Apprendre à philosopher au café : bilans et perspectives, Romain Jalabert, Recherches en éducation

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L’enseignement de la philosophie et les nouvelles pratiques philosophiques

Dossier

Apprendre à philosopher au café : bilans et perspectives

Learn to philosophize in a « café »: assessments and perspectives

Romain Jalabert

Résumés

Fort de près de vingt années d’existence et d’un essaimage géographique extrêmement vaste et diversifié, le phénomène dit « des cafés philo » a largement démenti les soupçons d’« effet de mode » et de « snobisme parisien » qui lui furent longtemps assignés. Par-delà les critiques qui ne cessent d’émettre des doutes quant à la validité philosophique des échanges, le mouvement poursuit son chemin et évolue, sans jamais trop s’éloigner du célèbre vœu de Diderot : « hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ! ». Chef de file inopiné d’une kyrielle de pratiques plus ou moins dérivées (ciné philo, rando philo, banquet philo, atelier philo dans le cadre d’Universités Populaires, etc.), le café philo reste sans doute la plus populaire et la plus médiatique desdites « Nouvelles Pratiques Philosophiques ». Mais probablement aussi la plus invectivée… A partir d’ouvrages, d’articles de revues, de rapports officiels et d’archives radiophoniques couvrant la période 1992-2010, mais aussi à partir d’une enquête par questionnaire électronique menée durant les mois de mai et juin 2010, nous nous proposons de faire le point sur l’arrivée et l’évolution de ce mouvement dans la cité, et de tenter d’esquisser par ailleurs quelques perspectives pour la plus ancienne – avec la consultation – des Nouvelles Pratiques Philosophiques.


Plan

1. La naissance fortuite du café philo2. Vous avez dit « café philo » ?

3. Pourquoi un café philo ?

4. La « philosophicité » des échanges

5. L’enquête sur les cafés philo (mai – juin 2010)

6. Quelles perspectives pour le café philo de demain ?


Texte intégral

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« Il se peut que ces rencontres n’aient aucune importance, qu’elles ne constituent tout au plus qu’un simple amusement dominical pour solitaires désœuvrés. Mais il se pourrait aussi que ce soit un signe – le signe que la philosophie, n’en déplaise à ceux qui lui ont creusé sa tombe, a encore de beaux jours devant elle et que la pensée, n’en déplaise aux pessimistes, est loin d’être défaite. On conviendra que cela mérite réflexion », Marc Sautet (1995, p. 10)

Fort de près de vingt années d’existence et d’un essaimage géographique extrêmement vaste et diversifié, le phénomène dit « des cafés philo » a largement démenti les soupçons d’« effet de mode » et de « snobisme parisien » qui lui furent longtemps assignés. Par-delà les critiques qui ne cessent d’émettre des doutes quant à la validité philosophique des échanges – au seul prétexte parfois de la précarité des conditions d’exercice de la réflexion dans un tel lieu et sans préparation véritable, le mouvement poursuit son chemin et évolue, sans jamais trop s’éloigner du célèbre vœu de Diderot : « hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ! ». Chef de file inopiné d’une kyrielle de pratiques plus ou moins dérivées (ciné philo, rando philo, banquet philo, atelier philo dans le cadre d’Universités Populaires, etc.), le café philo reste sans doute la plus populaire et la plus médiatique desdites « Nouvelles Pratiques Philosophiques ». Mais probablement aussi la plus invectivée… A partir d’ouvrages, d’articles de revues, de rapports officiels et d’archives radiophoniques couvrant la période 1992- 2010, nous nous proposons de faire le point sur l’arrivée et l’évolution de ce mouvement dans la cité, et de tenter d’esquisser par ailleurs quelques perspectives pour la plus ancienne – avec la consultation – des Nouvelles Pratiques Philosophiques. Pour ce faire nous nous appuierons aussi sur le travail mené avec Gunter Gorhan(2) depuis 2009, dans le cadre des Rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques organisées chaque année à Paris, au Siège de l’UNESCO, et plus particulièrement du chantier de travail « Philocité : philosopher dans la cité aujourd’hui ». De ce travail nous retiendrons notamment une enquête par questionnaire menée durant les mois de mai et juin 2010, à laquelle ont répondu trente cafés philo – français pour la plupart.

1. La naissance fortuite du café philo

Il enseignait la philosophie dans le supérieur et ressentait le besoin, selon ses propres termes, de « faire sortir la philosophie des ghettos des lycées et des universités » ; d’emmener, en bon connaisseur de Nietzsche qu’il était, « la fiancée » en ville. Ce philosophe, cet homme par qui le scandale est arrivé, c’était Marc Sautet, animateur presque malgré lui du premier café philo. Sur le point de lancer à Paris une activité de consultation philosophique (« le cabinet de philosophie ») il évoqua un jour, au détour d’un entretien radiophonique, l’habitude qui était la sienne de retrouver un petit groupe d’amis le dimanche matin au Café des Phares (Place de la Bastille, à Paris) pour discuter librement et philosophiquement de l’avancement de son projet, et par la même occasion de tous ces thèmes qui de près ou de loin concernent l’existence humaine. Le dimanche suivant la diffusion de l’émission radiophonique en question, son cercle d’amis s’était élargi. Quelques auditeurs intéressés par ces discussions philosophiques tout à fait informelles les avaient rejoints. La Place de la Bastille est devenue peu à peu le rendez-vous des « philosophants », et c’est le Café des Phares qui depuis est pris d’assaut chaque dimanche entre 11h et 13h(3) (jusqu’à 150 participants). Ainsi est né le premier « bistrot philo »(4) en France – et sans doute même au monde – dans le courant de l’année 1992(5). En dépit de l’idée première de Marc Sautet qui était celle du « cabinet de philosophie », et de manière vraisemblablement fortuite – voire accidentelle, le café philo s’est précipité sur le devant de la scène, ouvrant la voie à pléthore de pratiques qui se situent à peu près dans le même esprit de démocratisation et de mise à disposition de la philosophie.

2. Vous avez dit « café philo » ?

Entendons-nous tout d’abord sur cette appellation qui, à l’évidence, n’a rien de contrôlée mais semble plutôt approximativement convenue. Notons aussi que Marc Sautet, considéré comme fondateur des cafés philo, n’a vraisemblablement ni proposé, ni reconnu cette dénomination. Avançant « un café pour Socrate » dans son livre publié en 1995, il n’évoque la plupart du temps que « la philosophie au café », quand il ne parle pas du « débat du café des phares ». La devanture du Café des Phares, quant à elle, brandit fièrement la mention » 1er Bistrot Philo ». Que veut donc dire « café philo » (on trouve aussi « café-philo ») ? Cette dénomination proviendrait des médias qui se sont emparés du phénomène peu de temps après « la première fois » – expression qu’une discussion du Café des Phares a définitivement rendue suspecte (Sautet, 1995, pp. 28-34). « Café philo » dépasserait le lieu du café lui-même puisque l’on trouve des « cafés philo » dans des endroits dénués de zinc et de percolateur : médiathèques, salles communales, amphithéâtres d’universités, etc. S’il semble convenu de lire « café philosophique »(6) dans « café philo » – soit plus exactement » café philo. », les usages semblent variés et parfois même contradictoires. Ainsi l’on entend des uns « la café philo », des autres « le café philo ». Voilà un détail qui ne manque pas de soulever une question essentielle quant à cette pratique, ou du moins quant à l’idée que l’on se fait de cette pratique : fait-on de la (véritable) philosophie au cours d’un café philo ? « La café philo(sophie) » laisse imaginer que la philosophie se met au niveau du café, perdant par la même occasion de sa philosophicité, et donc de sa légitimité. Au prétexte que le contexte du café rend forcément la philosophie plus triviale, les détracteurs des cafés philo allèguent une forme dégradée, insatisfaisante voire insuffisante de philosophie : des « propos de café du commerce ». Mais le café semble reconnu « philosophique » si l’on dit « le café philo(sophique) », laissant entendre que le café (et les propos qui s’y tiennent) s’élève au niveau de la philosophie, devenant philosophique. Le renversement est de taille quand ce n’est plus le café qui rend la philosophie plus triviale mais au contraire, selon l’idée formulée par Laura Piccioni(7), la philosophie qui « détrivialise » le lieu du café.

Qu’est-ce alors un café philo ? Si l’on use de termes et expressions pris çà et là dans la « déclaration des cafés-philo du 25 novembre 2000 » (Youlountas, 2002, pp. 79- 81), le café philo apparaît comme un espace public de libre pensée et d’expression, neutre et laïc, favorisant l’écoute active et positive, indépendant de tout groupe religieux ou politique et de leurs dogmes et doctrines, ouvert à tous sans distinction de condition sociale, d’origine, d’âge, de niveau d’étude et de culture personnelle. Caractérisé par « l’accès de chacun à la prise de parole dans le cadre de règles d’échange égalitaires favorisant la participation, quels que soient les qualités oratoires, l’instruction, les connaissances, la culture, les difficultés d’élocution, les éventuels handicaps », le café philo écarte toute forme de prosélytisme et de propagande, se donnant pour seule visée de permettre « de réfléchir ensemble afin d’essayer de penser davantage par soi-même » (ibid.). Ainsi le café, dont Jacques Diament (2001) a rappelé le rôle important dans l’histoire de la pensée (philosophique et politique), devient un lieu dans lequel les gens, quels qu’ils soient, viennent librement et volontairement pour discuter d’un sujet et l’approfondir ensemble. Reprenant les trois pôles qui caractérisent selon lui le café philo (à savoir : le convivial, le démocratique, et bien entendu le philosophique), Michel Tozzi le définit comme « un lieu convivial de réflexion collective à visée philosophique et dispositif démocratique ». Mais le café philo est aussi lieu de souplesse et de liberté, où l’on peut, selon cette belle formule chère à Gunter Gorhan : « prendre de la hauteur sans perdre pied ». L’influence de Marc Sautet n’est assurément pas étrangère à cette expression, puisque nous retrouvons là son souci d’accepter et de permettre que le débat collectif s’élève, mais à condition qu’il demeure accessible pour chacun. « Prendre de la hauteur sans perdre pied », c’est aussi parvenir à des réflexions étonnantes à partir de faits ou d’expressions pourtant anodins.

3. Pourquoi un café philo ?

Parmi les questions fréquemment adressées aux cafés philosophiques, il est celle du « pourquoi » – et par la même occasion du « pour quoi », qui semble viser à la fois le sens, l’utilité et l’impact de cette pratique. Pour Marc Sautet, le café philo répondait assez naturellement – il s’agissait même d’une nécessité – à une situation de crise touchant la société actuelle, mais finalement assez proche de la crise de la cité grecque qu’a connue Socrate : « la philosophie est née il y a deux mille cinq cents ans dans une situation de crise étonnamment analogue à celle que nous connaissons aujourd’hui : la crise de la démocratie athénienne. Aussi incroyable que cela paraisse, nous nous retrouvons, sur une grande échelle, dans une impasse analogue… » (Sautet, 1995, p. 11). Rien de surprenant donc dans cet usage spontané et massif de la philosophie en ville ; et l’idée du cabinet de philosophie reposait notamment sur cette intuition. Dans un entretien radiophonique(8) faisant suite aux retentissements suscités par son expérience innovante au Café des Phares, Marc Sautet disait avoir « l’impression qu’une sorte de fatalité pèse sur nous et que la guerre civile est à l’ordre du jour, et que par conséquent, nous sommes tout au bord d’une guerre du Péloponnèse, la nôtre, et que l’angoisse monte ; et que par conséquent, il est temps d’essayer de garder raison ». Et d’ajouter : « J’ai l’impression que ça a été le travail, la vocation, la tentative de Socrate à cette époque. Il me semble qu’il y a de ça aujourd’hui et que par conséquent, d’une manière ou d’une autre – alors ça passera par le Café des Phares ou ailleurs – on va faire appel à la philosophie de nouveau pour essayer de ne pas devenir fou ». Ainsi le café tenterait de répondre, selon les termes de Michel Tozzi, à « une demande sociétale de philosophie », qui s’expliquerait notamment par une profonde crise du sens, le déclin des institutions, la montée de l’individualisme et la fin des grands récits totalisants (Tozzi, 10/2005). Il suffirait, selon le philosophe Christian Godin, « de quelques individus de bonne volonté, insatisfaits des conditions que le monde leur fait et des discours qu’il leur tient, et qui tentent de lui arracher le plus de sens qu’il est possible » (Gravito, 2005, p. 16). Il y a dans le café philo – mais très probablement aussi dans la plupart des autres pratiques philosophiques – quelque chose de l’ordre du rapport au sens et à la vérité qui se joue, et que l’on vient mettre à l’épreuve de l’autre. Parmi les motivations les plus avancées par les participants nous trouvons la confrontation à l’autre : à d’autres expériences, à d’autres idées, etc.(9) Dans un monde de plus en plus précaire (en termes d’emploi, de relations affectives, etc.), et face à cette issue inéluctable et impénétrable qu’est la mort, notre recherche d’une forme de bonheur – sérénité, sagesse, etc. – semble exiger que l’on se frotte à la pensée d’autrui. Nous éprouvons sans doute ce besoin de nous confronter à d’autres expériences, à d’autres idées. Pour Michel Tozzi, « le café philo est ce lieu d’expression et de partage de l’angoisse métaphysique de l’homme, et de la recherche rationnelle de la vérité et de la joie. Il semble autoriser à tout le monde cette entreprise philosophique qui consiste à tenter de comprendre le monde dans lequel on vit, pour savoir d’où l’on vient, qui l’on est et qu’est-ce qui vaut la peine d’être vécu ? On ne sera jamais trop dans ces questions pour essayer d’éclairer chacun »(10).

4. La « philosophicité » des échanges

Dès ses débuts le café philo a fait l’objet de critiques virulentes de la part des « philosophes de métier », essentiellement les professeurs de philosophie des lycées et des universités, mais aussi lesdits « philosophes patentés », médiatiquement connus et reconnus, qu’ils enseignent ou pas la philosophie. Au cours de son étude sociologique minutieuse et critique du phénomène des cafés philo, Jacques Diament (2001) s’arrête entre autres sur la controverse déjà vieille – mais toujours d’actualité – entre cafés philo et universitaires, notant que « beaucoup de philosophes « de métier » condamnent les cafés-philo sans les connaître » (2001, p. 28). Tous les prétextes sont bons, à commencer par la précarité des conditions d’exercice de la réflexion dans un lieu comme le café. L’exercice de la philosophie réclamerait, selon les détracteurs du café philo, du sérieux, de la rigueur, du silence et peut-être même de la solitude. Un des autres arguments avancés par les opposants au café philo est le manque de travail préalable (notamment lorsque le sujet est décidé le jour même) qui exclurait a priori toute possibilité d’approfondissement. Enfin, pour ne retenir que les principales critiques, il est reproché aux cafés philosophiques de n’être pas encadrés la plupart du temps par des « professionnels de la philosophie », ou encore de ne pas satisfaire aux rudes exigences de la discipline. Dans ces conditions, peu – pour ne pas dire aucun – de cafés philo parviendraient selon eux à échapper à la doxa (l’opinion) et à se hisser au-dessus des préjugés. Apparenté au débat d’opinion, le débat philosophique de café est rejeté du côté du non-philosophique (Chazerans & Seulin, 2002, pp. 51-54). Tout au mieux certains de ces opposants acceptent de reconnaître un caractère pré-philosophique(11) au café philo qui ne correspondrait alors « à la rigueur [qu’à] un exercice préparatoire à une réelle pratique philosophique » (p. 51). Parmi ces opposants nous trouvons notamment Bernard-Henri Lévy, déclarant que « la philosophie ne sera jamais à la portée de tous : elle suppose un infracassable noyau de nuit dont seule la démagogie ambiante peut faire l’économie » (Diament, 2001, p. 26) ; Michel Onfray qui, s’il n’a pas épargné les cafés philo de ses vitupérations les plus acerbes, s’efforce néanmoins de proposer dans le cadre de l’Université Populaire de Caen un cours de philosophie qui se situerait à mi-chemin entre la rigidité académique de l’Université et le laxisme souvent reproché aux cafés philo (même si, à l’évidence, le modèle de « la leçon du professeur » semble néanmoins nettement prédominer dans ce qu’il propose, tandis que le moment dit « de débat » relèverait plus d’un « questions -réponses » qui n’autorise aucun échange véritable entre les personnes qui constituent le public) ; François Jullien, dans le cadre d’un Collège International de Philosophie soucieux de répondre à une demande de plus en plus pressante de philosophie (dans un esprit d’ouverture) mais en se fondant sur le seul travail théorique, a voulu se démarquer très explicitement à la fois de la chapelle et du café « où l’on ne fait que ressasser de l’opinion sans que s’ébauche de la pensée » (Diament 2001, p. 25) ; enfin, André Comte-Sponville se montre peut-être un peu plus nuancé : avançant que seule une véritable préparation de la séance peut garantir la teneur philosophique des échanges, il reconnaît néanmoins avoir été agréablement surpris à l’occasion d’une séance animée à l’improviste par Marc Sautet(12). Voilà qui, au-delà de la question du « bagage philosophique » de l’animateur, vient renforcer l’idée que chaque animateur ajoute à des compétences spécifiques des qualités très personnelles (Cotte, 2002, p. 91). N’est peut-être pas Marc Sautet qui veut, mais le seul « bagage philosophique » de l’animateur ne garantit assurément pas la philosophicité de la discussion.

D’autres philosophes reconnaissent pourtant bien des qualités et même un caractère nécessaire aux cafés philo. C’est le cas bien entendu de Christian Godin, cité supra, mais aussi d’Edgar Morin, préfacier de l’ouvrage intitulé Comprendre le phénomène café-philo, coordonné par Yannis Youlountas en 2002. Dans La tête bien faite, paru en 1999 aux éditions du Seuil, Edgar Morin énonçait cette conception de la philosophie qui veut qu’elle « concerne l’existence de chacun et la vie quotidienne. La philosophie n’est pas une discipline, c’est une puissance d’interrogation et de réflexion » (Diament, 2001, p. 25). Voilà qui rejoint à certains égards l’un des arguments avancés par Marc Sautet contre ses détracteurs : « la bonne position du philosophe n’est pas d’affirmer, elle consiste à interroger. Il se trouve que, sur tous les sujets, beaucoup de gens ont beaucoup de choses à dire. Au café comme ailleurs, plus qu’ailleurs, peut-être. C’est donc un lieu idéal pour soumettre au crible de la raison les opinions les plus répandues et les plus variées » (Sautet, 1995, p. 43). Et Edgar Morin d’achever ainsi la préface citée supra : « La philosophie était sur la place publique dans l’ancienne Athènes. Nos bistrots sont d’innombrables forums de philosophie sauvage. Il est juste que le bistrot puisse s’essayer à la philosophie civilisée et citoyenne » (Youlountas, 2002, p. 5). Répondant aux deux critiques de non-philosophicité et de pré-philosophicité, Jean-François Chazerans et Jean-Pierre Seulin n’hésitent pas à avancer la thèse suivante : « non seulement nous pensons que l’on philosophe vraiment dans les cafés-philo mais encore, si une réelle pratique de la philosophie existe, qu’elle se retrouve exclusivement dans de tels débats. En effet toutes les critiques adressées aux cafés-philo remettant en question leur “philosophicité” n’épargnent pas davantage les autres façons de pratiquer la philosophie. Ainsi, seul le café-philo permet de philosopher de façon originale » (2002, p. 51).

Conscient des points faibles du café philo (notamment une ambiance bruyante et parfois chaotique), Marc Sautet ne cédait pas pour autant sur certaines de ses convictions, qui l’amenaient entre autres à s’inscrire en faux contre l’affirmation selon laquelle il faudrait exclure « toute possibilité d’approfondissement d’un sujet sans “travail” préalable sur ce sujet » (Sautet, 1995, p. 39). « Ni cercle d’initiés ni groupe de thérapie sauvage », le café philo est un lieu où on ne parle pas pour faire taire les autres mais pour réfléchir avec eux ; on ne parle pas de soi pour se raconter mais pour défendre une opinion et la soumettre à l’examen de tous » (p. 34). « Le libre exercice de la parole dans un débat de café n’implique pas la dictature du pathos, pour peu que la raison veille » (p. 32) ; l’intérêt étant de passer du problème personnel à l’humanité tout entière, du singulier à l’universel. Par ailleurs, « tous les sujets sont susceptibles d’être traités de manière philosophique. La philosophie ne tient pas à ses sujets. Ce n’est pas une « matière » à enseigner ni un champ à cultiver, c’est un état d’esprit, une manière de faire usage de son intellect. Le philosophe n’a pas d’objet propre. Il part des idées reçues, des opinions du sens commun, des idéologies dominantes, des révélations religieuses, des réponses données par la science pour les soumettre à l’examen. Tout est donc objet de sa réflexion » (p. 35).

Au cours de son rapport sur la philosophie dans la cité, remis à l’UNESCO en 2007, Oscar Brenifier pointait le vide laissé par les personnes formées à la philosophie, et que « des amateurs trop souvent peu éclairés » (p. 162) ont rempli à leur manière. Spécificité française s’il en est (Oscar Brenifier estimait en 2007 le nombre de cafés philo en France autour de cent cinquante à deux cents), le café philo fut donc principalement investi par des amateurs, tandis qu’à l’étranger les cafés philo sont bien plus rares mais animés la plupart du temps « par des personnes ayant reçu une formation philosophique. De cela on peut comprendre que la figure de Socrate, avec sa simplicité et son interpellation vivante de tout un chacun, devint la figure emblématique de ce mouvement, contre l’élitisme des sophistes défendant un statut et un pré carré » (p. 163). La virulence de la réaction de l’institution philosophique, marquée par un dédain massif de la part des professeurs de philosophie, n’a fait que « polariser et radicaliser les esprits » (p. 162). Il n’existe toujours pas à ce jour de formation spécifique destinée à ceux qui se lancent dans l’animation d’un café philo. Notons cependant les apports de la didactique de la philosophie. Rédacteur en chef de Diotime, revue internationale de didactique de la philosophie(13), Michel Tozzi n’a pas manqué d’offrir au vaste champ des Nouvelles Pratiques Philosophiques les bénéfices de ses recherches menées en tout premier lieu sur l’enseignement de la philosophie et l’apprentissage du philosopher. Ainsi l’exigence philosophique, rigueur qu’il faut impérativement conserver au café philo, pourrait trouver par exemple de précieux critères dans le triptyque proposé : problématiser, conceptualiser et argumenter (Tozzi, 06/2005).

5. L’enquête sur les cafés philo (mai – juin 2010)

Afin d’établir un bilan à la fois précis et synthétique du mouvement des cafés philo, mais aussi pour pouvoir esquisser quelques perspectives, notre recherche s’est efforcée de diversifier ses ressources. Outre l’appui essentiel d’une importante bibliographie (ouvrages, articles de revues et rapports), nous avons essayé d’exploiter au mieux d’une part le bénéfice des diverses rencontres organisées depuis le début des années 2000 sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques en général(14) et sur les cafés philosophiques en particulier(15) ; d’autre part le travail entamé en 2009 avec Gunter Gorhan dans le cadre du chantier « Philocité : philosopher dans la cité aujourd’hui ». C’est dans le cadre précis de ce travail que nous avons mené une enquête sur les cafés philosophiques à travers la diffusion d’un questionnaire électronique durant les mois de mai et juin 2010(16). Visant un état des lieux suffisamment complet des pratiques actuelles du café philo, ce questionnaire était composé de divers types de questions, portant notamment sur l’organisation, le fonctionnement, le dispositif d’animation, le public, les animateurs et le mouvement des cafés philo. Un champ de libre expression était également proposé au terme de ce questionnaire. Tous les champs de ce questionnaire en ligne étaient facultatifs. Le questionnaire a été diffusé par le biais de plusieurs listes électroniques de diffusion relatives aux cafés philos et autres pratiques philosophiques en France, donnant lieu à exactement trente retours exploitables – d’autres retours se révélant trop peu détaillés pour pouvoir être utilisés. Parmi les trente questionnaires traités, trois provenaient de l’étranger : Antananarivo (Madagascar), Essen (Allemagne), Vecmont (La Roche-en-Ardenne, Belgique). Les vingt-sept autres provenaient de France, dont seize de la région parisienne et onze de province : Colombiers (34), Forges-les-Eaux (76), Gap (05), Lagrave (81), Lyon (69), Marseille (13), Narbonne (11), Nice (06), Rouen (76), Saint-Quentin (02), Sézanne (51).

En moyenne ces cafés philo comptent près de neuf ans d’activité. Une année ou moins pour six d’entre eux ; plus de dix ans d’existence pour quinze autres. Si pour la plupart le café semble toujours d’actualité, les lieux tendent à se diversifier : médiathèques, maisons pour tous ou de quartiers, centres touristiques et culturels, sièges associatifs, maisons communales, théâtres, cinémas, universités, maisons de détention, etc. Certains sont même organisés dans des châteaux et des casinos ! Pour vingt-sept des trente questionnaires traités, la gratuité semble encore de mise, même si ces nombres sont nuancés par des obligations croissantes d’adhérer à une association ou de consommer – la gratuité sans aucune obligation d’adhérer ni de consommer ne concernant alors plus que douze cafés philo sur les trente exprimés. Largement minoritaires (seulement trois cafés philo), les séances payantes font néanmoins partie désormais du paysage des cafés philo. Cela va de l’animateur « auto-entrepreneur » qui propose aux participants de laisser « ce qu’ils souhaitent (et peuvent) en fin de séance pour rémunérer le travail de l’intervenant », à la soirée à vingt-six euros dans un lieu élégant avec « accueil au champagne ». Entre ces deux tendances nous trouvons des séances avoisinant un montant de sept euros, animées par des « praticiens philosophes » professionnels. Pour autant les cafés philo rattachés à des entreprises ne sont pas encore très nombreux (deux sur trente). La plupart (dix-neuf) reposent sur des associations ou sont rattachés à des Universités Populaires ; quelques-uns (neuf) demeurent encore des électrons libres.

Pour ce qui est de la fréquence, les pratiques mensuelles semblent les plus courantes (dix-huit), notamment en province, tandis que les séances plus répétées ont tendance à se concentrer en région parisienne (d’une séance tous les quinze jours à deux voire trois séances par semaine pour un même lieu). Quelques cafés philo seulement (deux) résistent encore aux cadences – quelles qu’elles soient – et proposent des séances « de temps en temps » – parfois même à la demande des participants. Les jours des séances varient et couvrent désormais la semaine tout entière. Fini le « philosophe du dimanche » ; on pourrait presque assister à des séances de manière quotidienne en région parisienne

En termes de fréquentation, nous trouvons un peu tout : du café philo en milieu rural qui réunit chaque mois moins de dix personnes au café philo parisien qui en compte près de cent chaque semaine. La moyenne semble néanmoins se situer autour de vingt-cinq à trente participants par séance. Le public est lui aussi assez hétérogène puisque sont représentées à peu près toutes les classes d’âges, depuis les « 15-20 ans » jusqu’aux « 80 ans et plus », même si ces extrêmes demeurent assez rares. Une moyenne semble nettement se dégager pour constituer une tranche d’âge allant de 40 à 70 ans. Les catégories socioprofessionnelles apparaissent très diversifiées, même si les groupes « cadres et professions intellectuelles supérieures », « retraités », « étudiants » et « demandeurs d’emplois » prédominent assez largement. Selon les informations recueillies, le public de vingt-sept des cafés philo ayant répondu est à la fois constitué d’un noyau de fidèles que l’on retrouve très régulièrement (autour de 35 – 40 %), et d’un renouvellement permanent (environ 60 – 65 %). Le profil des animateurs varie. Si l’on perçoit un certain équilibre entre les purs autodidactes d’une part, et les personnes ayant reçu une formation philosophique d’autre part (quelques licences ; de nombreux diplômes de maîtrise, DEA et master ; quelques doctorats), il est intéressant de constater que bon nombre d’animateurs ayant reçu une formation universitaire en philosophie (un tiers enseigne d’ailleurs la philosophie) se considèrent aussi comme des autodidactes. Comme si la fonction d’animateur réclamait nécessairement, au-delà de connaissances spécifiques, de développer de nouvelles compétences. Encore une fois, la question de la formation des animateurs de cafés philo se pose.

6. Quelles perspectives pour le café philo de demain ?

« Plutôt que dans le tarot ou la boule de cristal, l’avenir des bistrots-philo se lit sans doute dans le marc de café », écrivait Yannis Youlountas en 2002 (p. 179) avant de se risquer à la question « comment les cafés-philo vont-ils évoluer ? », fort de dix années d’observation de l’émergence et de la progression du phénomène. Sans doute faut-il encore « [parier] sur le formidable potentiel de la pensée humaine » (p. 181), avant d’essayer de nous projeter dans ce « futur [forcément] opaque et indéterminé » (p. 179). Dans le questionnaire évoqué supra, nous proposions les questions suivantes : « comment voyez-vous le café philo de demain ? » et « doit-il évoluer ou pas ? ». Outre les avis opposés mais relativement stériles de type » il ne doit rien changer » et « il doit évoluer », nous trouvons quelques pistes qu’il ne faudrait peut-être pas négliger trop vite. Les uns encouragent le café philo à conserver des exigences philosophiques fortes s’il ne veut pas devenir une forme de « happening » débridé où n’importe qui pourrait raconter n’importe quoi ; les autres l’incitent à se multiplier encore et encore, à se rendre plus attractif pour les jeunes et essayer de réunir les générations. Comme nous en convenions déjà en 2008 dans le cadre d’une table-ronde sur les cafés philo organisée à l’UNESCO, il n’existe pas « un » mais « des » cafés philo (Jalabert, 2009) – et peut-être autant de manières d’organiser et d’animer, cette diversité constituant à la fois une richesse inestimable et une faiblesse préjudiciable. Cette diversité est richesse quand elle permet d’emprunter d’innombrables voies pour des questions finalement peu nombreuses et (ou car) communes – et peut-être même une seule question : « qu’est-ce que l’homme ? ». Elle est faiblesse quand au nom de quelques pratiques insuffisantes ou déviantes l’ensemble des cafés philo perd de sa légitimité. Elle est faiblesse encore lorsqu’elle compromet le sentiment d’appartenance à un groupe – ou réseau – et donc le groupe lui-même. En dépit de cela, et contre l’hypothèse de l’effet de mode, les cafés philo semblent poursuivre leur chemin. Certains ne font que passer, cessent ou suspendent leur cours ; d’autres naissent chaque année en France et dans le monde. La plupart perdurent dans le temps, et l’on fête çà et là les cinq, dix, quinze ans du café philo local. Le café philo du Café des Phares, à Paris, comptera vingt années d’existence en 2012. L’une des principales perspectives qui s’ouvrent au café philo de demain, c’est probablement de participer au débat citoyen et d’y incarner une force de proposition. Mais pour cela, le café philo devrait peut-être se défaire – ou tout au moins s’accommoder – d’une tension qui semble le caractériser en même temps qu’elle le ronge : que faire, face à l’urgence d’une crise sociétale, du souci de prendre le temps de penser les réponses possibles à cette même situation de crise ? Par ailleurs, le café philo devrait peut-être prendre garde à la tentation du jeu et du divertissement qui plane au-dessus de lui, s’il ne veut pas – dans le meilleur des cas – faire de la philosophie « le nouvel opium du peuple », selon une crainte exprimée à maintes reprise par Marc Sautet, reprise par Gunter Gorhan (Marc Sautet employait pour cela le terme de « narcotique »).

Enfin, quelle meilleure perspective, pour le café philo de demain, que le souci de conserver cette conviction commune et motrice : « La philosophie est l’affaire de tous comme c’est l’affaire de tous de penser sa vie et la société. Ce n’est ni un luxe, ni un artifice mais une démarche essentielle pour s’émanciper et se choisir » (Youlountas, 2002, p. 180).


Bibliographie

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COTTE Y. (2002), « Qui peut animer un café-philo ? », Comprendre le phénomène café-philo. Les raisons d’un essor étonnant en 30 questions-réponses, Y. Youlountas (dir.), Durfort, La gouttière, pp. 91-96.

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JALABERT R. (07/2010), « Quel intérêt à discuter philosophiquement dans un café aujourd’hui ? », Diotime, revue internationale de didactique de la philosophie, Scérén CRDP – Académie de Montpellier, n° 45, revue en ligne : http://www.educ-revues.fr/diotime

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YOULOUNTAS Y. (2002) (dir.), Comprendre le phénomène café-philo. Les raisons d’un essor étonnant en 30 questions-réponses, Durfort, La gouttière.

YOULOUNTAS Y. (2002), « Comment les cafés-philo vont-ils évoluer ? », Comprendre le phénomène café-philo. Les raisons d’un essor étonnant en 30 questions-réponses, Y. Youlountas (dir.), Durfort, La gouttière, pp. 179-182.


Notes

2 Animateur au Café des Phares, Gunter Gorhan est l’une des figures du mouvement des cafés philo en France, dont il fut l’un des pionniers aux côtés de Marc Sautet. Enseignant retraité de l’Université Paris I (Panthéon-Sorbonne), il anime également des débats dans des foyers de jeunes travailleurs et s’investit en tant qu’écoutant au sein de la Fédération S.O.S. Suicide Phénix.

3 Depuis peu les horaires ont changé : 10h30 – 12h15.

4 Si l’on parle la plupart du temps de « café philo », c’est bien de « bistrot philo » qu’il est question sur la devanture du Café des Phares.

5 Marc Sautet parle dans son livre du mois de juillet 1992 pour la première séance ; mais un peu plus loin il évoque une séance qui aurait eu lieu le 4 avril de la même année… (Sautet, 1995).

6 L’expression « café de philosophie » était également utilisée au départ, sans doute en référence à l’autre expérience du « cabinet de philosophie ».

7 Intervention de Laura Piccioni, professeur à l’Université d’Urbino (Italie), dans le cadre de l’atelier « Philocité » à l’occasion des 10èmes Rencontres sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques (UNESCO, Paris, 18 novembre 2010).

8 Enregistrement disponible sur la page d’accueil du site internet du Café des Phares : http://cafe-philo-des-phares.info/ (dernière consultation : le 30 septembre 2010).

9 Cf. les comptes-rendus des séances du Café Philo de Narbonne http://cafephilo.unblog.fr du lundi 30 septembre 1996 (première séance) et du lundi 9 octobre 2006 (dixième anniversaire, centième séance), portant toutes deux sur le thème suivant : « Pourquoi un café philo : quel intérêt à discuter philosophiquement dans un café aujourd’hui ? ». Cf. également : Jalabert, 07/2010.

10 Propos tenus à l’occasion du dixième anniversaire du Café Philo de Narbonne http://cafephilo.unblog.fr le 9 octobre 2006.

11 Marc Sautet ne parlait-il pas lui-même d’« amorcer » : « on peut amorcer dans un café, même avec cent cinquante personnes, une réflexion qui mérite d’être appelée « philosophique ». Amorcer ne veut pas dire mener à bien. Cela veut dire… amorcer. Libre ensuite à qui le souhaite d’approfondir le sujet, de plonger dans les ouvrages évoqués à l’improviste, d’entamer un dialogue en tête à tête avec un auteur cité en cours de route, dans le calme le plus total » (Sautet, 1995, p. 11).

12 Propos tenus à l’occasion d’une discussion informelle, le 4 avril 2008 après la conférence » Mondialisation et civilisations : quelles valeurs pour le XXIème Siècle ? ». André Comte-Sponville, reçu par le Café Philo Agathois en la Maison des Savoirs d’Agde, répondait à la question : « que pensez-vous des cafés philo ? ».

13 Revue en ligne : http://www.educ-revues.fr/diotime

14 Notamment les Rencontres Internationales sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques, organisées chaque année à l’Unesco (Paris) à l’occasion de la Journée Mondiale de la Philosophie, durant la troisième semaine du mois de novembre. La dixième édition s’est tenue les 17 et 18 novembre 2010.

15 Nous pensons aux « Rencontres de Sorèze » (ex. « Festival Philo-des-champs ») qui réunissent chaque année au mois de juillet, depuis plus de douze ans, des café-philistes (animateurs et participants) venus de plusieurs villes de France. Nous pensons encore au « Philostival » coorganisé depuis deux ans maintenant par les associations Himéros (Marseille) et Agora Philo (Lyon). La troisième édition se tiendra à Marseille dans le courant du mois de juin 2011. Des comptes rendus (Jalabert & Tozzi, 10/2010) de ces diverses rencontres sont régulièrement publiés dans Diotime, revue internationale de didactique de la philosophie en ligne : http://www.educ-revues.fr/diotime

16 Le questionnaire diffusé est disponible dans son intégralité à l’adresse suivante : http://www.jotform.com/form/1080343342


Pour citer cet article

Référence électronique

Romain Jalabert, « Apprendre à philosopher au café : bilans et perspectives »Recherches en éducation [En ligne], 13 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 25 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/ree/5283 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ree.5283


Auteur

Romain Jalabert

Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche, Département des sciences de l’éducation, Université Paul Valéry Montpellier III


Droits d’auteur

CC BY-NC-ND 4.0

Creative Commons – Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 4.0 International – CC BY-NC-ND 4.0

https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/


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