Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

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DOSSIER

Philothérapie

Consulter un philosophe

Quand la philosophie nous aide

Article # 16

La philosophie, un art de vivre

Collectif

Sous la direction de Jean-François Buisson

LES AUTEURS

Laurence Bouchet, philosophe praticienne

Michel Maxime Egger, sociologue, écothéologien

Fernando Figares et Laura Winckler, spécialistes en philosophie comparée

Maël Goarzin, doctorant en philosophie antique

Jacqueline Kelen, écrivaine

Xavier Pavie, philosophe, écrivain

Fernand Schwarz, anthropologue, philosophe et écrivain

Bertrand Vergely, essayiste, agrégé de philosophie

ISBN : 978-2-88295-901-0

Éditions Cabédita, Suisse, 2021, 140 pages


Cet article présente mon point de vue au sujet du livre« La philosophie, un art de vivre».

Dans un premier, je présente le livre et, dans un deuxième temps, vous trouverez mon rapport de lecture.

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Quatrième de couverture

S’il est une discipline qui peut nous aider à vivre dans un monde désormais volatile, incertain, complexe et ambigu, mais aussi à construire l’avenir sur des bases plus sûres et plus stables, c’est bien la philosophie. Mais une philosophie qui aura retrouvé sa vocation première, celle d’être de nouveau un «mode de vie» étroitement lié à la réflexion philosophique, une façon plus sage d’être au monde, plus en lien avec les valeurs éthiques et spirituelles fondamentales, plus juste et respectueuse de l’environnement, plus favorable à l’épanouissement de l’individu et de la civilisation.

Ce livre est une contribution au renouveau de la philosophie comme art de vivre, mouvement lancé plus particulièrement par Pierre Hadot.

Nous avons réuni ici plusieurs auteurs, dont nous savons l’importance qu’ils accordent à une certaine manière de vivre dans leur propre existence, afin qu’ils partagent avec nous la richesse de leurs idées et de leurs expériences..

Source : Éditions Cabédita.


Table des matières

PRÉFACE
Jean-François Buisson
LA VOIE DE L’HOMME NOBLE
Jacqueline Kelen

La Force
La Prudence
La Tempérance
La Justice

PHILOSOPHIE ANTIQUE ET EXERCICES SPIRITUELS.
Fernand Figares et Laura Winckler

Rencontrer notre vie intérieure
Pourquoi des exercices spirituels dans les écoles de philosophie ?
Le but de la philosophie : une bonne entente
Les trois axes de la philosophie
La pratique de l’éthique : apprendre à vivre
La pratique de la logique : apprendre à dialoguer
La pratique de la physique : apprendre à mourir
Importance de la vie philosophique

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE : VIVRE EN STOÏCIEN AUJOURD’HUI
Maël Goarzin

Le stoïcisme de l’Antiquité tardive à l’époque moderne
Le stoïcisme contemporain
Le stoïcisme comme manière de vivre
S’exercer quotidiennement

VIVRE NOTRE SPIRITUALITÉ AUJOURD’HUI
Fernand Schwarz

D’où vient cette difficulté à changer ?
Dépendre de l’extérieur ou découvrir notre profondeur
La vie intérieure se cultive
L’esprit : l’élévation de la vie
Les trois clés de la vie spirituelle : silence, vide, immobilité
Le silence
Le vide
L’immobilité
Transmuter nos fragilités par la pratique

DIALOGUE SOCRATIQUE EN PHILOMOBILE
Laurence Bouchet

Ateliers de pratique philosophique
Gagner contre soi-même, un certain rapport au langage
La Philomobile dans la cour de l’école
Philosopher ou rencontrer l’altérité
Travailler sa pensée
Socrate au XXIe siècle ?

L’IMAGINATION PEUT-ELLE ÊTRE UN EXERCICE SPIRITUEL CONTEMPORAIN ?
Xavier Pavie

Comprendre l’imagination
Trois formes d’imagination
Les enjeux d’une maîtrise de l’imagination
L’imagination comme exercice spirituel contemporain
L’imagination chez les Anciens
Les formes d’imagination comme exercice spirituel
L’imagination-mémoire
L’imagination-combinaison
L’imagination créatrice
L’imagination et les nouveaux exercices spirituels

LA SOBRIÉTÉ JOYEUSE POUR SORTIR DU CONSUMÉRISME
Michel Maxime Egger

Nécessaire changement de paradigme
Qui suis-je ?
Faux moi consommateur
De l’individu à la personne
Quel est mon désir ?
Promesses illusoires
Vers la sobriété joyeuse
De quoi ai-je peur ?
Angoisse du manque et de la mort
Vers une conscience d’abondance
Le dehors et le dedans

ÊTRE LA PHILOSOPHIE
Bertrand Vergely

Une question
Une responsabilité
Un combat
Un travail
Un engagement
Un rêve
Une communion
Une inspiration
Une aventure


Extrait

PRÉFACE

Il est temps de prendre conscience qu’une science privée de réflexion et qu’une philosophie purement spéculative sont insuffisantes.

Science avec Conscience, Edgar Morin, Éd. Seuil.

De nos jours, la philosophie reste considérée comme une discipline universitaire, abstraite, réservée à une élite intellectuelle. Pourtant, dans son berceau de la Grèce antique, elle était d’abord philosophia, amour de la sagesse. Et cette quête de sagesse se traduisait par une certaine manière de vivre en accord avec les principes issus de la réflexion philosophique.

Elle consistait en premier lieu à réfléchir, bien entendu, à connaître, mais cette connaissance n’était pas la finalité de l’exercice. En effet, à quoi peut bien servir une connaissance si elle ne nous est pas utile dans la vie quotidienne ?

« Les philosophes de l’Antiquité grecque et romaine, écrit Pierre Hadot (Qu’est-ce que la philosophie antique ?, Pierre Hadot, Éd. Payot.), célèbre historien de la philosophie antique, n’étaient pas avant toute chose des faiseurs de livres. En écrivant, ils travail-laient en fait à changer leur regard sur le monde, sur eux-mêmes et sur leurs sentiments, afin de modifier leur propre existence (…). Même leurs spéculations les plus abstraites (en physique, en métaphysique, en astronomie) étaient destinées à comprendre pour mieux agir, et non pas à connaître pour connaître. »

La première finalité de la philosophie consiste à lever les voiles du mystère de la vie, à connaître et à comprendre les lois de l’uni-vers, et à se connaître soi-même. La seconde, à nous donner les clés pour vivre en accord avec le produit de la pensée, nous amenant à plus d’harmonie avec la nature et de respect de ses lois afin de réaliser notre destin d’être humain.

Les philosophes de l’Antiquité étudiaient en priorité l’univers, cherchant à en comprendre non seulement le fonctionnement, mais son sens, son origine et sa finalité. La question du « pour-quoi » primait sur celle du « comment ». Pourquoi vivre pour, ensuite, savoir comment vivre.

Ils partaient du principe que la raison de la partie était à trouver dans la raison du Tout. Le sens de l’existence humaine se dévoile dans la logique évolutive de la Nature elle-même. La philosophie était alors une école de la vie avec la sagesse comme horizon.

Et de quoi a-t-on le plus manqué dans ces derniers siècles si ce n’est d’un peu de sagesse !

PHILOSOPHER OU VIVRE AVEC PHILOSOPHIE

Ainsi s’agissait-il moins de philosopher que de vivre avec philosophie. Il n’y avait pas de philosophie sans vie philosophique. On reconnaissait un philosophe à sa façon de se conduire conformément à une éthique de l’existence. Comme le dit Plutarque, « c’est la pratique de vie quotidienne de Socrate qui est sa vraie philosophie ».

Que s’est-il passé pour que la philosophie, d’abord amour de la sagesse, se soit réduite à un pur exercice de pensée et de langage qui n’incite plus à vivre sagement, qui ne guide plus nos vies pour qu’elles soient meilleures ?

Pierre Hadot nous explique l’histoire de la rupture entre la vie philosophique et le discours philosophique.

« Avec le Moyen Âge, on assiste à une séparation radicale du mode de vie philosophique (qui fait partie désormais de la spiritualité chrétienne), et du discours philosophique, qui devient un simple outil théorique au service de la théologie (…). La philosophie se réfugie dans les universités où il ne s’agit plus, comme dans l’Antiquité, de former des hommes, mais des professeurs qui formeront à leur tour d’autres professeurs. »

Rupture entre langage et réalité

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.)

On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.

Par ailleurs, le mythe du Progrès pouvait-il s’embarrasser de valeurs morales et spirituelles ? Dans un monde dominé par les appétits et les intérêts, dont la finalité s’est réduite au confort matériel et à la satisfaction des plaisirs immédiats, quelle aurait été la place de la sagesse, des vertus et de la morale ?

Aujourd’hui, le paradigme moderne s’épuise avec l’effondre-ment de nos utopies et des idéologies dominantes. Nous entrons dans une nouvelle époque, qui appelle une vision renouvelée du monde. Si nous sommes passés d’un paradigme religieux à un paradigme scientifique, c’est peut-être à la philosophie de nous inspirer celui de demain.

Changer de paradigme

C’est notre vision du monde, la conception que nous avons de la nature mais aussi de l’être humain et de sa place dans l’univers qui déterminent nos actions, nos préoccupations, nos finalités existentielles. En effet, si la nature n’est qu’un objet de prédation, sans vie, sans âme, sans destin, nous ne sommes alors, nous-mêmes, que des consommateurs de biens matériels voués uniquement à rechercher un maximum de confort, à nous reproduire et à mourir à la fin sans que tout cela n’ait aucun sens transcendant.

Il est donc essentiel d’élargir la représentation que nous nous faisons du monde, de notre place ici et de notre destinée…

« Il convient d’aller aux racines des problèmes, qui sont de l’ordre de l’être et de la culture pour inventer un nouveau paradigme », nous dit Michel-Maxime Egger (page 104), de revenir sur les définitions de quelques notions essentielles : qui sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous là ? L’existence a-t-elle une finalité ? À quoi sert-il de vivre ? L’évolution a-t-elle un sens ? Quel est le mystère de la vie ? Quelles devraient être nos véritables priorités ?

Là, la philosophie joue pleinement son rôle. Elle est une aide inestimable, à plusieurs titres.
Elle nous apprend à penser, nous pousse à réfléchir, à discerner, à accoucher les esprits (Laurence Bouchet, page 69). Elle nous ouvre l’accès à la vie intérieure et à vivre la spiritualité avec naturel (Fernand Schwarz, page 58). Elle nous fait découvrir les dimensions insoupçonnées de notre propre nature, la nécessité d’une vie morale et la puissance des vertus (Jacqueline Kelen, page 12).

Elle est une véritable école de vie qui nous exhorte à un perfectionnement de nous-mêmes à travers la pratique d’exercices quotidiens inspirés de ceux proposés par les stoïciens, par exemple (Fernand Figares et Laura Winckler, page 25, et Maël Goarzin, page 42), ou par l’exercice de l’imagination (Xavier Pavie, page 85), si nécessaire pour réinventer le monde et faire fructifier

la créativité. Au fond, « la philosophie peut être la vie-même » (Bertrand Vergely, page 122).

Repenser la philosophie

Comme le dit Roger-Pol Droit en parlant de Pierre Hadot : « Depuis une quarantaine d’années, il transforme en profondeur notre conception de la philosophie. »

Il n’est pas le seul à remettre en question la philosophie, mais il reste que réactualiser la philosophie comme mode de vie aujourd’hui n’est pas chose évidente.

Mais le mouvement est en marche et nous ne pouvons que nous réjouir des multiples initiatives qui fleurissent un peu par-tout avec un succès grandissant : philosophie pour enfants dans les écoles, consultations philosophiques, ateliers de dialogue philosophique, écoles de philosophie pratique à la manière classique…

Oui, la philosophie comme art de vivre est non seulement possible aujourd’hui, mais elle est devenue essentielle pour affronter les défis à venir et pour, simplement, nous aider à retrouver le chemin ascendant de notre évolution comme êtres humains en devenir. L’amour de la sagesse a perduré…

Jean-François Buisson
Philosophe humaniste
Formateur en philosophie appliquée

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Vidéo Nouvelle acropole


Ma lecture de

La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Serge-André Guay, auteur et président éditeur
Fondation littéraire Fleur de Lys

Rupture entre langage et réalité

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.)

On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.

Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

(Lévis, Québec, le 24 octobre 2021) Lors des mes études au sujet des motivations dans les années 1990, j’ai appris que la communication professionnelle prenait place et lieu de l’action, notamment dans les annonces (conférences presse) impliquant des politiciens et des hommes d’affaires. Annoncer la construction d’un bâtiment, ce n’est pas la construction du bâtiment. Or, politiciens et hommes d’affaires prennent pour acquis que l’annonce de la construction d’un bâtiment s’inscrit comme une étape concrète de l’action même de construire. Le bon peuple sait fort bien, par expérience, qu’une annonce ne demeure qu’une annonce et que même la pelletée de terre ne débouche pas toujours sur l’action annoncée. C’est dire : «Nous avons agit en annonçant». Ça ne tient pas la route. Pour retrouver cette information, on se référera à l’édition de 1981 de «Les Motivations» de la Collection Que sais-je aux Presses universitaires de France (PUF) sous le plume de Alex Mucchielli.

Le phénomène observé en philosophie où le discours devient une fin en soi s’apparente un peu à cette analyse des motivations. Dans sa préface de «La philosophie un art de vivre», Jean-François Buisson cite Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise: «Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même.» Évidemment, l’expression par le langage peut tout à fait être une partie de la vie elle-même, voire une partie importante, mais la vie ne saurait se limiter à l’expression par le langage. Si nous parlons tous beaucoup lorsque l’occasion nous est donnée de sortir de notre solitude, nous savons fort bien qu’il y a une grande différence entre «ce que je dis» et «ce que je fais», à un point tel que je prends pour vrai ce que je dis uniquement parce que je le pense. Mais j’ai déjà bondé en ce sens dans le tout premier article de ce dossier.


Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».


Dans le livre «La philosophie, un art de vivre», quatre mots/expressions reviennent souvent : vertus, exercices spirituelles, Dieu et âme. Dans la culture québécoise où s’inscrit dans notre histoire la répression et la domination du peuple et des politiques par le religieux catholique, ces mots/expressions souffrent d’une très mauvaise réputation, du moins, chez les plus vieux. Et ces derniers se font un devoir de le rappeler aux jeunes afin qu’ils soient vigilants face à toutes religions et à tous les Dieux. Même nos manuels d’histoire du Québec en conserve la mémoire d’une édition à l’autre. Le Québec fut une véritable théocratie et les conséquences se font sentir tout aussi bien aujourd’hui qu’hier. Les médias d’information ne manquent pas de mettre en vedette toutes nouvelles dénonciations des conséquences qui nous rattrapent sans cesse depuis plus de 50 ans. On découvre encore aujourd’hui des cimetières près des pensionnats où des jeunes des Premières Nations furent enterrés en cachette. Alors, la référence à la religion et à Dieu dans les ouvrages de philosophie populaire me rebute d’entrée jeu, même si mon devoir serait de faire la part des choses. Pour l’instant et pour moi, la philosophie est athée ou n’est pas philosophie. Les religieux catholiques québécois ont même corrompus l’idée des vertus à force de chantage et de menace d’aller en enfer. Parlant de vertus, Jacqueline Kelen écrit :

Pour simplifier, je résumerai en disant que la Force réunit le courage et la volonté, la Prudence, la clarté de l’esprit et le discernement, la Tempérance, la modération et la paix de l’âme, et la Justice la rectitude et la Vérité.

KELEN, Jacqueline, Le voie de l’homme noble, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 17.

Je ne peux pas vraiment s’opposer à ces vertus, en mots et en actes, du moins délibérément et consciemment. Elles demeurent à mes yeux un idéal, une visée, à exprimer concrètement dans de la vie quotidienne du philosophe. Un seul mot me cause problème : «Vérité». Je ne l’accepte que par opposition à «Mensonges» et, encore là, que du bout des lèvres. Utiliser ce mot dans un livre de philosophie populaire s’en prendre garde aux références des lecteurs ne me semble pas prudent.

VÉRITÉ (nom commun)

1 – Caractère de ce qui est conforme à la réalité.
2 – Proposition, jugement ou croyance qui est vraie.
3 – Réalité profonde d’une chose, par opposition à ses manifestations superficielles.

EXEMPLES(S)

1 – La vérité d’une proposition scientifique est parfois difficile à établir.
2 – C’est une vérité bien admise que les poules ne poussent pas sur les arbres.
3 – La vérité du capitalisme, c’est l’exploitation.

TERME(S) ASSOCIÉ(S)

correspondance, faux

REMARQUE

La définition de “vérité” est controversée. Il n’y a d’accord ni sur la nature du concept, ni sur la façon de le penser. Même la définition précédente , pourtant très classique, ne fait pas consensus. Ceux qui tendent à l’accepter ne s’accordent pas sur sa formulation précise ou ses implications. “Qu’est ce que la vérité ?” reste une question ouverte. Difficultés philosophiques mises de coté, la “vérité” est une notion très courante. Son usage est peut-être inévitable, en dépit des incertitudes philosophiques.

Source : Dicophilo.

Selon moi, la vérité n’est pas un concept sûre en raison de son appropriation par tout un chacun. «À chacun sa vérité» finit-on par affirmer, comme «À chacun son opinion». Je crois que la vérité ne peut pas exister sans le doute qui doit l’accompagner. Il ne faut rien prendre pour acquis. En science, du moins en épistémologie des sciences, en parle rarement de la vérité mais plus souvent et généralement de connaissance et cette dernière se construit sur le «déjà su». La connaissance n’est vraie que le temps qu’arrive une autre connaissance qui l’anéantisse. À mes yeux, il n’y a pas de vérité immuable, universelle. Admettre une vérité va à l’encontre de l’ouverture d’esprit nécessaire autant en philosophie que dans la vie quotidienne de chacun.

Qui plus est, la vérité est associé par Jacqueline Kelen à la vertu de la Justice. L’usage des deux mots en association donne aux lecteurs à percevoir dans l’instant ce qu’il connaît de la justice, c’est-à-dire le système judiciaire dont nous sommes découragés pour son manque apparent de justice. Nous savons que le système judiciaire ne rend pas la vérité. Le référence première au pouvoir judiciaire impose la prudence aux philosophes. Bien sûr, il s’agit de la vertu de la Justice dans notre vie. Mais nous ne rendons pas la Vérité parce que nous pratiquons la justice.

La pratique des vertus, dont les quatre principales viennent d’être exposées, peut sembler austère voire rebutante à nombre de gens parce qu’elle est exigeante et demande le meilleur de chacun. Aussi, les Grecs, suivis par les Romain, ont-ils ajouté la vertu plus souriante de l’amitié qui est émulation vers le Souverain Bien, soutien et compagnonnage affectueux. Tous, de Socrate à Plotin en passant par Cicéron et Sénèque, témoignent de cette délicate et chaleureuse vertu, ce «soleil de l’amitié».

KELEN, Jacqueline, Le voie de l’homme noble, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 23.

Il ne faut pas que le philosophe en devenir se retrouve devant une montagne qu’il n’en finit plus de gravir et, une fois au sommet, se retrouve devant une autre montage à conquérir et ainsi de suite. Le travail sur soi ne doit pas être une montagne qui en cache une autre. Soutenir que « La pratique des vertus, (…), peut sembler austère voire rebutante à nombre de gens parce qu’elle est exigeante et demande le meilleur de chacun » témoigne certainement d’une certaine honnêteté mais on s’approche ici d’une approche qui s’apparente au développement personnel où le moi se dresse comme une montagne à escalader, souvent dans la souffrance.


Celui qui pratique la vertu de justice bannit tout ce qui relève du mensonge, de la fraude, de la corruption, de la dissimulation et de la trahison, il rejette le vol, l’imposture et la délation, la duplicité et le parjure. Vivre selon la Justice, c’est éviter toute compromission, tous les petits arrangements et aménagement de la conscience. Un homme juste s’avère droit, loyal, intègre en toutes circonstances, personne ne peut l’acheter ni le détourner de sa voie morale

KELEN, Jacqueline, Le voie de l’homme noble, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 22.

L’expression «exercice spirituelle» demeure assimilée à la religion au Québec.

En outre, le terme «spirituel» ne doit pas être compris dans le sens «religieux«», les exercice religieux n’étant qu’un type, particulier, d’exercice spirituel. Les «exercices spirituels» ne sont pas non plus des «exercices moraux», car ces derniers pourrait se limiter à un certain code de bonne conduite. Comme P. Hadot l’a clairement exprimé: «Le mot spirituel permet bien de faire entendre que ces exercices sont l’œuvre non seulement de la pensée, mais de tout le psychisme de l’individu.»

FIGARES, Fernando, WINCKLER, Laura, Philosophie antique et exercices spirituels, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 28.


1200px-wikipedia-logo-v2-fr.svg_Exercice spirituel

Pierre Hadot donne un sens philosophique et non religieux au terme : il s’agit pour lui d’« une pratique volontaire, personnelle, destinée à opérer une transformation de l’individu, une transformation de soi »(2). Il rapproche la notion de celle de « montage psychique » chez Raymond Ruyer(3). Pour Hadot, les pratiques stoïciennes de « préparation aux difficultés de la vie », que sont la maladie, la pauvreté, l’exil, sont des exercices spirituels. Un exemple d’exercice est de « se préparer par la pensée à leur éventualité », c’est-à-dire l’anticipation mentale de ces difficultés(2).

Hadot cite aussi les épicuriens avec leurs pratiques de « l’examen de conscience, […] l’aveu des fautes, la méditation, la limitation des désirs »(2). Pour Hadot, les exercices spirituels constituent la philosophie elle-même, et ne sont pas de simples ajouts au discours abstrait.

Il écrit en effet dans son volume sur Wittgenstein que la notion d’exercice spirituel « me servait à désigner […] une activité, presque toujours d’ordre discursif, qu’elle soit rationnelle ou imaginative, visant à modifier, en soi ou chez les autres, la manière de vivre et de voir le monde »4. Mais Hadot précise que le choix de cette expression « n’est peut-être pas heureu[x] »(4).

Source : Exercice spirituel, Wikipédia.

NOTES

(2) Hadot 2001, p. 145.

(3) Raymond Ruyer, La Gnose de Princeton, Paris, Fayard, 1974, ch. 21-22.

(4) Raymond Ruyer, La Gnose de Princeton, Paris, Fayard, 1974, ch. 21-22.


L’idée de travail sur soi va plus loin avec Laurence Bouchet qui parle ni plus ni moins de « gagner contre soi-même» :

Qu’est-ce que ça veut dire gagner contre soi-même ? Nous avons tous une tendance à protéger nos certitudes. Aussi, dès qu’elles sont questionnées, souvent nous réagissons très rapidement face à ce que nous percevons comme une attaque. Il y a là quelque chose d’instinctif, nous voulons nous défendre parce que nous nous sentons menacés.

Très souvent nous agissons sans réfléchir, poussé par une émotion, donc par une sorte de mécanisme déterminé, comme si nous n’avions pas d’autre choix que de faire ce que nous faisons. Or gagner contre soi-même, ces gagner contre ces mécanismes rigides en nous, c’est gagner en souplesse et donc en liberté.

BOUCHET, Laurence, Dialogue socratique en Philosophie, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 73.

Dans le domaine de l’étude du comportement, on parle de « mécanismes de défense » et de « réactions involontaires » depuis des décennies. Et on parle aussi de contourner les mécanismes de défense avec une « approche indirecte » afin de ne pas les éveiller.  Je crois que les philosophes praticien auraient avantage à se mettre au parfum des études du comportement. Il n’est pas question ici des récentes découvertes en neurosciences qui confirment l’Erreur de Descartes mais des travaux ayant commencés dans les années 1930, notamment sur le rapport entre les motivations et le comportement. Ils pourraient ainsi éviter la confrontation avec la méthode dialectique.

La dialectique n’est pas le savoir, mais la méthode qui permet d’y parvenir. Socrate nous donne le courage d’affronter nos propres ignorances en jalonnant le chemin. Le savoir est au cœur du chemin. C’est le dialogue qui s’instaure qui fera apparaître la vérité. À travers la pratique dialectique, Socrate nous invite à participer à un véritable processus alchimique.

Comme l’œuvre alchimique, la dialectique connaît trois phases :

  • l’examen de conscience : l’observation consciente de nos actes et pensées.
  • la réfutation des préjugés (phase critique ou l’on passe en revue les actes et les pensées pour en vérifier leur validité).
  • la maïeutique, l’art de s’accoucher soi-même. Lorsque les prises de consciences sont acquises, on meurt à une partie de nos mauvaise habitudes, il y a une renaissance, d’un moi plus authentique.

FIGARES, Fernando, WINCKLER, Laura, Philosophie antique et exercices spirituels, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, pp. 36-37.

Il se trouve des philosophes praticiens faisant de la dialectique un dogme. Ils recherchent l’affrontement avec leur client avec une certaine violence et un réel manque de respect de l’Être sensible à abattre, à réduire au silence. Une fois l’Être sensible au cimetière, ils espèrent que l’Être raisonné va tout simplement prendre le dessus. Or l’Être raisonné a besoin de l’Être sensible, d’un coup de pouce des émotions. Il faut donc composer avec les deux Êtres, le sensible et le raisonné, sans quoi tout ce dialogue socratique pur ne demeure qu’un simple jeu avec l’Intellect.

Travailler à concentrer sa pensée, c’est aussi apprendre à y ouvrir un vide qui sera pénétrable à ce que nous allons accueillir : une idée nouvelle, une question inattendue, une autre perspective. C’est apprendre à désapprendre, à ne pas nous laisser encombrer par ce que nous savons ou croyons savoir, à pratiquer l’ignorance comme nous y pousse Socrate par ses questions. Ces dernières crèvent les bulles d’opinions suffisantes dans lesquelles nous avons tendance à nous enfermer.

BOUCHET, Laurence, Dialogue socratique en Philosophie, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 80.

On vit dans un monde où l’opinion règne en roi et maître. Ce n’est pas en mettant à l’épreuve l’opinion elle-même, une opinion donnée, que la personne va nécessairement apprendre à désapprendre. Il faut remonter à la racine même du problème : le système de pensée qui fomente ou adopte les opinions d’une personne. Le sujet est donc la pensée elle-même, plutôt que l’opinion.

Laurence Bouchet écrit :

À la fois penser et penser ce que l’on pense, c’est le propre de la conscience humaine : prendre du recul avec elle-même.

BOUCHET, Laurence, Dialogue socratique en Philosophie, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 80.

Xavier Pavie demande : «L’imagination peut-elle être un exercice spirituel contemporains ?». À la lecture du texte de Xavier Pavie, je me suis souvenu du livre «Créativité : l’imagination constructive» de Alexander Faickney Osborn publié en 1978 chez Dunod.


1200px-wikipedia-logo-v2-fr.svg_Alex Osborn

Alex Faickney Osborn () est un publicitaire américain, fondateur en 1919, avec Bruce Fairchild Barton et Roy Sarles Durstine, de l’agence de publicité américaine BDO qui, en fusionnant avec la George Batten Company, devient BBDO en 1928. À la faveur de cette fusion, il assume la vice-présidence exécutive de BBDO jusqu’à sa retraite en 1960.

Il a conçu le brainstorming (remue-méninges en français), technique d’idéation de groupe qu’il a lancée en 1940 pour promouvoir, avec succès, son agence auprès de ses clients et de ses futurs clients éventuels1.

Il en dévoile la recette et les quatre règles de base en 1948 dans son livre Your Creative Power. How to Use Imagination to brighten life, to get ahead2, livre plutôt orienté vers la créativité humaniste de développement personnel. Il y donne l’origine du mot brainstorming : les participants appelaient ces réunions créatives des brainstorm sessions parce qu’on s’attaque à un problème.

Avec Sidney Parnes (en), Alex Osborn a fait évoluer la méthode du brainstorming vers une méthode plus complète et plus structurée, le Creative Problem Solving.


Xavier Périe présente l’imagination « comme un réflexe » qui nous déconnecte du réel.

Mais en tout état de cause, l’imagination réussit à nous écarter de ce à quoi nous avons à faire face. Cette déconnection du réel est effectuée comme un réflexe, ainsi que nous le disions précédemment, sans qu’elle soit nécessairement maîtrisée ou dirigée, en conséquence de quoi, à propos d’une même situation, notre imagination peut nous emmener où elle le souhaite en fonction de nos craintes et de nos peurs. Comme au contraire, elle peut nous emmener vers plus de sérénité et de contrôle de soi, y compris dans la formulation de solution. La proposition d’une imagination comme exercice spirituel pourrait prendre sens dans cette reprise en main de l’orientation de notre imaginaire.

PAVIE, Xavier, L’imagination peut-elle être un exercice spirituel contemporains ?, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 88.

Je ne crois pas que l’imagination agissent comme un réflexe. L’imagination est plutôt une faculté. À mon humble avis, monsieur Pavie se rapproche un peu trop de la «pensée positive» de la psychologie en souhaitant une «imagination positive». Mais cela peut convenir à certains.


L’Encyclopédie philosophique

1. Qu’est-ce que l’imagination?

(…)

Quoi qu’il en soit, on peut dire qu’aujourd’hui, il existe un certain consensus chez les chercheurs en philosophie de l’esprit pour définir l’imagination. L’imagination est une attitude mentale d’un type bien particulier. Elle ne consiste pas à croire ou à percevoir quelque chose, mais à entretenir une sorte de « pseudo-croyance » ou de « pseudo-perception ». Lorsque j’imagine un arbre, je ne le perçois pas avec mes cinq sens, mais je procède à une sorte de simulation « dans ma tête ». De même, lorsque j’imagine qu’un animal dangereux est caché derrière un rocher, je ne crois pas que c’est réellement le cas ; je suis plutôt en train faire comme si c’était le cas (et je n’ai pas forcément d’image mentale de l’animal dangereux). On pourrait donc définir l’imagination comme la faculté de simuler certains états mentaux tels que les perceptions ou les croyances.

(…)

2. À quoi sert l’imagination?

Pourquoi imaginons-nous? On peut bien sûr le faire pour le plaisir : c’est le cas avec l’immersion narrative, lorsqu’on se plonge dans un roman ou dans un film. Mais cet usage hédoniste n’est probablement pas celui qui explique l’origine de l’imagination comme faculté cognitive. Du point de vue évolutionnaire, quel avantage peut-il y avoir à imaginer? Karl Popper (2001, p. 146) remarquait que la pensée a ceci de supérieur à la sélection naturelle qu’elle permet « d’envoyer ses hypothèses mourir à sa place. » Or, comme capacité à simuler, l’imagination permet justement de se projeter hors de la réalité perçue et d’explorer des possibilités en toute sécurité. Dans la mesure où cela nous apporte des informations et enrichit notre connaissance (Gibert 2014), on peut dire que l’imagination possède alors une fonction « épistémique » (du grec « épistémè », qui signifie « connaissance »).

(…)

3. Peut-on faire confiance à l’imagination?

(…)

Le philosophe britannique Timothy Williamson (2010) remarque pour sa part que nous n’avons de toute façon guère le choix : même s’il ne faut pas s’y fier aveuglément, la simulation imaginative demeure indispensable lorsqu’il s’agit de s’émanciper du ici et du maintenant. Cela implique enfin, explique-t-il, que les expériences de pensée des philosophes peuvent être réellement utiles :

« Dès lors qu’on reconnaît l’imagination comme un moyen normal d’apprendre, l’utilisation par les philosophes contemporains d’une telle technique peut être vue comme une application tenace et extraordinairement systématique de notre appareil cognitif ordinaire. Il reste beaucoup à comprendre sur la fonction de l’imagination comme moyen de connaître – mais si elle n’avait pas fonctionné, nous ne serions pas là pour nous poser la question » (Williamson, 2010, nous traduisons).

Source : Gibert, Martin (2016), «Imagination (GP)», dans Maxime Kristanek (dir.), l’Encyclopédie philosophique, consulté le 25 octobre 2021, https://encyclo-philo.fr/imagination-gp


Le texte «La sobriété joyeuse pour sortir du consumérisme» signé par Michel Maxime Egger est un bel exemple de la philosophie appliquée à vie de tous les jours en ce qu’il se prononce sur un sujet d’actualité. Ce type d’approche de la philosophie rejoindra un lectorat, un auditoire ou un client en consultation suivant un centre d’intérêt particulier. On s’attend à de telles interventions ciblées de la part des philosophes de la vie quotidienne. Le défi : susciter l’amour de la sagesse.

Le dernier texte de cet ouvrage collectif s’intitule «Être la philosophie» sous la plume de Bertrand Vergely.

La philosophie ne laisse rien passer. Ou c’est philosophique ou elle ne l’est pas. Kant explique qu’il existe une soif de la pensée qui attend d’être comblée. Cette soif, il l’appelle l’intérêt supérieur de la pensée. L’esprit attend de pouvoir moralement comprendre. Il réclame l’intelligence complète du monde, de l’homme et de la vie. Quand il n’est pas satisfait, il se sens frustré. Il a un sentiment d’ennui et de vide ou, à l’inverse, il a sentiment de colère. C’est l’esprit qui trépigne, Il réclame ses droits.

VERGELY, Bertrand, Être la philosophie, La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, p. 128.

Certains textes de ce livre sont formatés dans le style des livres de psychologie en développement personnel. Faites ceci, faites cela, le matin, le midi et le soir… Le tout parsemé de métaphores poétiques. Ce n’est pas mauvais en soi mais ces quelques textes ne me conviennent pas. Je suis tout de même content de ma lecture de ce livre.


J’accorde à ce livre 3½ étoiles sur 5


Serge-André Guay, auteur et président éditeur
Fondation littéraire Fleur de Lys


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Liste de tous les articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

D’AUTRES ARTICLES SONT À VENIR

Article # 5 – Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

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DOSSIER

Philothérapie

Consulter un philosophe

Quand la philosophie nous aide

Article # 5

Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Ma lecture

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

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Philosopher pour se retrouver

La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai

Laurence Bouchet

Éditions Marabout – 2015

Ce livre n’est plus disponible à la vente

Présentation par l’éditeur

Le premier guide de philosophie pratique.

La philosophie pratique permet de donner du sens et de trouver une stabilité dans un monde où tout va très vite, où nous avons à la fois l’impression d’être tout-puissants et impuissants. Or, tant que nous n’avons pas conscience de ce qui entrave notre pensée, nous ne sommes pas en mesure de dialoguer ni avec les autres ni avec nous-même.
Ce livre vous offre donc une méthode de philosophie pratique, de philosophie à vivre. Le fondement de la méthode implique un travail sur soi afin de mieux se connaître, puis une mise en œuvre de compétences philosophiques.

Chaque chapitre, consacré à une idée phare de la philo pratique, partira d’une citation ou un texte de philosophe. Il proposera un éclairage sur ce texte permettant au lecteur un questionnement sur lui-même.

Enfin, de façon pionnière, des exercices concrets pour la vie quotidienne.

Source : Éditions Marabout.

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À propos de l’auteur

Laurence Bouchet professeure de philosophie, philosophe praticienne et philosophe consultante. Elle enseigne la philosophie par le débat socratique. Elle anime des cafés de pratique philosophique à Pontarlier, Besançon, Champagnole, Paris. Elle propose également des interventions dans diverses institutions et auprès d’entreprises ainsi que des consultations philosophiques. http://www.la-philosophie-en-pratique.fr

Source : Google Livres.


Extrait

SIMPLICITÉ DE LA PHILOSOPHIE

« Je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit », « La seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien », « L’homme est condamné à être libre », « Je pense, donc je suis », « Connais-toi toi-même », « Ose penser par toi-même », « Ce n’est pas la réalité qui nous blesse, mais la représentation que nous en avons », « Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort », etc.

Voici, pêle-mêle, des citations de grands philosophes. Probablement le lecteur a-t-il déjà lu ou entendu l’une d’elles, vague réminiscence de ses cours de terminale. Le lycéen pourra en mobiliser quelques-unes pour agrémenter le développement de sa dissertation du baccalauréat. Au cours d’un dîner en ville, on pourra se sentir important en rappelant au détour de la conversation ce qu’ont dit Socrate, Montaigne, Descartes, Nietzsche ou Sartre.

Dans ce livre, je voudrais proposer une autre approche de la philosophie. Il ne s’agira pas d’apprendre sur les auteurs et d’expliquer telle ou telle pensée afin d’ajouter une connaissance nouvelle. Non. Bien plutôt, je voudrais inviter le lecteur à mettre en pratique la philosophie. À faire vivre ces idées en lui, à les questionner, à se questionner sur lui-même en les questionnant, à les expérimenter.

La philosophie est réputée pour sa complexité. Certains la fuient pour cette raison, comme si cette discipline trop brumeuse, trop fumeuse peut-être, n’avait rien à leur dire. D’autres, à l’opposé, la recherchent pour cette même raison ; en entrant dans les méandres de la réflexion, peut-être trouvent-ils moyen de fuir une réalité jugée trop difficile et décevante. On verra dans ce livre que, s’il est vrai que la philosophie est une discipline difficile, ce n’est pas en vertu de sa complexité, mais bien au contraire de sa simplicité. Il n’est pas facile d’être simple. Cela suppose un travail de dépouillement, une plus grande authenticité (voir ici), un courage certain pour assumer sa liberté et sa responsabilité, pour essayer, se lancer au risque de se tromper.

Aucune des citations proposées ci-dessus ne pose de redoutable problème de compréhension, aucune n’est particulièrement complexe, chacun en comprend le sens général, pourtant aucune n’est facile à appliquer. Au fil de ces pages, je voudrais donc indiquer des voies pour mettre en pratique la philosophie, pour qu’elle ne reste pas lettre morte. Ce livre ne prendra son sens que par celui que le lecteur pourra lui donner lorsque ses pages seront refermées. Il s’aventurera à philosopher, lorsqu’il tentera des expériences, prendra quelques risques et observera ce que cela produit.

Une autre façon de philosopher

En France, depuis vingt ans, depuis les premiers cafés philo mis en place par Marc Sautet, la philosophie s’est échappée des amphithéâtres et des classes de terminale générale. Elle a pris la tangente et pratique l’école buissonnière. On la trouve dans les cafés, à Paris comme en province, dans les écoles maternelles et primaires, dans les collèges, elle s’aventure dans les lycées professionnels. Elle s’expose en pleine campagne lors de séminaires ou se replie dans le cabinet du philosophe consultant. Elle s’essaie sur les réseaux sociaux, donne des rendez-vous par visioconférence.

Elle prend même ses aises dans un monde où personne n’aurait pensé la trouver : celui de l’entreprise et des équipes managériales.

Et le phénomène est mondial. La philosophie parle toutes les langues, circule sur la planète. Tous les ans sont organisées au mois d’août des rencontres internationales de pratique philosophique : « The International Conference on Philosophical Practice » (ICPP), 2012 en Corée, 2013 en Grèce, 2014 en Serbie… Tous les ans, à l’Unesco, au mois de novembre, divers philosophes praticiens exposent leur méthode d’animation de débats philosophiques et échangent sur ce qu’ils mettent en place.

La philosophie prend différentes formes, suit diverses écoles de pratique. Les approches varient en fonction de la place qu’elles accordent plutôt à l’expression de soi ou plutôt à l’exercice de l’écoute de l’autre. La méthode que je pratique a été en grande partie élaborée par le philosophe praticien Oscar Brénifier, même si mon travail diffère du sien sur un plan à la fois théorique et pratique (ces différences sont exposées sur mon site Internet). Quoi qu’il en soit, cette méthode implique un travail rigoureux sur les compétences* philosophiques (voir ici), ainsi qu’un travail sur les attitudes* (voir ici), c’est-à-dire une prise de conscience de soi grâce à la réflexion philosophique.

On le voit, les approches de la pratique philosophique sont multiples, mais elles ont toutes en commun de faire de la pensée un exercice au contact des autres. Par ces pratiques, la philosophie devient vivante et populaire, elle ne concerne plus seulement une élite mais tout un chacun.

Mon métier et l’enseignement traditionnel en France

La prise de conscience de ce dynamisme autour de la philosophie et en dehors des murs de la classe a renouvelé ma vision de l’enseignement de cette discipline. Étudiante en philosophie puis professeur de philosophie, je n’ai longtemps connu qu’une seule façon d’enseigner : la leçon magistrale ou le cours discuté. Dans tous les cas, le professeur ou le maître se plaçait en position d’enseigner ce qu’il savait à des étudiants ou des lycéens qui, eux, ne savaient pas. Dans tous les cas, le seul problème était d’apprendre un contenu théorique et non de se préoccuper de sa mise en pratique. On pouvait ainsi longuement disserter sur Sartre et la mauvaise foi* sans jamais se demander si nous-mêmes, professeurs ou étudiants, étions de mauvaise foi. On pouvait parler de la distinction des désirs chez Épicure, montrer qu’il y a certains désirs dont la poursuite nous rendra nécessairement malheureux, comme l’argent ou la gloire, car nous n’en aurons jamais assez, mais tout cela restait théorique et jamais nous ne cherchions à comprendre si nous-mêmes n’étions pas victimes de ces désirs vains. Comme si les idées des philosophes n’avaient aucune influence sur le cours de nos existences, comme si elles ne nous concernaient pas.

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais…

Je me souviens du jour où, dans la classe, j’ai pris conscience que cette façon d’enseigner conduisait à une contradiction performative, c’est-à-dire à faire exactement l’inverse de ce que je disais. Il s’agissait de l’étude de ce fameux texte dont la lecture est quasi incontournable en terminale, un extrait de Qu’est-ce que les Lumières ? de Kant. Dans ce texte, le philosophe nous conseille d’oser penser par nous-mêmes, car si nous ne le faisons pas, d’autres se chargeront de le faire à notre place. Kant nous met en garde : il est possible de passer sa vie en restant mineurs, passifs et dépendants, effrayés à l’idée de penser, redoutant de faire le moindre pas en dehors des sentiers battus. Ce qui nous empêche de penser, ajoute-t-il, ce n’est pas une quelconque incapacité intellectuelle, mais simplement notre paresse et notre lâcheté. Apprenons donc à nous risquer, suggère-t-il, et malgré la timidité que nous inspirent les maîtres, nous verrons bien que cela n’est finalement pas si dangereux.

J’expliquais donc cela aux élèves tandis qu’ils écoutaient, notaient sur leurs cahiers : « Il faut oser penser par soi-même, trouver le courage d’aller contre sa paresse et sa lâcheté. » Mais ce qu’ils faisaient, ce que je les conduisais à faire, et à travers moi l’institution scolaire, était en complète contradiction avec le contenu des propos tenus par Kant. Je me trouvais moi-même dans la position du maître qui pense à la place des autres ! Je leur imposais la passivité par ma pratique d’enseignante, alors que le discours que je leur adressais leur demandait d’être actifs et autonomes.

Se risquer

Prenant conscience de cette contradiction, je m’interrompis et décidai de me taire afin d’inviter concrètement les élèves à penser par eux-mêmes, même timidement, même maladroitement. Aussitôt, je constatai que cette tâche était difficile, entravés qu’ils étaient par toutes sortes de complexes que leur éducation avait contribué à fabriquer : peur de ne pas savoir, peur de se tromper, peur de dire des bêtises, peur du jugement des autres et peur du professeur. Mais petit à petit, ils commençaient à s’aventurer, à s’engager dans leur propos, à en tirer une certaine fierté et même à proposer de belles idées qui me surprenaient, car je n’y avais jamais pensé. Depuis, je n’ai cessé de m’interrompre, de prendre une place non en plein, en imposant des connaissances et en faisant la leçon, mais en creux, en écoutant et en questionnant. Je n’ai cessé, aidée dans ma démarche par mes collègues philosophes praticiens, de faire en sorte que les élèves ou les personnes qui participent à des ateliers de philosophie osent penser par eux-mêmes. Depuis, mon travail est devenu plus complexe, plus déstabilisant, plus imprévisible, mais aussi plus passionnant.

Aux origines de la philosophie

À y regarder de plus près, cette pratique philosophique que je m’efforce de mettre en place avec d’autres animateurs philosophes n’est pas si nouvelle. Elle semble même un retour aux origines de la philosophie occidentale, un retour aux sources adapté à notre monde contemporain. En effet, lorsque Socrate se promenait sur l’agora en interpellant les passants, lorsque Épicure invitait dans son jardin ses amis pour philosopher, lorsque Épictète s’entretenait avec ses disciples, ils ne se contentaient pas de faire de grands discours théoriques (ils n’en faisaient d’ailleurs parfois pas du tout, se limitant à questionner, à l’instar de Socrate). Ce qu’ils disaient était fait pour être mis en pratique, leur discours ou leur questionnement devaient produire un effet. La philosophie n’était pas, comme elle l’est parfois devenue aujourd’hui, un pur jeu spéculatif, l’occasion de briller dans une dissertation, un article ou un livre. Elle impliquait un exercice sur soi, une confrontation avec la réalité.

Se distancier de soi et voir plus clair

À l’origine, philosopher par le dialogue avec les autres, par le dialogue avec soi-même, était un moyen de conduire ses pensées, d’y mettre de la cohérence tout en examinant différents points de vue. La philosophie permettait, par les compétences* que sont le questionnement, la conceptualisation, la définition, l’argumentation, bref tous les procédés abstraits de la pensée, de mieux comprendre la réalité et en même temps de prendre de la distance avec soi-même, d’y voir plus clair pour gouverner sa vie. Comme si, finalement, comprendre grâce à la raison le monde qui nous entoure permettait de mieux y trouver notre place, d’affirmer notre individualité tout en en connaissant les limites.

Ce dont on parle et celui qui parle

La philosophie, à l’origine, ne porte pas seulement sur ce dont on parle, mais aussi sur celui qui parle. Elle conduit à s’interroger sur soi, à tenter de mieux se connaître et de mieux agir : « Quand on approche Socrate de très près et que l’on entre en dialogue avec lui, même si l’on a commencé à parler avec lui de tout autre chose, il est nécessaire que l’on cesse d’être entraîné par le fil du discours en toutes sortes de détours, jusqu’à ce qu’on en vienne à devoir rendre raison de soi-même, aussi bien quant à la manière dont on vit présentement qu’à celle dont on a vécu son existence passée. Quand on en est arrivé là, Socrate ne vous laissera pas partir avant d’avoir, bien à fond et de la belle manière, soumis tout cela à l’épreuve de son contrôle… Je ne vois aucun mal à ce que l’on me rappelle que j’ai agi ou que j’agis d’une manière qui n’est pas bonne. Celui qui ne fuit pas cela sera nécessairement plus prudent dans le reste de sa vie. » (Platon, Lachès.)

La consultation philosophique

C’est dans ce retour aux origines que s’inscrit la pratique de la consultation philosophique. Lors de cet exercice, la personne qui vient trouver le philosophe est invitée à s’interroger sur elle-même. La consultation philosophique s’est développée il y a une trentaine d’années en Allemagne, à l’initiative de son fondateur, Gerd Achenbach, qui entendait rendre la philosophie plus accessible au public et en même temps revenir à la maïeutique* socratique.

Elle s’inscrit dans l’émergence du counseling, du coaching et de la philosophie du care des pays anglo-saxons. Selon cette tendance, l’individu aurait besoin du regard et du conseil d’une personne extérieure pour se développer et faire face à certains problèmes mêlant l’affectif, le professionnel et l’existentiel.

Dans ce foisonnement, la consultation philosophique répond à une exigence qui était déjà celle de Socrate : « Connais-toi toi-même ». Elle met au jour un système de représentation sur lequel nous appuyons notre existence sans toujours en avoir bien conscience. Elle produit un effet miroir, permet de se distancier de ce système de représentation, d’en observer les avantages, les limites, les rigidités. Il devient alors possible de mieux assumer notre liberté : notre système de représentation n’est pas figé une fois pour toutes. Si nous l’avons adopté, c’est parce qu’il avait une raison d’être, il permettait de satisfaire une aspiration. Mais si cette aspiration s’est modifiée ou s’il existe de meilleures manières de la satisfaire, alors nous pouvons changer.

De la même façon, nous adoptons certaines positions corporelles qui peuvent à la longue générer des contractures et limiter nos mouvements. La consultation philosophique procure à l’esprit ce que la séance de massage procure au corps. Elle donne de la souplesse, permet de prendre conscience de possibilités de penser et d’être que nous ne concevions pas à force de rigidité et de peur de souffrir. De même que le kinésithérapeute libère les mouvements en massant les points sensibles, le consultant philosophe libère notre pensée en nous aidant à mieux examiner nos crispations. La douleur est alors moins terrible que ce que nous imaginions et qui nous paralysait. Pour le corps comme pour l’esprit, la crainte de souffrir produit une souffrance plus grande que la souffrance elle-même, car cette dernière est redoublée par la crispation. Nous affronter à la souffrance réelle, c’est nous libérer de cette crispation, retrouver plus de mouvement et de légèreté.

Le besoin d’une quête existentielle

Philosopher, ce n’est donc pas accumuler des connaissances sur les philosophes, lire tous leurs livres, ce n’est pas seulement mettre en œuvre certaines compétences* intellectuelles s’appuyant sur la raison. Philosopher, c’est d’abord et avant tout se lancer dans une quête existentielle, une recherche exigeante d’authenticité et de vérité.

Cette authenticité s’acquiert en se défaisant d’une vie immédiate où l’on ne poursuit que plaisir, envies, flatteries et distractions, d’une vie où l’on se disperse. Dans notre monde contemporain, tout est fait, semble-t-il, pour éviter à chacun la confrontation avec soi-même. La technique, pour le meilleur mais aussi pour le pire, nous soulage des tâches pénibles. Certes, nous n’avons plus à fatiguer nos corps pour labourer la terre, faire la lessive, couper des arbres, tailler des pierres, nous déplacer, communiquer. Les machines, les automobiles, les avions, les ordinateurs et téléphones portables nous ont considérablement facilité les choses.

Nous pourrions donc déployer notre énergie et notre temps dans des activités constructives pour fortifier notre âme, pour faire de nous-mêmes des personnes authentiques et ouvertes aux autres, à la fois autonomes et solidaires. Mais loin de s’être développées, il semble que ces vertus soient plutôt en voie de disparition et que les valeurs qui les fondent, si elles sont toujours contenues dans nos discours, dirigent rarement nos pratiques. La technique, en nous soulageant des tâches pénibles, nous a fait perdre un certain goût de l’effort, de la confrontation avec l’adversité et de l’engagement dans l’existence.

L’illusion de la toute-puissance

La technique nous donne l’illusion de la toute-puissance et même si nous sommes souvent conscients de cette illusion, nous éprouvons les plus grandes difficultés à lui résister. D’un côté nous avons le sentiment d’une vie aux possibilités décuplées, d’un autre les possibilités offertes par la technique engendrent un sentiment d’impuissance. Dans les pays riches, il semble qu’il n’y ait plus de frein à la satisfaction de désirs toujours renouvelés, comme s’il fallait sans cesse combler le vide de l’existence pour ne pas y penser. Ainsi, devant notre ordinateur dont le fonctionnement nous est hermétique, lorsque guidés par notre envie nous cliquons, lorsque poussés par un vague sentiment nous « likons » sur Facebook, nous pouvons nous interroger sur les capacités que nous développons. Sur le coup, nous nous laissons entraîner et nous passons d’une page virtuelle à une autre sans voir le temps passer, mais que reste-t-il d’une telle expérience à la fin de la journée ? Et pour ne pas voir en face ce vide inquiétant, il ne nous reste qu’à fuir un peu plus et recommencer à se laisser happer.

Des clés pour se retrouver dans un monde sans repère

Ou bien, ou bien… Peut-être faut-il parvenir au fond du sentiment de vide, de mensonge et de facticité pour rebondir, décider enfin de réagir, de faire quelque chose de sa vie, de prendre le taureau par les cornes, de retrouver le goût de l’effort et du souci de soi.

Et si nous choisissons cette voie, alors la philosophie a quelque chose à nous apporter. C’est dans cette optique que je m’efforce de la vivre et de la faire vivre, en la mettant en pratique avec les personnes que je rencontre dans le cadre de cours au lycée, de cafés philo, de séminaires, d’ateliers collectifs ou encore de consultations et de formations individuelles.

Certes, entreprendre de se mettre dans la peau de Socrate est une tâche qui ne conduit pas toujours à se faire des amis, car il s’agit de chercher à dévoiler la vérité sans complaisance plutôt qu’à se faire aimer. Il n’est pas confortable d’aider chacun à regarder l’image qu’il renvoie aux autres au lieu de celle, plus flatteuse, qu’il s’est construite de lui-même. Et cela dans le but de l’encourager à se prendre en main, à changer peut-être ou assumer ce qu’il est, dans tous les cas à devenir l’auteur de sa vie.

Certaines personnes ne supportent pas une telle exigence, elles se fâchent, quittent l’assemblée, furieuses, ou ne viennent plus jamais s’adresser au philosophe avec lequel elles ont eu une consultation. D’autres, au contraire, comprennent et ressentent l’intérêt de cette démarche, certes exigeante et difficile. En faisant le choix de se connaître et de s’aventurer à philosopher, elles s’allègent des lourdeurs qui les entravaient et découvrent un plaisir nouveau, celui de cheminer, en dialoguant tantôt avec les autres, tantôt avec elles-mêmes, vers une vérité toujours mouvante, un « gai savoir », comme disait Nietzsche.

Ce livre s’adresse donc à ces personnes partantes pour une telle aventure, à celles qui optent d’abord et avant tout pour une quête d’authenticité avant celle du bonheur.

Dans quel état d’esprit lire ce livre

Comme je l’ai dit, la philosophie est d’abord une pratique vivante sur soi et en lien avec les autres, et non une pure théorie coupée de la réalité. Pourquoi dès lors écrire un livre ? Socrate lui-même se méfiait de l’écrit qui fige la pensée. Philosopher, c’est d’abord être en mouvement, dans la présence, l’étonnement et l’inattendu du dialogue. Il y a un danger à fixer les paroles dans les écrits, car elles peuvent devenir des objets de culte, des vérités qu’on ne questionne plus. Kant lui-même, dans ce fameux passage de Qu’est-ce que les Lumières ?, se méfiait des livres qui peuvent prendre la place de tuteurs, penser à notre place. Il ne suffit pas que les mots « Pense par toi-même » soient consignés dans un livre, encore faut-il que chacun se mette à penser par lui-même, et cela aucun livre ne peut le faire à notre place.

Alors, tout dépendra du lecteur et des raisons pour lesquelles il parcourra ces lignes. On peut lire passivement pour ne pas vivre. On peut lire pour fuir, pour se réfugier et se mettre à l’abri d’une réalité jugée trop difficile. On peut aussi lire pour prendre le temps de questionner, pour se mettre en retrait, pour ne plus se perdre et s’éparpiller dans l’urgence, on peut lire pour mieux agir et assumer.

Une personne avec laquelle j’avais pratiqué des consultations philosophiques et qui avait participé à des ateliers m’a dit trouver une structure dans le cadre de ces exercices, mais dès qu’elle retournait dans ce qu’elle appelait la « vraie vie », elle se sentait perdue. Il y avait pour elle deux mondes séparés, celui des ateliers, des cafés ou des consultations philosophiques, où l’on réfléchit, où l’on prend le temps d’examiner, d’écouter et de se poser, et de l’autre le monde de tous les jours où l’on se sent perdu, happé par l’urgence, où l’on n’a plus le loisir de réfléchir, de prendre du recul.

Mais la philosophie ne s’arrête pas à la porte de l’atelier ou du cabinet de consultation, elle est là jour après jour et nous accompagne. Toutes les situations du quotidien sont de belles occasions de philosopher, s’étonner, observer, comprendre et même décider de se lâcher et de prendre des risques.

C’est donc pour cette personne et pour celles qui lui ressemblent que j’écris ce livre, afin de leur donner les moyens de faire des liens entre ce qu’elles vivent et la philosophie.

Un livre pour accompagner les autres

Ce livre s’adresse, on l’aura compris, à ceux qui sont prêts à se lancer dans un travail sur eux-mêmes. Il concerne aussi ceux qui, en  chemin vers cette authenticité, découvrent qu’elle se construit dans la confrontation avec l’altérité et se sentent par conséquent disposés à accompagner les autres. Les personnes qui, par leur métier, sont concernées par le travail en équipe et par l’accompagnement : coachs, thérapeutes, managers, psychologues, formateurs, professeurs, infirmiers, trouveront également des pistes dans ces lignes. Il m’est arrivé de travailler avec une équipe de personnes en formation pour devenir cadres de santé. La philosophie leur a donné des outils. Elle leur a permis de formuler clairement les problèmes récurrents au sein d’une équipe d’infirmiers. Elle les a aidés à s’écouter et à parler sans dissimuler, à réfléchir ensemble aux solutions envisageables grâce à la distanciation que permet l’exercice de la raison et de l’argumentation.

Mode d’emploi de ce livre

Ce livre est composé de onze chapitres. Trois d’entre eux : « L’atelier de philosophie » (ici), « La consultation philosophique » (ici) et « Le praticien philosophe » (ici) sont consacrés à des explications méthodologiques sur la pratique philosophique. On y trouve aussi de nombreux exemples qui illustrent cette pratique.

Les huit autres chapitres : « L’amitié » (ici), « La critique » (ici), « L’intelligence des émotions » (ici), « L’ironie » (ici), « L’authenticité » (ici), « Le jugement » (ici), « Connaissance de soi » (ici), « La vie, la mort » (ici), proposent l’analyse d’un concept clé de la pratique philosophique lié aux attitudes* que cette dernière requiert et développe.

Des exercices pour une lecture active

Chaque chapitre est suivi de deux types d’exercices. Le premier propose au lecteur des questions qui lui permettront de travailler les compétences*, ou savoir-faire : analyse, questionnement, argumentation. Le second type d’exercice donne des pistes pour travailler les attitudes* philosophiques, ou savoir-être : authenticité, engagement, capacité à sortir de sa zone de confort.

Les compétences : réfléchir sur des questions

En marge du texte, le lecteur trouvera des questions qui l’accompagneront dans une lecture active. Ces questions ouvrent des pistes pour critiquer et problématiser : un peu comme si le texte proposait une voie, mais qu’il en était indiqué d’autres sur le côté, bifurcations dans lesquelles un lecteur promeneur pourrait s’aventurer. Ces questions sont regroupées par thème à la fin de chaque chapitre et accompagnées d’autres questions permettant de préciser et d’approfondir la réflexion. Le lecteur pourra se munir d’un cahier de réflexions dans lequel il proposera des réponses argumentées à ces questions. Il sera possible au lecteur de communiquer ses réponses réfléchies sur mon site Internet1 afin d’entrer en dialogue avec d’autres personnes.

Le lecteur pourra analyser ces questions. Chacune contient au moins un présupposé : en même temps qu’une proposition questionne, elle s’appuie sur une ou des affirmations. Par exemple, quand on demande « Pourquoi êtes-vous entré dans la bijouterie ? », la question affirme que vous êtes entrés dans la bijouterie. Pour chacune des questions proposées, le lecteur pourra relever les présupposés.

Les questions peuvent également orienter notre réflexion dans une direction. Par exemple, nous imposer un choix : « Veux-tu aller au cinéma ou à la piscine ? » Ou bien : « Vaut-il mieux aimer ou réfléchir ? »

Les questions exercent donc sur notre pensée un certain pouvoir, que parfois nous refusons. Lorsqu’un choix nous est proposé, il nous arrive de ne pas l’accepter, car nous voudrions tout prendre, un peu comme des enfants capricieux. Nous pouvons ainsi vouloir ainsi aller au cinéma et à la piscine. Aimer et réfléchir. Dans ce cas, nous refusons la question telle qu’elle nous est proposée. Face à une alternative, il est souvent plus confortable et plus agréable de ne pas choisir. Mais alors nous ne nous engageons pas, nous restons avec nous-même sans prêter attention à ce que la question peut avoir d’étrange et de dépaysant.

J’invite donc le lecteur à accepter les questions telles qu’elles sont formulées. C’est en acceptant les mots de l’autre, des mots qui ne sont pas les nôtres, que nous pouvons sortir de nos cadres de pensée. Ces questions contiennent des présupposés contestables que le lecteur pourra mettre au jour. Pourtant, je lui suggère de jouer le jeu, de faire confiance aux formulations, même si ce ne sont pas celles qu’il aurait choisies. Il s’agira de répondre par oui ou par non si la question pose une alternative, et d’étayer ensuite sa réponse par un argument ; de donner des causes ou des raisons si la question commence par « pourquoi », des moyens si elle commence par « comment ». S’il prend en charge les questions proposées, le lecteur trouvera des hypothèses de réponses qui le surprendront peut-être et le conduiront sur des chemins imprévus.

Les attitudes : pratiquer au quotidien

À la fin de chaque chapitre, le lecteur trouvera un autre type d’exercices qu’il pourra pratiquer cette fois non pas avec un stylo en main, mais dans sa vie quotidienne, au travail, en famille, avec ses amis, afin de mettre les idées en pratique. Ces exercices l’aideront à travailler ses attitudes* qui le disposeront à la pratique philosophique, un peu comme certains s’adonnent quotidiennement à des assouplissements pour accompagner la pratique d’un sport. Ces exercices constituent des pistes, mais le lecteur pourra en inventer d’autres.

Par exemple, participer à un atelier de pratique philosophique ou bien faire une consultation requiert un certain rapport à ses émotions et à son intelligence, ce qui n’est pas une attitude donnée d’emblée. Dans le chapitre « L’intelligence des émotions » (voir ici), des pistes de réflexion sont proposées pour mieux comprendre le rôle et le fonctionnement de nos émotions en lien avec l’intelligence. À la fin de ce chapitre, les exercices permettront au lecteur de s’exercer à prendre conscience de ses émotions. Une pratique régulière l’aidera à ne pas les subir, à mieux savoir les gérer, à ne pas les laisser entraver son intelligence lorsqu’il participera à un atelier de pratique philosophique, fera une consultation ou communiquera avec des personnes dans un tout autre cadre.

Source : Cet extrait est disponible sur le site web des Éditions Marabout et sur le site Google Livres.

MES COMMENTAIRES

Serge-André Guay, président éditeur
Fondation littéraire Fleur de Lys

5 étoiles sur 5

Publié en 2015, « Philosopher pour se retrouver » de Laurence Bouchet nous introduit puis nous instruit de la pratique de la philosophie sur le terrain dans le cadre d’ateliers de philosophie (rencontres de groupe) et de consultation philosophique (rencontres individuelles). J’accorde à ce livre 5 étoiles sur 5, non seulement en raison de l’enseignement que le lecteur y trouvera traitant de thèmes/concepts dont le choix est plus que pertinent, mais aussi en raison des questions en marge du texte et des exercices proposés au lecteur par l’auteure. Bref, ce livre est très bien fait, très bien écrit et aisé à lire.

Madame Bouchet écrit : « La consultation (philosophique) s’adresse donc à tous ceux qui désirent acquérir la sagesse et sont conscients de ne pas la posséder ». (page 55) La précision revêt une importance capitale. Si nous croyons déjà posséder la sagesse et que nous le démontrons en nous donnant nous-même raison, ou que nous n’aimons pas nous remettre en question, que nous préférons prendre pour vrai ce que l’on pense parce qu’on le pense, que nous n’aimons pas douter… La consultation philosophique ne produira pas l’effet escompté, du moins au départ.

Quant à la distinction à faire entre la consultation philosophique et la psychanalyse, un sujet qui me tient à cœur. Mme Bouchet écrit :

(…) La consultation philosophique partage avec la psychanalyse l’objectif d’une meilleur connaissance de soi. Elle en diffère toutefois sur trois points essentiels :

  • elle ne prétend pas accéder à l’inconscient et ne travaille que sur des pensées conscientes;
  • elle ne s’élabore pas sur une parole libre et sans retenue, mais sur des réponses à des questions précises, voire binaires, posée par le philosophe consultant;
  • elle utilise les compétences* philosophiques que son l’analyse, la synthèse, l’argumentation, la mise à jour des présupposés, la problématisation et la conceptualisation.

Ainsi, au sous-titre « Analyser et non pas raconter » du chapitre « La consultation philosophique », l’auteure écrit : « Avec lui (le consultant philosophe), il s’agit de penser ce que l’on dit et non de dire tout ce que l’on pense. » (p. 59) Autrement dit et selon moi, il ne s’agit pas de répondre à un besoin de verbaliser pour se soulager mais plutôt un net besoin de verbaliser pour mieux comprendre ce que l’on pense, comment on pense et corriger le tir au besoin par l’analyse.

Si la simple verbalisation m’effraie dans le contexte d’une consultation philosophique, c’est parce qu’elle peut rendre le dialogue nécessaire difficile à tenir. Je reconnais l’avantage de s’entendre dire nos pensées pour ensuite penser ce qu’on vient de dire. Mais je ne reconnais aucun bénéfice au mémérage sur soi-même, si ce n’est un indice sur la situation trouble de la personne.

Choisir une consultation philosophique implique une prise de position avouée face au problème que l’on souhaite régler. Souvent, les philosophes consultants précise dans leurs essais que la personne devant eux a déjà fait l’expérience de d’autres types consultations sans en tirer les bénéfices espérés. La consultation philosophique devient en pareil contexte un dernier recours, un recours ultime.

L’auteur Laurence Bouchet précise : « SORTIR DE LA RUMINATION – Pourquoi une méthode aussi directive ? La consultation philosophique s’appuie sur l’idée de Platon selon laquelle penser, c’est entrer en dialogue avec soi-même. Or il existe de dialogue que si deux points de vue différents se confrontent. » (p. 61)

La particularité de ce livre n’a rien de commun avec les autres livres commentés dans ce dossier. Ces derniers nous introduisent à la consultation philosophique. Ils nous en donnent des exemples. Ils justifient l’approche et la contextualise. Le livre « Philosopher pour se retrouver » se présente plutôt comme un livre d’instruction pour apprendre à philosopher par soi-même et, pour les intéressés, à apprivoiser la consultation philosophique comme pratique. « Nous pouvons tous êtes philosophes. Nous devons tous êtes philosophes. Osons être philosophes ! » écrit-elle.


Le contenu du livre m’a beaucoup plus.

Je l’ai lu avec un grand intérêt.

Je vous en recommande la lecture.

* * * * *

Je luis accorde cinq étoiles sur cinq


Serge-André Guay, auteur et président éditeur
Fondation littéraire Fleur de Lys


Sur le site web de Laurence Bouchet

Vous trouverez aussi des vidéos de consultations philosophiques sur le site web de l’auteur à cette adresse : https://www.laurencebouchet-pratiquephilosophique.com/-video-consultations-philo

Enfin, Laurence Bouchet offre « Une formation complète à la pratique philosophique ».

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Articles du dossier

Article # 1 : Introduction

Témoignage de ma recherche personnelle au sujet de la philothérapie (philosophie + thérapie) ou, si vous préférez, de la pratique de la philosophie en clinique. Il s’agit de consultation individuel ou de groupe offert par un philosophe praticien pour nous venir en aide. Elle se distingue de la « psychothérapie » (psychologie + thérapie) en ce qu’elle utilise des ressources et des procédés et poursuit de objectifs propres à la philosophie. On peut aussi parler de « philosophie appliquée ».

Article # 2 : Mise en garde contre le copinage entre la philosophie et la psychologie

La philothérapie gagne lentement mais sûrement en popularité grâce à des publications de plus en plus accessibles au grand public (voir l’Introduction de ce dossier).

L’un des titres tout en haut de la liste s’intitule « Platon, pas Prozac! » signé par Lou Marinoff paru en français en l’an 2000 aux Éditions Logiques. Ce livre m’a ouvert à la philothérapie.

L’auteur est professeur de philosophie au City College de New York, fondateur de l’Association américaine des praticiens de la philosophie (American Philosophical Practitioners Association) et auteurs de plusieurs livres.

Article # 3 : Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie, Nathanaël Masselot, Les Éditions de l’Opportun

Présentation du livre Philothérapie – Libérez-vous par la philosophie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 4 : Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie. Jean-Eudes Arnoux, Éditions Favre

Présentation du livre Sur le divan d’un philosophe – La consultation philosophie : une nouvelle démarche pour se connaître, changer de perspective, repenser sa vie suivie de mes commentaires de lecture.

Article # 5 : Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai, Laurence Bouchet, Éditions Marabout

Cet article présente et relate ma lecture du livre « Philosopher pour se retrouver – La pratique de la philo pour devenir libre et oser être vrai », de Laurence Bouchet aux Éditions Marabout. Malheureusement ce livre n’est plus disponible à la vente tel que mentionné sur le site web de l’éditeur. Heureusement on peut encore le trouver et l’acheter dans différentes librairies en ligne.

Article # 6 : Une danse dangereuse avec le philothérapeute Patrick Sorrel

Cet article se penche sur l’offre du philothérapeute Patrick Sorrel.

Article # 7 : La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence, Eugénie Vegleris

Le livre « La consultation philosophique – L’art d’éclairer l’existence » de Madame Eugénie Vegleris aux Éditions Eyrolles se classe en tête de ma liste des meilleurs essais que j’ai lu à ce jour au sujet de la « philothérapie ».

Article # 8 : Guérir la vie par la philosophie, Laurence Devillairs, Presses universitaires de France

À ce jour, tous les livres dont j’ai fait rapport de ma lecture dans ce dossier sont l’œuvre de philosophes consultants témoignant de leurs pratiques fondées sur le dialogue. Le livre « Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs aux Presses universitaires de France (PUF) diffère des précédents parce que l’auteure offre à ses lecteurs une aide direct à la réflexion sur différents thèmes.

Article # 9 : Du bien-être au marché du malaise – La société du développement personnel – par Nicolas Marquis aux Presses universitaires de France

J’ai lu ce livre à reculons. J’ai appliqué les feins dès les premières pages. L’objectivité sociologique de l’auteur m’a déplu. Ce livre présente aux lecteurs des observations, que des observations. L’auteur n’en tire aucune conclusion.

Article # 10 : Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, Eva Illouz et Edgar Cabanas, Premier Parallèle, 2018

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq parce qu’il m’a révélé les coulisses de la quête du bonheur au cœur de notre société néo-libérale. Je savais que cette obsession du bonheur circulait au sein de la population, notamment par le biais des coach de vie et des agents de développement personnel, mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle cachait une véritable industrie soutenue par une idéologie psychologisante. Jusque-là, je ne connaissais de cette industrie que le commerce des livres et la montée en puissance des coachs de vie dédiés à la recherche du bonheur.

Article # 11 : La consultation philosophique, Oscar Brenifier, Éditions Alcofribas, 2020

J’ai adoré ce livre. Il est dense, très dense. On ne peut pas le lire comme un roman. Me voici enfin devant un auteur qui dit tout, où, quand, comment il observe, comment il pense, comment il chemine, comment il voit, comment il entend, comment il anticipe, comment il tire ses conclusions… Bref, un auteur qui expose son propre système de pensée dans un essai plus que formateur pour le nôtre.

Article # 12 : Fin du chapitre : Oscar Brenifier, philosophe praticien

La lecture du livre «La consultation philosophique» signé par le philosophe praticien Oscar Brenifier (voir article #11 de notre dossier «Consulter un philosophe – Quand la philosophie nous aide») nous apprend qu’il adresse un document à ses clients potentiels. J’ai écrit à monsieur Brenifier pour lui demander s’il pouvait me faire parvenir ce document.

Article # 13 : La philo-thérapie, Éric Suárez, Éditions Eyrolles, 2007

Cet article présente et relate ma lecture du livre du «La philo-thérapie» de Éric Suárez, Docteur en philosophie de l’Université Laval (Québec), philosophe praticien (Lausanne), publié en 2007 aux Éditions Eyrolles. Ce livre traite de la consultation philosophique ou, si vous préférez, de la philo-thérapie, d’un point de vue pratique. En fait, il s’agit d’un guide pour le lecteur intéressé à acquérir sa propre approche du philosopher pour son bénéfice personnel. Éric Suárez rassemble dans son ouvrage vingt exemples de consultation philosophiques regroupés sous cinq grands thèmes : L’amour, L’image de soi, La famille, Le travail et le Deuil.

Article # 14 : Comment choisir son philosophe ? Guide de première urgence à l’usage des angoissés métaphysiques, Oreste Saint-Drôme avec le renfort de Frédéric Pagès, La Découverte, 2000

Ce livre se caractérise par l’humour de son auteur et se révèle ainsi très aisé à lire. D’ailleurs l’éditeur nous prédispose au caractère divertissant de ce livre en quatrième de couverture : «Étudier in extenso la pensée des grands théoriciens et en extraire un mode de réflexion agissant est une mission impossible pour l’honnête homme/femme. C’est pourquoi l’auteur de cet ouvrage aussi divertissant que sérieux propose des voies surprenantes au premier abord, mais qui se révèlent fort praticables à l’usage. L’une passe par la rencontre avec la vie et la personnalité du philosophe : la voie des affinités électives».

Article # 15 : La philosophie comme manière de vivre, Pierre Habot, Entretiens avec Jeanne Cartier et Arnold I Davidson, Le livre de poche – Biblio essais, Albin Michel, 2001

Référencé par un auteur à mon programme de lecture, le livre «La philosophie comme manière de vivre» m’a paru important à lire. Avec un titre aussi accrocheur, je me devais de pousser plus loin ma curiosité. Je ne connaissais pas l’auteur Pierre Hadot : «Pierre Hadot (né à Paris, le 21 février 1922, et mort à Orsay, le 24 avril 20101) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l’Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d’une œuvre développée notamment autour de la notion d’exercice spirituel et de la philosophie comme manière de vivre.» (Source : Wikipédia)

Article # 16 : La philosophie, un art de vivre de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021

Jeanne Hersch, éminente philosophe genevoise, constate une autre rupture encore, celle entre le langage et la réalité : « Par-delà l’expression verbale, il n’y a pas de réalité et, par conséquent, les problèmes ont cessé de se poser (…). Dans notre société occidentale, l’homme cultivé vit la plus grande partie de sa vie dans le langage. Le résultat est qu’il prend l’expression par le langage pour la vie même. » (L’étonnement philosophique, Jeanne Hersch, Éd. Gallimard.) / On comprend par là qu’aujourd’hui l’exercice du langage se suffit à lui-même et que, par conséquent, la philosophie se soit déconnectée des problèmes de la vie quotidienne.» Source : La philosophie, un art de vivre, Collectif sous la direction de Jean-François Buisson, Les Éditions Cabédita, 2021, Préface,  p. 9.

Article # 17 : Socrate à l’agora : que peut la parole philosophique ?, Collectif sous la direction de Mieke de Moor, Éditions Vrin, 2017

J’ai trouvé mon bonheur dès l’Avant-propos de ce livre : «Laura Candiotto, en insistant sur le rôle joué par les émotions dans le dialogue socratique ancien et sur l’horizon éthique de celui-ci, vise à justifier théoriquement un «dialogue socratique intégral», c’est-à-dire une pratique du dialogue socratique qui prend en compte des émotions pour la connaissance.» Enfin, ai-je pensé, il ne s’agit plus de réprimer les émotions au profit de la raison mais de les respecter dans la pratique du dialogue socratique. Wow ! Je suis réconforté à la suite de ma lecture et de mon expérience avec Oscar Brenifier dont j’ai témoigné dans les articles 11 et 12 de ce dossier.

Article # 18 : La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence, Lou Marinoff, La table ronde, 2004

Lou Marinoff occupe le devant de la scène mondiale de la consultation philosophique depuis la parution de son livre PLATON, PAS PROJAC! en 1999 et devenu presque’intantément un succès de vente. Je l’ai lu dès sa publication avec beaucoup d’intérêt. Ce livre a marqué un tournant dans mon rapport à la philosophie. Aujourd’hui traduit en 27 langues, ce livre est devenu la bible du conseil philosophique partout sur la planète. Le livre dont nous parlons dans cet article, «  La philosophie, c’est la vie – Réponses aux grandes et aux petites questions de l’existence », est l’une des 13 traductions du titre original « The Big Questions – How Philosophy Can Change Your Life » paru en 2003.

Article # 19 : S’aider soi-même – Une psychothérapie par la raison, Lucien Auger, Les Éditions de l’Homme

J’ai acheté et lu « S’aider soi-même » de Lucien Auger parce qu’il fait appel à la raison : « Une psychothérapie par la raison ». Les lecteurs des articles de ce dossier savent que je priorise d’abord et avant tout la philothérapie en place et lieu de la psychothérapie. Mais cette affiliation à la raison dans un livre de psychothérapie m’a intrigué. D’emblée, je me suis dit que la psychologie tentait ici une récupération d’un sujet normalement associé à la philosophie. J’ai accepté le compromis sur la base du statut de l’auteur : « Philosophe, psychologue et professeur ». « Il est également titulaire de deux doctorats, l’un en philosophie et l’autre en psychologie » précise Wikipédia. Lucien Auger était un adepte de la psychothérapie émotivo-rationnelle créée par le Dr Albert Ellis, psychologue américain. Cette méthode trouve son origine chez les stoïciens dans l’antiquité.

Article # 20 (1/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.

Article # 20 (2/2) : Penser par soi-même – Initiation à la philosophie, Michel Tozzi, Chronique sociale

Dans la première partie de ce rapport de lecture du livre « Penser par soi-même – Initiation à la philosophie » de Michel Tozzi, je vous recommandais fortement la lecture de ce livre : « J’accorde à ce livre cinq étoiles sur cinq et je peux même en rajouter une de plus, une sixième, pour souligner son importance et sa pertinence. Il faut le lire absolument ! Je le recommande à tous car il nous faut tous sortir de ce monde où l’opinion règne en roi et maître sur nos pensées.» Je suis dans l’obligation d’ajouter cette deuxième partie à mon rapport de lecture de ce livre en raison de ma relecture des chapitres 6 et suivants en raison de quelques affirmations de l’auteur en contradiction avec ma conception de la philosophie.

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