philosophie et le développement personnel au moyen de l’entretien philosophique, dans un tête-à-tête à la fois bienveillant et sincère avec l’un des plus grands maîtres de sagesse. Il peut être lu à la fois comme une initiation à Épicure et comme une expérience introspective au service de votre aspiration au bonheur.

Ce livre est le premier d’une collection (« En thérapie avec… ») qui vous convie à un dialogue intimiste et hors des clichés, avec à chaque fois l’un des philosophes les plus puissants de l’histoire, éclairant les thèmes profondément ancrés dans notre quotidien à l’aide de ressources philosophiques directement appropriables.

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Si l’anxiété paraît être un mal de la vie moderne, le terme est d’usage en médecine depuis le Moyen Âge. C’est un trouble psychique récurrent dont les conditions d’émergence proviennent d’une posture face à l’existence : la peur devant ce que la vie comporte d’in- connu, la crainte de souffrances virtuelles (futures ou imaginaires) associée à la difficulté d’accéder à notre plaisir, avec en ligne de mire l’horizon de la mort qui ne fait qu’accroître la pression. L’anxiété est la victoire de la vie contre nous, une vie qui nous consume et que nous ne sommes plus en mesure d’aimer. À travers elle, c’est comme si la vie nous faisait savoir que nous n’avions pas le droit, ni le temps, d’être heureux. À bien y regarder, il y aurait chez la personne qui souffre d’anxiété quelque chose qui cherche à refuser ce que lui offre la vie.

On comprend les efforts déployés, dès l’Antiquité grecque, pour conjurer un tel mal de vivre[2]. Parce qu’il était particulièrement sensible aux différents registres de la souffrance, Épicure ne tenait pas l’anxiété comme une angoisse au sens strict (que nous considérons aujourd’hui comme une peur sans objet). Mais il était déjà pleinement conscient de ses facteurs, en tête desquels : la peur, l’illusion, la démesure et la perte d’ancrage. Épicure combattait une à une les composantes de l’anxiété, que notre époque, loin d’y échapper, a une fâcheuse tendance à renforcer[3].

Pour mettre en pratique son quadruple remède (tetrapharmakos), Épicure traite l’anxiété par une méthode assez révolutionnaire : une stratégie d’évitement des troubles (qu’ils soient physiques ou psychologiques[4]) ne serait rien sans une stratégie d’engagement (dans le plaisir) : un plaisir vrai, durable, qui sans faire complètement oublier les difficultés de la vie, restaure un équilibre parfaitement vivable qui viendra doucement s’accorder avec le bonheur.

Le « quadruple » remède relève de ce que nous qualifierions aujourd’hui comme une prise en charge « holistique » qui a pour finalité le bonheur global d’un esprit sain dans un corps sain. Si la santé et le bien-être se rejoignent, c’est parce qu’ils s’obtiennent ensemble, explique Épicure, par des vecteurs multiples mais intimement liés : ils passent par l’élimination des peurs limitantes, la lutte contre la crédulité qui nous exproprie de notre bonheur personnel, l’exaltation de notre ouverture d’esprit et le refus d’une pensée unique, mais aussi par une attention à la complexité du réel, à la contingence du futur, ou encore par la conscientisation accrue de ce qui nous fait vraiment plaisir, procurant un bonheur palpable et durable. Autant d’antidotes contre l’anxiété qui permettent l’application concrète de chacun des remèdes.

La philosophie d’Épicure n’est pas une philosophie du dépassement, mais de la plénitude. Elle nous enseigne ce qui fera en définitive la différence entre une vie malheureuse et une vie heureuse, et même, assure Épicure, ce qui nous permettra d’atteindre le bonheur divin : l’« ataraxie », dont nous allons apprendre à manier les ingrédients.

Nous verrons dans ce livre qu’autour des quatre remèdes converge un ensemble d’antidotes (nous en avons explicités quarante) qui favorisent une vie sereine où les crises d’anxiété ne trouvent plus leur place. La sagesse d’Épicure est une philosophie pratique, une hygiène de vie accessible à tous, qui nous rend libres de toutes les opinions qui ne sont pas les nôtres : elle est ainsi une puissante invitation à l’affirmation de soi. Grâce à elle, l’attente interminable du bonheur qui générait notre anxiété fera place à un plaisir de vivre radicalement nouveau.

_________

  1. Il a en effet une place de choix dans la philosophie. Né sept ans après la mort de Platon (428/427-348/347 av. J.-C.), il a été contemporain d’Aristote (383-322 av. J.-C.) pendant une vingtaine d’années, bien qu’il n’ait fondé son école – le Jardin – qu’en 306 av. J.-C., bien longtemps après le Lycée d’Aristote, ou « école péripatéticienne » fondée en 335 av. J.-C. Pour se faire une idée du paysage dans lequel il prend place, il faut également situer Zénon de Kition (334-262 av. J.-C.), le fondateur de l’école stoïcienne ou école du Portique, sous une partie des colonnades de la place d’Athènes, fondée vers 301 av. J.-C.
  2. Lucrèce, qui au Iersiècle avant J.-C., a transmis la doctrine grecque d’Épicure dans la culture latine, sera suspecté par certains médecins du xxesiècle d’être lui-même un grand anxieux et de s’être tourné vers le maître pour surmonter cet état. Voir docteur B.-J. Logre, L’Anxiété de Lucrèce, Janin, 1946.
  3. Au sujet du divin, par exemple, nous verrons que si le registre d’inquiétude a évolué, il n’a pas foncièrement changé. Si nous avons en général moins peur de la vengeance divine, nous souffrons en revanche d’un quotidien trop souvent désenchanté.
  4. On ne trouve pas chez Épicure une distinction franche entre « souffrance » et « douleur ». Le corpus épicurien atteste simplement d’une distinction entre l’ataraxie (ataraxia), que l’on traduit par « absence de trouble » (sous-entendu de l’âme) et l’aponie (aponia), que l’on traduit par « absence de souffrance » (sous-entendu du corps). Nous ne faisons pas ici de distinction rigide entre la douleur et la souffrance, dont les relations sont loin d’être unanimes, que ce soit en philosophie ou en médecine. Un chirurgien assez marquant du xxesiècle, René Leriche, reconnaissait le caractère indissociable de ces deux registres : « La douleur physique n’est pas un simple fait d’influx nerveux courant d’une allure déterminée dans un nerf. Elle est la résultante du conflit d’un excitant et de l’individu tout entier », La Chirurgie de la douleur, éd. Masson 1949. C’est l’une des références majeures pour les développements philosophiques de Georges Canguilhem sur la santé dans Le Normal et le Pathologique, 1943. Dans la langue d’Épicure, les mots formés sur la racine de « lupè » ou « algo » ont une grande polysémie, et concernent le registre tantôt physique, tantôt moral ou psychologique.

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REVUE DE PRESSE

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MENS SANA – Centre de soins pour le corps et l’esprit

L’ontologie sartrienne est-elle une phénoménologie transcendantale ? Imagination et constitution – Is Sartre’s ontology a transcendental phenomenology? An enquiry about imagination and constitution, Nathanaël Masselot

Temps et individuation : le sens du transcendantal dans la philosophie de Kant et de Husserl : métaphysique, ontologie, phénoménologie, thèse, Nathanaël Masselot

À propos de Nathanaël Masselot, Philothérapeute à Lille, RESALiB

On a testé : la philothérapie, Psychologie positive

Le chemin de la « philothérapie » dans le paysage de la philosophie pratique. Quelle distance pour offrir du soin ? Nathanaël MASSELOT , Docteur en philosophie – Philothérapeute, Lille, DIOTIME


AU SUJET DE L’AUTEUR

Nathanaël Masselot

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Source : https://www.philotherapeute.fr/

Présentation de l’auteur sur sa page LinkedIn

Depuis l’obtention de mon doctorat en 2016, consacré au temps et à l’individu, je poursuis avec passion mon activité d’enseignant (principalement en lycée où j’occupe un poste de titulaire et ponctuellement en université). Depuis 2018, j’exerce également l’activité de philothérapeute, à Lille. Par ce biais, j’offre aux adultes une solution de thérapie et de développement personnel centrée autour de la philosophie existentielle : quête de soi, de sens, usage de la liberté, dans le milieu professionnel et personnel.

Source : LinkedIn.

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Présentation de Nathanaël Masselot par l’éditeur

Nathanaël Masselot est Docteur en philosophie. Il s’appuie sur les questions posées lors de ses entretiens pour puiser les forces essentielles dans la sagesse exprimée par les plus grands philosophes depuis la nuit des temps.

Source : Les Édition de l’Opportun.


Site web de Nathanaël Masselot

Le cabinet de Philothérapie

La philosophie au service de notre existence (accompagnement en thérapie et développement personnel)

Tout le monde se pose des questions existentielles. Et ce n’est pas une maladie !

Depuis plus de deux ans, mon cabinet de philothérapie constitue une démarche originale, alternative aux approches existantes, qui se propose de tirer parti des questions existentielles que vous rencontrez.

Loin de remplacer les autres approches existantes, la philothérapie s’inscrit progressivement dans le paysage de la thérapie et du développement personnel car elle répond à un besoin naturel, ancré dans l’existence humaine. On peut l’exprimer de plusieurs manières : agir librement, donner du sens, se sentir bien, s’accomplir personnellement.

Avec la philosophie comme outil, j’aide les individus à répondre à leurs questions existentielles. Répondre, c’est-à-dire agir. Je les accompagne pour identifier les fondamentaux de leur existence, mieux se connaître, s’affirmer et vivre plus librement.

Source : Le cabinet de Philothérapie.


Présentation de la philothérapie par Nathanaël Masselot

Une approche au service de votre liberté

A la manière de Platon qui voyait dans le philosophe le plus habilité à être le « médecin de l’âme », la philothérapie répond aux besoins de l’individu qui a pris conscience du caractère fondamental de la connaissance de soi. Philosophiquement, il s’agit de passer au crible les structures essentielles de notre existence individuelle. En prenant le temps de se pencher sur soi, pour appréhender son existence sous un angle philosophique, on vit différemment, plus librement.

La philothérapie s’articule ainsi autour de deux piliers : la compréhension de soi et l’action, pour les réconcilier.

Pour mieux vous présenter l’approche de la philothérapie, j’ai écrit un livre qui : vous présente le dispositif général, met en scène dix entretiens virtuels sur des thèmes existentiels majeurs (appropriez-vous les questions qui vous interpellent, méditez-les, faîtes les vivre), présente des points de doctrine philosophique et donne des conseils pour pratiquer la philothérapie.

Source : Le cabinet de Philothérapie.


PODCASTS Le Sourire de Zarathoustra de NATHANAËL MASSELOT

Podcast Le Sourire de Zarathoustra 1/4

Podcast Le Sourire de Zarathoustra 2/4

Podcast Le Sourire de Zarathoustra 3/4

Podcast Le Sourire de Zarathoustra 4/4


Nathanaël Masselot invité au Podcast d’Une voix qui porte

Une Voix qui Porte | Podcast, Nathalie Cabinet, Une Voix Qui Porte


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Mon rapport de lecture

En thérapie avec… Épicure

Combattre votre anxiété

40 antidotes du philosophe antique

Nathanaël Masselot

Les Éditions de l’opportun, Paris, 2024

Nathanaël Masselot fait preuve d’un véritable talent littéraire et d’une grande dextérité de vulgarisateur. Je l’ai constaté dans mes précédentes lectures de ses trois premiers livres :


Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.


Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.


Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun


Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.


Et son talent se confirme une fois de plus avec son plus récent livre « En thérapie avec… Épicure » qu’il nous annonce comme le premier d’une série («En thérapie avec…»).

Dans ce livre, il image quatre séances où il rencontre le philosophe Épicure et lui adresse différentes questions sur différents thèmes en lien avec l’anxiété. Le défi : faire parler Épicure dans le plus grand respect de sa philosophie et dans un langage à la portée de tous.

Je ne m’y suis pas trompé : Épicure m’a offert des ressources inestimables grâce auxquelles je mesure aujourd’hui l’importance d’une vie heureuse et du choix de ne jamais renoncer au bonheur. Je ne lui dois pas seulement d’avoir surmonté mon anxiété, mais aussi d’avoir appris à aimer la vie au lieu d’en avoir peur.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, Rencontre avec Épicure, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, p.16.

Sa première rencontre avec Épicure sera suivie de cinq séances d’où il tire 40 antidotes pour combattre l’anxiété.

1- Le dieu n’est pas à craindre – Découvrir la véritable place du divin

Nathanaël Masselot : Notre rencontre m’a rendu sensible au fait qu’un philosophe pouvait être particulièrement ouvert à la diversité des points de vue, y compris aux autres que le sien. J’aimerais vous en remercier !

Épicure : Je le suis certainement, mais il est bien inutile de me remercier (je préfère que vous vous remerciiez vous-même le moment venu !) : tant que rien de ce qui se produit ne conteste une opinion, pourquoi en cherchais-je une autre ? Et pourquoi imposer la mienne à d’autres qui sont incontestablement recevables ? Je me méfie des esprits bornés autant que de ceux qui prétendent tout savoir, car il s’agit souvent des mêmes personnes ! Les philosophes ou les personnes qui passent pour les plus rationnels sont aussi souvent les plus dogmatiques. Elles ont beaucoup de mal à admettre l’improbable, même si ce dernier est tout de même possible.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « Le dieu n’est pas à craindre », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, p.40.

Un mot retient mon attention plus que les autres : « dogmatiques ». Mes lecteurs connaissent ma dénonciation du discours socratique du style interrogatoire devenu dogmatique entre les mains de certains philothérapeutes… plus que bornés. Être ouvert à tous les points de vue m’apparaît comme une condition essentielle de toute philosophie pratique. C’est d’ailleurs perce que j’ai été et que je demeure ouvert à toutes opinions que j’ai pu accéder à la philosophie. Épicure est très clair sur cette question rapporte Nathanaël Masselot.

Épicure : (…) Porter un jugement absolument unique est pour moi le fait d’un esprit étriqué. Nous en reparlerons certainement : c’est souvent le fait d’un esprit qui a peur. Les sensations ont beau être valables, il n’y a aucune raison valable de ne pas leur faire confiance.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « Le dieu n’est pas à craindre », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, p.47.

Ah ! Les sensations, ces mal-aimées de la philosophie, trop souvent dites perturbatrices de la raison. Les voilà réhabilitées par Épicure sous la plume de Nathanaël Masselot. Merci !

Nathanaël Masselot : Je me fie rarement à elles (sensations) ! Je désirerais tellement être en mesure de me projeter avec confiance… Je prends conscience que cette incapacité provient clairement de mon anxiété. À cause de cette peur, je n’arrive pas à avoir confiance en l’avenir.

Épicure : (…) Vous avez parfaitement raison de vous projeter et de chercher à vous engager pleinement dans l’avenir. Je ne prétends qu’une chose très simple : quand on comprend qu’il n’y a aucune raison de craindre les choses inaccessibles à notre regard (ni dans le ciel, ni ailleurs, ni plus tard), alors seulement on peut s’autoriser à lâcher prise. (…)

Antidote no 11

Nos sensations personnelles sont fiables et méritent d’être élargies.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « Le dieu n’est pas à craindre », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, pp.47-48.

« Avoir confiance en l’avenir », certainement et d’autant plus qu’on ne sait pas quelles surprises agréables il nous réserve. Évidemment, on peut être échaudé face à l’avenir après de multiples mauvaises expériences. La peur s’installe. Nous craignons le pire. Nous sommes anxieux. Ce que je comprend, c’est que l’avenir fait partie des « choses inaccessibles à notre regard » et, par conséquent, qu’il n’y a aucune de le craindre. Il faut davantage se préoccuper de l’accueil que nous lui réservons.

Au Québec, pour des raisons historiques et culturelles, des raisons bien ancrées en nous depuis plusieurs générations, tout ce qui se réfère à « Dieu », y compris au « Divin » relève de la domination de la religion sur nos vies et ne passe plus comme une lettre à la poste. Face à la philosophie, je confesse sur ce sujet un handicape voir un blocage. Mais voilà, nous relate Nathanaël Masselot au sujet de la position d’Épicure :

Épicure : (…) Si au contraire vous demandez si vous pouvez vous fier au divin, alors ma réponse est beaucoup plus positive. Quand je parle du divin, je ne parle pas d’une personne, mais de la vie elle-même. Il y a du divin partout dans le monde, et il serait parfaitement incohérent qu’il n’y en ait pas aussi en vous. Fermez les yeux et sentez l’éternité en vous : sentez cela, et vous sauvez semblable aux immortels (1).

_______________

(1) » Le précepte de Delphes :  »Connais-toi toi-même » signifie d’abord : connais-toi dans ta limite, homme et non dieu. (…) Mais en même temps, et c’est peut-être son originalité majeures, il renouvelle l’aspiration à ressembler à ces dieux, dont il n’attend rien d’autre que de nous montrer en quoi consistent félicité et indestructibilité : se trouver toujours en harmonie avec ce qui nous entoure. Les dieux ont la chance de le faire spontanément et à jamais. L’homme se sait fragile, mais il découvre dans le présent une plénitude équivalente à celle de l’éternité », Geneviève Rodis-Lewis, Épicure et son école, op. cit. pp.385-386.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « Le dieu n’est pas à craindre », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, p. 59.

Le « divin » serait donc la « vie elle-même ». Et puisqu’il y a de la vie partout le monde, le divin serait partout, y compris en moi, simplement de par le fait que je vis. Mais dans ma petite tête, la vie demeure une création de dieu. C’est la question de l’origine de la vie qui se pose à moi. La vie n’est pas une création de l’Homme. Il me faut donc me référer à une source extérieur à l’Homme. Si j’affirme que la vie est une création divine, je soutiens du même coup que la vie en moi est divine. Bref, je suis perdu.

Il en va de même au sujet de l’éternité et de l’immortalité. Je ne souhaite pas être éternel et immortel.

J’apprécierai vos commentaires au bas de l’article à ce sujet.


« Tout plaisir, parce qu’il a une nature qui nous est approprié, est un bien, et pourtant tout plaisir n’est pas à choisir. »

Épicure, Lettre à Ménécée, 129

Épicure : Celui dont vous parle ma philosophie est un plaisir constitutif, celui que l’on intègre en nous, qui nous donne de l’élan, qui nous pousse à vivre par l’affirmation de soi, et non qui nous assigne à une vie extérieure. L’anxiété provient du fait que nous cherchons à fuir les choses qui nous font souffrir supposément, et à acquérir et à consommer celles qui sont censées nous procurer du bonheur. L’anxiété est l’expropriation de nous-même : nous ne cherchons plus le bonheur, mais autre chose, que nous ne parvenons ni à saisir ni à exprimer de façon claire. Elle marque la perte de prise avec le bonheur et la dissolution de nos existence dans des désirs et des plaisirs qui ne permettent pas de nous fixer le moindre horizon durable :

« Une fois que cet état s’est réalisé en nous, toute la tempête de l’âme se dissipe, le vivant n’ayant pas besoin de se mettre en marche pour autre chose (…). C’est en effet quand nous souffrons de l’absence de plaisir que nous aurons besoin du plaisir, quand nous ne souffrons pas, nous n’avons plus besoin du plaisir. »

Épicure, Lettre à Ménécée, 128.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « Le dieu n’est pas à craindre », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, pp.61-62.

Le concept de « plaisir constitutif » revient plusieurs fois dans les propos que prêtent Nathanaël Masselot à Épicure. Il est question de plaisir qui nous donne de l’élan et nous pousse ainsi à vivre par l’affirmation de soi, à contrario de nous assigner à une vie extérieure à soi parce que l’on demeure en quête de plaisir aussi extérieur à soi, si je comprends bien les propos d’Épicure.

2 – Le bien est facile à obtenir – Fortifier les désirs qui nous rendent heureux

Nathanaël Masselot : Il est vrai que mon anxiété accroît la conscience de ce qu’il me manque. Non seulement j’ai tendance à ne pas suffisamment me réjouir de ce que j’ai réussi à accomplir, mais en plus, de nombreux objectifs que je trouvais autrefois plaisant se transforment en contrainte. Au lieu de prendre plaisir à ce que je voulais faire, j’en viens à subir la situation, comme si j’étais l’esclave de mes propres désirs. Il m’arrive même de ne plus comprendre ce que je désirais au moment où je me suis engagé.

Épicure : (….) L’une des illusions qui encourage l’anxiété est de croire que le plaisir et la satisfaction sont nécessairement le résultat d’un effort pour combler douloureusement un manque. Nous avons observé la dernière fois que, quand nous ne souffrons pas ou que nous vivons en accord avec la nature, nous ressentons un plaisir plus profond qui correspond beaucoup mieux à l’idée que nous avons du bonheur : un état de plénitude durable, solide, qui pousse à l’affirmation personnelle. Ce plaisir sain, c’est-à-dire non fondé sur le manque, et que nous avons qualifié de  »catastématique », ne passe pas par le manque.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « Le bien est facile à obtenir », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, pp. 81-82.

Le lien entre « un état de plénitude durable, solide » et « l’affirmation personnelle », le premier poussant au second, ne m’apparaît pas évident. Me faut-il ramener « l’affirmation personnelle » dont parle Épicure à « l’affirmation de soi » ? Dans un cas comme dans l’autre, la confiance (en soi) semble jouer un rôle important. Est-ce que la capacité de jouir d’un « état de plénitude durable, solide », un « plaisir sain », joue sur la confiance qui permet de s’affirmer ?

3 – Le mal est facile à supporter – Traverser la souffrance grâce aux ressources de son âme

Nathanaël Masselot : Vous m’avez parlé des raisons de l’anxiété, de sa nature et vous avez eu l’amabilité d’aborder déjà de nombreux moyens de la surmonter. Je mesure pleinement leur valeur. Mais l’anxiété que je ressens n’est pas juste une idée. Elle me fait mal. Comment concevez-vous cette douleur dont j’ai tant de mal à me défaire ? Pensez-vous que je sois capable de ne plus en souffrir ?

Épicure : L’anxiété est douleur de l’âme. Le fait qu’elle soit de nature psychologique plutôt que physique, je suis complètement d’accord avec vous, ne la rend pas moins nuisible. Je ne peux pas être d’accord avec Aristippe de Cyrène qui estime que cette dernière est la pire de toute : car non seulement la douleur de l’âme a un spectre plus large que la douleur physique, mais elle lui est aussi bien supérieure en raison de sa durée (1). Alors que la souffrance du corps disparaît en cédant sa place au soulagement, il arrive au contraire fréquemment que notre âme continue d’avoir mal en l’absence totale d’agression présente.

L’anxiété est habituellement invasive. Elle compromet notre projection dans l’avenir en rendant notre mémoire sélective : on se focalise sur les troubles que nous avons traversés, ce qui entraîne le blocage de notre imagination. Nous entretenons notre anxiété en ressassant les maux passés de façon d’autant plus douloureuse que, souvent, nous faisons abstraction du souvenir des biens qui les accompagnaient. Voilà pourquoi on dit que la personne anxieuse a tendance a focaliser son attention sur ce que son passé comporte de négatif. Mon remède consiste à éviter la complaisance sans sombrer dans l’autoflagellation.

____________

(1) « Le corps, de toute évidence, ne ressent que la souffrance présente ; l’âme, au contraire, souffre du passé, du présent et de l’avenir », Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes, X, 137.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « Le mal est facile à supporter », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, pp. 116-117.

« L’anxiété est le mal du siècle » nous disent les experts en parlant de notre siècle. Or, au contact d’Épicure, sous la plume de Nathanaël Masselot, l’anxiété afflige les hommes depuis des siècles, pour pas dire, depuis toujours. Est-ce le propre de l’âme que de souffrir d’anxiété ? Dans la souffrance de l’âme, il y a un message, un avertissement.

4 – La mort ne donne pas de souci – Vivre heureux sans craindre la mort

Épicure : Ne me faites pas dire cependant que la philosophie serait essentiellement une pensée de la mort : elle est fondamentalement une expérience de la vie ! La philosophie ne se cantonne pas au terme de l’existence, mais elle l’accompagne à chaque instant. Alors que dans les autres occupations le fruit arrive après l’effort, la philosophie paye pendant, et durant toute l’activité (1).

Je sais combien la peur de mourir est insidieuse. Mon quadruple remède se fond sur une connaissance approfondie des stratégies parfois déroutantes qu’elle emprunte pour se frayer une place dans notre esprit. Car c’est bien là le pire : bien des actes que nous accomplissons durant notre vie son revendiqués comme  »libres », alors qu’ils ne sont que l’expression criante et pathétique de notre peut de mourir. À des degrés variables, quand on y regarde bien, il arrive que la mort prenne le pas sur la vie. Y compris quand la peur nous pousse à des comportements choquant à son égard.

__________________

(1) « En même temps qu’il y a apprentissage, il y a jouissance », Épicure, Sentences vaticanes, 27.

MASSELOT, Nathanaël, En thérapie avec… Épicure, « La mort ne donne pas de souci », Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024, pp. 146-147.

Ah ! La mort, l’un de mes sujets préférés depuis mon adolescence. Nathanaël Masselot intitule sa quatrième séance avec Épicure : « La mort ne donne pas de souci – Vivre heureux sans craindre la mort ». C’est mon cas : la mort ne me donne pas de souci, si ce n’est pour mes proches qui en souffriront. Et mon bonheur n’est jamais troublé par la crainte de la mort. Dans les ruines québécoises de la pratique religieuse, la mort implique la peur de ce qui vient après, le ciel ou l’enfer. Or, à mon humble avis, la mort ne donne pas à la vie sa valeur; il n’y a pas urgence de vivre parce que la mort viendra un jour ou l’autre. La mort est une fin heureuse de la vie.

Lorsque des pensées anxieuses (inquiétudes, ruminations, obsessions, doutes, craintes) me viennent à l’Esprit, je ne les rejette pas d’emblée, préférant les regarder aller avec une certaine distance que le recul me permet. Ainsi, je peux les raisonner.


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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique de Nathanaël Masselot, paru chez Les Éditions de l’Opportun (Paris) en 2024.

J’en recommande la lecture.


EN COMPLÉMENT

Nietzsche: affirmation et affection par Thomas Rimbot, Université de Caen, Francia, dans Praxis Filosófica, n° 48, pp. 135-152, 2019

DÉFINITION DE L’AFFIRMATION DE SOI – Source: LEE KELLY, Sandra. C.A.P. Santé Outaouais, Mieux-être en tête: Guide d’animation, Juin 1994

Guide de pratique : éducation psychologique et autosoins, Fiche H1 – Affirmation de soi – QU’EST-CE QUE L’AFFIRMATION DE SOI ?


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times.

Article # 89 – En thérapie avec… Épicure – Combattre votre anxiété – 40 antidotes du philosophe antique, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun, Paris, 2024

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 90 – Êtes-vous sûr d’avoir raison ?, Gilles Vervisch, Flammarion, 2022

De lecture agréable et truffé d’humour, le livre ÊTES-VOUS SÛR D’AVOIR RAISON ? de GILLES VERVISCH, agrégé de philosophie, pose la question la plus embêtante à tous ceux qui passent leur vie à se donner raison.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 88 – L’approche intellectuelle en philothérapie et en philosophie pratique

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Certaines personnes croient le conseiller philosophique intervient auprès de son client en tenant un « discours purement intellectuel ». C’est le cas de Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, dont les propos furent rapportés dans The Philosophers’ Magazine en se référant à un autre article parue dans The New York Times :

(…) Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, l’affirme sans ambages : les conseillers philosophiques supposent naïvement qu’un discours purement intellectuel peut résoudre des problèmes qui sont intraitables sur le plan émotionnel et parfois gravement débilitants (The New York Times, 8 mars 1998).

Traduction avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Version originale en anglais

(…) Dorothy Cantor, former president of the American Psychological Association, makes the point starkly: philosophical counsellors naively assume that purely intellectual discourse can address problems that are intractably emotional and sometimes severely debilitating (The New York Times, 8 March 1998).

SOURCE : GOORD, Margaret , Philosophical Counselling: the case against, The Philosophers’ Magazine, Issue 3, 1998.

Cet extrait est tiré de la conclusion de l’article Margaret Goord paru dans The Philosophers’ Magazine et dont voici le texte intégral :


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The Philosophers’ Magazine, Issue 3, 1998.

Philosophical Counselling: the case against

(Conseil philosophique : l’argument contre)

Conclusion

Cet article est parti d’une question. Doit-on se réjouir du succès que connaît actuellement la consultation philosophique ? Pour l’instant, la réponse doit être que le jury n’a pas encore tranché. Il se peut que la consultation philosophique apporte des avantages importants au domaine de la santé mentale. Par exemple, elle constitue un correctif opportun aux excès du modèle médical. La dépression et l’anxiété ne doivent pas toujours être traitées par le Prozac et d’autres produits similaires. Mais il y a beaucoup de questions sans réponse et de pièges potentiels. À court terme, la naïveté pourrait être la plus grande source de dommages potentiels pour ceux qui consultent des conseillers philosophiques. Dorothy Cantor, ancienne présidente de l’American Psychological Association, l’affirme sans ambages : les conseillers philosophiques supposent naïvement qu’un discours purement intellectuel peut résoudre des problèmes qui sont intraitables sur le plan émotionnel et parfois gravement débilitants (The New York Times, 8 mars 1998).

Version originale en anglais

SOURCE : GOORD, Margaret , Philosophical Counselling: the case against, The Philosophers’ Magazine, Issue 3, 1998.


J’ai retrouvé la référence dans l’édition du 8 mars 1998 du quotidien The New York Times.


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The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine

(La Nation : Je facture, donc je suis ; Les philosophes s’interrogent sur une mine d’or thérapeutique)

By Joe Sharkey, March 8, 1998

« Dorothy Cantor, psychologue clinicienne et ancienne présidente de l’American Psychological Association, rejette l’idée que « le conseil philosophique, ou quel que soit le nom qu’on lui donne », puisse légitimement s’occuper de « quelque chose d’aussi délicat que la santé mentale d’une personne ». Les philosophes qui se considèrent comme des thérapeutes de la santé mentale, dit-elle, souffrent d’une « hypothèse naïve » selon laquelle un discours purement intellectuel peut résoudre des problèmes personnels qui sont intraitables sur le plan émotionnel et parfois gravement débilitants. »

Traduction avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Version originale en anglais

« Dorothy Cantor, a clinical psychologist and former president of the American Psychological Association, dismissed the idea that  »philosophical counseling, or whatever the heck they’re calling it, » has a legitimate claim on dealing with  »something as delicate as a person’s mental health. » Philosophers who consider themselves mental-health therapists, she said, suffer from a  »naive assumption » that purely intellectual discourse can address personal problems that are intractably emotional and sometimes severely debilitating. »

SOURCE : SHARKEY, Joe Sharkey, The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine, The New York Times, March 8, 1998.


L’affirmation date de plus de 25 ans et nous sommes alors au début de la consultation philosophique aux États-Unis. Nous pourrions donc la passer sous silence en espérant que les propos de l’ancienne présidente de l’American Psychological Association, Dorothy Cantor, n’ont plus aucune importance.

Malheureusement cette association entre la philosophie et le « discours purement intellectuel » remonte bien avant les propos de Dorothy Cantor et perdure dans le temps jusqu’à aujourd’hui. En 1998, Dorothy Cantor ne fait que remettre de l’avant ce préjugé envers la philosophie en l’appliquant, cette fois, aux conseillers philosophiques entrés depuis peu dans la sphère publique. Le préjugé à l’effet que la philosophie ne se présente que sous la forme de « discours purement intellectuel » sied déjà aux universitaires.

L’auteur de l’article dans le journal The New York Times donne la parole à Lou Marinoff, conseiller philosophique, devenu aujourd’hui une figure de proue de la philosophie pratique :


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« La psychiatrie et la psychologie ont fini par décevoir les gens« , a déclaré Lou Marinoff, professeur de philosophie au City College de New York, qui reçoit des clients privés – à raison de 100 dollars par séance, soit à peu près ce que gagnent les psychologues – depuis 1991. Le Dr Marinoff, qui estime à plusieurs dizaines le nombre de philosophes exerçant en cabinet privé aux États-Unis, souhaite ramener ses collègues à leur ancienne place, au centre du tumulte émotionnel de la vie quotidienne.

Selon lui, les clients typiques sont des « réfugiés de la psychothérapie« , certains recherchant des vérités plus profondes et d’autres une meilleure façon de gérer la dépression et l’anxiété.

« Ce que nous suggérons, c’est que si vous pouvez être orienté par votre médecin traitant vers un psychologue ou un psychiatre, vous devriez également pouvoir être orienté vers un philosophe », a déclaré le Dr Marinoff, qui est le président de l’American Philosophical Practitioners Association (Association américaine des praticiens de la philosophie), qui compte plusieurs centaines de membres. L’association a élaboré des critères d’autorisation d’exercer et mène une campagne de certification État par État. Le succès le plus notable à ce jour est un projet de loi en cours d’examen par l’Assemblée de l’État de New York, qui établirait un conseil chargé d’agréer les praticiens philosophes, ce qui favoriserait leur campagne pour obtenir le remboursement par les assurances.

Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Version originale en anglais

 »Psychiatry and psychology ultimately have failed people, » said Lou Marinoff, a professor of philosophy at City College in New York who has been seeing private clients — at $100 a session, about what psychologists get — since 1991. Dr. Marinoff, who estimates that there are several dozen philosophers in private practice in the United States, wants to lead like-minded colleagues back to their ancient place at the center of the emotional tumult of daily life.

Typical clients, he said, are  »refugees from psychotherapy, » some seeking deeper truths and others just looking for a better way to deal with depression and anxiety.

 »What we’re suggesting is, if you can be referred by your H.M.O. to a psychologist or a psychiatrist, you should be able to be referred to a philosopher, too, » said Dr. Marinoff, who is the president of the American Philosophical Practitioners Association, which has several hundred members. The group has drafted licensing criteria and is leading a state-by-state drive for certification. The most notable success so far is a bill making its way through the New York State Assembly that would establish a board to license philosopher practitioners, and thus propel their campaign to qualify for insurance reimbursement.

SOURCE : SHARKEY, Joe, The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine, The New York Times, March 8, 1998.


D’abord la question du « discours »

Première erreur de Dorothy Cantor, cette ancienne présidente de l’American Psychological Association : elle « affirme sans ambages : les conseillers philosophiques supposent naïvement qu’un discours purement intellectuel (…).

Les conseillers philosophique ne s’adressent pas à leurs clients avec un DISCOURS mais ils procède en ouvrant et en entretenant un DIALOGUE avec leurs clients.

Ensuite la question de l’« intellectuel »

La deuxième erreur de Dorothy Cantor, cette ancienne présidente de l’American Psychological Association : elle réfère négativement au caractère « intellectuel ».

Or, le mot « intellectuel » signifie :

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  1. Qui se rapporte à l’intelligence (connaissance ou entendement).
    La vie intellectuelle.
  2. Qui a un goût prononcé (ou excessif) pour les choses de l’esprit.

Source : Dictionnaire Le Robert.

Qu’il s’agisse d’un discours ou d’un dialogue, se rapporter à l’intelligence du client, c’est-à-dire, sa connaissance et son entendement, s’avère essentiel.

Et puis la question de la philosophie et de la santé mentale

Dans The New York Times, on rapporte ce propos de Dorothy Cantor, psychologue clinicienne et ancienne présidente de l’American Psychological Association à l’effet qu’elle « rejette l’idée que « le conseil philosophique, ou quel que soit le nom qu’on lui donne« , puisse légitimement s’occuper de « quelque chose d’aussi délicat que la santé mentale d’une personne » ».

Troisième erreur de Madame Cantor : il a toujours été question de la santé mentale dans la philosophie. La philosophie traite du bien être et de la vie bonne depuis sa naissance. Le bien être et la vie bonne s’inscrivent donc en toute légitimité dans la santé mentale.

Un an après la publication des articles dans The New York Times et The Philosophers’ Magazine, en 1998, paraît ce livre de Lou Marinoff au titre évocateur :

1999 Plato Not Prozac: Applying Philosophy to Everyday Problems, HarperCollins, NY. Translated into 27 languages.
1999 Plato Not Prozac: Applying Philosophy to Everyday Problems, HarperCollins, NY. (Aujourd’hui traduit en 27 langues).

Un an plus tard, en 2000, sortira la traduction française.

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« La psychiatrie et la psychologie ont fini par décevoir les gens« 

Lou Marinoff

« Selon lui (Lou Marinoff), les clients typiques sont des « réfugiés de la psychothérapie », certains recherchant des vérités plus profondes et d’autres une meilleure façon de gérer la dépression et l’anxiété. »

« Ce que nous suggérons, c’est que si vous pouvez être orienté par votre médecin traitant vers un psychologue ou un psychiatre, vous devriez également pouvoir être orienté vers un philosophe. »

Lou Marinoff

SOURCE : SHARKEY, Joe, The Nation: I Bill, Therefore I Am; Philosophers Ponder a Therapy Gold Mine, The New York Times, March 8, 1998.


Depuis la sortie du livre « La séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne » de William Kirk Kilpatrick en 1989, dix ans auparavant la sortie de « Platon pas Projac ! », nous avions déjà tous raison de questionner l’efficacité de la psychologie. Quand Lou Marinoff nous parle de « réfugiés de la psychothérapie » en 1999, nous savons pourquoi.

Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».
Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie ».

Dans son livre « Séduction psychologique – Échec de la psychologie moderne » William Kirk Kilpatrick, lui-même psychologue, diplômé des plus grandes écoles dont les célèbres universités Harvard et Purdue, se demande « quel est donc le profit produit par la psychologie » dont voici un extrait :


« L’ÉCHEC DE LA FOI PSYCHOLOGIQUE

Quelque bien intentionné et agréable qu’il soit, il n’est pas évident que l’« establishment » sache aider. Partout il existe de sombres signes que cette foi n’est pas efficace. En dépit de la création d’une armée virtuelle de psychiatres, psychologues, psychométriciens, conseillers et éducateurs sociaux, il n’y a eu aucune diminution du taux de maladies mentales, suicides, alcoolisme, toxicomanie, enfants maltraités, divorces, meurtres et voies de fait de toutes sortes. Contrairement à ce qu’on pourrait espérer dans une société analysée si soigneusement et assistée par tant d’experts de la santé mentale, il y a eu un accroissement dans tous ces domaines. Il semble parfois exister un rapport direct entre le nombre grandissant de ceux qui aident et le nombre grandissant de ceux qui ont besoin d’aide. Plus nous avons de psychologues, plus nous récoltons de maladies mentales; plus nous avons d’éducateurs sociaux et de délégués à la liberté surveillée, plus la criminalité s’accroît; plus nous avons d’enseignants et plus l’ignorance grandit.

Il nous faut nous interroger devant tout cela. En clair, cela est suspect. Nous sommes contraints de concevoir la possibilité que la psychologie et les professions qui gravitent autour d’elle proposent des solutions aux problèmes qu’elles ont elles-mêmes contribué à faire naître. Ainsi, nous voyons des psychologues élever chez les gens l’espoir de bonheur ici-bas à un niveau démesuré, pour ensuite dispenser leurs conseils sur la crise qui survient vers la mi-vie et à la mort. Nous voyons des psychologues faire de l’attention portée à soi-même une vertu, pour ensuite s’étonner du nombre croissant de narcissistes. Nous voyons des psychologues alléguer devant les tribunaux que les mauvais garçons et même les mauvais adultes n’existent pas, pour ensuite formuler des théories afin d’expliquer l’augmentation de la criminalité. Nous voyons des psychologues mettre à rude épreuve les liens de la vie familiale, pour ensuite mener une thérapie dans les foyers brisés.

ATTENTES ET RÉSULTATS

Il y a trop de « si », de « et » et de « mais » pour prouver une relation fortuite entre la montée de la psychologie et la détérioration du lien social, mais il existe certainement assez de preuves pour douter du profit que la psychologie prétend nous apporter. Dans les domaines où les professionnels savent véritablement ce qu’ils font, nous nous attendons à un résultat. Stanislas Andreski, sociologue britannique, fait la lumière sur ce point en comparant la psychologie et la sociologie à d’autres professions. Il note que lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance bien établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis :

« Ainsi, dans un pays où il y a pléthore d’ingénieurs en télécommunication, l’équipement téléphonique sera normalement meilleur que dans un pays où il n’y a que quelques spécialistes dans ce domaine. Le taux de mortalité sera plus bas dans les pays ou les régions où il y a beaucoup de docteurs et d’infirmières que dans les lieux où ils sont rares et éloignés. Les comptes seront généralement tenus avec plus d’efficacité dans les pays où il y a de nombreux comptables expérimentés que là où ils font défaut. »18

Mais quel est donc le profit produit par la psychologie et la sociologie? Le professeur Andreski poursuit :

« … Partant, nous devrions constater que dans les pays, les régions, les institutions ou encore les secteurs où les services des psychologues sont très largement requis, les foyers sont plus résistants, les liens entre conjoints, frères et sœurs, parents et enfants, plus solides et plus chaleureux; les relations entre collègues plus harmonieuses, le traitement des patients meilleur; les vandales, les criminels et les toxicomanes moins nombreux, que dans les endroits et les groupes qui n’ont pas recours aux talents des psychologues. En conséquence, nous pourrions déduire que les États-Unis sont la patrie bénie de l’harmonie et de la paix; et qu’il aurait dû en être toujours plus ainsi durant le dernier quart de siècle en relation avec la croissance numérique des sociologues, des psychologues et des experts en sciences politiques. »19

Cependant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Au contraire, les choses semblent empirer. Les rues ne sont pas sûres. Les foyers se désintègrent. Le suicide sévit parmi les jeunes. Et quand la psychologie tente de régler de tels problèmes, il semble souvent qu’elle les aggrave. La création dans les villes de centres de prévention du suicide s’accompagne, par exemple, d’une augmentation de celui-ci. Les conseils matrimoniaux conduisent fréquemment au divorce. Par ailleurs, l’observation la plus élémentaire nous montre que l’introduction de l’éducation sexuelle dans un public très étendu n’a aucunement enrayé la hausse des grossesses non désirées, de la promiscuité et des maladies vénériennes. Il est plutôt manifeste que de tels programmes encouragent la sexualité précoce et les problèmes qui en découlent.

Il est difficile de ne pas conclure que l’ordonnance est à l’origine de la maladie. « Si nous constations », écrit Andreski, « que toutes les fois que les pompiers arrivent, le feu redouble d’intensité, nous finirions par nous demander ce qu’il peut bien sortir de leurs lances et si, par hasard, ils ne sont pas en train de verser de l’huile sur le feu »20 ».

____________

Référence : ANDRESKI, Stanislas, Social Sciences as Sorcery, Penguin Books, New York,1974, pp. 25-26.

Source : KILPATRICK (Kirk), William, La séduction psychologique – L’échec de la psychologie moderne, Centre Biblique Européen, 288 pages, 1985. Traduction de l’original anglais « Psychological Seduction: The Failure of Modern Psychology » , William Kirk Kilpatrick, THOMAS NELSON PUBLISHERS Nashville, Tenn, USA Copyright © 1983 by William Kirk Kilpatrick.


La cause de l’inefficacité de la psychologie est donnée dans le passage suivant : « (…) lorsqu’une profession est fondée sur une connaissance bien établie, il devrait y avoir une relation entre le nombre de personnes qui exercent cette profession et les résultats accomplis ». En effet, comment ne pas conclure que la connaissance de la psychologie soit mal établie devant de tels résultats ? Évidemment, il y a des professionnels qui savent aider mais ils ne sont pas légion.

Conclusion

Lorsque Dorothy Cantor, psychologue clinicienne et ancienne présidente de l’American Psychological Association, arrive dans le décor avec ses critiques des conseillers philosophiques et de leurs interventions auprès de leurs clients, elle ne fait que défendre sa profession et rien d’autre. Et, pour ce faire, elle dénigne maladroitement les philosophes praticiens. Or, et c’est bien connu, on ne taille pas une place (on ne défend pas sa place au soleil) en marchant sur la tête des autres. Ses propos manquent de psychologie et de… philosophie !


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Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

Article # 87 – La philothérapie – Philosophie pratique à l’international

L’Observatoire de la philothérapie a consacré ses deux premières années d’activités à la France, puis à la francophonie. Aujourd’hui, l’Observatoire de la philothérapie s’ouvre à d’autres nations et à la scène internationale.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 86 – Les consolations de la philosophie, Alain De Botton, Mercure de France, 2001, Pocket

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Article # 86

J’AI LU POUR VOUS

Les consolations de la philosophie

Alain De Botton, 2000

Mercure de France, 2001, pour la traduction française

Éditeur : POCKET

Collection : POCKET

Date de parution : 15 avril 2003

Rayon : PHILOSOPHIE

Format : Poche

EAN13 / ISBN : 9782266111973

Nombre de pages : 302

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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre Les consolations de la philosophie de Alain De Botton et paru dans traduction française en 2021 chez Mercure de France. Il en mériterait même une sixième.

J’en recommande la lecture.

Lire mon rapport de lecture à la suite la présentation du livre et de son auteur


Texte en quatrième de couverture

Au IVe siècle avant J.-C., Épicure disait que celui qui déclarait ne pas être prêt pour la philosophie était comme celui qui se prétendait trop jeune ou trop vieux pour le bonheur.

Conscient que les petits travers de l’existence provoquent les plus grands tourments, Alain de Botton a réuni les pensées de six philosophes qui se sont attachés à relativiser les affections ordinaires de l’âme humaine. Ainsi, là où Socrate reste le meilleur remède au sentiment d’impopularité, Épicure saura nous délivrer de l’angoisse de manquer d’argent ; là où Sénèque nous soulagera de nos frustrations, Montaigne nous aidera à nous accepter tels que nous sommes.

À découvrir les paroles apaisantes de ces philosophes, nous apprendrons tout simplement à être plus heureux, intelligemment plus heureux……


Alain de Botton a choisi six philosophes, divisé son livre en six chapitres, un pour chacun, et nous raconte comment nous consoler des peines inhérentes à toute vie humaine en faisant appel à ces grands hommes. À travers la biographie de chacun de ces maîtres, en même temps que des références extrêmement précises à leur œuvre, il manie l’humour, l’impertinence et une solide dose de bon sens.

Source : Les consolations de la philosophie, Google Book.


The Consolations of Philosophy

In Ancient Greece or Rome, philosophers were seen as natural authorities on the most pressing questions. However, since then, the idea of finding wisdom from philosophy has come to seem bizarre. Enter a university department today and ask to study wisdom, and you will politely but firmly be shown the door. The Consolations of Philosophy sets out to refute the notion that good philosophy must be irrelevant and gathers together six great philosophers who were convinced of the power of philosophical insight to work a practical effect on our lives.

Source : Site web de l’auteur Alain De Botton.

TRADUCTION

Les consolations de la philosophie

Dans la Grèce ou la Rome antiques, les philosophes étaient considérés comme des autorités naturelles sur les questions les plus pressantes. Cependant, depuis lors, l’idée de trouver la sagesse dans la philosophie a fini par sembler bizarre. Entrez aujourd’hui dans un département universitaire et demandez à étudier la sagesse, et l’on vous montrera poliment mais fermement la porte. Les Consolations de la philosophie vise à réfuter l’idée qu’une bonne philosophie doit être sans intérêt et rassemble six grands philosophes qui étaient convaincus du pouvoir de la réflexion philosophique d’avoir un effet pratique sur nos vies.

Source : TRADUCTION DeepL (Site web de l’auteur Alain De Botton).


TABLE DES MATIÈRES

Consolations en cas…

I. D’impopularité

II. De manque d’argent

III. De frustration

IV. De déficience personnelle

V. De peine de cœur

VI. De difficultés


EXTRAIT

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REVUE DE PRESSE

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Nous avons coutume de penser que la philosophie est une discipline théorique sans aucune portée pratique. Mais en réalité, la philosophie n’est pas un simple jeu rhétorique que des intellectuels pratiquent dans leur tour d’ivoire. Les philosophes sont pleinement conscients des dilemmes et des problèmes concrets de la vie. Dans ce livre, l’auteur interprète la pensée de six philosophes et nous expose de façon simple et plaisante comment la philosophie peut nous permettre de venir à bout de six souffrances psychologiques courantes.

Source : Les consolations de la philosophie, BooKey.

Résumé chez BooKet : Les consolations de la philosophie | Télécharger PDF gratuit

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Alain de Botton, Les Consolations de la philosophie

Ed. Mercure de France

Depuis ses débuts, Alain de Botton (né à Zürich en 1969, vit à Londres) écrit des fictions inclassables. Son Com- ment Proust peut changer votre vie (10/18) était une véritable réussite littéraire emplie d’humour. Portrait d’une jeune fille anglaise, son dernier roman, traitait un personnage, la fiancée du narrateur, avec les méthodes d’investigation de la biographie. Avec les Consolations de la philosophie, comme toujours, l’auteur mêle le récit à l’essai.

Inspiré par les «fragments» de Barthes, les moralistes français et bien sûr Laurence Sterne, l’auteur s’attache à mettre en scène six philosophes. Il montre comment Socrate vous aidera à résister au fait d’être impopulaire ; Epicure, qui a manqué d’argent, vous conduira vers le plaisir afin d’oublier la dureté des temps ; Sénèque vous consolera des frustrations et des épreuves de toutes sortes : «Je dois ma vie à la philosophie». Un dictionnaire sénéquien – s’appuyant sur des conflits divers – est livré pour atténuer l’impact le plus doux de nos désirs sur le mur inébranlable de la réalité. Montaigne, qui s’est réfugié dans son moi et les livres, nous allégera de la déficience personnelle, culturelle et corporelle, en explorant l’affectivité et les situations concrètes… Alain de Botton montre ainsi que les livres nous aident à vivre et à ne pas être seuls : ils nous éclairent sur nos interrogations, l’informulé. Schopenhauer nous fera comprendre nos chagrins d’amour ; Nietzsche, face à ses difficultés, nous donnera le moyen de surmonter l’anxiété, le désespoir, la colère, le mépris de soi… Abolir la souffrance, disait paradoxalement le philosophe… Ce livre est une sorte de manuel de sagesse, et Alain de Botton, son auteur qui écrit en anglais, l’un des écrivains les plus novateurs de sa génération.

Patrick Amine

Source : Alain de Botton, Les Consolations de la philosophie, ArtPress.

Les consolations de la philosophie de Alain de Botton

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La sagesse des grands maîtres à notre portée

Dans ce livre écrit avec verve et beaucoup d’humour, Alain de Botton nous montre qu’il ne faut pas se laisser intimider par les écrits des grands maîtres de la philosophie. Au contraire, il nous indique comment utiliser la sagesse des plus grands philosophes pour nous aider dans notre vie de tous les jours et plus spécialement en cas de difficulté.
Le livre est divisé en six chapitres, un pour chacun des philosophes retenus: chacun a sa spécialité: Socrate nous consolera en cas d’impopularité. Sénèque lorsqu’on se sent victime d’une injustice. En cas de chagrin d’amour, Schopenhauer. Pour les cas de difficultés financière, on se tournera vers Epicure, en cas de frustration personnelle vers Montaigne. Et finalement Nietzsche nous aide à surmonter les difficultés présentes en nous expliquant que toute élévation implique une souffrance préalable.

Lire la suite et Source : Les consolations de la philosophie de Alain de Botton, Critiques Libres.


Revue de presse de LES CONSOLATIONS DE LA PHILOSOPHIE sur le site web de l’auteur


AU SUJET DE L’AUTEUR

Der Schriftsteller, Bestseller-Autor und Philosoph, Alain de Botton, waehrend eines Interviews am 14.5.2013 im Hotel Greulich in Zuerich.
L’écrivain, auteur de best-sellers et philosophe, Alain de Botton, lors d’une interview le 14.5.2013 à l’hôtel Greulich à Zurich – Der Schriftsteller, Bestseller-Autor und Philosoph, Alain de Botton, waehrend eines Interviews am 14.5.2013 im Hotel Greulich in Zuerich. Photographs by Mathias Marx.

Alain De Botton

Alain de Botton est un auteur britannique extraordinairement talentueux dont les livres se sont vendus par milliers d’exemplaires partout dans le monde. Il a été élu membre de la Royal Society of Literature en 2011. De Botton a publié des romans, tels que Essais amoureux et Le mouvement romantique. Il a également écrit d’importants ouvrages, tels que Comment Proust peut changer votre vie et Les consolations de la philosophie.

Source : Les consolations de la philosophie, BooKey.


Biographie d’Alain de Botton Alain de Botton est né à Zurich en 1969. Installé à Londres depuis de nombreuses années, l’auteur de Petite Philosophie de l’amour, Comment Proust peut changer votre vie ou Splendeurs et misères du travail a également fondé The School of Life. Ses livres sont traduits dans plus de vingt langues.

Source : Les consolations de la philosophie, La Librairie Gallimard de Montréal.


Alain de Botton est né à Zurich, en Suisse, en 1969 et vit aujourd’hui à Londres. Il est l’auteur de livres d’essais qui ont été décrits comme une « philosophie de la vie quotidienne ». Il a écrit sur l’amour, les voyages, l’architecture et la littérature. Ses livres ont été des best-sellers dans 30 pays. Alain a également créé et aide à diriger une école à Londres, The School of Life, qui se consacre à une nouvelle vision de l’éducation. Le dernier livre d’Alain, publié en avril 2016, s’intitule The Course of Love.

Alain a commencé à écrire très jeune. Son premier livre, Essays in Love [intitulé On Love aux États-Unis], a été publié à l’âge de vingt-trois ans. Il y analysait minutieusement le processus de l’amour et du désamour, dans un style qui mêlait des éléments de roman à des réflexions et des analyses que l’on trouve normalement dans un ouvrage non romanesque. C’est un livre dont beaucoup de lecteurs sont encore très attachés et qui s’est vendu à deux millions d’exemplaires dans le monde.

C’est avec « Comment Proust peut changer votre vie » que le travail d’Alain a atteint un public véritablement mondial. Le livre a connu un succès particulier aux États-Unis, où le mélange d’une enveloppe ironique de « développement personnel » et d’une analyse de l’un des livres les plus vénérés mais les moins lus du canon occidental a touché une corde sensible. Il a été suivi par Les Consolations de la philosophie, qu’il accompagnait à bien des égards. Bien que parfois décrits comme des ouvrages de vulgarisation, ces deux livres étaient au fond des tentatives de développer des idées originales (sur, par exemple, l’amitié, l’art, l’envie, le désir et l’insuffisance) à l’aide des pensées d’autres penseurs – une approche qui aurait été familière à des écrivains comme Sénèque ou Montaigne et qui n’a disparu qu’avec la professionnalisation croissante de l’érudition au 19e siècle.

Alain est ensuite revenu à un style d’écriture plus lyrique et personnel. Dans L’art du voyage, il s’est penché sur des thèmes liés à la psychologie du voyage : comment nous imaginons les lieux avant de les avoir vus, comment nous nous souvenons des belles choses, ce qui nous arrive lorsque nous regardons des déserts, que nous séjournons dans des hôtels ou que nous allons à la campagne. Dans Status Anxiety, il s’est penché sur une anxiété presque universelle qui est rarement mentionnée directement : l’anxiété liée à ce que les autres pensent de nous, au fait que nous soyons jugés comme un succès ou un échec, un gagnant ou un perdant. Dans L’architecture du bonheur, Alain aborde les questions de la beauté et de la laideur en architecture. Une grande partie du livre a été écrite dans la maison de Botton à l’ouest de Londres, juste à côté du rond-point de Shepherd’s Bush, l’un des endroits les plus laids construits par l’homme, qui fournit néanmoins des exemples utiles pour montrer à quel point il est important d’avoir une architecture correcte.

Dans The Pleasures and Sorrows of Work, Alain a voyagé à travers le monde pendant deux ans, accompagné d’un photographe, pour observer les gens sur leur lieu de travail et réfléchir aux grands thèmes du travail : pourquoi le faisons-nous ? Comment le rendre plus supportable ? Qu’est-ce qu’une vie qui a du sens ? Le livre est à la fois lyrique et captivant, comme peut l’être un roman, mais aussi plein d’idées et d’analyses.

Au cours de l’été 2009, Alain a été nommé premier écrivain en résidence à Heathrow et a écrit un livre sur ses expériences, A Week at the Airport.

En 2011, Alain a écrit un livre sur son expérience, Une semaine à l’aéroport.

Traduit avec DeepL.com (version gratuite)

Source : Alain De Botton – Curriculum vitae (site web de l’auteur).


Site web de l’auteur : https://www.alaindebotton.com/philosophy/


https://www.youtube.com/watch?v=TDJHOKRXkjE


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Mon rapport de lecture

Serge-André Guay

Les consolations de la philosophie

Alain de Botton

La lecture du livre Les consolations de la philosophie, une édition en livre de poche abondamment illustrée, fut très agréable et instructive. L’auteur Alain de Botton, journaliste, philosophe et écrivain suisse, nous adresse son propos dans une langue et un vocabulaire à la portée de tous.

I. Les consolation en cas d’impopularité

Parlant de Socrate, il écrit :

Mais sa caractéristique la plus curieuse était cette habitude qu’il avait d’aborder les Athéniens de tout âge et de toute condition pour leur demander sans façons, et sans se soucier de savoir s’ils le jugeraient excentrique ou exaspérant, d’expliquer précisément pourquoi ils croyaient telle ou telle chose relevant du sens commun, ou quel était selon eux le sens de la vie. Comme le racontait un général surpris :

(Chaque fois que quelqu’un) s’approche de lui pour discuter, il arrive immanquablement que, même s.il a voulu aborder un autre sujet, Socrate l’amène par ses arguments à répondre à des questions qui se rapporte autant à la façon dont il vit présentement qu’à celle dont il a vécu jusque-là. Et une fois qu’il l’a amené là, Socrate ne le laisse pas partir avant d’avoir examiné à fond toutes ces questions.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 24.

Les lecteurs de mes précédent rapport de lecture savent fort bien à quel point je critique le dialogue socratique lorsqu’il devient dogmatique dans sa pratique. Déjà, Socrate lui-même faisait l’objet de vives critiques : «Beaucoup trouvaient ses questions exaspérantes. Certains le raillaient d’autres l’auraient volontiers occis », écrit Alain De Boton. Il poursuit :

(…) Dans sa pièce Les Nuées, représentée pour la première fois dans le théâtre de Dionysos au printemps de l’an 423 avant notre ère, Aristophane offrit aux Athéniens une caricature du philosophe qui, parmi eux, refusait d’accepter le sens commun sans en examiner d’abord interminablement la logique. (…)

Aristophane exprimait là un reproche qui est souvent fait aux intellectuels, à savoir qu’avec toutes leurs questions il s’écartent davantage des opinions raisonnables que ceux qui ne se sont jamais risqués à analyser les choses de façon systématique. Ce qui séparait l’auteur comique du philosophe, c’était une divergence d’appréciation quant à la valeur des explications ordinaires. Alors que les gens sensés pouvaient, aux yeux d’Aristophane, se contenter de savoir que les puces sautent haut et loin par rapport à leur taille et que les moucherons font du bruit avec quelque choses, Socrate était accusé de suspicion maniaque envers le sens commun, et d’entretenir une passions perverse pour les solutions compliquées et ineptes.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 25-26.

À l’instar de plusieurs autres Athéniens du temps de Socrate, y compris d’Aristophane, je critique Socrate en raison de son approche des gens qu’il interpelle. Je me demande s’il était gentil avec ceux qui acceptaient de discuter avec lui. Au-delà de mes préoccupations, je reconnais toute de même que son enseignement, son message de fond, profitait à la société athénienne :

Socrate nous encourage à ne pas nous laisser troubler par l’assurance de ceux qui ne respectent pas cette complexité et formulent leurs idées sans au moins autant de rigueur qu’un potier. Ce qui est présenté comme évident et « naturel » l’est rarement. La reconnaissance de cette vérité devrait nous apprendre à penser que le monde est plus flexible qu’il n’a a l’air, car les idées établies sont souvent le résultat non d’un raisonnement sans faille, mais de siècles de confusion intellectuelle. Il y a peut-être par de bonnes raisons pour que les choses soient comme elles sont.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 33.

Voici « La méthode socratique de réflexion selon Alain De Botton :


La méthode socratique de réflexion

1. Relever une assertion présentée avec assurance comme étant « de bon sens ».

Le courage consiste à ne pas battre en retraite sur le champ de bataille.

Pour être vertueux, il faut de l’argent.

2. Imaginer un instant que, malgré l’assurance de la personne qui la propose, l’assertion est fausse. Chercher des situations ou des contextes dans lesquels elle ne serait pas vraie.

Ne peut-on pas être courageux et pourtant battre en retraite ?

Ne peut-on pas rester à son poste au combat et pourtant ne pas être courageux ?

Ne peut-on pas avoir de l’argent et ne pas être vertueux ?

Ne peut-on pas manquer d’argent et être vertueux ?

3. Si l’on trouve une exception, l’assertion est nécessairement fausse ou du moins imprécise.

Il est possible d’être courageux et de battre en retraite.

Il est possible de rester à son poste au combat et pourtant de ne pas être courageux.

Il est possible d’avoir de l’argent et d’être un escroc.

Il est possible d’être pauvre et vertueux.

4. L’assertion initiale doit être nuancée pour tenir compte de l’exception.

Le courage peut consister aussi bien à battre en retraite qu’à avancer au combat.

Les gens qui ont de l’argent ne peuvent être qualifiés de vertueux que s’ils l’ont acquis d’une façon vertueuse, et ceux qui n ‘en ont pas peuvent être vertueux, s’ils ont vécu dans des circonstances où il était impossible de gagner de l’argent en étant vertueux.

5. Si l’on trouve ensuite des exceptions aux assertions améliorées, le processus doit être répété. La vérité, dans la mesure où un être humain est capable d’atteindre une telle chose, réside dans une assertion qu’il semble impossible de réfuter. C’est en découvrant ce qu’une chose n’est pas qu’on peut le mieux comprendre ce qu’elle est.

6. Le produit de la réflexion est, quoi qu’insinuât Aristophane, supérieur au produit de l’intuition.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 35-36.


La méthode socratique de réflexion nous propose un moyen de nous forger des opinions dans lesquelles nous pourrons, même pris dans une tempête, avoir véritablement confiance.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 38.

Personnellement, j’observe notre monde et je constate que l’opinion règne en roi et maître, quelles soient de bons ou de mauvais jugements. Et c’est bien là le problème : l’opinion n’est rien d’autre qu’un jugement. Pire encore, elle sert de nos jours et avant tout à se donner raison, à avoir une confiance aveugle en ce que l’on pense PARCE QU’ON LE PENSE. Nous sommes si exercés à juger, comme des athlètes olympiques dans leurs disciplines, que nous jugeons avec une telle confiance en nous, en ce que l’on pense et dit, que le savoir et la connaissance nous échappent. Il se trouve même des gens dans notre monde qui croient que la seule chose que peut générer leur cerveau est une opinion. Tout est devenu qu’une simple opinion, qu’un simple jugement. On juge le savoir et la connaissance sans même les posséder.

Une idée défectueuse énoncée avec autorité, mais sans qu’on sache comment elle a été formée, peut, pendant un certain temps, avoir tout le poids d’une idée juste. Nous en venons à respecter à tort les autres quand nous nous concentrons uniquement sur leurs conclusions — et c’est pourquoi Socrate nous encourage à nous pencher sur la logique qu’ils ont utilisée pour y arriver. Même si nous ne pouvons échapper aux conséquences de leur opposition, au moins nous n’aurons pas le sentiment débilitant d’être dans l’erreur.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 44.

Personnellement, je n’accorde pas à mes opinions un statut d’exactitude. Je me fais une opinion mais je suis disposé à l’abonner en tout temps pour une autre qui m’apparaîtra meilleure, plus juste. Je ne fonde donc pas ma confiance en moi sur mes opinions. Et si l’une de mes opinions s’avère fausse, je n’ai aucun « sentiment débilitant ». Au contraire, j’éprouve un sentiment de fierté parce que la fausseté de l’une de mes opinions se présente comme une faille qui laisse entrer la lumière. Si je peux avancer une opinion avec une forte conviction, je laisse toujours une place à une faille. Tout comme la connaissance scientifique se bâtie sur la destruction du déjà-su, mes opinions s’érigent sur les ruines de mes opinions précédentes. Être dans l’erreur, c’est être dans la capacité d’apprendre.


II. Les consolations en cas de manque d’argent

On croit souvent que le bonheur repose sur l’accumulation de richesses matérielles et un grand train de vie font le bonheur. Alain De Botton nous parle d’Épicure et des essentiels du bonheur :

Ceux qui avaient entendu les rumeurs devraient être surpris en découvrant les goûts réels du philosophe du plaisir. Il n’avait pas de superbe demeure. Sa nourriture était simple, Épicure buvait de l’eau plutôt que du vin et se contentait pour ses repas de pain, de légumes et d’une poignée d’olives. « Envoie-moi un pot de fromage, pour que je puisse festoyer chaque fois que j’en ai envie », demanda-t-il à un ami. Tels étaient les goûts de l’homme qui affirmait que le plaisir était le souverain bien dans l’existence.

Il ne voulait tromper personne. Son amour du plaisir était bien plus grand que même ceux qui l’accusaient de débauche n’auraient pu l’imaginer. Mais après avoir examiné rationnellement la question, il était arrivé à quelques conclusions frappantes sur ce qui rendait la vie réellement agréable – et, heureusement pour eux qui ne disposait pas d’un gros revenu, il semblait bien que les ingrédient essentiels du bonheur, si difficile à appréhender qu’ils fussent, ne coûtassent pas très cher.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 75.

Alain De Botton souligne l’importance de l’amitié dans le bonheur en citant Épicure :

De toutes les choses que la sagesse vous procure pour nous aider à vivre heureux toute notre vie, la plus grande est de loin l’amitié.

ÉPICURE


Avant de manger ou de boire quoique ce soit, demande-toi avec qui tu vas manger et boire, plutôt que ce que tu vas manger et boire ; car se restaurer sans ami est le fait d’un lio ou d’un loup.

ÉPICURE

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 76.


Nos vrais amis ne nous jugent pas sur la mine, c’est ce que nous sommes réellement qui les intéresse ; comme celui de parents idéaux, leur amour pour nous n’est affecté par notre apparence ou notre rang social, et donc nous ne sommes gênés avec eux de porter de vieux vêtement ou d’avouer que nous n’avons pas gagné grand-chose cette année. Il ne faudrait peut-être pas toujours interpréter la soif de richesse comme un simple désir de confort et de luxe ; un motif plus important pourrait être le désir d’être apprécié et bien traité. Nous pouvons chercher fortune à seule fin de nous assurer le respect et l’attention de personnes que sans cela ne nous verraient même pas. Épicure, discernant notre besoin profond, conclut qu’une poignée de vrais amis peut nous apporter l’affection et le respect que même une fortune ne pourrait nous procurer.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 77.

Opposer ainsi la richesse matériel et le grand train de vie à la richesse de l’amitié, un bien plus grand, persiste jusqu’à aujourd’hui. Nous savons que l’argent ne fait pas le bonheur. Mais face à un manque d’argent pour l’essentiel, nous pouvons ajouter que si l’argent ne fait pas le bonheur, il aide. Mais sans amitié solidaire, le bonheur ne sera que complaisant avec nous-mêmes. J’ai souvent observé que les gens les plus généreux sont souvent les gens les moins fortunés car ils comprennent ce qu’un manque d’argent pour l’essentiel peut entraîner de malheur. J’ai aussi été témoin de jugements très négatifs mettant en cause la pauvreté jusqu’au dédain de la personne.

Rapport Bonheur/Argent

Si l'on exprime le rapport épicurien entre argent et bonheur sous forme graphique, on constate que la capacité de l'argent à engendrer le bonheur est déjà présente dans les petits salaires et n'augmentera pas avec de plus gros revenus. Nous ne cesserons pas d'être heureux pour autant, mais - insistait Épicure - nous ne dépasserons pas le niveau de bonheur auquel peuvent déjà prétendre ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent.
Si l’on exprime le rapport épicurien entre argent et bonheur sous forme graphique, on constate que la capacité de l’argent à engendrer le bonheur est déjà présente dans les petits salaires et n’augmentera pas avec de plus gros revenus. Nous ne cesserons pas d’être heureux pour autant, mais – insistait Épicure – nous ne dépasserons pas le niveau de bonheur auquel peuvent déjà prétendre ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent. BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 81.

« Rien ne satisfait celui qui ne se contente pas de peu. »

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, www.pocket.fr, p. 83.
BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 83.

III. Les consolations philosophiques en cas de frustration

Frustrés, nous nous mettons souvent en colère.


« Et pour Sénèque, la colère résulte d’idées dangereusement optimiste sur le monde et les autres. »

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 106.

La façon dont nous réagissons aux problèmes dépend essentiellement de l’idée que nous nous faisons de ce qui est normal ou non. Nous pouvons être ennuyés qu’il pleuve, mais nous en avons tellement l’habitude qu’il est peu probable que nous nous mettions en colère pour ça. Nos irritations sont tempérées parce que nous pouvons savoir attendre du monde, par notre expérience quant à ce qui est normal d’espérer. Nous ne sommes pas submergés par la colère chaque fois que nous ne pouvons obtenir ce que nous désirons, mais seulement quand nous estimons y avoir droit. Nos plus grandes fureurs sont provoquées par des événements qui bafouent ce que nous jugeons être les règles élémentaires de l’existence.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 106.

Voilà une excellente explication : « La façon dont nous réagissons aux problèmes dépend essentiellement de l’idée que nous nous faisons de ce qui est normal ou non ».

Un jour que j’étais en colère contre le responsable du service à la clientèle d’un magasin, ma sœur aînée me répondit que je ne devais pas m’attendre à ce que les autres, notamment ce responsable du service à la clientèle, soient comme moi, gentil et advenant en pareille situation. Il est vrai que je m’attendais que les autres soient comme moi. Je ne tenais pas compte de la personnalité propre, des différences de l’autre lors de certains événements que je souhaitais soumis à une règle universelle. Si la règle est universelle, son application diffère souvent d’un événement à l’autre.

De telles rages sont toujours explicables. Vedius Pollio (un ami de l’empereur Auguste) était en colère pour une raison identifiable : parce qu’il croyait en un monde où les verres ne sont pas brisés pendant les fêtes. Nous crions quand nous n’arrivons pas à trouver la télécommande parce que nous croyons implicitement en un monde où les télécommandes ne sont pas égarées. La colère est causée par la conviction, presque comique par ce qu’elle a d’optimiste (et si tragique qu’elle soit par ailleurs dans ses effets) que telle ou telle source de mécontentement n’a pas été incluse dans le contrat de vie.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 107-108.

P.S. : le lien et la première parenthèse sont de moi.

« Sénèque, ajoute Alain De Botton, a essayé de réduire nos attentes et nos espérances pour que nous ne braillions pas si fort quand elles sont frustrées ». Autrement dit, ce sont nos attentes et nos espérances frustrées qui fomentent nos colères. On m’a conseillé de vivre sans attente pour ne pas être frustré. Mais je ne crois toujours pas que nous pouvons vivre sans attente. Mais les réduire me semble plus sage, plus réalisable.

Je comprends aussi aujourd’hui, en ce moment même, que si nos attentes sont alignées sur une idéologie, nous seront insatisfaits en permanence. Le monde idéalisé n’existe que dans nos attentes. La recommandation de John Ralston Saul dans son livre La civilisation inconsciente à l’effet qu’il faut se méfier des idéologies prend maintenant un tout autre sens.

Si un jour vous et moi atteignons un équilibre stable, les membres moins heureux de ne notre entourage pourrons tirer deux conclusions. Ils diront : ou bien il est mort, ou bien il est entré dans un état d’illusion clinique. Et vivre dans l’illusion, c’est vivre dans le confort de l’idéologie

RALSTON SAUL, Saul, John, La civilisation inconsciente, Chapitre V – De l’idéologie vers l’équilibre, Payot et Rivages, Paris, 1997, p. 173.


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La civilisation inconsciente, John Ralston Saul, PAYOT ET RIVAGES, 1997. ISBN 2228891088.

LA CIVILISATION INCONSCIENTE

Publié en Italie, Allemagne, France, Australie, Canada, Espagne, Suède, Serbie, Grèce, Royaume Uni, Macédoine

DESCRIPTION

John Ralston Saul n’est pas seulement un grand voyageur mais surtout un baroudeur de l’esprit. Persuadé qu’il faut établir une relation judicieuse entre les idées et l’action, il a décidé de dresser une anatomie de la société moderne. Après Les bâtards de Voltaire (Payot, 1993), il récidive dans sa condamnation de la raison et surtout de l’esprit technocratique avec Le compagnon du doute (Payot, 1996), vade-mecum de la bêtise ordinaire. Dans La civilisation inconsciente, il affine sa thèse; le seul mode véritable de mise en cause des sociétés en crise a toujours été le langage. Il vaut revivifier les mots, mener une « guérilla linguistique » contre l’égoïsme et le conformisme. La raison n’est qu’un paravent derrière lequel les élites s’abritent pour gouverner le monde comme bon leur semble, parfois même dans la plus totale… irrationalité. Dans ce troisième volume, John Saul relie le langage à la réalité, clarifie les notions d’individualisme et de démocratie et fustige avec conviction le retour des corporatismes. John Saul est né en 1947, à Ottawa, au Canada. Après des études à Londres et à Paris, il fit carrière dans la finance et l’industrie, qu’il abandonna pour se consacrer à l’écriture. Il a écrit trois romans d’aventures, Baraka, Mort d’un général et Paradis Boues, et un recueil de nouvelles, De si bons Américains.


Nous cesserons d’être si mécontents quand nous cesserons de trop attendre des autres et du monde.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 109.

Sentiment d’être persécuté

Chez des gens d’ordinaire timides et effacés, le sentiment qu’on se paye leur tête peut provoquer soudain un accès de rage et des actes de cruauté allant jusqu’au meurtre.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 128.

IV. Les consolations philosophique en cas de déficience personnelle

Dans ce chapitre, Alain De Botton se réfère à Montaigne et la lecture de ce dernier m’a fait bien rire.

S’il avait eu le choix, Montaigne n’aurait peut-être pas, en fin de compte, opté pour une existence caprine — mais c’eût été tout juste. Cicéron avant présenté l’intellect sous un jour favorable. Seize siècles plus tard, il revint à Montaigne d’introduire l’idée contraire : D’apprendre qu’on a dit ou fait une sottise, ce n’est rien que cela. Il faut apprendre, qu’on n’est qu’un sot… — les plus grands sots de tous étant les philosophes comme Cicéron, qui n’ont jamais soupçonné qu’ils puissent l’être. Une confiance aveugle dans l’intellect est la source de l’idiotie – et, indirectement, de l’incompétence.

Sous ses travées peintes (de sa bibliothèque), Montaigne esquissa une nouvelle sorte de philosophie, qui reconnaissait que nous n’avons pas grand-chose à voir avec les créatures rationnelles et sereines que la plupart des penseurs de l’Antiquité imaginaient que nous étions. Nous sommes essentiellement des êtres grossiers et tourmentés, hystériques et insensés, à côté desquels les animaux sont à maints égards des modèles de santé et de vertu – une triste réalité que la philosophie se doit de refléter, mais reflète rarement :

Nostre vie est partie en folie, partie en prudence. Qui n’en escrit que reveremment et regulierement, il en laisse en arriere plus de la moitié

(Notre vie est partie en folie, partie en prudence. Qui n’en écrit que revéremment et régulièrement, il en laisse en arrière plus de la moitié.)

Et pourtant si nous acceptons nos faiblesses, et cessons de revendiquer une maîtrise intellectuelle et morale que nous n’avons pas, nous pouvons nous apercevoir — selon la philosophie généreuse et rédemptrice de Montaigne — que nous sommes malgré tout, en définitive, suffisamment capables à notre façon particulière, mi-sage, mi-sotte.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 152-153.

P.S.: Les parenthèses sont de moi.

Que dire de plus. Rien.


Il se peut que seul ce qui nous rend plus heureux vaille d’être compris.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 189.

De la déficience intellectuelle

Si l’on essaie de définir la philosophie de l’éducation qui caractérisait le collège de Guyenne ou, d’ailleurs, celle de la plupart des écoles et universités avant et après cette époque, on peut dire qu’elle reposait en gros sur l’idée que plus un élève apprend de choses sur le monde (histoire, science, littérature), mieux cela vaut. Mais Montaigne, après avoir consciencieusement suivi les cours du collège jusqu’à son examen, ajouta une condition importante :

“ Si l’homme estoit sage, il prendroit le vray prix de chasque chose, selon qu’elle seroit la plus utile et propre à sa vie ”

(Si l’homme était sage, il estimerait véritablement chaque chose selon qu’elle serait la plus utile et la plus approprié à sa vie. (L2, XII, p.592))

Il se peut que seul ce qui nous rend plus heureux vaille d’être compris.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 189.

P.S.: La parenthèse est de moi.

À la suite de mes études secondaire, je suis passé aux études de niveau collégial. Il m’est alors venu à l’idée que si l’on m’instruisait d’un répertoire de tous les savoirs disponibles, y compris les savoirs contradictoires ou en débat, et comment les trouver, je n’aurais pas besoin de plus en apprendre dans les détails. Je me disais qui le besoin se faisait sentir pour tel ou tel savoir au cours de ma vie, je saurais alors où et comment le trouver. Mais ce n’est jamais comme cela que ça se passe. Les professeurs choisissent les savoirs et les auteurs qu’ils vous enseignent et en laisse une pléthore de côté. Je me suis fait alors un malin plaisir de demander à mon père de me donner les moyens financiers d’acheter tous les livres de la liste de références fournie par mes professeurs. Il a dit oui. Je me suis ensuite référé au bibliothécaire du collège pour qu’il me trouve des livres contredisant ceux que je venais de me procurer. Il n’en fallait pas pour je passe finalement à l’action en classe en demandant à chaque professeur pourquoi il avait mis de côté tel et tel auteur disant le contraire de ceux qu’il avait choisi d’enseigner. Apprenti journaliste à l’hebdomadaire locaux et à un quotidien national, on m’avait appris de toujours vérifier les sources soutenant le contraire ou critiquant ma source principale. C’est donc ce que je faisais en classe au grand dam de mes professeurs.

L’affirmation de Alain De Botton à savoir qu’«Il se peut que seul ce qui nous rend plus heureux vaille d’être compris» me plaît beaucoup. Déjà lors de mes études de niveau secondaire, j’entendais parfois certains élèves dire : « Veux-tu bien dire à quoi cela va me servir dans la vie ? » en pointant du doigt tel ou tel matière au programme.

V. Les  consolations philosophiques en cas de peine de cœur

Pour les chagrins d’amour, c’est peut-être le plus indiqué de tous les philosophes :

1788 Arthur Schopenhauer — événement qu’il sera enclin à regretter plus tard : « Nous pouvons considérer notre vie comme une perturbation inutilement pénible dans le bienheureux repos du néant. » « L’existence humaine, précise-t-il, doit être une sorte d’erreur, on peut en dire :  »Elle est affreuse aujourd’hui et chaque jour elle sera pire, jusqu’au désastre final » » (…)

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 211.


1809-1811 Il (Arthur Schopenhauer) étudie à l’université de Göttingen et décide de devenir philosophe : « La vie est une triste affaire, j’ai résolu de passer la mienne à y réfléchir. »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 214.


1888 Il (Arthur Schopenhauer) termine Le Monde comme volonté et comme représentation, qu’il sait être un chef-d’œuvre. Il explique ainsi son manque d’amis : « Une homme de génie ne peut guère être sociable, car, en vérité, quels dialogues pourraient être aussi intelligents et distrayants que ses propres monologues ? »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp.215-216.


(…) Il prend l’habitude de dormir durant de longs moments dans la journée : « Si la vie était quelque chose d’agréable, chacun sombrerait à contrecœur dans l’inconscience du sommeil et en émergerait de nouveau avec joie. Mais c’est tout le contraire qui se produit, car chacun va volontiers se coucher, et se lève de mauvaise grâce. » Il justifie sa soif de sommeil en se comparant à deux de ses penseurs préférés : « Les êtres humains ont d’autant plus besoin de sommeil que leur cerveau est plus développé (…) et plus actif. Montaigne dit de lui-même qu’il a toujours été un gros dormeur, qu’il a passé une grande partie de sa vie à dormir et qu’à un âge avancé il dort encore de huit à neuf heures d’affilée. Descartes aussi, dit-on dormait beaucoup. »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 221.


(…) « Est-ce qu’un grand esprit aurait jamais pu atteindre son but et créer une œuvre durable, s’il avait pris pour guide le feu follet fantasque de l’opinion publique, c’est-à-dire l’opinion des petits esprits ? » (…)

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 221.


« Je peux supporter l’idée que bientôt les vers rongeront mon corps, mais je frémis en imaginant ma philosophie rongée par des professeurs de philosophie. »

Arthur Schopenhauer

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 224.


Il ne voulait pas nous déprimer, mais plutôt nous délivrer des espoirs qui suscitent tôt ou tard de l’amertume. Il est consolant, quand l’amour nous a déçu, d’entendre dire que le bonheur n’a jamais fait partie du projet. Les penseur les plus pessimistes peuvent être, paradoxalement, les plus réconfortants :

Il n’y a qu’une erreur innée, et c’est l’idée que nous existons pour être heureux. (…) Tant que nous persistons dans cette erreur (…) le monde nous semble plein de contradiction. Car à chaque pas, dans les grandes choses comme dans les petites, nous sommes forcés de constater que le monde et la vie ne sont certainement pas propices à une existence heureuse (…) c’est pourquoi le visages de presque tous les gens âgée exprime ce qu’on appelle le désappointement.

Ils n’auraient jamais été aussi désappointés s’ils n’avaient attendu de l’amour que des choses raisonnables :

Ce qui trouble la jeunesse et la rend malheureuse (…), c’est cette recherche du bonheur fondée sur la conviction qu’il faut le trouver dans la vie. Il en résulte un espoir constamment déçu et don un profond mécontentement. Des images trompeuses de vague bonheur issues de nos rêves flottent dans notre esprit en des formes capricieuses, et nous cherchons en vain l’originale (…) Il y aurait beaucoup à gagner si l’on pouvait, grâce à un enseignement et des conseils opportuns, extirper de l’esprit des jeunes gens l’idée erronée que le monde a beaucoup à offrir.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, pp. 242-243.


Bon, c’est assez. Arthur Schopenhauer est un philosophe pessimiste, nous le constatons : Notre existence est une erreur. La vie est une triste affaire. Notre souffrance est normale en cas de rejet (amoureux). Le bonheur n’a jamais fait partie du projet. Il faut extirper de l’esprit des jeunes gens l’idée erronées que le monde a beaucoup à offrir… Wow ! C’est exaspérants mais vrai plus souvent qu’autrement.

La philosophe Laurence Devillars dans son livre Guérir la vie par la philosophie écrit : « Comme si la vie était un cadeau » :

Vivre, se sentir vivant, exister ici et maintenant, tel serait, à en croire certains, le secret du bonheur. Comme si la vie était un cadeau ; comme si le moment présent n’était que magie et poésie. Pour tous ceux qui vivent d’amour et d’eau fraîche, de vacances et de loisirs, dans le luxe, le calme et la volupté, il en va sans doute ainsi. Cependant, pour la majorité d’entre nous, vivre n’est pas un cadeau, mais une série de contraintes, de figures et d’horaires imposés.

DEVILLAIRS, Laurence, Guérir la vie par la philosophie, Presses Universitaires de France / Humensis, 2020, p. 17.

Lire mon rapport de lecture de ce livre

Je crois effectivement que la vie n’est pas un cadeau mais on nous dit le contraire très jeune. Puis nous passons d’un âge à un autre en espérant tout de ce cadeau pour finalement nous rendre à l’évidence que la vie suit son cours sans nous demander notre avis. Il ne s’agit pas pour autant de vivre la tête entre les deux jambes, pas plus que de vivre le nez en l’air, mais de vivre, vivre raisonnablement sans s’enchaîner à des attentes. Vivre, simplement vivre, est un objectif des plus nobles, dans la vallée tout comme au sommet de la montagne. C’est la vie elle-même, libérée de nos projections, qui a de valeur, qui est la valeur ultime et intrinsèque de l’existence humaine. Le bonheur de vivre, d’être en vie, d’avoir la vie, suffit.

VI. Les consolations philosophiques en cas  de difficultés

Peu de philosophes ont estimé que cela pouvait être une bonne chose de se sentir malheureux. On a traditionnellement associé la sagesse à une tentative pour réduire la souffrance : anxiété, désespoir, colère, mépris de soi, peines de cœur.

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 251.


Le maître (Arthur Schopenhauer) changea la vie du jeune homme (Friedrich Nietzsche). L’essence de la sagesse philosophique, expliquait Schopenhauer, était exprimé par cette réflexion d’Aristote dans l’Éthique à Nicomaque :

L’homme prudent recherche l’absence de douleur, et non le plaisir. (Aristote)

La priorité, pour tous ceux qui cherchent le contentement, est de reconnaître l’impossibilité du bonheur et d’éviter ainsi les tourments et l’anxiété que nous rencontrons nécessairement en courant après :

(Nous devons) nous efforcer non de jouir de ce qui est plaisant et agréable dans la vie, mais d’éviter autant que faire se peut, ses innombrables maux. (…) Le sort le plus heureux est celui de l’homme qui a vécu sans aucune grande douleur, physique ou morale. (Friedrich Nietzsche)

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 253.

C’est simple : évitons d’être malheureux sans croire que cela nous rendra heureux ? Non, cette affirmation ne fait pas de bon sens. Disons plutôt : le bonheur est une illusion mais le malheur est bien réel et indispensable ? Cela n’a pas plus de sens. Écoutons Friedrich Nietzsche :

Et si le plaisir et le déplaisir étaient étroitement liés que quiconque veut avoir autant que possible de l’un doit aussi avoir autant que possible de l’autre ? (…) Tu as le choix : ou bien aussi peu de déplaisir possible, bref une absence de souffrance (…) ou bien autant de déplaisir que possible, pour le  prix d’une abondance de plaisirs subtils et de joies encore rarement éprouvées. Si tu optes pour la première solution et désires réduire la souffrance des hommes, tu dois aussi réduire leurs aptitude à la joie. (Friedrich Nietzsche)

Les projets humains les plus gratifiants semblent inséparables d’un certain degré de tourment, les sources de nos plus grandes joies étant fâcheusement proches de celle de nos plus grandes peines :

Examinez la vie des individus et des peuples les plus brillants et féconds et demandez-vous si un arbre qui est censé atteindre une noble hauteur peut se dispenser de mauvais et de tempêtes; si l’infortune et les obstacles extérieurs tel que la haire, la jalousie, l’obstination, la méfiance, la dureté, l’avarice ou la violence, ne font pas partie des conditions favorables sans lesquelles aucun grand épanouissement, y compris même de la vertu, n’est vraiment possible. (Friedrich Nietzsche)

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 262.

Ok, je dois l’avouer : c’est dans mes plus grands revers engendrant mes plus grands malheurs débouchant sur de profondes dépressions, que ma créativité fut la plus féconde et que je me suis épanoui à nouveau. Je ne cours pas pour autant après les grands malheurs pour stimuler ma créativité mais je les sais inévitable; un jour ou l’autre un grand malheur reviendra me visiter. Le fait n’alimente pas en moi de l’anxiété et encore moins de l’appréhension maladive. Je ne vis pas une corde raide. C’est par trop de confiance en notre monde que mes grands malheurs se développent et viennent me dire que mes attentes étaient illusoires.


Le dialogue platonicien cette sorte de dialectique affreusement autosatisfaite et puérile, ne peut avoir un effet stimulant que si l’on n’a jamais lu aucun bon auteur français (…) Platon est assommant.

Friedrich Nietzsche

BOTTON (DE), Alain, Les consolations de la philosophie, Mercure de France, 2001, pour la traduction française, Paris, http://www.pocket.fr, p. 255.


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J’accorde 5 étoiles sur cinq au livre Les consolations de la philosophie de Alain De Botton et paru dans traduction française en 2021 chez Mercure de France. Il en mériterait même une sixième.

J’en recommande la lecture.


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Articles du dossier

Liste des rapports de lecture et autres articles

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

Article # 21 – Agir et penser comme Nietzsche, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

J’accorde au livre Agir et penser comme Nietzsche de Nathanaël Masselot cinq étoiles sur cinq. Aussi facile à lire qu’à comprendre, ce livre offre aux lecteurs une excellente vulgarisation de la philosophie de Friedricha Wilhelm Nietzsche. On ne peut pas passer sous silence l’originalité et la créativité de l’auteur dans son invitation à parcourir son œuvre en traçant notre propre chemin suivant les thèmes qui nous interpellent.

Article # 22 – La faiblesse du vrai, Myriam Revault d’Allones, Seuil

Tout commence avec une entrevue de Myriam Revault d’Allonnes au sujet de son livre LA FAIBLESSE DU VRAI à l’antenne de la radio et Radio-Canada dans le cadre de l’émission Plus on de fous, plus on lit. Frappé par le titre du livre, j’oublierai le propos de l’auteur pour en faire la commande à mon libraire.

Article # 23 – Pour une philothérapie balisée

Le développement personnel fourmille de personnes de tout acabit qui se sont improvisées conseillers, coachs, thérapeutes, conférenciers, essayistes, formateurs… et auxquelles s’ajoutent des praticiens issus des fausses sciences, notamment, divinatoires et occultes, des médecines et des thérapies alternatives. Bref, le développement personnel attire toute sorte de monde tirant dans toutes les directions.

Article # 24 – Comment nous pensons, John Dewey, Les empêcheurs de penser en rond / Seuil

Je n’aime pas cette traduction française du livre How we think de John Dewey. « Traduit de l’anglais (États-Unis) par Ovide Decroly », Comment nous pensons parait aux Éditions Les empêcheurs de penser en rond / Seuil en 2004. – Le principal point d’appui de mon aversion pour traduction française repose sur le fait que le mot anglais « belief » est traduit par « opinion », une faute majeure impardonnable dans un livre de philosophie, et ce, dès les premiers paragraphes du premier chapitre « Qu’entend-on par penser ? »

Article # 25 – Une philothérapie libre axée sur nos besoins et nos croyances avec Patrick Sorrel

Hier j’ai assisté la conférence Devenir philothérapeute : une conférence de Patrick Sorrel. J’ai beaucoup aimé le conférencier et ses propos. J’ai déjà critiqué l’offre de ce philothérapeute. À la suite de conférence d’hier, j’ai changé d’idée puisque je comprends la référence de Patrick Sorrel au «système de croyance». Il affirme que le «système de croyance» est une autre expression pour le «système de penser». Ce faisant, toute pensée est aussi une croyance.

Article # 26 – Une pratique philosophique sans cœur

J’éprouve un malaise face à la pratique philosophique ayant pour objectif de faire prendre conscience aux gens de leur ignorance, soit le but poursuivi par Socrate. Conduire un dialogue avec une personne avec l’intention inavouée de lui faire prendre conscience qu’elle est ignorante des choses de la vie et de sa vie repose sur un présupposé (Ce qui est supposé et non exposé dans un énoncé, Le Robert), celui à l’effet que la personne ne sait rien sur le sens des choses avant même de dialoguer avec elle. On peut aussi parler d’un préjugé philosophique.

Article # 27 – Êtes-vous prisonnier de vos opinions ?

Si votre opinion est faite et que vous n’êtes pas capable d’en déroger, vous êtes prisonnier de votre opinion. Si votre opinion est faite et que vous êtes ouvert à son évolution ou prêt à l’abandonner pour une autre, vous êtes prisonnier de l’opinion. Si votre opinion compte davantage en valeur et en vérité que les faits, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si votre opinion est la seule manière d’exprimer vos connaissances, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous pensez que l’opinion est le seul résultat de votre faculté de penser, vous êtes prisonnier de vos opinions. Si vous prenez vos opinion pour vraies, vous êtes prisonnier de vos opinions.

Article # 28 – La pratique philosophique – Une méthode contemporaine pour mettre la sagesse au service de votre bien-être, Jérôme Lecoq, Eyrolles, 2014

J’ai mis beaucoup de temps à me décider à lire « La pratique philosophique » de Jérôme Lecoq. L’auteur est un émule d’Oscar Brenifier, un autre praticien philosophe. J’ai vécu l’enfer lors de mes consultations philosophiques avec Oscar Brenifier. Ainsi toute association de près ou de loin avec Oscar Brenifier m’incite à la plus grande des prudences. Jérôme Lecoq souligne l’apport d’Oscar Brenifier dans les Remerciements en première page de son livre « La pratique philosophique ».

Article # 29 – Je sais parce que je connais

Quelle est la différence entre « savoir » et « connaissance » ? J’exprime cette différence dans l’expression « Je sais parce que je connais ». Ainsi, le savoir est fruit de la connaissance. Voici quatre explications en réponse à la question « Quelle est la différence entre savoir et connaissance ? ».

Article # 30 – Les styles interpersonnels selon Larry Wilson

J’ai décidé de publier les informations au sujet des styles interpersonnels selon Larry Wilson parce que je me soucie beaucoup de l’approche de la personne en consultation philosophique. Il m’apparaît important de déterminer, dès le début de la séance de philothérapie, le style interpersonnel de la personne. Il s’agit de respecter la personnalité de la personne plutôt que de la réprimer comme le font les praticiens socratiques dogmatiques. J’ai expérimenté la mise en œuvre de ces styles inter-personnels avec succès.

Article # 31 – La confiance en soi – Une philosophie, Charles Pépin, Allary Éditions, 2018

Le livre « La confiance en soi – Une philosophie » de Charles Pépin se lit avec une grande aisance. Le sujet, habituellement dévolue à la psychologie, nous propose une philosophie de la confiance. Sous entendu, la philosophie peut s’appliquer à tous les sujets concernant notre bien-être avec sa propre perspective.

Article # 32 – Les émotions en philothérapie

J’ai vécu une sévère répression de mes émotions lors deux consultations philosophiques personnelles animées par un philosophe praticien dogmatique de la méthode inventée par Socrate. J’ai témoigné de cette expérience dans deux de mes articles précédents dans ce dossier.

Article # 33 – Chanson « Le voyage » par Raôul Duguay, poète, chanteur, philosophe, peintre… bref, omnicréateur québécois

Vouloir savoir être au pouvoir de soi est l’ultime avoir / Le voyage / Il n’y a de repos que pour celui qui cherche / Il n’y a de repos que pour celui qui trouve / Tout est toujours à recommencer

Article # 34 – « Ah ! Là je comprends » ou quand la pensée se fait révélation

Que se passe-t-il dans notre système de pensée lorsque nous nous exclamons « Ah ! Là je comprends » ? Soit nous avons eu une pensée qui vient finalement nous permettre de comprendre quelque chose. Soit une personne vient de nous expliquer quelque chose d’une façon telle que nous la comprenons enfin. Dans le deux cas, il s’agit d’une révélation à la suite d’une explication.

Article # 35 – La lumière entre par les failles

Âgé de 15 ans, je réservais mes dimanches soirs à mes devoirs scolaires. Puis j’écoutais l’émission Par quatre chemins animée par Jacques Languirand diffusée à l’antenne de la radio de Radio-Canada de 20h00 à 22h00. L’un de ces dimanches, j’ai entendu monsieur Languirand dire à son micro : « La lumière entre par les failles».

Article # 36 – Les biais cognitifs et la philothérapie

Le succès d’une consultation philosophique (philothérapie) repose en partie sur la prise en compte des biais cognitifs, même si ces derniers relèvent avant tout de la psychologie (thérapie cognitive). Une application dogmatique du dialogue socratique passe outre les biais cognitifs, ce qui augmente les risques d’échec.

Article # 37 – L’impossible pleine conscience

Depuis mon adolescence, il y a plus de 50 ans, je pense qu’il est impossible à l’Homme d’avoir une conscience pleine et entière de soi et du monde parce qu’il ne la supporterait pas et mourrait sur le champ. Avoir une pleine conscience de tout ce qui se passe sur Terre et dans tout l’Univers conduirait à une surchauffe mortelle de notre corps. Il en va de même avec une pleine conscience de soi et de son corps.

Article # 38 – Verbalisation à outrance : «Je ne suis pas la poubelle de tes pensées instantanées.»

Le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre français, a été interrogé par la journaliste Pascale Senk du quotidien Le Figaro au sujet de son livre Savoir se taire, savoir parler, coécrit avec Laurent Carouana et paru en 2017. Le titre de l’article a retenu mon attention : Psychologie: «il faut sortir de l’hystérie de la parole».

Article # 39 – Comment dialoguer de manière constructive ? par Julien Lecomte, Philosophie, médias et société

Reproduction de l’article « Comment dialoguer de manière constructive ? », un texte de Julien Lecomte publié sur son site web PHILOSOPHIE, MÉDIAS ET SOCIÉTÉ. https://www.philomedia.be/. Echanger sur des sujets de fond est une de mes passions. Cela fait plusieurs années que je m’interroge sur les moyens de faire progresser la connaissance, d’apprendre de nouvelles choses. Dans cet article, je reviens sur le cheminement qui m’anime depuis tout ce temps, pour ensuite donner des pistes sur les manières de le mettre en pratique concrètement.

Article # 40 – Le récit d’initiation en spirale

Dans le récit initiatique, il s’agit de partir du point A pour aller au point B afin que le lecteur ou l’auditeur chemine dans sa pensée vers une révélation permettant une meilleure compréhension de lui-même et/ou du monde. La référence à la spirale indique une progression dans le récit où l’on revient sur le même sujet en l’élargissant de plus en plus de façon à guider la pensée vers une nouvelle prise de conscience. Souvent, l’auteur commence son récit en abordant un sujet d’intérêt personnel (point A) pour évoluer vers son vis-à-vis universel (point B). L’auteur peut aussi se référer à un personnage dont il fait évoluer la pensée.

Article # 41 – La philothérapie – Un état des lieux par Serge-André Guay, Observatoire québécois de la philothérapie

Cet article présente un état des lieux de la philothérapie (consultation philosophique) en Europe et en Amérique du Nord. Après un bref historique, l’auteur se penche sur les pratiques et les débats en cours. Il analyse les différentes publications, conférences et offres de services des philosophes consultants.

Article # 42 – L’erreur de Descartes, Antonio Damasio, Odile Jacob, 1995

J’ai découvert le livre « L’erreur de Descartes » du neuropsychologue Antonio R. Damasio à la lecture d’un autre livre : L’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman. L’édition originale de ce livre est parue en 1995 en anglais et j’ai lu la traduction française à l’été 1998 parue un an auparavant chez Robert Laffont. Diplômé de l’université Harvard et docteur en psychologie clinique et développement personnel, puis journaliste au New York Times, où il suit particulièrement les sciences du comportement, Daniel Goleman nous informe dans son livre « L’intelligence émotionnel » au sujet de la découverte spectaculaire pour ne pas dire révolutionnaire de Antonio R. Damasio à l’effet que la raison a toujours besoin d’un coup des émotions pour prendre des décisions. Jusque-là, il était coutume de soutenir que les émotions perturbaient la raison, d’où l’idée de les contrôler.

Article # 43 – Éloge de la pratique philosophique, Sophie Geoffrion, Éditions Uppr, 2018

Ma lecture du livre ÉLOGE DE LA PRATIQUE PHILOSOPHIQUE de la philosophe praticienne SOPHIE GEOFFRION fut agréable et fort utile. Enfin, un ouvrage court ou concis (le texte occupe 65 des 96 pages du livre), très bien écrit, qui va droit au but. La clarté des explications nous implique dans la compréhension de la pratique philosophique. Bref, voilà un éloge bien réussi. Merci madame Geoffrion de me l’avoir fait parvenir.

Article # 44 – Consultation philosophique : s’attarder à l’opinion ou au système de pensée ?

Dans cet article, je m’interroge à savoir la consultation philosophique doit s’attarder à l’opinion ou au système pensée du client. OPINION – Le philosophe praticien cible l’opinion de son client en vue de démontrer l’ignorance sur laquelle elle repose et, par conséquent, l’absence de valeur de vérité qu’elle recèle. Cette pratique repose sur le « questionnement philosophique ».

Article # 45 – Sentir et savoir – Une nouvelle théorie de la conscience, Antonio Damasio, Éditions Odile Jacob

Dans son livre « Sentir et savoir », Antonio Damasio propose « Une nouvelle théorie de la conscience ». Il démontre que la conscience ne peut pas exister sans le corps. Il identifie dans le corps la capacité de sentir comme préalable à la conscience.

Article # 46 – Dépression et philosophie : Du mal du siècle au mal de ce siècle, Robert Redeker, Editions Pleins Feux, 2007

Un si petit livre, seulement 46 pages et en format réduit, mais tellement informatif. Une preuve de plus qu’il ne faut se fier aux apparences. Un livre signé ROBERT REDEKER, agrégé de philosophie originaire de la France, connaît fort bien le sujet en titre de son œuvre : DÉPRESSION ET PHILOSOPHIE.

Article # 47 – Savoir se taire, savoir parler, Dr Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana, InterÉditions, 2017

La plupart des intervenants en psychologie affirment des choses. Ils soutiennent «C’est comme ceci» ou «Vous êtes comme cela». Le lecteur a le choix de croire ou de ne pas croire ce que disent et écrivent les psychologues et psychiatres. Nous ne sommes pas invités à réfléchir, à remettre en cause les propos des professionnels de la psychologie, pour bâtir notre propre psychologie. Le lecteur peut se reconnaître ou pas dans ces affirmations, souvent catégoriques. Enfin, ces affirmations s’apparentent à des jugements. Le livre Savoir se taire, savoir dire de Jean-Christophe Seznec et Laurent Carouana ne fait pas exception.

Article # 48 – Penser sa vie – Une introduction à la philosophie, Fernando Savater, Éditions du Seuil, 2000

Chapitre 1 – La mort pour commencer – Contrairement au philosophe Fernando Savater dans PENSER SA VIE – UNE INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE, je ne définie pas la vie en relation avec la mort, avec son contraire. Je réfléchie et je parle souvent de la mort car il s’agit de l’un de mes sujets préféré depuis mon adolescence. Certaines personnes de mon entourage pensent et affirment que si je parle aussi souvent de la mort, c’est parce que j’ai peur de mourir. Or, je n’ai aucune peur de la mort, de ma mort, de celles de mes proches. Je m’inquiète plutôt des conséquences de la mort sur ceux et celles qui restent, y compris sur moi-même.

Article # 49 – Pourquoi avons-nous des couleurs de peau et des physiques si différents ?

À la lumière du documentaire LE SOLEIL ET DES HOMMES, notamment l’extrait vidéo ci-dessus, je ne crois plus au concept de race. Les différences physiques entre les hommes découlent de l’évolution naturelle et conséquente de nos lointains ancêtres sous l’influence du soleil et de la nature terrestre, et non pas du désir du soleil et de la nature de créer des races. On sait déjà que les races et le concept même de race furent inventés par l’homme en se basant sur nos différences physiques. J’abandonne donc la définition de « race » selon des critères morphologiques…

Article # 50 – Extrait du mémoire de maîtrise «Formation de l’esprit critique et société de consommation» par Stéphanie Déziel

Dans le cadre de notre dossier « Consulter un philosophe », la publication d’un extrait du mémoire de maîtrise « Formation de l’esprit critique et société de consommation » de Stéphanie Déziel s’impose en raison de sa pertinence. Ce mémoire nous aide à comprendre l’importance de l’esprit critique appliqué à la société de consommation dans laquelle évoluent, non seule les jeunes, mais l’ensemble de la population.

Article # 51 – « En fait, c’est dans son incertitude même que réside largement la valeur de la philosophie. » Bertrand Russell

Je reproduis ci-dessous une citation bien connue sur le web au sujet de « la valeur de la philosophie » tirée du livre « Problèmes de philosophie » signé par Bertrand Russell en 1912. Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique, Bertrand Russell soutient que la valeur de la philosophie réside dans son incertitude. À la suite de cette citation, vous trouverez le texte de Caroline Vincent, professeur de philosophie et auteure du site web « Apprendre la philosophie » et celui de Gabriel Gay-Para tiré se son site web ggpphilo. Des informations tirées de l’Encyclopédie Wikipédia au sujet de Bertrand Russell et du livre « Problèmes de philosophie » et mon commentaire complètent cet article.

Article # 52 – Socrate et la formation de l’esprit critique par Stéphanie Déziel

Passez donc sans vous arrêter, amis, au milieu des Marchands de Sommeil; et, s’ils vous arrêtent, répondez-leur que vous ne cherchez ni un système ni un lit. Ne vous lassez pas d’examiner et de comprendre. (…) Lisez, écoutez, discutez, jugez; ne craignez pas d’ébranler des systèmes; marchez sur des ruines, restez enfants. (…) Socrate vous a paru un mauvais maître. Mais vous êtes revenus à lui; vous avez compris, en l’écoutant, que la pensée ne se mesure pas à l’aune, et que les conclusions ne sont pas l’important; restez éveillés, tel est le but. Les Marchands de Sommeil de ce temps-là tuèrent Socrate, mais Socrate n’est point mort; partout où des hommes libres discutent, Socrate vient s’asseoir, en souriant, le doigt sur la bouche. Socrate n’est point mort; Socrate n’est point vieux. (…) – Alain, (Emile Charrier), Vigiles de l’esprit.

Article # 53 – J’ai un problème avec la vérité

Tout au long de ma vie, j’ai vu la vérité malmenée, tassée d’un bord puis de l’autre, devenir une propriété personnelle (ma vérité — ta vérité — à chacun sa vérité), tantôt objet de monopôle, tantôt reconnue, tantôt niée et reniée… Ah ! La vérité. Quel chaos ! Je me demande depuis longtemps pourquoi la vérité, si elle existe, ne triomphe pas à tout coup, pourquoi elle ne s’impose à tous d’elle-même. Contestée de toutes parts, la vérité, si elle existe, n’a d’intérêt que pour l’opinion qu’on en a et les débats qui s’ensuivent. On va jusqu’à donner à la vérité une mauvaise réputation eu égard à son influence néfaste sur la société et les civilisations. Et que dire de toutes ces croyances qui se prennent pour la vérité ? Et c’est sans compter l’observation récente à l’effet que nous venons d’entrer dans une « ère de post-vérité ».

Article # 54 – Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, Iaria Gaspard, Presses Universitaires de France, 2022

J’accorde à ce livre trois étoiles sur cinq. Le titre « Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs » a attiré mon attention. Et ce passage du texte en quatrième de couverture m’a séduit : «En proposant une voyage philosophique à travers l’histoire des émotions, Iaria Gaspari bouscule les préjugés sur notre vie émotionnelle et nous invite à ne plus percevoir nos d’états d’âme comme des contrainte ». J’ai décidé de commander et de lire ce livre. Les premières pages m’ont déçu. Et les suivantes aussi. Rendu à la moitié du livre, je me suis rendu à l’évidence qu’il s’agissait d’un témoignage de l’auteure, un témoignage très personnelle de ses propres difficultés avec ses émotions. Je ne m’y attendais pas, d’où ma déception. Je rien contre de tels témoignages personnels qu’ils mettent en cause la philosophie, la psychologie, la religion ou d’autres disciplines. Cependant, je préfère et de loin lorsque l’auteur demeure dans une position d’observateur alors que son analyse se veut la plus objective possible.

Article # 55 – Savoir, connaissance, opinion, croyance

Tout repose sur le Savoir. L’expérience personnelle et/ou professionnelle qu’on fait du Savoir, après en avoir pris conscience, se retrouve à la base des Connaissances que nous possédons. Les Opinions expriment des Jugements des connaissances et inspirent souvent les Croyances.

Article # 56 – Philosophie, science, savoir, connaissance

La philosophie, mère de toutes les sciences, recherche la sagesse et se définie comme l’Amour de la Sagesse. La sagesse peut être atteinte par la pensée critique et s’adopte comme Mode de vie. • La philosophie soutient la Science et contribue à la naissance et au développement de la méthode scientifique, notamment avec l’épistémologie.

Article # 57 – La philosophie encore et toujours prisonnière de son passé ?

La philothérapie, principale pratique de la philosophie de nos jours, met sans cesse de l’avant les philosophes de l’Antiquité et de l’époque Moderne. S’il faut reconnaître l’apport exceptionnel de ces philosophes, j’ai parfois l’impression que la philothérapie est prisonnière du passé de la philosophie, à l’instar de la philosophie elle-même.

Article # 58 – Le Québec, un désert philosophique

Au Québec, la seule province canadienne à majorité francophone, il n’y a pas de tradition philosophique populaire. La philosophie demeure dans sa tour universitaire. Très rares sont les interventions des philosophes québécois dans l’espace public, y compris dans les médias, contrairement, par exemple, à la France. Et plus rares encore sont les bouquins québécois de philosophie en tête des ventes chez nos libraires. Seuls des livres de philosophes étrangers connaissent un certain succès. Bref, l’espace public québécois n’offre pas une terre fertile à la Philosophie.

Article # 59 – La naissance du savoir – Dans la tête des grands scientifiques, Nicolas Martin, Éditions Les Arènes, 2023.

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il me permet d’en apprendre beaucoup plus sur la pensée scientifique telle que pratiquée par de grands scientifiques. L’auteur, Nicolas Martin, propose une œuvre originale en adressant les mêmes questions, à quelques variantes près, à 17 grands scientifiques.

Article # 60 – Pourquoi est-il impossible d’atteindre l’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique ?

Cet article répond à ce commentaire lu sur LinkedIn : « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique est indispensable. » Il m’apparaît impossible de viser « L’équilibre entre développement personnel et développement spirituel ou philosophique » et de prétendre que cet équilibre entre les trois disciplines soit « indispensable ». D’une part, le développement personnel est devenu un véritable fourre-tout où l’ivraie et le bon grain se mélangent sans distinction, chacun avançant sa recette à l’aveugle.

Article # 61 – Le commerce extrême de la philosophie avec les « philopreneurs »

En ne s’unissant pas au sein d’une association nationale professionnelle fixant des normes et des standards à l’instar des philosophes consultants ou praticiens en d’autres pays, ceux de la France nous laissent croire qu’ils n’accordent pas à leur disciple tout l’intérêt supérieur qu’elle mérite. Si chacun des philosophes consultants ou praticiens français continuent de s’affairer chacun dans son coin, ils verront leur discipline vite récupérée à mauvais escient par les philopreneurs et la masse des coachs.

Article # 62 – Soigner par la philosophie, En marche – Journal de la Mutualité chrétienne (Belgique)

“ Après les succès d’Épicure 500 vous permettant de faire dix repas par jour sans ballonnements, après Spinoza 200 notre inhibiteur de culpabilité, les laboratoires Laron, vous proposent Philonium 3000 Flash, un médicament révolutionnaire capable d’agir sur n’importe quelle souffrance physique ou mentale : une huile essentielle d’Heidegger pour une angoisse existentielle, une substance active de Kant pour une douleur morale…. Retrouvez sagesse et vitalité en un instant ”, s’amusaient les chroniqueurs radio de France Inter dans une parodie publicitaire diffusée à l’occasion d’une émission ayant pour thème : la philosophie peut-elle soigner le corps ?

Article # 63 – Contre le développement personnel. Thiery Jobard, Éditions Rue de l’échiquier, 2021

J’attribue quatre étoiles sur cinq à ce livre. Les lecteurs assidus de mes articles connaissent fort bien ma position plus que défavorable face au développement personnel. À l’instar de Thiery Jobard, je suis contre le développement personnel. Je qualifie le développement personnel d’arnaque extrêmement dangereuse pour ses adeptes et notre société.

Article # 64 – Apocalypse cognitive – La face obscure de notre cerveau, Gérald Bronner, Presses Universitaires de France (PUF), 2021

Le philothérapeute (philosophe consultant ou philosophe praticien) a l’obligation de très bien connaître le contexte dans lequel évolue son client. Le développement de l’esprit critique de ce client passe inévitablement par une prise de conscience de sa cognition en vue de comprendre comment il connaît. Si, dès le départ, le client n’a pas conscience de son mode de pensées, il lui sera difficile de participer activement au dialogue avec son philothérapeute. L’objectif primaire du philosophe consultant demeure de déceler et de corriger les biais cognitifs de son client avant même d’abord une question philosophique. Bref, si la »machine à pensée » du client est corrompu par des «virus cognitifs », une «réinitialisation » s’impose en début de séance de consultation.

Article # 65 – Développement (im)personnel – Le succès d’une imposture, Julia de Funès, Éditions de l’observatoire/Humensis, 2019

Dans son livre « Développement (im) personnel, Julia de Funès, docteure en philosophie, soutient que le développement personnel offre la même recette à tous et qu’à ce titre il ne peut donc pas se qualifier sa démarche de « personnel ». Selon ma compréhension, le développement personnel devrait mettre de l’avant un développement personnalisé, c’est-à-dire adapté à chaque individu intéressé pour se targuer d’être personnel.

Article # 66 – Savoirs, opinions, croyances – Une réponse laïque et didactique aux contestations de la science en classe, Guillaume Lecointre, Édition Belin / Humensis, 2018

Mon intérêt pour la pensée scientifique remonte à plus de 25 ans. Alors âgé d’une quarantaine d’année, PDG d’une firme d’étude des motivations d’achat des consommateurs, je profite des enseignements et de l’étude du processus scientifique de différentes sources. Je me concentre vite sur l’épistémologie…

Article # 67 – À l’école du doute – Apprendre à penser juste en découvrant pourquoi l’on pense faux, Marc Romainville, Presses Universitaires de France / Humensis, 2023

Ce livre m’a déçu en raison de la faiblesse de sa structure indigne de son genre littéraire, l’essai. L’auteur offre aux lecteurs une foule d’information mais elle demeure difficile à suivre en l’absence de sous-titres appropriés et de numérotation utile pour le repérage des énumérations noyés dans un style plus littéraire qu’analytique.

Article # 68 – Ébauche d’un annuaire : philothérapeutes, philosophes consultants, philosophes praticiens

En l’absence d’une association d’accréditation des philothérapeutes, philosophes consultants ou praticiens en francophonie, il est difficile de les repérer. Il ne nous reste plus que de nombreuses recherches à effectuer sur le web pour dresser une liste, aussi préliminaire soit-elle. Les intervenants en philothérapie ne se présentent pas tous sous la même appellation : « philothérapeute », « philosophe consultant » ou « philosophe praticien » « conseiller philosophique » « philosophe en entreprise », « philosophe en management » et autres.

Article # 69 – Guérir l’impossible – Une philosophie pour transformer nos souffrances en forces, Christopher Laquieze, Guy Trédaniel Éditeur, 2023

J’ai lu le livre GUÉRIR L’IMPOSSIBLE en me rappelant à chaque page que son auteur, Christopher Laquieze, est à la fois philosophe et thérapeute spécialisé en analyse comportementale. Pourquoi ? Parce que ce livre nous offre à la fois un voyage psychologique et philosophique, ce à quoi je ne m’attendais pas au départ. Ce livre se présente comme « Une philosophie pour transformer nous souffrances en forces ». Or, cette philosophie se base davantage sur la psychologie que la philosophie. Bref, c’est le « thérapeute spécialisé en analyse comportementale » qui prend le dessus sur le « philosophe ».

Article # 70 – Agir et penser comme Platon – Sage, penseur, philosophe, juste, courageux …, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Nathaniel Masselot maîtrise fort bien son écriture visiblement axée sur son accessibilité et sa compréhension par tous. Loin de la vulgarisation simpliste, l’auteur nous parle comme nous parlons. Loin de l’écriture hermétique, l’auteur n’a pas la tête dans les nuages et isolé dans une tour surplombant la société; il marche auprès de nous. Avec ses références à l’actualité, il campe son lecteur dans la réalité quotidienne où il évolue.

Article # 71 – 7 règles pour une vie (presque) sans problème, Simon Delannoy, 2022

Ma lecture de ce livre m’a procuré beaucoup de plaisir et de bonheur. Je recherche dans mes lectures les auteurs et les œuvres permettant aux lecteurs d’évoluer de prise de conscience en prise de conscience de la première à la dernière page, de ne plus être le même à la fin de la lecture. Et c’est ce que les lecteurs vivront à la lecture de ce livre.

Article # 72 – Les philo-cognitifs – Ils n’aiment que penser et penser autrement…, Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominic Sappey-Marinier, Odile Jacob, Paris, 2019

Je n’ai pas aimé ce livre parce que son titre, LES PHILO-COGNITIFS, se réfère à la philosophie sans pour autant faire un traitement philosophique de son sujet. Mon achat reposait entièrement sur le titre de ce livre et je m’attendais à un livre de philosophie. Mais il s’agit d’un livre de psychologie. Mon achat fut intuitif. J’avais pleinement confiance dans l’usage du mot « PHILO » en titre d’un ouvrage pour que ce dernier ne puisse traiter d’un autre sujet que philosophique. Mais ce n’est pas le cas.

Article # 73 – Qu’est-ce que la philosophie ? Michel Meyer, Le livre de poche, Librairie générale française, Paris, 1997

J’aime beaucoup les livres d’introduction et de présentation de la philosophie parce qu’ils ramènent toujours les lecteurs à l’essentiel, aux bases de la discipline. À la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », Michel Meyer répond : « La philosophie est depuis toujours questionnement radical. C’est pourquoi il importe aujourd’hui de questionner le questionnement, même si on ne l’a jamais fait auparavant. » MEYER, Michel, Qu’est-ce que la philosophie ? – Les questions ultime de la pensée, Le livre de poche © Librairie Générale Française, Paris, 1997. p. 18.

Article # 74 – Présentations de la philosophie, André Comte-Sponville, Éditions Albin Michel, Le livre de poche, 2000

À l’instar de ma lecture précédente (Qu’est-ce que la philosophie ? de Michel Meyer), le livre PRÉSENTATIONS DE LA PHILOSOPHIE du philosophe ANDRÉ COMTE-SPONVILLE m’a plu parce qu’il met en avant les bases mêmes de la philosophie et, dans ce cas précis, appliquées à une douzaine de sujets…

Article # 75 – Les théories de la connaissance, Jean-Michel Besnier, Que sais-je?, Presses universitaires de France, 2021

J’ai dévoré le livre LES THÉORIES DE LA CONNAISSANCE par JEAN-MICHEL BESNIER avec un grand intérêt puisque la connaissance de la connaissance me captive. Amateur d’épistémologie, ce livre a satisfait une part de ma curiosité. Évidemment, je n’ai pas tout compris et une seule lecture suffit rarement à maîtriser le contenu d’un livre traitant de l’épistémologie, notamment, de son histoire enchevêtrée de différents courants de pensée, parfois complémentaires, par opposés. Jean-Michel Besnier dresse un portrait historique très intéressant de la quête philosophique pour comprendre la connaissance elle-même.

Article # 76 – Philosophie de la connaissance – Croyance, connaissance, justification, textes réunis par Julien Dutant et Pascal Engel, Libraire philosophique J. Vrin, 2005

Ce livre n’était pas pour moi en raison de l’érudition des auteurs au sujet de la philosophie de connaissance. En fait, contrairement à ce que je croyais, il ne s’agit d’un livre de vulgarisation, loin de là. J’ai décroché dès la seizième page de l’Introduction générale lorsque je me suis buté à la première équation logique. Je ne parviens pas à comprendre de telles équations logiques mais je comprends fort bien qu’elles soient essentielles pour un tel livre sur-spécialisé. Et mon problème de compréhension prend racine dans mon adolescence lors des études secondaires à l’occasion du tout premier cours d’algèbre. Littéraire avant tout, je n’ai pas compris pourquoi des « x » et « y » se retrouvaient dans des équations algébriques. Pour moi, toutes lettres de l’alphabet relevaient du littéraire. Même avec des cours privés, je ne comprenais toujours pas. Et alors que je devais choisir une option d’orientation scolaire, j’ai soutenu que je voulais une carrière fondée sur l’alphabet plutôt que sur les nombres. Ce fut un choix fondé sur l’usage des symboles utilisés dans le futur métier ou profession que j’allais exercer. Bref, j’ai choisi les sciences humaines plutôt que les sciences pures.

Article # 77 – Problèmes de philosophie, Bertrand Russell, Nouvelle traduction, Éditions Payot, 1989

Quelle agréable lecture ! J’ai beaucoup aimé ce livre. Les problèmes de philosophie soulevés par Bertrand Russell et les réponses qu’il propose et analyse étonnent. Le livre PROBLÈMES DE PHILOSOPHIE écrit par BERTRAND RUSSELL date de 1912 mais demeure d’une grande actualité, du moins, selon moi, simple amateur de philosophie. Facile à lire et à comprendre, ce livre est un «tourne-page» (page-turner).

Article # 78 – La dictature des ressentis – Sauver la liberté de penser, Eugénie Bastié, Éditions Plon, 2023

La compréhension de ce recueil de chroniques signées EUGÉNIE BASTIÉ dans le quotidien LE FIGARO exige une excellence connaissance de la vie intellectuelle, politique, culturelle, sociale, économique et de l’actualité française. Malheureusement, je ne dispose pas d’une telle connaissance à l’instar de la majorité de mes compatriotes canadiens et québécois. J’éprouve déjà de la difficulté à suivre l’ensemble de l’actualité de la vie politique, culturelle, sociale, et économique québécoise. Quant à la vie intellectuelle québécoise, elle demeure en vase clos et peu de médias en font le suivi. Dans ce contexte, le temps venu de prendre connaissance de la vie intellectuelle française, je ne profite des références utiles pour comprendre aisément. Ma lecture du livre LA DICTATURE DES RESSENTIS d’EUGÉNIE BASTIÉ m’a tout de même donné une bonne occasion de me plonger au cœur de cette vie intellectuelle française.

Article # 79 – À la découverte de la sagesse stoïcienne: L’histoire improbable du stoïcisme suivie du Manuel de la vie bonne, Dr Chuck Chakrapani, Éditions Stoa Gallica, 2023

À titre d’éditeur, je n’ai pas aimé ce livre qui n’en est pas un car il n’en possède aucune des caractéristiques professionnelles de conceptions et de mise en page. Il s’agit de la reproduction d’un texte par Amazon. Si la première de couverture donne l’impression d’un livre standard, ce n’est pas le cas des pages intérieures du… document. La mise en page ne répond pas aux standards de l’édition française, notamment, en ne respectant pas les normes typographiques.

Article # 80 – Le changement personnel – Histoire Mythes Réalités, sous la direction de Nicolas Marquis, Sciences Humaines Éditions, 2015

J’ai lu avec un grand intérêt le livre LE CHANGEMENT PERSONNEL sous la direction de NICOLAS MARQUIS. «Cet ouvrage a été conçu à partir d’articles tirés du magazine Sciences Humaines, revus et actualisés pour la présente édition ainsi que de contributions inédites. Les encadrés non signés sont de la rédaction.» J’en recommande vivement la lecture pour son éruditions sous les aspects du changement personnel exposé par différents spécialistes et experts tout aussi captivant les uns les autres.

Article # 81 – L’empire des coachs – Une nouvelle forme de contrôle social, Roland Gori et Pierre Le Coz, Éditions Albin Michel, 2006

À la lecture de ce livre fort intéressent, j’ai compris pourquoi j’ai depuis toujours une dent contre le développement personnel et professionnel, connu sous le nom « coaching ». Les intervenants de cette industrie ont réponse à tout, à toutes critiques. Ils évoluent dans un système de pensée circulaire sans cesse en renouvellement créatif voire poétique, système qui, malheureusement, tourne sur lui-même. Et ce type de système est observable dans plusieurs disciplines des sciences humaines au sein de notre société où la foi en de multiples opinions et croyances s’exprime avec une conviction à se donner raison. Les coachs prennent pour vrai ce qu’ils pensent parce qu’ils le pensent. Ils sont dans la caverne de Platon et ils nous invitent à les rejoindre.

Article # 82 – À quoi sert la philosophie ?, Marc Sautet, Éditions Pleins Feux, 1997

Ce petit livre d’une soixantaine de pages nous offre la retranscription de la conférence « À QUOI SERT LA PHILOSOPHIE ? » animée par Marc Sautet, philosophe ayant ouvert le premier cabinet de consultation philosophique en France et également fondateur des Cafés Philo en France.

Article # 83 – Raviver de l’esprit en ce monde – Diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l’Observatoire, 2023

L’essai RAVIVER DE L’ESPRIT EN CE MONDE – UN DIAGNOSTIC CONTEMPORAIN par FRANÇOIS JULLIEN chez les Éditions de l’Observatoire, parue en 2023, offre aux lecteurs une prise de recul philosophique révélatrice de notre monde. Un tel recul est rare et fort instructif.

Article # 84 – La philosophie appelle à une révélation suivie d’une conversion

La philosophie a pour but l’adoption d’un mode de vie sain. On parle donc de la philosophie comme un mode de vie ou une manière de vivre. La philosophie ne se possède pas, elle se vit. La philosophie souhaite engendrer un changement de comportement, d’un mode de vie à celui qu’elle propose. Il s’agit ni plus ni moins d’enclencher et de soutenir une conversion à la philosophie.

Article # 85 – La philosophie comme mode de vie, Daniel Desroches, Deuxième édition revue et corrigée, Coll. À propos, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 2019

La lecture de cet essai fut très agréable, instructive et formatrice pour l’amateur de philosophie que je suis. Elle s’inscrit fort bien à la suite de ma lecture de « La philosophie comme manière de vivre » de Pierre Habot (Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001).

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